Ce livre, premier de cette auteure, est avant tout une écriture. La domination de la belle langue française, un style qui me rappelle parfois
Marguerite Duras. Aucune fioriture, à l'essentiel, phrases courtes, souvent poétiques.
On est donc déjà là dans la prouesse, le talent, la culture. Et cela fait un bien fou !
Pour preuve, parmi tant d'autres, quelques phrases piochées au long du discours :
"Aussi s'éloigne t-elle, mariant son visage à la brise "
"Si les mots restent figés, le passé chahute ma mémoire"
" Son sourire caresse le mien "
Véronique nous emmène dans son monde intérieur, riche en questions, remises en question, désirs d'amour. On souffre avec elle, assiste impuissant à la difficulté de vivre ; on explore avec elle des voies possibles (ou impossibles) vers des territoires heureux. Même si son récit est très visuel, les descriptions sont intérieures. Pas de grandes évocations de la nature, du paysage urbain, du vent dans les voiles ... Mais cependant un rythme, qui nous associe aux tribulations de Marine et de son mari Fred, qui pensent peut-être trop, et finissent par revenir au plus simple.
Les thèmes abordés sont puissants, la liberté d'aimer, la difficulté d'aimer, le désir d'être aimé ...
L'auteure est d'une honnêteté admirable, raconte beaucoup d'elle même (me semble t-il) et cela demande un grand courage.
Des scènes intimes sont parfaitement écrites , directes et évocatrices, pudiques jusque dans leurs excès.
Des citations, références littéraires (
Eluard,
Duras,..) , picturales (Ed Hooper, un de mes préférés!) n'embarrassent pas le récit, mais le fructifient.
Pas difficile de comprendre que j'ai beaucoup aimé ce livre ( un premier livre, faut-il le rappeler...)