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EAN : 9782381530987
128 pages
Nombre7 Editions (27/05/2020)
5/5   6 notes
Résumé :
Dans le TGV qui l’emmène à Sète, Nora croit reconnaître une personne qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse, mais ne parvient pas à l’identifier. À la sortie de la gare sétoise, cette femme prénommée Lucie se permet d’aborder Nora, confirmant ainsi son intuition. Quand cette dernière s’adresse à Nora, c’est pour évoquer leur lointain passé. Hélas, si les retrouvailles sont belles, elles restent fugaces...

Nora et Lucie se reverront-elles à l’issue de c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'aime citer ces deux phrases d'Hélène Cixous (L'Amour de loup et autres remords), à propos des textes qui m'ont profondément marquée : « Les livres sont toujours parcourus de ce frisson de survie. Nous serons morts et ils frissonneront encore. » Les deux exergues de ce roman s'y retrouvent. Elles résonnent par-delà la non-existence.

J'aime énormément l'écriture de Véronique Villard : un style très travaillé, méticuleusement ciselé, épuré à l'extrême (« renoncement au superflu ») qui devient, de ce fait, très poétique (phrases très courtes parfois, souvent dépourvues de verbe ou bien à l'infinitif, superbes répétitions qui créent un rythme aussi lancinant qu'un mantra, nombreuses métaphores originales).

Nora Deville, « yeux verts », « chevelure platine », est « une jolie femme mature au seuil de la cinquantaine », qui, « fidèle au corps féminin, […] n'exhibe pas sa différence, elle la ressent. », car « vivre libre est son leitmotiv ».

Elle quitte Paris à destination de Sète, « cette petite Venise du Languedoc ». Dans ses bagages, « un roman de Marguerite Duras, le ravissement de Lol V. Stein ». Son trajet en TGV nous est conté pendant quelques pages, dans le but de faire revenir Lucie Duval, « cette amie du passé », devenue psychologue, celle qui capte la douleur inconditionnellement, ou point d'y sombrer.

Un manuscrit comme seule et unique mise en abyme salutaire de ce « soupir silencieux ». Des citations comme autant de saluts à des auteurs admirés, comme autant de reconnaissances de dettes richement remboursées, par la remémoration.

Ici et maintenant « dehors la vie s'affirme », tandis que je reste encore suspendue à la beauté de cette histoire, de ces moments (« instants ») fugaces (« le temps où l'affect jaillit ») capturés par la romancière.

« Danser pour convoquer le bonheur ».
Lire, pour la même raison !
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Un récit sensible et solaire sur une contre emprise.
Là où le deuil aurait pu provoquer de la pesanteur, la douleur embrasse le souvenir de l'amour et se glisse sagement vers la vie. Poésie des instants, poésie des rencontres ponctuées par des sourires, eux aussi silencieux.
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On suit, pas à pas, les mots sur le chemin de ce roman atypique qui navigue entre prose et poésie. "L'écorce des phrases" (je cite) se fait tendre et nous raconte la force des êtres qui voyagent, immobiles, et transmettent par la pensée ce que diffusent "les plis des vagues". J'ai aimé l'humour de l'héroïne qui se demande si elle ne va pas manger "un croque-monsieur" au wagon-bar, elle qui n'aime que les femmes, sa passion n'ayant d'égale que celle éprouvée pour Marguerite Duras. Dont on devine, au cours de l'histoire, le chuchotement bienveillant et entraînant.
Au début du roman, l'homme du train, apparaît comme une tentation possible, le héros d'un univers parallèle, on se demande si Nora ne va pas répondre à son appel... mais l'extravagance vient d'ailleurs, revient à l'origine d'une amitié particulière... On n'a pas envie de le perdre. Il reviendra. Avec son prénom de rouge-gorge qui symbolise la passion.
La force des mots surgit parfois d'une apparente banalité. On voit le mari de l'amie conduire une voiture "d'un gris métallisé" et c'est toute son identité masculine, mentale, physique, qui nous est donnée. Cela n'a l'air de rien mais l'évocation s'impose, il en est ainsi tout au long du roman. Qui pourrait être le scénario d'une pièce de théâtre, avec ses dialogues hors du temps, qui en disent long, eux aussi, avec, parfois, une sensation de choeur antique. Quand Nora envisage la mémoire comme "le seul édifice intérieur", impossible d'oublier combien cet édifice est vulnérable ! C'est sans doute pour en garder les vestiges, si jamais il s'écroulait, que Nora remonte les souvenirs dans la confusion du présent. Ce livre est un voyage en nostalgie, le récit d'une rencontre réelle et impossible. Nora se croise entre toutes les femmes, mères, filles, amies, celles qu'elle aurait pu être et celle qu'elle a été, sans avoir le temps de toutes les consacrer. Roman à lire en été, en hiver, assis paisiblement, au soleil, au coin du feu de bois ou dans tout autre lieu quand on s'accorde le temps de reconnaître, dans l'introspection de l'autre, qu'il est impossible "d'anticiper le temps", tout en l'actualisant, cependant, par les souvenirs, les désirs et les rêves. Il y a, dans ce roman, comme un tableau de Hopper. On imagine la femme figée qui, soudain s'anime, nous emmène dans ses journées et puis revient se poser, une tasse entre les mains, droite, dans un concentré de lumières, le regard lointain, posé sur l'aile de l'avenir.
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Un livre attachant où se vivent les occasions manquées, les relations humaines complexes et inachevées, le silence masquent le souvenir, le silence couvrant la souffrance interne, la force morale au secours de la souffrance physique mais jusqu'à quelle limite, la préservation de l'autre, le sacrifice de soi mais pourquoi, la quête d'absolu ….
Un récit profond où l'écriture poétique et vivante permet de faire passer une réflexion sérieuse sur la vie, le lecteur percevant que l'auteure connaît bien ces moments d'intensité douloureuse et empathique à la fois.
Un bon moment de réflexion saine et de plaisir à savourer en une période de trop grands fracas.
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Une recherche d'être. Une réflexion sur les masques et assignations sociales, un cheminement vers l'affranchissement, le dévoilement des "essentiels" sous les voiles du paraître. En ces temps de chaos , « Nous n'avons pas eu le temps » explore une écriture du suspens, une musique de l'évanescence. Veronique Villard propose une danse méditative, une aventure formelle contemplative. Grâce des haïkus. Sédimentations insolites des narrations. La danse de Nora et ses épiphanies Sétoises résonneront tels les volutes nostalgiques de Chet Baker. Surtout ce roman délicat rend un mot palpable, un mot terriblement doux et aérien, un mot qui ressemble à nos existences fragiles et folles, ce mot valse à chaque page: " Fugacité".
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Depuis longtemps, Paris ne déroule plus sa grâce d’antan.
À croire que quelque chose s’est rompu, or comment l’identifier littéralement  ? À moins que ce ne soit dû au manque de lumière, à l’opacité absolue, à la danse fébrile de l’ondée ; à moins que la capitale ne soit devenue l’objet d’une irrécusable lassitude.
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S’ensuit une sonate pour violon de Bach et Nora se remémore Sète sous les étoiles, un soir où elle s’invita seule sur le port, face aux chalutiers amarrés, une mouette se mouvant à proximité.
Retenir ce moment, oui. Par contre, le laisser filer doucement, car si la musique renvoie au passé, elle ne peut altérer une trêve de la pensée.
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Des corps qui traversent l’instant dans une vague de plaisir. Vouloir précipiter le plaisir l’espace d’une union qui efface la misère mentale, l’oppression, la tragédie. Néanmoins, dans ce jeu vital, ne réside aucune poésie. Seule s’installe une dépendance éphémère qu’un peintre pourrait magnifier usant du bleu de Klein pour réaliser un fond. Les formes seraient inachevées, les visages aussi.
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Partir, une façon de désapprendre un rythme effréné.
Partir, une façon de mourir à l’hier pour courir après d’autres rêves dans un flux méditerranéen…
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Démesure du banal, facette étriquée de la vie, à moins que ce ne soit à l’intérieur de ces choses répétitives que s’insinue la poésie.
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