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Citations de Victor Malzac (15)


Mais ma mère, moi ma mère, ma mère elle était fade comme un plat de la cantine.
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je regarde la mer, les vagues, les déchets, les bactéries, les
crabes morts, les méduses, les algues, les poissons,
le plastique, les gens, les couples, je regarde tout, c'est devant moi, c'est dans le sable et les palmiers, je
regarde la trace de ma main, Sète au bout de la digue
mon nom.
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Je deviens qui je dois devenir, la nature, la mue du serpent en crocodile je disais (...), je dois tuer tout le monde, je dois tuer l'enfant en moi, je dois m'étouffer moi-même et devenir meilleur, je racontais à mon professeur ça, ne lui disais qu'il faut toujours se dépasser dans la vie et chercher comment tuer l'enfant qui pleure en toi, l'enfant gâté qui couine dans le nid de sa mère, tout ça, les larmes, c'est pour les fragiles, il faut se dépasser et s'étrangler pour être le meilleur de sa génération et c'est ça mon objectif, je veux être le meilleur maintenant, et donc souvent je fais de la boxe avec mon père.
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les touristes par dizaines…
  
  
  
  
les touristes par dizaines de milliers, les voitures, les
hôtels deux étoiles, les digues, le béton, le tramway
bleu jusqu’à la plage, les travaux, les grues, la Grande-
Motte et Carnon plage, les cartes postales, mes amantes
et mes amants partout, mon humour, le vin rosé, les
lunettes, les frites, les plaisanteries, le cul et les rencontres,
Tinder sur tous les téléphones, les attractions de bord de
mer, les oiseaux, les poissons, les corps et tous les genres
dans la gueule, les fornications dans la dune, en cachette
ou devant tout le monde, les gens, les gens vivants et les
orgies tout près des tas, des piles, des canots, du mazout
et des morts de la noyade, des déchets, des poubelles,
des gisements, des canalisations, des bâtiments rouillés,
la mer est lourde, la mer est vraiment stérile, je regarde,
j’aime, je suis là.
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mes années folles



mes années folles, ma jeunesse

dans un bain d’herbe
tombale un bain de terre
torride, où me laver le ventre le nombril aussi la tête

un peu ma pauvre, oui, ma pauvre tête
comme une pomme
trop mûre. j’attends, bonjour,

j’attends le calme – ne vient pas, en attendant je,
je fais de la musique

par terre avec un bâton, et je récite les psaumes,

les psaumes les leçons d’école les ruminations
de mon papa
les insomnies, et quand j’aurai fini,

j’entonnerai,
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caresser l’herbe molle et la mâcher



caresser l’herbe molle et la mâcher,
brouter ce parc, manger

cette verdure
mince et morne où je m’oublie je tombe, où je me,

où je rumine comme un mouton
gentil. ou je remâche quelques brèves paroles
venant
de mes galets
de ventre,

où j’apprends à digérer ma jeunesse
aride, oui, à tout tenir à tout porter – et comme ça

j’avancerai
dans mes années
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J'avais surtout les parents, ma mère, elle me donnait de l'argent pour que je vive. L'argent de mon père oui, même si je déteste mes parents j'avais l'argent que ma mère donnait et qui était à mon père.
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Aujourd'hui les hommes ne sont plus des hommes c'est comme ça, tout va mal, rien ne va plus, les gens ne remplissent plus leur devoir comme avant (...) Mais ne t'inquiète pas les vrais hommes sont là, il en reste des hommes honnêtes qui travaillent, ceux qui cassent les machines [de sport].
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Je suis plus intelligent que l'école, je l'ai déjà dit et redit plein de fois.
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Je regardais les combats mythiques de la boxe, je regardais Fight Club et Schwarzenegger et Stallone à fond (...) et je m'inspirais de toute la vengeance que je pouvais voir sur YouTube c'était le début de YouTube. Je regardais les combats mythiques des grands noms (...), je connaissais leur vie par cœur grâce à Wikipédia, je savais tout, je voulais tout savoir d'eux et je voulais la même vie qu'eux (...) Ils avaient tout c'étaient des hommes, de vrais hommes comme on en faisait peu, je voulais ça.
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Tu vas te dépasser, te conquérir, tu vas avoir un objectif et devenir quelqu'un (...) C'est ta nécessité, c'est ta mission, et alors je me disais ça tu seras un tueur, une machine, tu sur passeras tous les hommes et tu feras l'amour plein de fois, tu seras là machine de guerre que les hommes voudront toutes dans les magazines.
J'ai commencé à prendre ma vie en main comme ça et c'est comme ça oui, c'est ce jour-là que je suis devenu un homme.
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ce que j’ai vu ça m’a tué, c’est là, c’est ma demeure,

mon remède, je suis prophète en mon pays, la

Méditerranée c’est le feu, la dinguerie, le territoire

brûle et pleure en pleine canicule, c’est le lieu d’une

maladie grave, d’un aveu, ça vaut bien mon déluge,

mon navire, ma barque et mon école en sacrifice
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ce que j’ai vu…
  
  
  
  

ce que j’ai vu ça m’a tué, c’est là, c’est ma demeure,
mon remède, je suis prophète en mon pays, la
Méditerranée c’est le feu, la dinguerie, le territoire
brûle et pleure en pleine canicule, c’est le lieu d’une
maladie grave, d’un aveu, ça vaut bien mon déluge,
mon navire, ma barque et mon école en sacrifice,
et tout le reste est noir, je veux mon corps et sa
pulpe, sa sève dans le nez, je veux son courant fou,
sa profondeur, sa sécheresse et son torrent, oui,
oui j’aime cet endroit et ses décombres, j’aime les
carcasses au fond de l’eau, les poubelles, les risques,
j’aime les trajets, la jouissance et la musculature de
mes camarades, j’ai dix-huit ans depuis lundi.
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j’entonnerai deux trois comptines



j’entonnerai deux trois comptines

oui                          je dirai les,
les comptines maladroites de ma maman

qui me lavait, me rappelant,

me rappelant                  tous les matins,

les râles
de mon papa

papa qui me lavait me réveillait, papa,
qui me, qui me brûlait
la peau, qui frottait fort au savon jaune

oui mon père,

tordu, tordu de dos, marmonnant
la nuit, dix ans de chômage depuis,
(...)
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toutes les nuits je
me bats

la crampe au mollet
rouge
comme une bar de fer —

je mords mon oreiller
les yeux convulsions j'ai mal. je pense
: il faut me battre
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