Hier matin à Bangkok, la lumière était merveilleuse et donnait à toute chose cette grâce fragile qui conduit aux légèretés de l'esprit et au bonheur simple d'être au monde. Pourtant je n'ai pas eu le courage de prendre le bus de 8 h au départ de Victory Monument. J'ai préféré l'offre de Lae et le confort de son taxi neuf. " Today, half price to Kanchanaburi. Sunday, no business, no traffic. Easy to go, easy to come back!" m'a-t-il promis.
J'ai déjà vu mille paysages,
sous les traînées roses et jaunes de l'aube
dont les pointes rayent l'ardoise massive de la nui,
sous les aurores de printemps, cristallines, originelles et perlées d'eau,
sous la brumaille gommeuse, gouachée, déchue et morne des après-midi de neige
sous le soleil de 18 heure qui rebondit comme une balle contre le miroir des fleuves...
et sous les feux mourants du soir, dont les dernières braises tombent du ciel en se faisant racler par la nuit.
P 10
Je vis depuis l'enfance sur la carapace d'une tortue
que je prends pour le monde.
p 9
Cherche toujours tes réponses dans les bons livres Fais leur confiance Et rappelle-toi qu'il n'y a qu'eux pour nous rappeler que nous vivons pas seuls dans ce monde et que nous sommes responsables des autres
On ne pouvait se soustraire aux merveilleux chants des oiseaux. Tout un monde sauvage, joyeux et vibrant, qui se moquait bien de la folie des hommes et du désespoir inhérent à leurs vies encombrées d'ambitions insensées et de préjugés néfastes.
La beauté des Thaïlandaises séduisait la plupart des Occidentaux. Mais ils ne les prenaient jamais pour épouses et répétaient à qui voulait l'entendre une légende selon laquelle ces belles jeunes filles n'avaient en tête que de plumer leurs conquêtes. Ils se trompaient en tout. Sans même parler d'argent, ces jeunes filles intelligentes savaient qu'il était préférable d'avoir plusieurs amants. Le modèle judéo-chrétien n'avait pas corrompu la société siamoise. Les dieux ici n'avaient pas été cloués sur la croix. On préférait les voir danser, rire et bander, entourés de joyeuses concubines avec de gros seins. Il n'y avait que les Occidentaux, et leur terrible assurance de ce qu'ils ne sont pas, pour imaginer qu'un mariage, ou tout du moins une vie de couple officiellement établie, représentait pour ces femmes un avenir acceptable.
Ici , par bonheur , le corps et l'esprit se consument lentement et fument comme de l'encens .
Devant l'autel, une vieille dame cacochyme, en tongs et bigoudis, s'agenouille, élève ses mains jointes jusqu'à son front, se prosterne trois fois, se relève doucement, ouvre son sac à main puis dépose deux cents dollars hongkongais dans l'urne des offrandes.
Les rêves, et cette manie qu'ils ont d'avoir toujours le dernier mot...
Dans mon couple, on partage tout, sauf les poires ! C'est comme ça. Ma Xiaomeng est intraitable sur ce point. Si j'essaie de lui chaparder un quartier au moment où elle s'en épluche une, elle, d'habitude si calme, si raisonnable, se transforme en véritable furie, devient dangereuse, se jette sur moi, prête à tout pour m'ôter de la bouche le morceau de fruit défendu.
Tout ça parce que, en chinois, partager ou diviser se dit "fen", que poire se dit "li" et que "fenli" veut dire séparer.