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Critiques de Virginie Martin (41)
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Le charme discret des séries

Essai très intéressant sur ce qui occupe désormais une grande partie des soirées de chacun, et sur toute la surface de la Terre. A travers son universalisme, V. Martin montre que les séries ne sont plus seulement une usine à divertissement mais que, si elles peuvent évidemment distraire, elles sont souvent des arrêts sur image sur le monde qui nous entoure. Présent ou à venir. Les dystopies nombreuses mettant étonnamment et davantage l'accent sur notre quotidien : les inégalités et les minorités (wokisme quand tu nous tiens), les politiques faibles, dépassées tronquées et/ou corrompues, l'économie qui ne tient plus qu'à la ficelle de l'écologie, etc. Quand la réalité n'est pas encore la fiction, mais que celle-ci met celle-là en exergue. Comme si voir le monde autrement, et ailleurs, nous autorisait à fermer les yeux une fois l'écran éteint. "Vous pouvez éteindre la télé et reprendre une activité normale" disaient les Guignols de l'info.
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Garde-corps

Voilà un premier roman détonnant qui m'a agréablement sortie de mon petit ronron de rentrée. Un livre féministe (mais drôle), mené tambour battant (mais pas bâclé), un propos fort (mais pas ennuyeux), un point de vue affirmé qui porte et fait mouche. Surprenant dans le bon sens du terme et totalement inattendu puisque ignoré des médias jusqu'à présent... Heureusement, les 68 premières fois veillent ! Et vous conseillent vivement d'embarquer avec Gabrielle Clair.



Gabrielle Clair est Ministre du Travail, une jeune ministre - à peine quarante ans - à la carrière fulgurante. Belle et brillante. Gabrielle Clair a tout compris de cette société de l'image et de la représentation de soi et sait parfaitement en tirer profit, utiliser l'ombre et la lumière à son avantage. Ce n'est pas du cynisme, juste de la lucidité et beaucoup de talent. Gabrielle Clair est une battante. Mais sous cette façade d'executive woman sûre d'elle et de son pouvoir, elle cache une faille, un drame à l'origine de la farouche volonté de réussite qui l'habite.



Gabrielle Clair a été violée. Elle n'avait que onze ans et a dû affronter seule le tourbillon de sensations et de sentiments qui l'a envahi. Des parents peu présents et surtout préoccupés d'eux-mêmes, Gabrielle s'est forgée une carapace de dureté sous les apparences les plus affables. Elle s'est juré de ne plus jamais être dominée. Au prix d'une immense solitude, nécessaire pour atteindre son objectif, devenir importante, laisser une trace. Le jour où son chemin croise par le plus grand des hasards celui de son violeur, trente ans après les faits, Gabrielle est bien décidée à reprendre la main.



Virginie Martin est politologue, le milieu qu'elle décrit a donc des accents plus que réalistes et l'on s'amuse parfois à retrouver les modèles dont elle a pu s'inspirer. On suit le parcours de Gabrielle entre présent et passé, par de courts chapitres en alternance qui permettent de mieux comprendre les sentiments qui l'animent et la façon dont elle a construit son personnage. On se délecte de sa vision de la vie politique entre interviews télé parfaitement maîtrisées, gestion des réseaux sociaux et visites sur le terrain, tout ceci sur fond de machisme infernal. Si Gabrielle a une revanche à prendre sur les hommes, elle a bien choisi son milieu !



L'écriture est cash, rapide comme le rythme trépidant des journées de Madame la Ministre. Une plongée sans fard dans les méandres des réalités du terrain politique et médiatique, par la voix d'une héroïne sans foi ni loi. On devrait s'offusquer des méthodes employées et en fait, Gabrielle, on l'adore d'écrire tout haut ce que l'on devine tout bas. Les coups bas, la maîtrise des médias, la domination masculine... On fait fi de la morale et de la bienséance... Toutes derrière Gabrielle !



Franchement, ça fait du bien cette approche directe qui ne se cache pas derrière son petit doigt. J'adore !
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Le charme discret des séries

Si d'aventure, vous n'avez jamais regardé de série, lisez "le charme discret des séries". La fluidité de l'écriture, le regard pertinent et pointu de l'auteure vont vous donnez envie de vous plonger dans ce monde qui, loin d'être fictionnel est avant tout sociologique, politique et humain. A lire sans modération pour choisir par quelle série commencer pour découvrir les mille aspects de la vie. L'auteure les a disséquées pour vous, pas toutes certes mais celles qui l'ont soit passionnée soit interpellée. Son regard de politologue et de sociologue lui a permis de décoder en toute objectivité le contenu de ces séries qui ont beaucoup évoluées depuis des décennies. Les femmes y sont puissantes et fortes, les communautés totalement intégrées dans la vie quotidienne. Un ouvrage actuel qui au travers des séries nous plonge dans les réalités du monde d'aujourd'hui.
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Le charme discret des séries

Incontournable pour les « sérievores » et autres « séries-addicts », … mais pas seulement eux !



Cet essai passionnant nous permet d’accéder à un niveau de lecture supplémentaire de nos séries préférées, comme dans ces jeux videos où seuls les initiés débloquent des niveaux cachés.

Là où les critiques artistiques évaluent la qualité de l’image, du scenario et des dialogues, la crédibilité et l’attrait des personnages, l’habileté à renouveler l’intrigue et faire évoluer la série à chaque nouvelle saison, là où les communautés de fans passionnés et pointilleux poussent l’expertise jusqu’à traquer les anachronismes ou les incohérences, à parier sur l’évolution des personnages et imaginer plusieurs fins alternatives, l’auteure de ce livre nous apporte un éclairage nouveau et complémentaire.

Elle nous révèle comment les séries, mine de rien, en sifflotant l’air du pur divertissement, rimant avec légèreté, loisir, détente, distraction, évasion, nous jouent finalement une toute autre musique : elles influencent et parfois modifient, façonnent nos pensées, idées, sentiments et émotions, notre rapport aux autres et notre regard sur la société, comme notre vision de l’avenir : rien de moins !

Un simple exemple : en nous rendant familières, compréhensibles sinon sympathiques et souvent attachantes des personnes que nous n’aurions jamais rencontrées dans la vraie vie, elles augmentent notre seuil de tolérance à l’autre, malgré sa différence, malgré son « étrangeté ». Nous nous « identifions » à ces personnes, au sens originaire du terme ; nous reconnaissons ces personnes virtuelles, typées ou archétypales, comme identiques à nous ou à des gens qui nous sont physiquement proches.

Alors ouvrez ce livre pour ouvrir les yeux et regardez Big Brother vous regarder, car Big Brother, lui, vous regarde toujours !
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Le charme discret des séries

Virginie Martin dont j'avais beaucoup aimé le premier roman Garde-corps, publie en cette rentrée littéraire le charme discret des séries. Politiste, professeure et chercheuse à la Kedge Business School où elle a créé et dirigé le programme « Soft Power et médias », avant de prendre la responsabilité du « Medialab », elle codirige aujourd'hui le conseil scientifique de la Revue politique et parlementaire et intervient très régulièrement dans les médias.



"Est-ce que les fictions influencent le réel, l'anticipent ou le décryptent si bien qu'elles parviennent à le mettre en scène, avec quelque temps d'avance, Un peu comme si Borgen et d'autres opus préparaient les esprits à accueillir de nouvelles façons de voir et de faire ?"



La puissance douce des séries



La série contribue-t-elle à l'évolution des moeurs ? Prépare-t-elle les esprits comme le suggère Virginie Martin dans cet extrait ?



Nous avons tous, un jour ou l'autre, vu une série… ou deux, ou trois… On en est devenu addict tant nous avions envie de connaître la suite… Non ? Cela ne vous est jamais arrivé ? Je ne regarde quasiment plus rien, mais j'ai connu du temps de 24h chrono par exemple.



Et il fallait attendre la semaine suivante, voire 15 jours en période de fêtes.



C'est fini ! Aujourd'hui, avec les DAN (expression choisie par Virginie Martin pour Disney / Amazon Prime Video / Netflix), tout est disponible de suite, tout est à portée de regard. de consommateur glouton, nous sommes devenus des binge watcher.



Pour autant, une série est-elle dénuée de messages ? N'est-elle pas aujourd'hui le meilleur outil politique pour justement faire passer ceux-ci ?



Virginie Martin se penche sur la question et propose un essai très documenté sur la puissance douce des séries. Car oui les DAN – un pendant au fameux GAFA (Google / Amazon / Facebook / Apple) ou BATX (Baidu / Alibaba / Tencent / Xiaomi), sont surpuissants, les DAN connaissent tout de vous et vos habitudes, les DAN savent vous suggérer « la prochaine série à ne rater sous aucun prétexte parce que vous avez aimé Orange Is the New Black ou Lupin« .



Une série n'est clairement pas neutre, c'est un nudge.



"CES SÉRIES, JE L'AI DIT, NE SONT PAS ANODINES. ELLES NOUS OFFRENT UN CERTAIN RAPPORT AU MONDE, ELLES ALERTENT, ELLES DÉNONCENT. ELLES FORGENT NOS REPRÉSENTATIONS À LA MANIÈRE DU CINÉMA OU DE LA LITTÉRATURE. ELLES SONT D'AILLEURS DEVENUES DES OBJETS CULTURELS À PART ENTIÈRE DANS LE GRAND TOUT DE LA POST-POP CULTURE OU DE LA CULTURE EN GÉNÉRAL. MAIS LEUR PUISSANCE EST ÉNORME, ELLES DISENT ET PROPAGENT LEURS VÉRITÉS, ELLES S'IMMISCENT ET JOUENT DE LEUR POUVOIR, ELLES APAISENT PARFOIS DES RELATIONS INTERNATIONALES TENDUES OU, AU CONTRAIRE, ELLES DÉFIENT LES éTATS."



Géopolitique, lanceuses d'alerte, ouverture au monde



Une série a-t-elle une influence forte sur le spectateur ? Sommes-nous passifs ou actifs devant nos écrans ?



[...] La suite sur le blog



4,5/5
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Le charme discret des séries

Un livre dévoré avec plaisir, une plongée dans ce monde des Netflix et Amazon ... un décryptage fouillé, une immersion et une belle surprise.

Une écriture très agréable aussi ! Netflix, une nouvelle forme d’Etat ???

Ce livre soulève - via les série - des questions cruciales entre société de surveillance et autoritarisme.

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Garde-corps

Gabrielle Clair commence sa vie de jeune femme en étant victime d’un acte violent inqualifiable et terrible, de ceux qui laissent des traces toute une vie. Car Gabrielle Clair, à 11ans, est violée par un voyou de son collège du Vaucluse.

Pourtant, malgré ce traumatisme, malgré des parents absents et égoïstes, Gabrielle va réussir ses études, découvrir Paris, La Sorbonne et Oxford, Science-Po puis l’ENA, pour embrasser une brillante carrière de ministre. Mais être ministre et crédible, quand on est une femme belle, talentueuse et brillante, c’est apparemment plus difficile que pour un homme.

Les collègues, la presse et les médias, la foule et les citoyens ont peu de respect ou de mansuétude pour une femme qui réussit. Elle a couché ? Elle est pistonnée ? Elle va échouer ? Elle n’a pas une vie normale ? Où sont mari et enfants ? Et Gabrielle se demande alors où sont les sympathies, les soutiens, les amis, où sont au contraire les pièges, les accommodements qu’il lui faudrait accepter, les compromissions, les coudes dont il faut jouer pour enfin atteindre le pouvoir. Jusqu’au jour où le hasard vient mettre sur sa route le beau Patrick, le violeur de petites filles…

Avec un langage parfois très cru (et le lecteur de s’interroger parfois sur le caractère indispensable des détails quand on veut décrire un viol…), Virginie Martin aborde avec réalisme et sans complaisance les violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, lorsqu’elle aborde le viol, ou psychologiques, la place qu’il faut arriver à se faire dans la société, la façon dont on se maintient face aux attaques. On imagine bien les souffrances et la difficulté d’exister dans un monde davantage fait pour les hommes, quoi qu’on en dise. En alternant de courts chapitres, qui présentent une Gabrielle enfant, adolescente, puis ministre, on comprend le cheminement, le travail sur soi, que doit faire une femme pour exister.

Voilà donc un roman qui parle souffrance, violence faites aux femmes mais aussi résilience, réussite, et place des femmes dans la société. Et quand on sait que l’auteur est connue tant pour ses travaux sur le féminisme que pour ses analyses de politologue, on comprend aisément que cette expérience apporte une crédibilité à l’étude psychologique de son personnage.
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Garde-corps

"Le jeu du pouvoir n'est pas du tout un jeu, c 'est une guerre. Moi, ma guerre à moi, elle est ailleurs, elle est juste entre moi et moi. "



Le sujet de cet opus ne pouvait que m'intéresser: la politique, et plus particulièrement le sexisme dans celle-ci. Comme vous pouvez le voir dès cette première citation, le ton est direct, les mots sont durs, les phrases sont tranchantes. C'est même violent. On prend d'emblée une énorme claque en pleine face en lisant les premiers mots et les premières lignes de cet ouvrage.



Gabrielle, l’héroïne a été violée durant son adolescence et à partir de là, est rentrée "en résistance". Elle souffre et cette souffrance est parfaitement décrite dans tout ce qui suit.



"Et puis, tard dans la nuit, j'ai bossé une dissert de philo. Une fois terminée, elle faisait, comme on disait, cinq feuilles doubles: ce n'est pas au poids Gabrielle! m'avait dit mon prof. Pour moi, bien sûr que c'était au poids, il fallait bien que je remplisse cette solitude. "



Devenue Ministre de la République, elle tient sa revanche. Finie l'innocence de l'adolescence, bonjour la carapace d'une femme blessée qui sait se protéger et se faire respecter "autant que faire se peut". Gabrielle a su se construire tant bien que mal, use et abuse de l'attaque pour se défendre, ne se laisse plus marcher sur les pieds tout en affichant clairement son ambition. C'est là aussi sa vengeance... Je vous laisse découvrir.



"Les questions fusent, je suis bonne dans l'adversité. J'excelle et je le sais. Je ne le montre pas trop, histoire de ne pas agacer. Mais j'excelle. Je le sais".



Ironie de l'histoire, elle est ministre du travail (un clin d’œil à l'actualité?) et elle aura pour chauffeur son propre violeur...



"Plus tard, je rejoins Patrick. Ce chauffeur-violeur-de-petite-fille. Je sais que j'ai réussi mes combats en partie grâce à des monstres comme lui. C'est toute l'ironie de l'histoire. Moi, je suis en train d'y rentrer dans l'Histoire".



C'est bien écrit, c'est rythmé, haletant, intense à l'instar des journées d'une Ministre. C'est captivant: la place de la femme dans le monde politique est si bien narrée. On prend parfois fait et cause pour elle face aux situations qu'elle subit et aux difficultés qu'elle traverse, parfois non (difficile souvent de rentrer en empathie avec l'héroïne, j'y reviendrai par la suite).



"On l'a sillonnée cette France des campagnes, des espaces verts et des vaches. On les a vus ces gens chauffés à blanc essayant de trouver un peu d'espoir dans nos mots. Un meeting politique, c'est un comme un match OM-PSG: de l'émotion pure, de la ferveur, de la sueur, des muscles fatigués, des cordes vocales abîmées.Pour nous, c'est tous les soirs un nouveau match. Un match qu'il faut absolument remporter."



C'est en résumé un récit sans concession où passé et présent alternent dans de courts chapitres.



Mais voila... était-ce vraiment comme cela qu'il fallait s'y prendre pour donner du crédit au fond? Etait-ce la forme appropriée ?



Pour certains, la réponse est clairement oui car justement en étant crue, dure, violente, cynique, provocante voire souvent vulgaire, l'auteure exprime la rudesse et la dureté du monde machiste politique. Est-ce pour autant réaliste? Certainement en partie car on s'aperçoit très rapidement que Virginie Martin sait de quoi elle parle. Elle semble même très bien renseignée.



"Je me souviendrai longtemps de cette formule qui m'avait impressionnée à l'ENA, une façon de dire les choses qui vous propulsait parmi les puissants: Autant que faire se peut. C'était LE sésame. J'étais béate d'admiration"



Pour ma part, la réponse est clairement non: la forme adoptée dessert clairement le fond. Elle laissera sur le bord du chemin quantité de lecteurs qui n'approuveront pas. Elle ne permet pas d'aborder les sujets profondément, ce qui est dommage. Le sujet n'est pas novateur, son traitement avec cette forme apparaît du coup fade, voire parfois banal. Cela manque pour moi de finesse et de subtilité... et m'a souvent laissé indifférent à ma grande surprise et à mon grand malheur...



"Je n'ai rien gardé de mes vies passées, quasiment rien. De toute façon, ici, dans ce bel appartement, je ne suis même pas chez moi. Un remaniement, et hop, je me retrouve dans un mini trois-pièces dans l'est parisien. Ancienne ministre, c'est un peu comme ancienne miss, ancien footballeur... Faut vraiment savoir se recaser"



Que conclure? Vous l'avez deviné mon sentiment est mitigé. Je suis clairement déçu par cet ouvrage même si je lui reconnais de beaux atouts et qu'il se lit vite. Je ne l'ai pas lâché je le reconnais.



Cela reste un premier roman, c'est donc prometteur mais perfectible. Bien mais peut mieux faire en somme! Cela reste une belle claque qui malheureusement un mois après ne laisse que peu de traces... Il attisera en tout cas discussions et polémiques j'en suis certain.



Je suivrai cette auteure qui a du potentiel. Et vous recommande la lecture de cet ouvrage si vous aimez les approches directes, le parler cru et le monde de la politique.



3/5




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Garde-corps

"Garde-corps, premier roman de Virginie Martin. Voilà un livre que j’aurais bien refermé, la première phrase terminée. J’ai pourtant lu la suite, par devoir, le visage à moitié caché derrière mes doigts et ce fut terrible. Ce premier chapitre est abominable, abominable parce qu’à l’encontre de ce que je recherche dans la lecture : la beauté, le rêve, une imagination à développer. Là, rien de tout cela, juste la réalité, l’horreur, la laideur, la crudité, la cruauté.

Je ne dévoilerai rien du récit, puisque c’est le début, en disant que nous assistons à une scène de viol, celui de Gabrielle, 11 ans, par un élève plus grand de son collège et rien ne nous est épargné. Sans doute Virginie Martin a-t-elle voulu frapper un grand coup. Puis les chapitres, courts, s’enchainent alternant présent et passé. Gabrielle est devenue Ministre, elle est riche, belle, compétente… et sa vie se déroule à grande vitesse, traduite par une écriture sèche, rapide mais trop simple à mon goût

Le sujet traité est des plus douloureux et pourtant, je n’ai pas réussi à adhérer, je n’ai pas réussi à entrer en empathie avec Gabrielle, je n’ai pas réussi à ressentir sa peur, sa solitude. Seul son désir de vengeance m’est apparu, son désir de sortir de la médiocrité pour effacer ce crime honteux, son désir de dompter les hommes, de les faire payer.

Je regrette infiniment qu’un thème aussi grave n’ait pu me toucher. Car il s’agit bien de cela, j’ai lu ce roman de l’extérieur et seul un chapitre m’a sortie de ma léthargie. J’ai eu l’impression de pénétrer enfin la détresse de cette femme, sa fragilité, son besoin de reconstruction. Dans ce passage relatif à son grand oral de l’ENA, j’ai senti toutes ses peurs, ses angoisses, son besoin irrépressible de réussir pour effacer les traces du passé. Ce sphinx qui surgissait alors qu’elle était sur le point de réussir, le courage dont elle a dû faire preuve pour surmonter ce moment de doute était d’une force inouïe. Mais un chapitre… ce fut trop peu.

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Garde-corps

Gabrielle Clair, la quarantaine, est Ministre du travail, c'est une femme de pouvoir chic et puissante, une travailleuse acharnée. C'est une femme qui tient à être toujours impeccable et performante; droguée à sa propre image, elle est dans le contrôle permanent de son image et de ses paroles.

Un travail sous pression au rythme fou "Mes névroses mélangées à mes ambitions ont depuis longtemps pris la main sur mon agenda."



Elle a été victime 30 ans plus tôt d'un viol de la part d'un camarade de collège Patrick, cette histoire a fait le tour du collège et elle devient "Gabrielle la pute" dans cette école qui était son havre de jeux où elle était perçue comme "Bonne élève et pitre de service".



Gabrielle s'est tue après ce drame, impossible pour elle de se confier à des parents égoïstes et centrés sur eux même qui la regardent à peine.



Elle quitte sa région dès qu'elle le peut et trouve sa revanche dans sa réussite. Ce sera l'ENA, l'engagement dans la politique, la campagne pour le Président de la République où elle est en première ligne dans les meetings politiques puis l'arrivée au sommet à force de travail.



Mais Patrick resurgit dans sa vie le jour où il devient son chauffeur...



Dans ce roman constitué de chapitres faisant alterner le présent et le passé, Virginie Martin se livre à quelques tirades sur le cynisme du monde politique, sur les turpitudes en vigueur dans ce milieu, sur les journalistes...



Je n'ai pas trouvé grand intérêt à cette histoire qui véhicule un maximum de clichés et est racontée d'une écriture souvent violente mais surtout très ordinaire.
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Garde-corps



Gabrielle Claire : une héroïne en devenir.







"Garde-corps" est enfin en vente, et vous pouvez donc très vite découvrir le premier roman de Virginie Martin.

On n'entre pas dans les belles-lettres comme on entre à Sciences-Po ; le sésame n'est pas le même, mais cette politologue reconnue a réussi à trouver la formule secrète pour se faire ouvrir les portes de la caverne magique qu'est la littérature.

Grâce à une structure narrative où se relaient, comme dans "un 4 X 100 ", présent, passé (toujours présent) , grâce à un style vif, rapide et précis, on suit, le souffle court, la course effrénée de Gabrielle Claire pour échapper à un passé obsédant, et satisfaire une ambition, dont la finalité raisonnable ne semble être que celle d'épaissir encore et toujours un CV déjà bien fourni, pour que s'étoffe dans le même temps une épitaphe que l'héroïne veut signer du sceau de la réussite, réussite d'un cursus exemplaire, et réussite d'un parcours (pour reprendre la métaphore sportive) de gagnante.

Car Gabrielle Claire, Rastignac au féminin (souhaitons-lui d'aussi nombreuses aventures que le héros de Balzac) ne peut et ne veut se satisfaire, comme l'ermite de la légende, "de ne laisser après sa mort que les traces de ses pas sur le chemin... "

De nombreux thèmes jalonnent ce récit haletant : l'enfance, l'éducation, la politique, l'argent, le sexe, l'ambition, le féminisme, le pouvoir... thèmes que Virginie Martin propose ou suggère à travers le personnage de Gabrielle Claire, dont beaucoup se demanderont ce que sont ses liens de parenté (littéraires ?) avec l'auteure.

Mais il s'agit là d'un classique, d'une vieille lune que notre regard de lecteur/voyeur ne manquera pas de transformer en projection, en fantasme, que ne peut qu'inévitablement véhiculer une aussi belle femme qu'est cette écrivaine politologue, dont le talent et la beauté étaient d'évidence un cocktail prêt à exploser.

"Garde-corps", une boisson stimulante dont je recommande une consommation immodérée.



PPeronne
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Garde-corps

Un livre qui se lit dans un souffle, celui du mistral de ce village de Carnavet. Une écriture concise, précise, vive. Un style rapide, efficace, direct et percutant. Un roman violent comme la vie. Une tout juste adolescente subit une agression sexuelle, sous le soleil du midi, à l’âge où Peter Pan n’est pas loin. Les conséquences peuvent être le tout et son contraire. En l’occurrence Gabrielle Clair, l’héroïne, va se fabriquer une armure, une volonté, une détermination, qui, le pense-t-elle, vont réparer, venger, cette horreur. Une vie tendue, une vie sur un fil, une vie gagnée sur la vie. Un parcours semé de pierres qui va conduire Gabrielle de son Vaucluse natal aux ors de la République. Là elle va découvrir une autre forme de violence, celle du monde politique, celle du regard porté sur les femmes… Une intrigue d’une actualité et d’une modernité souvent très dures dans une société encore très dure pour les femmes. Un duo entre hier et aujourd’hui, une dualité explicite. Un dialogue intérieur qui met en lumière le combat des femmes et le long chemin qui reste à parcourir pour que les mots respect, compétence, crédibilité, force, puissent se conjuguer un jour au féminin.

Du mistral à l’ouragan, Garde-Corps se lit dans un tourbillon.

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Le charme discret des séries

Et si au lieu de regarder une série, on lisait... sur les séries ? :-)



Le dernier livre de Virginie Martin est tout simplement d'utilité publique. Passionnant, fouillé, exigeant et d'une grande clarté, l'auteure tient haut la main sa promesse d'une plongée de l'autre côté de l'écran, pour décrypter l'influence, la portée mais aussi les limites des séries que nous adorons consommer des heures durant.



L'analyse est fine, intelligente et sensible, et on plonge avec plaisir et gourmandise dans les différentes facettes présentées : puissance addictive des séries, géopolitique, ouverture au monde et à sa diversité, portée politique, et dystopie, un tour d'horizon complet !



On sort éclairé du Charme discret des séries !



À quand un tome 2 !?
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Garde-corps

Challenge 68premièresfois2Un premier roman que j’ai lu d’une traite car l’auteure nous accroche. Par des phrases simples, un vocabulaire percutant, nous suivons l’accession en politique d’une jeune fille du Vaucluse. Un livre qui nous parle d’une sorte de Rastignac féminine, qui a un projet de vie et que rien ne pourra arrêter. Cette executive woman met tout en œuvre pour réussir et ne se laissera jamais fléchir. La vengeance est un plat qui se mange froid et elle pourra grâce aux hasards de la vie se venger de son viol d’adolescente. D’une écriture très virile, l’auteure nous parle aussi de la politique actuelle, des méandres de la vie des ministres. Aucune morale, l’héroïne fonce et a planifié son chemin et même sa plaque de cimetière. Elle est très seule sur ce chemin et cette description de la société actuelle et surtout du milieu politique font froid dans le dos. L’auteure a l’air de bien connaître ce milieu mais j’espère qu’il y a beaucoup de romance dans ce texte car sinon cela m’inquiète pour l’avenir proche de nos institutions. Un livre percutant et que je n’aurai pas lu, merci au challenge de me faire découvrir, dans la multitude d’ouvrages de la rentrée, de tels textes. J’ai retrouvé un peu l’écriture virile de Julie Esteve « Moro-sphinx », un autre 68premièresfois. Par contre, par cette écriture percutante, hard, je n’ai ressenti aucun sentiment pour les personnes et la froideur et sa volonté sans faille de l’héroïne ne m’a pas permis d’avoir d’empathie pour elle. Elle vit et travaille dans un monde d’habitudes, de froideur. J’ai par contre beaucoup apprécié les pages quand elle est dans sa voiture de fonction et traverse Paris. Paris qui est pour cette femme un lieu où elle a pu s’ »épanouir », pendant ses études et pendant sa carrière politique de ministre. Mais qu’est ce qu’elle est seule ? Des proches conseillers qui lui gèrent toutes les minutes de sa journée, un chauffeur et un garde du corps qui ne la quittent pas, mais ils sont de plus interchangeables. C’est un roman qui va à toute vitesse et ainsi on ne s’attache à personne. Mais en tout cas, une sacrée image de la vie politique et des ministres actuels, est ce vraiment romanesque toutes ses situations ?!!
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Garde-corps

Que dire ? Jai adoré. Un coup de poing , un livre quon ne quitte plus. Une héroïne - Gabrielle - ambiguë...

Modernité et insolence.
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Le charme discret des séries

Sériephile dans l'âme, j'ai tout de suite été attirée par cet essai publié en 2012. L'autrice, on le sent, a plutôt une sensibilité "progressiste" (pour ne pas dire "de gauche").



Elle consacre cet ouvrage à démontrer l'influence et le soft power des séries sur notre quotidien, nos actions, mais aussi la scène politique mondiale. Les thèmes abordés sont variés, allant des dystopies aux séries politiques, en passant par la question du genre et de l'orientation.



Si j'ai apprécié qu'une partie entière soit consacrée à la représentation des minorités sur le petit écran (femmes, personnes racisées, LGBTQIA+ - malheureusement rien sur le handicap), j'ai tout de suite été interpelée par les termes utilisés pour parler de la communauté transgenre. Certains sont clairement maladroits, voire violents, pourtant cet essai est récent et on peut imaginer que l'autrice, qui a écrit durant les confinements, avait largement le temps de se renseigner correctement.



La cerise sur le gâteau : parmi les personnes interviewées pour l'écriture, on retrouve Marguerite Stern, féministe notoirement transphobe (entre autres), qui est même remerciée en fin d’ouvrage pour sa participation.



De plus, l'autrice parle de la série Pose, que je suis justement en train de regarder, et multiplie les erreurs (erreur de prénom, confusion entre deux personnages...).



Cela a donc considérablement gâché ma lecture. On ne le répète apparemment pas suffisamment : si vous ne connaissez pas un sujet, faites appel à une personne concernée !
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Le charme discret des séries

Très bon livre de la politiste , chercheuse et professeure Madame Virginie Martin. Les références aux séries y sont très nombreuses et l’analyse très pertinente au regard de l’actualité de notre société. Un ouvrage précieux et qui se lit d’une traite !
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Le charme discret des séries

N'étant pas à l'origine un partisan des séries, ce livre m'a fait découvrir un monde riche et complexe. L'envers du décors est parfaitement analysé par Virginie Martin dans une écriture précise et un rythme très fluide.

En attendant une suite, je compte bien visualiser les nombreuses références du livre.
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Le charme discret des séries

C'est un continent nouveau qui a émergé et qui est ici exploré, méthodiquement et passionnément. De ce travail de recherche nait un essai fluide, exhaustif, qui se lit d'une seule traite. Tout est passé au crible, du monstre economique et financier aux mille têtes, aux mecanismes d'addiction, jusqu'à la mise en lumière de la dimension trés politique des series qui nous embarquent dans des nuits blanches. Un ouvrage essentiel, à suivre !
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Le charme discret des séries

Merci pour cette analyse et ce travail. Je regarderai les séries d’un nouvel œil.Merci et bravo pour cette analyse approfondie et ce travail sur ce qui nous est proposé par les plateformes de films à la demande.

En effet, les séries ont un pouvoir certain, celui d’orienter les masses de manières très subtiles.

Je regarderai les séries d’un nouvel œil.

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