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Critiques de Vitaliano Brancati (13)
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Don Juan en Sicile

C'est la faute a Camilleri.

Le Camilleri d'Agrigente, oui, qui dans sa biographie de Pirandello trouve le moyen de rappeler plein d'autres auteurs siciliens, meme ceux qui ont eu l'impolitesse, l'impertinence de naitre a Catane!

J'en connaissais quelques uns, le grand Verga, le courageux Sciascia, mais Brancati? Vitaliano Brancati? Et Capuana? Luigi Capuana?





Titille aux entournures, je n'ai connu de paix qu'une fois la main mise sur ce Don Juan en Sicile, le premier que j'ai trouve.





Il y est question d'un certain Giovanni (l'editeur francais n'aurait pas mieux fait de titrer: Don Giovanni en Sicile, comme en italien?), un jeune homme de Catane qui se vautre dans une beate inaction. Une visite au magasin tenu par son oncle le matin (le travail), une sieste de quelques bonnes heures (le repos du guerrier), une soiree entre amis a guetter les filles (le recueillement dans la contemplation). Guetter sans jamais les aborder, sans jamais les atteindre. Se morfondre d'amour pour toutes et chacune d'elles. Jusqu'au jour ou la plus belle, la plus piquante, s'entiche de lui, le seduit (le viole platoniquement), le traine a l'eglise puis jusqu'a Milan, ou elle l'arrache a son apathie et en fait un travailleur applique. Mais un beau jour elle decide de revenir a Catane pour des vacances. Et la, j'arrete le spoiler...





C'est une satire ou Brancati ridiculise une certaine virilite sicilienne. Une virilite grotesque et en fin de compte illusoire. Et ca marche. J'ai souvent souri. J'ai ri. Sciascia a ecrit quelque part que le fascisme et l'erotisme sont en son pays tragedie, mais que Brancati avait reussi a inclure dans des manifestations comiques meme les situations tragiques. Sciascia a surement raison.





Je conclus. La premiere moitie de ce petit livre est une piece d'anthologie. Dans la deuxieme Brancati s'essouffle un peu, bien qu'il ait quelques pages heureuses ou il raille l'intelligentzia milanaise. La premiere partie vaut cinq etoiles, a l'ensemble je n'en donnerai que trois. Il parait que Le bel Antonio est meilleur. Il parait que c'est son chef d'oeuvre. Je le chercherai.





Et bonne annee 2020 aux hommes et aux femmes de Sicile et d'ailleurs!











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Le bel Antonio

"Un malheur ! ... mon Dieu, rien que d'y penser, tu sens ton cerveau éclater ! Mon propre fils, mon fils unique, ma joie, mon orgueil, ma vie même, le voir réduit à un état pire qu'un chiffon pour les pieds, parce que ce dernier au moins sert à épousseter les chaussures, mais un homme dans cet état, à quoi est-il bon ?"



Je profite de la belle politique éditoriale de Pavillons poche - qui a l'habitude de ressortir les bonnes vieilleries (comme Yates, Atwood ou Maugham) du placard, pour découvrir enfin Vitaliano Brancati, le fasciste devenu anti-fasciste sur lequel on a tant écrit, au travers de son sulfureux roman-phare : Le Bel Antonio. Avec le beau Marcello Mastroianni en couverture avec son air ténébreux.



L'intrigue est cocasse. L'irrésistible Antonio, en goguette à Rome, est rappelé par ses parents à Catane pour y épouser Barbara Puglisi, la plus belle fille de la ville. Tout le monde, hommes et femmes, jeunes et vieux, se pâme, charmé, au passage du couple qui rayonne de bonheur et de sensualité. Sauf que voilà, comme le notaire Puglisi le confie au père d'Antonio, "ma fille, après trois ans de mariage, est telle qu'elle est sortie de ma maison".



Mais derrière les frasques d'Antonio, Brancati ne ménage ni le mâle sicilien, ni le fascisme italien. L'amour propre des personnages pasculins est inextricablement lié à leur virilité - ou du moins à l'image qu'ils en donnnent, jusqu'au grotesque. Quand Antonio voit son mariage risquer d'être annulé, c'est une affaire d'honneur qui se déclenche ; son père d'ailleurs, refuse d'en croire ses oreilles : "Quel état ? Quel état, notaire ? L'état de mon fils, c'est qu'il a fait jouir à hurler les femmes de Catane, de Rome et du monde entier. Voilà l'état de mon fils !" L'impuissance n'étant jamais dite, mais toujours suggérée par des métaphores succulentes.



Le fonctionnement du système fasciste est largement tourné en dérision, et les critiques sont moins que voilées. "Une semaine après, Calderara était nommé sous-secrétaire général du parti et se rendait à Rome, laissant à son poste de Catane un certain Pietro Capano, un grave jeune homme de vingt-cinq ans, aux yeux proéminents comme deux billes et à la tête rasée, dont le seul rêve était de pénétrer, entouré de respect et de crainte, dans le hall de ce lycée où avaient étudié son père, son oncle et son frère, et où tant de fois on lui avait dit : mais alors, vous êtes tous des crétins dans ta famille ?"



Drolatique d'abord, plus grave et grinçant ensuite, Le bel Antonio, en dépit de son âge, n'a pas pris une ride. Les dialogues sont enlevés, le style, moderne, les portraits fins et savoureux. Bref, on ne s'ennuie pas, c'est rudement bien écrit, et c'est italien : on fonce !
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Le bel Antonio

Antonio Magnano, originaire de Catane en Sicile, a 26 ans lorsque l'histoire commence en 1932, et est déjà célèbre pour être le plus bel homme que l'on ait jamais vu. Les observatrices "brûlaient doucement" en sa présence, "et devenaient folles d'un plaisir si intense qu'elles se croyaient possédées par une grave aberration qui mêlait plaisir et douleur". Même ses amis masculins sont amoureux de lui. Cela a quelque chose à voir avec son «visage à la peau d'olive… ses membres athlétiques» et ses «yeux [qui] semblaient briller de larmes qui reposaient sur la courbe supérieure des joues».

En outre: des photographies de lui… arrêteraient même les femmes d'âge moyen dans leur élan, bien qu'elles soient chargées de shopping et traînent des tout-petits dans des flots de larmes avec la main qui vient juste de se boucher les oreilles.

Personne ne s'étonne donc qu'Antonio épouse Barbara Puglisi, la fille d'un notable de la ville, presque aussi belle que lui. Mais tout le monde est surpris – et choqué – lorsque trois ans plus tard, il s'avère que le mariage n'est pas encore consommé.

Tout cela donne à Brancati un ton qui chevauche entre la satire et la farce, et beaucoup de dialogues sont salés. Il explore la culture machiste de la Sicile et la position particulière de l'Église pour laquelle le mariage sans sexe est aussi répréhensible que le sexe sans mariage.

"Rien qu'un flop pendant trois ans ?"

"Rien qu'un flop."

"Tous les soirs un flop?"

"Chaque nuit un flop."

"Comment est-ce possible?"

"Allez demander à Notre Père qui est aux cieux, c'est lui qui prépare ces choses."

« Je pourrais le comprendre une ou deux fois, ou trois fois… Je serai généreux – cinq fois. Lequel d'entre nous n'a pas fait un flop ?"

« Je ne te dis pas de mensonge, mon ami. Je n'ai jamais..."

"Jamais?"

"Jamais!"

En même temps, le contexte de la montée des fascistes en Italie dans les années 1930,

et en même temps la haine du peuple à leur égard

mais aussi la peur de l'opposition (communiste),

semblent correspondre aux sentiments mitigés d'Antonio sur la sexualité.

L'oncle d'Antonio s'exprime en conséquence lorsque des rumeurs lui parviennent selon lesquelles Mussolini n'a pas de cancer, mais juste un ulcère syphilitique :



« Merde et merde, nous sommes foutus. Deux piqûres et ton ulcère syphilitique va kaput… Par contre que se passe-t-il s'il meurt ? Qui prend le pouvoir ? Sa bande de sbires ? Ils s'égorgeaient mutuellement en découvrant le butin. Alors, ce sont les geôliers communistes ? Pire que les fascistes ! Au moins, les fascistes sont des scélérats incompétents, tandis que les autres sont sévères et honnêtes, et en font un travail propre.”



Ce roman a fait l'objet d'une belle adaptation par le metteur en scène Mauro Boligni,

avec une magnifique distribution: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur.







On lira le roman à une terrasse de Caltanissetta, en se régalant d'une caponata – à ce propos, plutôt qu'une branche de fenouil, mettez plutôt de la Livèche, goûtez...

On verra le film, un soir d'été, en plein air à Raguse, en buvant du Marsala.
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Le bel Antonio

Tout ou presque a déjà ete dit sur ce roman. Je n'ai toujours pas vu le film, donc je n'etais pas parasité par Mastroianni. Ce qui m'interesse dans ce livre est la peinture de la société dans le contexte du fascisme. Notre pauvre héros ne devient pas impuissant sans raison. C'est, d'une part le poids du machisme et d'autre part le poids supplementaire du fascisme qui auront raison de sa virilité. C'est cette métaphore que nous offre Brancati.

La vie de la petite bourgeoisie sicilienne est décrite magnifiquement, avec tout ce carcan de conformisme social de l'entre-deux guerre. Cette intrigue est très datée puisqu'elle s'inscrit dans ce contexte mais la lecture reste plaisante. L'homme n'est plus ce qu'il etait !
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Le bel Antonio

Le bel Antonio, magnifiquement interprété à l'écran par le regretté Marcelo Mastroianni, c'est une jeune homme de l'Italie des années 30. Le fascisme explose mais le bel Antonio ne s'en préoccupe pas. Il est joli garçon et vit en Sicile. Son avenir semble tout tracé: il va épouser la belle Barbara Puglisi qui a le mérite d'être encore plus riche qu'elle n'est jolie. Au bout de trois ans de mariage, le mariage n'est toujours pas consommé. La jeune femme, malgré son éducation religieuse, comprend que quelque chose ne tourne pas rond.. C'est alors le début d'une procédure humiliante d'annulation du mariage.

Au travers de cette tragédie, c'est le procès du machisme italien qui est fait ici, machisme dont finalement les hommes souffrent autant si ce n'est plus que les femmes..

Un grand roman, certainement le chef d'oeuvre de cet écrivain italien Vitaliano Brancati grand adversaire de Mussolini, auteur trop peu connu en France.
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Le bel Antonio

Le personnage du "coq du village" cher à Vitaliano Brancati trouve son expression la plus spectaculaire dans ce récitoù le grand écrivain sicilien fouille avec une acuité digne de Stendhal, le thème du bourreau des coeurs dont les succès apparents cachent en réalité le plus tragique des "accidents".

(Quatrième de couverture de l'édition 10-18 de 1981)

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Journal romain

"Le journal romain" ,c'est aussi l'évocation de cette Sicile pour laquelle, en dépit des défauts de son peuple, l'auteur garde une nostalgie constante. Quelques unes de ses pages sur l'île comptent parmi les plus belles qui aient été écrites à ce sujet.

"Le journal romain" ,c'est encore l'évocation des grands écrivains qui,semble-t-il,vivent continuellement en compagnie de Brancati: de Leopardi à Stendhal,d'André Gide à Thomas Mann en passant par Gogol,leur regard sur le monde et le regard que Brancati porte à son tour sur eux sont d'un inestimable intérêt littéraire.

Enfin,ce Journal,est la chronique patiente de menus faits divers d'une époque romaine__celle d'un après-guerre rempli à la fois d'espoirs et de contradictions__que Brancati réussit admirablement à faire revivre.

4 ème de couverture
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Les années perdues

Lu il y a très longtemps, je ne me rappelle plus trop l'histoire, d'ailleurs y avait-il une histoire ? Par contre je me souviens très bien de cette ambiance indolente, de ces personnages aux vagues projets qui ne sont que des rêves éphémères et qui restent enfermés dans leur routine quotidienne. Le personnage principal revient dans cette ville de Sicile pour y passer des vacances, puis quelques jours de plus et finit par ne plus repartir.
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Le bel Antonio

Vitaliano Brancati est un auteur qui glorifia Mussolini à travers une pièce de théâtre. Fasciste convaincu, c'est avec la montée de la guerre, dans les années 1934, qui retourna sa veste - c'est le cas de la dire - et se détacha du mouvement fasciste, horrifié par ce qu'il avait pu écrire précédemment. "Le bel Antonio" - écrit en 1949 et qui reçu le prix Bagutta - est un roman engagé qui permet de découvrir l'âme italienne sous un aspect plutôt humoristique voire sarcastique, autour d'une situation qui pourrait être presque cocasse si elle n'en était pas triste et humiliante.



Le bel Antonio a tout pour lui. En goguette à Rome, il est rappelé dans son village natal par ses parents qui veulent le marié à la belle et riche Barbara. Les deux jeunes gens forment un très beau couple qui en fait rêver plus d'un, jusqu’au jour où, après trois ans de mariage, le notaire du village fait appelé le père d'Antonio pour lui apprendre que le mariage n'a toujours pas été consommé. Incrédulité totale et honneur bafoué, comment le bel Antonio va-t-il vivre ce revirement?



Le roman est paru au cinéma en 1961 sous le même titre, mettant en scène les deux géants du cinéma que sont Claudia Cardinal et Marcello Mastroiani. Tout le monde connaît l'image de macho qui auréole, soit disant, le mâle italien. La virilité est un sujet sensible dans ce pays-là. Vitaliano Brancati s'en donne à cœur joie pour taper là où ça fait mal avec le thème principal de ce récit, qui n'est autre que la non consommation du mariage. Intéressant, mais quelle en est la raison? Rien que ce sous-entendu va bafouer l'amour propre d'Antonio Magnano et de sa famille. Et les commérages vont bon train.



L'auteur s'attaque également dans cette histoire d'insatisfaction, à son fer de lance qui est la lutte contre le fascisme. Il tourne ce mouvement totalitarisme en dérision, sans s'en cacher. Ces deux sujets, qui devaient être extrêmement sensibles à l'époque où Vitaliano Brancati a écrit son roman, n'a pas dû plaire à tout le monde. Pour contrebalancer un peu l'ensemble de sa critique, il insuffle humour et un brin de dérision pour permettre au lecteur de mieux digérer ses attaques, tout en passant un bon moment de lecture. Certaines images sont succulentes, et les situations en deviennent presque grotesques. Mais ces moqueries laissent place à une certaine amertume lorsque le lecteur observe Antonio du coin de l’œil. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Le bel Antonio

Sous le régime fasciste, un jeune homme de Catane, plus que séduisant, est marié à un riche parti. Quand son impuissance est révélée, il est "divorcé" par sa belle famille, et provoque la honte publique de ses parents.



Le roman est souvent drôle, les répliques truculentes, mais la tristesse qui touche le héros (assez lamentable) et surtout sa famille, humiliée publiquement, mais qui essaye de combattre, m'a assez dérangé. Plus qu'une comédie italienne, il s'agit d'une tragédie de l’opprobre publique.



Le livre est quand même superbement écrit. Mais avec des longueurs quand on quitte le registre comique. Je pense que la traduction perd beaucoup par rapport au texte original.
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Le bel Antonio

Le roman comporte de nombreux dialogues jubilatoires entre les deux familles ennemies qui tentent de sauver leur honneur face au problème insoluble de leurs enfants.Un certain grotesque parsème le livre, contrairement au film dont l'humour est moins présent, hormis les scènes de familles qui s'apostrophent au balcon et le tempérament colérique et présomptueux du père d'Antonio, dont la virilité incarne un machisme italien caricatural...
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Rêve de valse, suivi de, Les Aventures de Tobaïco

Vitaliano Brancati, auteur sicilien (1907-1954) dont le livre le plus connu est "Le bel Antonio" depuis l'adaptation cinéma excellente de Mauro Bolognini, a bâti son œuvre sur l'ironie et les dévoiements de l'homme. Il s'était lui-même lourdement fourvoyé dans une forte sympathie pro-fasciste, et plus puisqu'auteur d'une pièce à la gloire de Mussolini. En 1934 il a rompu radicalement et c'est en opposant et surtout en écrivain fin et sensible que l'Italie le considère. En France on l'ignore.



"Rêve de valse" est un court roman ou une longue nouvelle, je n'ai jamais su faire la différence. Des notables et des fonctionnaires qui s'ennuient dans une bourgade sicilienne, ni Catane, ni Palerme, décident d'organiser un grand bal. Mais cette belle idée va s'avérer difficile à réaliser. L'arrivée de prêcheurs et les lumières anthroposophes vont ainsi faire basculer la cité dans un non-sens et faire des dames de la haute des prostituées et des notables des philosophes. Je laisse à votre appréciation lesquels sont les plus nocifs. Ainsi entre spiritisme et bouffonnerie va cette Sicile si littéraire et si originale que personne et surtout pas Rome n'a su apprivoiser.





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Le bel Antonio



j' ai lu ce livre très vite :entrainée dans l'ambiance sicilienne et du fascisme montant . Au dé but c était comme un roman un peu "suspense" pour moi , mais au fil des pages c'était un peu long,moins intense ...cela dit je trouve qu'il reste un bon livre , pas trop "démodé" et facile à lire ....
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