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Citations de Wassyla Tamzali (21)


Quand nous rentrions à la maison après les meetings pour la libération des peuples opprimés, nous, le peuple des femmes, retrouvions nos oppresseurs familiers et bien-aimés, nos pères, nos frères et, le matin, à l'université, au bureau, nos oppresseurs patentés, les petits fonctionnaires socialistes tristes et moralistes qui tenaient les affaires courantes du pays.
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Plus les femmes, les filles se voilent pour tenter de se protéger, plus il est nécessaire aux autres de les suivre. Un engrenage implacable dans lequel certains observateurs et défenseurs de la diversité culturelle veulent voir la preuve d'un retour au religieux librement consenti par les femmes, alors qu'il s'agit d'une mise au pas forcée par la violence de l'environnement social, dominé par une vision théologisée de la sexualité. C'est cette violence qui est reçue comme la marque de la diversité du monde dans les capitales européennes, c'est cela que l'on ne peut plus discuter au nom de la liberté et de la démocratie en France et en Europe.
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Le recours intempestif à la tolérance ne suffit pas à répondre à la question du vivre ensemble. La tolérance à la française est devenue un avatar du relativisme culturel.
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Il est de plus en plus clair que mes interlocuteurs européens attendent que s'exprime sous la dénomination "femme algérienne", une "arabe" et une "musulmane" dont ils ont une idée bien arrêtée. Faudrait-il dorénavant être voilée pour être vue ?
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Chaque jour, impuissante, je ne peux que constater la place exorbitante de la sexualité dans la vie des peuples arabes et musulmans. Les discours politiques, comme les discours religieux, sont tous imprégnés de sexualité. Un jour que je lisais avec impatiente, dans Le Monde, une interview d'un haut dignitaire religieux du Caire, pour apprendre les raisons qui lui faisaient refuser qu'une femme soit imam, et cela en réponse à l'apparition de la première femme imam, la New-Yorkaise Amina Wadud, et que j'espérai parfaire ma connaissance de la pensée musulmane, le seul argument trouvé par cet homme inspiré par la parole de Dieu était que si une femme conduisait la prière , elle devait faire des génuflexions en direction de La Mecque et présenter son postérieur aux croyants, ce qui pouvait faire naître des désirs sexuels chez les hommes.
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"Les révolutions arabes m'ont sortie de cette longue retraite. Un voile intérieur s'est déchiré. J'étais émue aux larmes quand je regardais les foules libérées de la peur de dire, prendre la parole, sortir du mutisme. Tunisie, Libye, Yémen, Bahreïn, Syrie. J'étais libérée de la peur. Je croyais de nouveau en mes terres d'origine.
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Ils (les islamistes modérés) détournent à leur profit les idées pour lesquelles nous nous sommes battues, et continuons de nous battre. Ne justifient-ils pas leur omniprésence calculée et stratégique dans l'espace public (piscines, stades, administrations), au nom du droit à l'expression de ses convictions religieuses garantie par la laïcité, le droit de se voiler à l'école au nom de ce même droit, et parfois du droit de disposer de son corps (sic) ? Qu'est-ce que le féminisme islamique, sinon l'exemple d'une imposture fondée sur l'utilisation aberrante (Petit Robert : "aberration : une image qui s'éloigne de la réalité") de l'histoire des luttes des femmes ?
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Les travestissements du voile n'enlèvent rien au sens du voile. L'ignorer serait ignorer le travail souterrain de ce parangon dans nos sociétés et le porter, pour l'une ou l'autre raison, met en branle un ensemble de représentations, de symboles qui fonctionne avec l'accord ou au corps défendant, c'est le cas de le dire, de celles qui en usent pour exprimer leur identité, leur culture, leur religion. Leur liberté, disent-elles.
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Qu'en est-il de l'égalité des sexes au regard de la tolérance ? Pour bien comprendre le sens de cette question, je la repose au sujet de l'esclavage. La différence culturelle ne peut jamais justifier cette pratique, même si elle est inscrite dans le Coran ou dans des pratiques culturelles. Or en France, en Espagne, en Italie, le traitement sexiste des femmes est toléré (ce dernier mot est en italique dans le texte) quand il est revendiqué et pratiqué par des populations venues d'ailleurs.
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Épigraphe du livre
(...) Et force est de reconnaître que le seul survivant authentique de cette histoire est le lecteur lui-même, d'ailleurs c'est toujours comme unique survivant que chaque lecteur lit chaque histoire.
José Saramago (L'année de la mort de Ricardo Reis)
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Wassyla Tamzali a déjà publié une riche bibliographie.
Un ouvrage compte particulièrement pour elle: Une éducation Algérienne, sorti en 2008 et réédité cette année en Folio-poche chez Gallimard [éditeur chez qui elle a aussi publié Une femme en colère en 2009].
Les éditions Chèvre-feuille étoilée publient en mars 2012 ses Histoires minuscules des révolutions arabes, ouvrage dans lequel elle a invité un panel de quarante-deux hommes et femmes du Maghreb et du Machreb à s’exprimer après le Printemps Arabe qui a fait la Une de l’Actualité Internationale en 2011.
W. Tamzali a déjà publié Burqa en 2008 dans la collection D’un espace, l’autre du Chèvre-feuille étoilée, dirigée par Behja Traversac, ainsi que de nombreuses contributions dans la revue Etoiles d’encre de cette maison d’éditions.

Au cours de la longue et passionnante interview sur France-Inter, où elle était invitée le jour de cette journée internationale du droit des femmes, elle a retracé le courageux et singulier itinéraire qui l’a conduite à ces publications.

Le détonateur, qui a ébranlé la jeune algérienne heureuse qu’elle était, fut l’assassinat de son père le 11 décembre 1957 par un jeune membre du FNL, l’année même où un autre natif d’Algérie célèbre, Albert Camus, recevait le prix Nobel de Littérature.

Wassyla Tamzali explique comment elle mit du temps pour prendre conscience des deux modèles de sociétés qui s’opposent en Algérie, ce grand pays de 34 millions d’habitants dont la moitié - les femmes algériennes- devient le symbole de cette discorde nationale.

Quand à 20 ans, dans l’enthousiasme des années qui ont suivi l’indépendance, Wassyla reprit le flambeau paternel pour libérer le peuple de son pays, elle ne se préoccupait pas d’une lutte spécifiquement féministe :
Pour elle, il allait de soit que la libération nationale engendrerait dans son élan la Libération des Femmes. C’en était le corolaire.
Jeune fille, elle mit son énergie dans la construction d’une Algérie indépendante démocratique.
Si elle assimilait à ce moment-là le féminisme au gauchisme, au sens d’une lutte se trompant de cible, elle raconte avec émotion dans ce grand entretien comment elle a dû ré-envisager cette prise de position.
Sa prise de conscience ultérieure permet de répondre à ceux qui s’interrogent sur la « non implication » de l’Algérie dans le printemps arabe qui a secoué les rives de la Méditerranée l’an dernier. Elle leur rétorque que ce printemps arabe a justement tenté d’y éclore, précurseur de presqu’un quart de siècle en 1988, éclosion qui a été étouffée dans son œuf… et réprimée sauvagement dans le sang.
La Phase du guépard... Tout y était dans l’ébranlement du pouvoir algérien : Remise en cause du parti unique et toutes les revendications, prémisses des actuels Dégage ! - entendus en 2011.
L’échec de cette demande si vivante de démocratie, déjouée par l’habileté politique des dirigeants qui ont tué la réforme en la caricaturant dans une multitude de réformes, a paralysé les forces revendicatrices de la jeunesse, trahie, abusée et désabusée…

Traumatisée par les revers des actions collectives, la nouvelle génération s’est retranchée dans les aspirations individuelles du Sauvons les meubles, du Chacun pour soi et du cycle système D où l’idée de démocratie même est dévalorisée.
« On a mangé notre blé vert en 1991 et enterré la démocratie en disant au peuple algérien. ‘Vous avez mal voté’ » constate amèrement Wassyla.

L’échec était gravé dans le marbre. La seule idéologie laissée au peuple : la Religion. Car en 1991, dans le pays muselé, sans plus aucun moyen d’expression indépendant, les démocrates ont payé les pots cassés, laissant aux seuls islamistes le droit de réunion autorisée dans les mosquées. Le rapport de force a empiété sur le politique. Cependant Wassyla Tasmani prône la confiance en l’avenir:

« La page post-colonialiste est tournée. Le pays reste à construire. » …proclame-t-elle avec foi et énergie. Si la révolution lui a été confisquée… une non-révolution en Algérie, ça ne peut pas arriver !

Dans la présentation des Histoires minuscules des révolutions arabes, l’auteure exprime son enthousiasme de découvrir les nouvelles particulières et insolites, sombres ou lumineuses, toutes d’une subtile authenticité, qu’elle a reçues des écrivains qu’elle avait sollicités pour se joindre à elle dans la participation à cet ambitieux projet :

Dresser une parole intime et singulière pour traduire le vécu au sein d’un mouvement collectif. Wassyla a découvert des récits qui l’ont heureusement surprise par l’accent particulier sur les questions touchant à la sexualité qui traversent la plupart d’entre eux. Cette constatation va dans le sens des convictions féministes de WT.

Ces révolutions arabes ont libéré les forces obscures.
Dans ce nouveau livre, les auteurs ont exprimé leur vision subjective de ces révolutions.

L’ouvrage acquiert ainsi une portée originale plus profonde que les raccourcis de rationalité que génèrent les analyses géopolitiques qui font légion. Dans ce volumineux ouvrage, des hommes, tout autant que des femmes, ont choisi d’écrire sur le viol, le corps féminin, le désir, et sur d’autres sujets habituellement tabous.

Ce fait conforte WT dans la pensée que la libération de la femme est le moteur de la politique arabe.
Il oblige à faire face au problème récurrent de la haine des femmes dans la société islamique, cette énigme de la place de la moitié de l’humanité dans les pays maghrébins. Enigme maghrébine sur laquelle elle s’est déjà longuement penchée.
Ce rapport de domination des hommes sur les femmes lui inspire deux anecdotes, qu’elle met en miroir :

La réponse de Marie-Antoinette à qui on annonce que le peuple a faim : « Donnez-leur des brioches ! »
Et celle du Sultan informé par son Vizir que son peuple bouge : « Donnez-leur le plein pouvoir sur les femmes ! »

Wassyla ajoute avec ironie que si l’homme arabe ne pense pas chaque matin en se rasant à être président de la République… il peut rêver à dominer toutes les femmes de sa maison !
Car la grande menace qui effraye les pays arabes c’est l’idée d’égalité entre hommes et femmes ; ce concept qui risquerait d’apporter la démocratie et d’ébranler des régimes autoritaires en place.

D’où la nécessité pour WT de politiser la question de la femme dans ces sociétés.
Et de la re-politiser, si elle a été dépolitisée !
Sinon l’aliénation des femmes les contraint au non-sens contradictoire de choisir librement le geste de soumission de se voiler pour avoir la paix… alors que leurs époux s’habillent à la mode occidentale, délaissant leurs habits traditionnels.

Le nœud gordien étranglant, selon Wassyla Tamzali, le monde islamique est dû aux fondations éthiques basées sur la supposée absence de désir des femmes et à une négation de leur sexualité, qui induisent des comportements d’une schizophrénique contradiction qu’elle dénonce : Le paradoxe du string érotique sous le voile intégral, réduisant la femme à être un pur sexe, et non un esprit en action. En refusant la rencontre des femmes dans leur intégrité, les hommes brident toute réelle émotion.

Ce sont à ces « émotions exilées », titre que Wassyla Tamzali avait songé initialement donner à son livre, qu’elle a tendu, proposé, des pages blanches.
Pour oublier les idées, si profondément ancrées au fond des habitudes, affirmant que guerre et violence sont nécessaires.
Débâillonner les émotions latentes enfouies au fond de chacun de nous.
Se laisser guider par la force de désir universel de notre humanité.

Nous étions des enfants de la guerre, de l’ombre, des enfants de la mort, nous confie celle qui plaide pour qu’on laisse entendre nos sentiments d’amour, de soleil, de vie.
Car, dit-elle, l’exil des émotions est un grand danger pour la politique.
Elle est convaincue que si celle-ci passe toujours en avant, reléguant les émotions dans les cachots noirs, de faute et de culpabilité, de la marginalité, les émotions sont pourtant le nerf de tout !

Wassyla Tamzali, citoyenne et femme de lettres profondément camusienne, comme elle se définit elle-même, a conclu son interview en revenant sur l’ambivalence du sentiment d’amour inhérent, tout à la fois pour son père et pour son pays.
J’avais contracté un mariage d’amour et de raison avec Alger, nous avoue-t-elle.

Elle a eu le bonheur de rencontrer la reconnaissance des lecteurs, hommes et femmes de tous les milieux. Ça a été la plus belle et émouvante des récompenses, pour celle qui a toujours considéré ne pas être comme tout le monde, de rencontrer l’adhésion et la compréhension du public, annulant ainsi la dette que son pays avait laissée dans son cœur depuis l’assassinat de son père.

« J’ai écrit pour la part qui n'est pas comme tout le monde, pour tout le monde" nous dit cette écrivaine qui, avec ce livre, espère enfin apporter à son père algérien la sépulture que son pays lui doit, comme Polynice enterré par sa sœur qui a affronté les lois de Créon.

Souhaitons qu’avec toutes les voix – empreintes de toutes ces émotions qui montent du Maghreb au Machreb dans les pages de ces histoires minuscules - notre Antigone-Wazzyla confortera cette symbiose des émotions dévoilées.

Nic Sirkis, ce 11 mars 2011 !
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J'admirais Camus comme on est capable de le faire quand on a 18 ans et que les mots de papier brûlent aussi sûrement que ceux de la vie.
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La liberté sous la burka est une drôle d'idée qui a pourtant de nombreux adeptes.
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Il fallait chercher dans le camp de ceux qui avaient eu tous les pouvoirs et tous les moyens entre les mains, les responsables de cette catastrophe. Ceux qui auraient dû nous donner tous les moyens d'éclairer notre destin, de panser nos douleurs d'adolescent, de chercher des coupables des forfaiture accomplies sous le sceau de la guerre de Libération, de nous dire que la violence que nous avions tous acceptée ne devait plus nous dominer, de nous libérer de nos fantômes, ceux là nous tenaient la tête sous l'eau.
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Les intentions des jeunes filles et des femmes voilées, aussi libres se croient-elles dans leur choix de se voiler, ne peuvent gommer le fait qu'elles portent le signe d'une morale qui a ses codes, qui les dépasse totalement et qui engendre une ségrégation des sexes.
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L'histoire des femmes algériennes est bien la preuve que, quelle que soit la raison, on ne peut pas utiliser sans conséquences de discours, des signes ou des pratiques antiféministes, fût-ce au nom d'une identité culturelle, d'une différence, d'une révolte, de l'indépendance d'un pays. Preuve encore, la mise au purgatoire du mot "émancipation" que je reprends à Mme Sid Kara, en mesurant les foudres que cela peut déclencher. Il est temps de sortir ce mot de l'interdit où l'histoire de la libération l'a mis et de désacraliser le voile. Ce travail de réappropriation est plus que jamais nécessaire aujourd'hui où, jusque dans le coeur des grandes villes, le nombre de petites filles voilées qui attendent que sonne la cloche de la récréation montre, à l'évidence, que nous allons dans un sens quasi irréversible, et que si on y rajoute les étudiantes qui sont elles aussi presque toutes voilées, il nous faudra dans un avenir très proche accepter l'idée, que si l'islamisme politique a échoué, l'islamisation des moeurs est en passe de réussir.
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à éviter la bataille de l'identité, on risque de perdre la guerre. La montée des idéologies religieuses entraîne la régression de nos sociétés et rend, plus que jamais, cette lutte contre l'enfermement identitaire nécessaire - faute de quoi nous assisterons, impuissantes, à la recomposition de l'idéologie du harem, basée sur la ségrégation des sexes et l'assignation à identité des femmes.
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Dorénavant, on me regarde avec suspicion, on ne m'accorde plus d'emblée la légitimité de parler en tant que femme algérienne. Sur ce que je suis, s'abat une chape de plomb, une identité toute faite, emballée dans la religion. Je suis un palimpseste sur lequel les images des femmes cheveux au vent ont été effacées par celles de femmes voilées. Mon histoire est indéchiffrable.
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Présenté aujourd'hui par nos amies féministes européennes comme une simple commodité, un arrangement avec les embarras de la société, présenté par d'autres comme un droit, une liberté, une différence culturelle, évoquant la tolérance ou le pragmatisme, le voile s'impose sans violences. Tous ces discours et explications endorment notre vigilance.
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Les intentions des jeunes filles et des femmes voilées, aussi libres se croient-elles dans leur choix de se voiler, ne peuvent gommer le fait qu'elles portent le signe d'une morale qui a ses codes, qui les dépasse totalement et qui engendre une ségrégation des sexes.
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