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Critiques de Whitney Scharer (41)
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L'âge de la lumière

J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce livre en me remémorant une superbe exposition des photographies de Lee Miller au Jeu de Paumes. Au delà de l'intérêt historique, du plaisir de découvrir le Paris des artistes surréalistes des années 30, c 'est surtout son questionnement sur sa place de femme qui m'a le plus marqué. A lire !
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L'âge de la lumière

Paris, années 30. Lee Miller, jeune américaine et ancien top, découvre la capitale française à travers son appareil photo. Cette période illustre le long chemin qui la fera définitivement passer de l’autre côté de l’objectif. Elle vit ce développement aux côtés du grand Man Ray, que l’on découvre via la vie intime et amoureuse, sans les flashes de son boîtier qui aveuglent ses adorateurs. Lee Miller l’assiste, au studio et dans la vie. Elle profite du matériel pour se perfectionner, apprivoiser son art, moins reconnu que la peinture, et chercher son style. Est-elle un autre regard aux côtés de Man ou joue-t-elle le rôle de projecteur ? Ce texte est une oscillation entre ses différentes carrières et ce qu’elle est lorsqu’elle est vue au bras de Man Ray, qui met en lumière son propre travail, quitte à s’accaparer le sien, sans même faire l’effort de s’en rendre compte. Une belle image du Paris de l’époque et de la difficulté à être reconnue lorsqu’on est une artiste.
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L'âge de la lumière

Le roman nous fait vivre la courte période Man Ray de la photographe Lee Miller, dans le Paris des Surréalistes : elle fréquente André Breton et sa bande d'artistes : Kiki de Montparnasse, Philippe Soupault, Claude Cahun, Tristan Tzara (mouvement Dada).., et elle tourne brièvement avec Jean Cocteau dans son long métrage Le sang d'un poète. Lee Miller rompra avec Man Ray après avoir découvert qu'il s'attribue ses oeuvres à elles en les envoyant à une galerie new-yorkaise et en les signant. Encore aujourd'hui son travail est souvent attribué à son mentor-amant.

La vie romanesque de Lee Miller se prête à ce type de biographie romancée : les différents chapitres sont intercalés avec sa vie d'après. Devenue grand reporter pour l'Armée américaine à partir de 1942, elle suivra l'armée de libération US à travers toute l'Europe pour le magazine Vogue qui lui achète ses photos. Rien de glamour désormais : elle met son œil imparable et tout son art à capturer les destructions des alliés et des armées en débâcle de Hitler, d'Angleterre à Saint-Malo et à Cologne dont elle photographie les ruines, à Munich où elle prend un bain dans la villa de Hitler ; elle est la première à entrer à Dachau en 1945 et à découvrir et photographier l'horreur des camps. Ce roman est une biographie attrayante qui rend hommage à la talentueuse Lee Miller.


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L'âge de la lumière

L’Age de la lumière est un premier roman de Whitney Scharer qui fait référence à l’illustre photographe Man Ray mais surtout à Lee Miller. Le roman s’ouvre en 1966 en Angleterre, sur une Lee Miller en demi teinte, vieillissante, qui se remémore sa rencontre avec Man Ray pour un article de presse.



En 1929, Lee Miller est un mannequin américaine qui quitte les Etats-Unis pour rejoindre Paris et y réaliser son rêve : passer derrière l’objectif pour devenir photographe. Lors d’une soirée, elle rencontre le grand Man Ray. Séduit par sa beauté, il en fait son assistante, son modèle, son élève, son amante, sa muse, et finalement sa grande histoire d’amour.



Ce Paris des années 30 permet à Lee Miller de se métamorphoser en une femme libérée. Sous l’influence du surréalisme, elle découvre la technique de la solarisation, avec l’aide de Man Ray, une technique qui deviendra une vraie pomme de discorde entre le photographe et sa muse. A partir de cette découverte, celle-ci s’émancipe fortement pour devenir elle aussi une grande artiste de la photographie.



Ce récit romanesque est entrecoupé de passages de Lee Miller dans les années 40, alors qu’elle est correspondante de guerre. Lee Miller sera la première à photographier les camps de la mort. Ces passages sont comme des coupures dans son histoire d’amour avec Man Ray ; ils montrent une femme forte, dominante, en contraste avec sa relation des années 30.



La plume extrêmement additive et surtout maitrisée de Whitney Scharer m’a totalement transporté dans ce Paris bohème et cette histoire d’amour. Le récit est très bien mené entre deux périodes totalement différentes de la vie de Lee. Un roman moderne, bien écrit, où l’auteur nous montre la naissance d’une grande artiste peu connue, caché derrière l’ombre de Man Ray. On sent un véritable travail de recherche de l’auteur bien que ce roman se présente comme une fiction.



Ce roman est un véritable coup de cœur. J’ai adoré connaitre l’histoire de Lee Miller, artiste géniale qui décide en 1932 de prendre sa vie en main et de devenir sa propre création. Les thèmes de l’amour, de son aveuglement, de l’égocentrisme et de la vie d’artiste sont magnifiquement étudiés. La force de l’écriture de l’auteur se ressent dans le personnage de Lee, qui s’impose comme une artiste absolue, une femme hors du commun.



Ce roman est un riche kaléidoscope : d’une invitation aux délices du Paris dès années 30 en passant par une révolution dans l’histoire de la photographie, il emmène jusqu’aux portes des camps de la mort, accompagne l’éclosion d’une artiste et le sacrifice d’un amour passionnel et déchirant, avec un épilogue d’une beauté totalement foudroyante : L’Âge de la lumière est pour moi le roman incontournable de cette rentrée littéraire 2019.

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L'âge de la lumière

Majestueux, et encore le mot n'est pas assez fort, comment ne pas écrire un roman fantastique lorsque l'on écrit sur une femme fantastique! J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman!



Whitney Scharer nous plonge dans la vie de Lee Miller lors de son passage à Paris où elle y fera la rencontre du célèbre Man Ray et deviendra à l'occasion sa muse, sa maîtresse, son assistante. C'est un livre de fiction mais où l'autrice a voulu respecter le plus possible les éléments historiques, j'adore ce genre de romans. J'avais déjà entendu parler de Lee Miller mais il est vrai qu'il n'y a pas beaucoup (pas assez) d'informations d'elle sur internet et pourtant c'est une de ces femmes auxquelles on a envie de ressembler de s'identifier!



On est transporté dans le Paris des années 30 qui signe la fin des années folles et le début de la crise économique, mais Man Ray et Lee Miller enfermés dans leur cocon où se mélange photographies, sensualité, passion et plaisir de la vie parisienne, il sont au dessus de tout cela et vive au jour le jour. Mais le bonheur ne dure jamais très longtemps, Lee Miller commence à se faire connaître, Man Ray jaloux et possessif entraîne la ruine de leur couple à son grand regret. Deux personnages très attachants (vous verrez).



L'autrice a réussi à montrer toute la splendeur de Lee Miller, une artiste et une femme hors du commun!



De plus, la photographie, le 8ème art, évidemment très présent apporte de la douceur au roman. Je suis sensible à cet art donc j'y ai vraiment trouvé mon compte!



Chaque page tournée était un régal, avec une écriture fluide et un récit entraînant tout était là pour me séduire.




Lien : http://machalise.blogspot.com/
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L'âge de la lumière

Connaissez-vous Lee Miller? Sans doute pas, ou vaguement. Connaissez-vous Man Ray? Bien sûr, la renommée de ce photographe américain, basé à Montparnasse, est mondiale. Eh bien, ces deux artistes ont bossé (et plus) ensemble, ils se sont même influencés.

Ancien mannequin vedette pour Vogue USA, Lee Miller débarque à Paris en 1929 pour devenir artiste: dessin, peinture, photo, elle ne sait pas vraiment, mais elle veut se créer un destin. Sa chance, c'est de rencontrer Man Ray, mais il est aussi une ombre gigantesque qui l'enfermera et dont elle devra se libérer.

L'essentiel du roman est un flash-back dans lequel une Lee vieillissante, marquée par son travail durant la seconde guerre mondiale (elle est une photographe des camps de concentration), alcoolique, raconte son histoire d'amour avec Man Ray. Cette histoire est entrecoupée d'événements ultérieurs, qui permettent de suivre toute sa vie.

Le livre est très bien construit, les personnages sont attachants, la reconstitution admirable. C'est une belle mise en lumière d'une artiste méconnue parce que femme, souvent réduite au rôle de muse. Je termine avec une grande envie d'aller voir ses photos.

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L'âge de la lumière

Etre un modèle, c’est comme jouer à la roulette russe. Je peux être sublime dans « Vogue », extravagante avec Man Ray et même devenir cette petite fille toute nue que mon père ose photographier. Vous voyez la photo a mille visages. Mille douleurs aussi. Puis un jour, c’est moi qui prends les photos. Je balance mes robes et j’enfile un treillis. GI, c’est mon nouveau job et je capture dans ma boite noire la réalité des camps de concentration après leur libération. Dans l’horreur, tout me va. Même si je m’accroche désespérément à la lumière. Or, pourquoi chercher la lumière dans ce monde de brutes ? J’ai la réponse : non pas pour éclaircir, mais pour éclairer le monde.
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L'âge de la lumière

Quel personnage! En lisant ce roman, on se demande comment un tel personnage de roman peut être réel. Lee Miller est une photographe talentueuse, belle, pleine de mystère et de fougue. On aurait à la fois la connaitre et ne pas la croiser tellement son caractère est affirmé et envahissant. Le roman est très agréable à lire, l'histoire d'amour au centre est très belle. J'ai passé un très bon moment en leur compagnie.
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L'âge de la lumière

Lee Miller. Il suffit de prononcer ce nom et les images fusent. Les siennes, devant ou derrière l'objectif, celles devenues célèbres, pour la beauté de Lee, pour son audace aussi. Lee Miller. On l'a souvent croisée dans des romans, des films mais je n'ai pas souvenir d'elle en tant qu'héroïne à part entière. Il y a là pourtant une matière romanesque incroyable pour un écrivain, encore faut-il parvenir à s'en saisir dans toute sa complexité. Je pense que c'est ce qu'a réussi à faire Whitney Scharer, totalement imprégnée du parcours de son héroïne et qui compose un roman kaléidoscope, jouant avec les temporalités pour fragmenter la vision d'une artiste, une femme volontaire et tourmentée, fragile et engagée.



Pour cela, l'auteure centre son histoire sur les mois d'apprentissage et d'éclosion dans le Paris de 1929, le Montparnasse des surréalistes, celui de Kiki et de Man Ray. Lee Miller ne sait pas vraiment ce qu'elle veut faire, à part être artiste. Elle a quitté les États-Unis après une belle carrière de mannequin chez Vogue pour s'installer à Paris et peindre. Elle est habituée à poser depuis sa plus tendre enfance, photographiée par son père, et si elle trimballe un appareil photo, elle n'a pas encore imaginé s'en servir. Cela vient petit à petit, et c'est sur Man Ray qu'elle jette son dévolu pour apprendre. Lui est alors un portraitiste très recherché, gravitant dans un milieu artistique et intellectuel inconnu de Lee. Elle devient son assistante, puis sa muse et sa maîtresse. Une relation passionnelle qui deviendra problématique lorsque l'élève se démarquera de la tutelle du maître et que la femme affirmera son indépendance et son désir de liberté. Une relation qui mêle désir amoureux et apprentissage artistique entre deux êtres aux cultures et aux références très différentes, sans compter la différence d'âge et de vécu. Chez Lee, il y a un terrible traumatisme d'enfance et chez Man, un comportement de génie égocentrique. Forcément explosif.



Mais ce qui emporte dans ce roman, c'est la richesse de la trame narrative. Il y a d'abord cette plongée dans les milieux artistiques et intellectuels avec des personnages plus vivants que nature et rendus d'autant plus accessibles qu'ils sont observés avec les yeux de Lee, d'abord impressionnée, parfois admirative et d'autres plus perplexe. Surtout lorsque les discussions sur l'art tournent au manifeste et ennuient la jeune femme, beaucoup plus instinctive. "... peut-être que ce ne sont pas tant les idées qui sont fausses, que le fait qu'elle ne croit pas que l'art ait toujours besoin d'un message pour être compris. Les créations de Man qu'elle préfère sont celles qui n'ont nul besoin d'explication ou de contexte, celles dont la contemplation provoque une émotion en elle". Nous suivons pas à pas l'évolution de Lee, à la fois vis à vis de cet art qu'elle finira par s'autoriser à exercer, et surtout par rapport à son désir de liberté, d'émancipation de la tutelle des hommes, celle de son père, puis celle de Man plus proche de l'âge de son père que du sien. Son parcours passe par l'expérimentation, la transgression, loin des images sur papier glacé même si elle ne perd jamais le contact avec Vogue. C'est pour le magazine qu'elle partira avec l'armée américaine et photographiera la libération des camps dont elle ne se remettra jamais.



La liberté semble avoir un prix. L'auteure dessine le portrait d'une femme sur le fil, dont l'alcool est le compagnon de toujours, sorte de carburant qui donne du courage et offre quelques heures d'oubli. Et Lee a pas mal de choses à oublier, depuis trop longtemps. En mettant régulièrement en correspondance les moments clé de cet apprentissage et des scènes plus tardives dans le parcours de Lee, l'auteure donne une force supplémentaire à sa démonstration et offre un roman aussi captivant que le destin de son héroïne. J'avoue que je ne l'ai pas lâché, fascinée autant par la femme que par l'immersion proposée par Whitney Scharer. Une jolie réussite.
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L'âge de la lumière

Clic-clac, défilé de mode. Clic-clac, dans un fumoir d’opium. Clic-clac, dans une chambre noire. Clic-clac, une rue à Paris. Clic-clac, des lèvres charnelles. Clic-clac, une femme dans la guerre. Clic-clac, une femme amoureuse. Clic-clac, un homme amoureux. Clic-clac, une liberté d’émancipation. Clic-clac, deux corps pour un soir. Clic-clac, une séparation. Clic-clac, une biographie romancée magistrale.



Par la voix du roman, Whitney Scharer retrace la relation entre Lee Miller et Ran May, une relation un peu à la « si je t’aime, prends garde à toi », tant leurs corps se fusionnaient mais leurs talents étaient épris de liberté et de reconnaissance ; avec une muleta de la jalousie agitée par Man Ray pour imposer sa patte et son empreinte.



La construction du récit est simple : il commence une dizaine d’années avant le décès de la photographe dans sa maison du Sussex avec son mari Roland Penrose. L’invitée est l’éditrice de Vogue, Audrey Withers, qui soumet à Lee le projet de raconter son histoire avec Ran, sinon, le contrat qui lie la photographe au journal va être modifié… Débute alors la narration de la relation du couple Miller/May jusqu’à leur séparation au début des années 30. Avec seulement quelques chapitres intercalés qui narrent la correspondante de guerre qu’elle fut aux côtés de David Sherman, dont un pour remettre en mémoire la célèbre photo de Lee Miller, nue dans la baignoire d’Adolf Hitler dans sa maison de Munich le 30 avril 1945, jour du suicide du dictateur du III° Reich.



Mannequin, la jeune et superbe Lee ne songe qu’à devenir photographe lorsqu’elle arpente l’asphalte parisien à la recherche de fonds pour vivre. Elle fait quelques connaissances qui vont la mener dans le milieu surréaliste (qui lui correspond totalement) et croiser le chemin du photographe déjà en vogue (sans jeu de mots) Man Ray. Il accepte de la prendre comme assistante et progressivement un désir ardent brûle à l’intérieur de cette femme en admiration devant le travail de son ainé. L’amour fait son apparition, entraîne les amants dans des tourbillons d’ivresse mais le machisme est dans son état endémique et Lee va se rebeller. Belle et rebelle.



Le regard de Whitney Scharer porte le lecteur dans les coulisses du surréalisme, ouvre l’objectif sur André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon, Claude Cahun, dévoile les coulisses de la rencontre avec Jean Cocteau pour le film « Le sang d’un poète » et apporte quelques retouches irréels dans cette France en crise mais où les excès étaient source de création.



L’invitée spéciale de cet « Âge de la lumière » est la sensualité, une sensualité sans tabou mais avec un érotisme à fleur de peau, à l’image certainement de Lee Miller qui depuis son enfance s’est habituée à jeter tout voile, à donner son corps aux autres. La nudité lui a été volée, sa féminité prise, bafouée. Elle en souffrira toute sa vie et alternera le rôle de l’amante à la fois soumise et dominatrice. Corps et volupté, corps et jouissance mais également corps et souffrance.



L’écriture est un diaphragme qui varie subtilement les ombres et les lumières, les détails et l’imaginaire, la réalité et la fiction. Et ainsi, l’auteure met en lumière le destin d’une femme engagée, créatrice (qui est à l’origine du procédé de solarisation récupéré par Ran May), voulant voler de ses propres ailes dans un univers où le masculin l’emporte mais qui saura faire preuve de ténacité et d’audace. Même si les blessures ne se refermeront jamais, elles ne cesseront d’ailleurs de s’ouvrir davantage face à des amours impossibles et à l’immersion dans la cruelle et sanglante Deuxième Guerre mondiale.



Le poids de la prose pour le choc d’un portrait.
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L'âge de la lumière

Je viens de refermer ce magnifique roman historique. A travers ce roman, nous découvrons quelques périodes de la vie de Lee Miller. Essentiellement les quelques années passées à Paris avec Man Ray, à la charnière entre les années 20 et les années 30.

L'Europe est atteinte de plein fouet par les répercutions du krach de 29 outre Atlantique. Dans ce monde en transition, la majorité des artistes du Montparnasse se fait rattraper par la réalité. A cette époque, Man Ray s'est déjà créé un nom dans le monde de la photographie. Lee Miller, son "assistante", se bat pour gagner la reconnaissance de ses pairs en tant qu'artiste "à part entière". Entre ces deux artistes, une histoire d'amour, d'admiration, de jalousie et d'ambition.

J'ai adoré la narration de ce combat pour l'indépendance, pour la reconnaissance, pour cesser d'être perçue comme "la fille de..." ou "la femme de...".

Dans son premier roman, Whitney Scharer nous livre un personnage très abouti, avec des angoisses et des rages très communicatives. J'embarquerai sans hésiter dans le prochain roman de cette autrice.

Je remercie Babelio et les éditions de l'Observatoire de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de l'opération masse critique ! Un régal !
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L'âge de la lumière

Lee Miller est jeune. Elle est belle. Les objectifs l'adorent. Mais elle veut passer derrière. Loin de son Amérique natale, elle espère réaliser son rêve dans le Paris de 1929. « Lors de son premier été à Paris, elle ne connaissait pas encore le pouvoir des photos, la façon dont un cadre crée une réalité, dont une photographie devient un souvenir qui devient vérité. » (p. 28) Sa rencontre avec Man Ray est décisive. L'artiste devient son maître, son amant. Lee devient son assistante et sa muse. Le couple côtoie Paul Eluard, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Salvador Dali et tout ce que Paris compte d'artistes et d'intellectuels surréalistes. Les années passent et la jeune Américaine se forme. « Lee observe toutes ces vies autour d'elle et commence à redevenir elle-même – ou à devenir elle-même, pour la première fois. Ses paupières sont comme l'obturateur d'un appareil photo ; quand elle cligne des yeux, un mouvement, une image s'impriment dans son esprit. De temps à autre, une de ces images mérite d'être conservée, de sorte qu'elle la fixe sur la pellicule. Toutes les photos qu'elle prend ainsi semblent vivantes et inattendues. Et Lee elle-même se sent plus vivante que jamais du seul fait de les prendre. » (p. 366) Devenue reporter de guerre, à Buchenwald, elle perd une part d'elle-même. « Il y a matière à photos partout où se pose le regard, des compositions d'horreurs. » (p. 147) Plus de 30 ans après sa rencontre avec Man Ray, elle ne sait quoi faire quand on lui propose de relancer sa carrière de journaliste en écrivant un long portrait de son ancien amant. « Le sujet, c'est Man Ray / Justement pas, pense Lee. Et ça a toujours été le problème. » (p. 28 & 29)



Dans ce roman historique, l'autrice présente la relation intense et dévorante entre l'artiste déjà renommé et celle que l'histoire aurait pu oublier, tant le premier s'est approprié le travail de la seconde. Whitney Scharer joue sur les deux faces de la photographie, entre et reportage, qui sont deux formes de vérité. « L'un après l'autre, les correspondants de presse. Lee reste. Elle doit porter témoignage. Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, de grenades à envoyer pour publication. » (p. 290) Le récit est très bien rythmé et très agréable à lire. Peut-être un peu trop romancé à mon goût, mais je pinaille : le roman offre un beau portrait d'une artiste.
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L'âge de la lumière

Lee Miller est une jeune américaine débarquée dans le Paris de l'entre-deux guerres. Dans son pays elle était mannequin mais lasse de la passivité que lui imposait ce métier, elle veut passer de l'autre côté de l'objectif. Seule et sans relations, elle finit par rencontrer Man Ray, photographe de renom qui lui entre'ouvre la porte du milieu des surréalistes. Entre'ouvre parce que Lee, d'abord son employée puis son élève en même temps que sa compagne, reste une belle femme qu'il promène à son bras. Si dans l'intimité, ils partagent une véritable relation où il semble l'encourager et partage avec elle son art ; dans la sphère sociale, il l'écrase car égocentrique et jaloux.



L'âge de la lumière est une lecture féministe de cette brève période de la vie de Lee Miller, entrecoupée de sorte de "flashs" sur son futur de correspondante de guerre (avec son complice David Scherman, elle mettra en scène la célèbre photo où on la voit dans la baignoire d'Hitler).



Par ce récit, Whitney Scharer questionne habillement la figure de la "muse" et ce qu'elle peut avoir d'enfermant pour les femmes. Elle fait de la période parisienne de la vie de Lee Miller l'histoire d'un début d’émancipation. Celle aussi d'une sororité ratée : écrasée par l'aura de Man Ray, Lee ne parvient pas à se lier avec les rares autres femmes gravitant autour des surréalistes et se fait même violemment agressée par la fameuse Kiki de Montparnasse, ancienne compagne de Man Ray.



Vraiment bien écrite, cette "bio-fiction" vous fera découvrir les premiers pas d'une artiste méconnue.
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L'âge de la lumière

Un livre qui nous fait en découvrir plus sur celle qui a été peut être l'une des femmes les plus inspirantes de Man Ray. Lee Miller est une photographe du XXe siècle dont on entend aujourd'hui peu parler malheureusement et cet ouvrage nous permet d'en apprendre beaucoup sur elle, sur ses sentiments à l'égard de Man Ray avec qui elle vivait une histoire passionnée, mais aussi la vie qu'ils menaient tous les deux. De plus, la plume de l'auteur est très fluide et très agréable à lire, je vous le recommande si vous aimez les biographies d'artistes.
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L'âge de la lumière

"Je préfère prendre une photo qu'en être une" – Lee Miller



En 1966, Lee Miller est une femme d'âge moyen qui passe son temps à préparer des repas de dix plats et à rédiger des articles de cuisine pour Vogue. Celle qui fut mannequin à New-York, assistante de Man Ray à Paris, photographe de génie, celle qui couvrit le conflit de la seconde guerre mondiale jusqu'à la découverte des camps de concentration, est aujourd’hui dépendante à l’alcool et mène une vie sans relief dans une ferme du Sussex avec son mari Roland Penrose.

Lorsque sa rédactrice en chef, Audrey, lui demande d'écrire un article sur ses années avec Man Ray, Lee décide de raconter la vérité sur cette relation. Commence alors le récit d'une femme qui aimait un homme, d’une femme qui ne voulait plus être une muse, d’une femme qui avait soif de créer et de se réaliser.



Biographie romancée, fiction historique luxuriante et sensuelle, « L’âge de la lumière » est un premier roman vraiment enthousiasmant et dans lequel je me suis sentie investie émotionnellement jusqu'à la toute dernière page. Withney Scharer propose un voyage direct dans la tête de Lee Miller.

Dans l’ambiance décadente du Paris des années 1930, on découvre une femme déterminée à passer de femme objet à femme sujet, de sujet d’art à créatrice d’art.

Aux côtés de Man Ray, son pygmalion tumultueux et enivrant, elle connaitra l’amour fou et la trahison professionnelle.



Hasard des enchainements de lectures, « L’âge de la lumière » entre en résonnance avec « Miss Islande » de Audur Ava Ólafsdóttir terminé récemment. Le lieu, l’époque et le style sont différents mais les deux autrices nous parlent de l’aliénation du désir artistique féminin. S’il est acceptable pour une femme d'être belle et de l’assumer, se revendiquer artiste, créatrice, est une autre paire de manches. Pour Lee Miller, pionnière de la photographie, il faudra sortir de l’ombre d’un homme pour accéder à la lumière.



Traduit par par Sophie Bastide-Foltz.
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L'âge de la lumière

Ce roman dense revient sur le parcours de Lee Miller, jeune américaine mannequin qui découvre la photographie par le biais de son père puis de Man Ray pour qui elle sera la muse, la maitresse, la compagne, l'associée. Dans le Paris des années folles, entre cabarets et fêtes mondaines, elle croise le fabuleux Jean Cocteau, la clique des surréalistes (Tristan Tzara, André Breton, Claude Cahun..) et découvre la difficulté d'etre femme artiste dans un milieu masculin et paternaliste.

Les chapitres sont entrecoupés de scènes de la seconde Guerre. Lee Miller a en effet été reporter de guerre et à notamment couvert l'ouverture des camps.

Ces sauts temporels sont très intéressants et saisissants (tout comme l'ouverture du premier chapitre dans la cuisine).

Il y a de très beaux moments dans ce roman parlant de la photographie, de la passion artistique dévorante, de l'acte de création mais également quelques maladresses (de mon point de vue) concernant certaines scènes assez vulgaires et gratuites révélant un problème d'harmonisation entre plusieurs temps d'ecriture ... Sans compter les éternelles coquilles et fautes de frappe.

En résumé un beau temps de lecture pour qui aime l'art moderne.
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L'âge de la lumière

Une lecture captivante et "endiablée" sur l'icône que représenta l'artiste , Lee Miller... Withney Scharer a eu le talent de rendre avec finesse la complexité De Lee !





Fascinée et admirative depuis fort longtemps par le parcours extraordinaire de cette ex-mannequin, devenue photographe de grand talent, correspondante de guerre... J'avais retenu cette biographie romancée de Lee Miller, à sa parution...

Il y a de nombreuses années, j'avais été emportée par le livre de son fils,Anthony Penrose , "Les Vies de Lee Miller"



L'auteure, par cet ouvrage, remet à l'honneur cet artiste-photographe, trop longtemps dans l'ombre de la célébrité de son maître-et amoureux, Man Ray...



On fait connaissance avec Lee Miller, lorsqu'elle arrive seule à Paris, dans le quartier de Montparnasse des années folles; A son départ des Etats-Unis pour Le Havre, son père lui a offert un "vieux Graflex" dont il ne se servait plus...A l'origine, elle souhaitait devenir peintre, et un concours de circonstances: la rencontre avec le grand Man Ray, sans oublier son père, passionné de photographie, l'ayant fortement influencée dès sa plus tendre enfance...vont lui donner l'envie de se lancer dans l'art photographique !



"Essentiellement formé au dessin du corps humain, elle est arrivée à Paris avec l'idée de devenir peintre et se voyait en plein air, en train de se pencher sur une toile pour y ajouter une touche de couleur, pas de tripatouiller des produits chimiques dans une chambre noire irrespirable. Pourtant, Lee a un peu appris de lui [son père ], et chez Vogue, à prendre des photos, et cet appareil a quelque chose de rassurant : à la fois un lien avec son passé et un objet qu'un artiste emporterait partout." (p. 33)





"Quand Lee n'est pas avec Man, elle se consacre à son propre travail. Elle se découvre aussi impatiente que lui de créer. (...)

Elle aime photographier des scènes de rue, juxtaposant les gens et les objets dans des situations bizarres, jouant avec la perspective. Chaque fois qu'elle développe l'une de ses photos, et que Man la trouve bonne, sa confiance en elle s'affirme, elle a le sentiment d'être la personne qu'elle a toujours voulu être." (p. 151)



Le récit alerte, alternant entre deux périodes : celle, parisienne avec Man Ray, puis les années 1940, comme correspondante de guerre, où elle montre à la fois son besoin d'adrénaline mais aussi un courage des plus exceptionnels...!



"Dachau

30 avril 1945- L'un après l'autre, les correspondants de presse s'en vont. Lee reste. Elle doit porter témoignage.

Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, des grenades à envoyer pour publication". (p. 290)



Comme tant d'entre nous, j'imagine, j'avais été fascinée par cette trouvaille de "solarisation", qui est advenue, par une erreur de manipulation De Lee...que dans un premier temps Man Ray a eu la malhonnêteté de s'approprier... Une formidable histoire d'amour- passion, magnifique et douloureuse; tout aussi créatrice, constructive que vampirisante, destructrice pour Lee, qui a du mal à s'affirmer dans son art, Man Ray étant aussi possessif, que jaloux, et narcissique ...



Je ne me souvenais pas qu'elle avait travaillé et joué pour "le sang du poète" de Cocteau... pour lequel elle s'est prise d'amitié et d'admiration...!



Une artiste et une femme hors norme... qui à force de détermination a réussi à affirmer ses talents de photographe... Mais quel parcours du combattant pour y parvenir dans cet univers d'artistes "machos", considérant leurs femmes, compagnes comme des assistantes, ou muses, au mieux... ce qui fut le cas pour Man Ray...en dépit de cet amour fou, ne supportait que Lee soit son égale !!.....



Un hommage vivant, contrasté , très réussi de cette femme qui cherchait sa voie pour se réaliser en tant qu'individu, et artiste à part entière !



@Françoise Boucard- janvier 2020

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L'âge de la lumière

"L'âge de la lumière" est un roman passionnant sur la photographe et modèle américaine Lee Miller (1907-1977). Le roman se concentre principalement sur sa rencontre avec Man Ray (1890-1976), et sur leurs années de collaboration et de relation amoureuse, au début des années 30, avec des incursions dans les années 40 où elle travaille comme reporter de guerre pour Vogue (elle sera une des premières à photographier les camps de concentration, ses photos sont d'ailleurs connues), et dans ses dernières années. Encore une fois, on se demande comment Lee Miller peut être tellement moins célèbre que Man Ray !

C'est un grand plaisir de lecture parce que même si c'est en partie extrapolé pour le ressenti des personnages, les détails sur les œuvres sont passionnants, d'autant plus qu'on peut facilement les voir sur le net.

On découvre aussi une époque avec ces personnalités emblématiques qui défilent : Kiki, Claude Cahun, Jean Cocteau, André Breton... Le genre de lecture que j'adore. J'ai pensé à "Guernica 1937" de Vircondelet pour Dora Maar et "Gabriële" pour ce thème de la condition de la femme artiste.

Recommandation chaleureuse et enthousiaste !
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L'âge de la lumière

Les livres ayant une visée biographique ne sont pas trop mon dada. Cependant, une amie l’ayant lu et me l’ayant prêté, j’ai décidé de laisser de côté mes aprioris et de me lancer dans la lecture de cet ouvrage.



Ce livre trace la vie de la photographe et ex-mannequin Lee Miller. L’auteur précise qu’il s’agit d’un récit de fiction et non d’une biographie pure, mais, elle a désiré nous présenter la vie de l’artiste d’après les témoignages et documents qu’elle a pu lire à son sujet. 



Dès le début, nous découvrons une Lee Miller qui reçoit comme commande d’article, un récit sur sa vie à Paris et sa rencontre avec Man Ray (autre photographe, très connu à l’époque). D’abord réticente, elle accepte d’écrire cet article. 



Au fil des pages, nous avons l’impression de lire l’article de Lee sur sa vie avec Man Ray. Plus nous avançons et plus nous découvrons une femme forte mais qui pourtant est imparfaite. Nous découvrons le travail de Lee et pour les personnes ne connaissant pas son travail avant cette lecture, on a envie de voir ce qu’elle a pu faire, tout comme découvrir ou redécouvrir le travail de Man. 



Nous évoluons à travers un Paris se situant à la fin de la Première Guerre Mondiale et se reconstruisant progressivement. Personnellement, ce Paris ne m’a pas trop donné envie de remonter le temps. Mise à part pour les soirées qui semblaient vraiment bien travaillées et pensées, cette atmosphère très stricte m’a oppressée au plus haut point. Cependant, ce n’est qu’un détail et un ressenti sur cette époque. 



Au fur et à mesure que nous avançons dans le récit, j’ai trouvé que le texte nous faisait ressentir les émotions des protagonistes : colère, joie, peine, amour… même si au bout d’un moment j’en suis venue à ne plus supporter Man Ray que j’ai trouvé extrêmement instable et lunatique, et que j’avais de folles envies de le gifler. 



Le récit se lit plutôt facilement et est vite prenant. Cependant, j’ai assez regretté les passages qui venaient entrecouper le récit en nous propulsant en plein dans la Seconde Guerre Mondiale. Je peux tout à fait comprendre que ces passages correspondent au moment de la vie de Lee quand elle était correspondante pour un magazine, mais ces passages venaient alourdir le récit. J’aurai préféré que ces passages se trouvent en fin de livre. Certes, le livre traite principalement la rédaction de l’article de Lee sur sa vie à Paris, mais elle aurait très bien pu se souvenir de sa vie au moment de la Seconde Guerre Mondiale vers la fin de sa rédaction et seulement là, on aurait eu ces fameux passages. 



Dans l’ensemble c’est un très bon ouvrage et je vous le recommande si vous êtes passionnés de photographie, certains passages peuvent donner des idées de prises avec nos appareils photo.
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L'âge de la lumière

J'ai été captivée par le récit (romancé) de la période parisienne de Lee Miller, dont je ne connaissais rien avant d'ouvrir ce livre.

On la suit dans ce Paris rive-gauche des années 30, celui des surréalistes, sa rencontre avec Man Ray, leur histoire d'amour, leur collaboration artistique, ses découvertes, sa soif de liberté et d'indépendance, ses rencontres aussi, Breton, Cocteau ....

Personnage complexe et intéressant, bien au-delà de sa grande beauté, ce livre m'a donné envie d'en savoir plus sur Lee Miller, ce récit évoquant par petits bouts son travail de photographe reporter, notamment lors de la 2nde guerre mondiale.

J'ai egalement aimé l'écriture de l'auteure, fluide et moderne.
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