AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Wladyslaw Szpilman (107)


Quels lâches nous sommes,à nous croire au dessus de pareilles horreurs sans rien faire pour les en empêcher ! Nous serons punis,nous aussi ,et nos enfants le seront aussi ,bien qu innocents,parce que nous devenons des complices en tolérant que tous ces crimes soient perpétrés.
Commenter  J’apprécie          70
Toute guerre fait émerger au sein des minorités nationales une fraction trop lâche pour se battre ouvertement, trop inconsistante pour jouer un quelconque rôle politique, mais assez veule pour se transformer en bourreaux stipendie's par l une ou l autre des puissances du conflit. Au cours de celle-ci, ce sont les fascistes ukrainiens et lituaniens qui ont occupé cette place.
Commenter  J’apprécie          80
La vie dans le ghetto était d’autant plus atroce qu’elle gardait les apparences de la liberté, au contraire. Il suffisait de descendre dans la rue pour avoir l’impression trompeuse de se trouver au milieu d’une ville comme les autres. Nous ne prêtions même plus attention à nos brassards de Juifs, puisque nous en portions tous un. Après un certain temps, je me suis rendu compte que je m’y étais habitué au point de le voir sur mes amis ‘aryens’ lorsque je rêvais d'eux, comme si cette bande de tissu blanc était devenue un accessoire vestimentaire aussi banal et universel que la cravate. (p. 71)
Commenter  J’apprécie          60
Maigres, sales, chancelants, les captifs ne prêtaient aucune attention aux simagrées de leurs geôliers. On aurait cru qu'ils descendaient l'allée Niepodleglosci de leur propre gré, conservant une grande discipline dans leurs rangs, les plus valides aidant les blessés à marcher, les yeux fixés droit devant eux, sans un regard pour le champ de ruines qu'ils étaient en train de traverser. Oui, malgré leur piètre allure ils donnaient I'impression que la défaite n'était pas pour leur camp.
Commenter  J’apprécie          00
Un garçon d'une dizaine d'années est passé en courant sur le trottoir. Il était très pâle, et si effrayé qu'il en a oublié d'enlever sa casquette devant le policier allemand qui arrivait en sens inverse. Celui-ci s'est arrêté et, sans articuler un mot, il a sorti son pistolet, I'a braqué contre la tempe du petit et a fait feu. Le gamin est tombé, les bras agités de soubresauts, puis tout son corps s'est raidi et il a expiré. Imperturbable, I'Allemand a remis son arme à la avant de poursuivre sa route. Je l'ai observé de là où je me trouvais. Il n'avait pas les traits d'une brute endurcie ni même l'air d'être en colère. C'était un homme normal, posé, qui venait d'accomplir l'une de ses multiples tâches quotidiennes et l'avait aussitôt éliminée de son esprit car des missions autrement plus importantes l'attendaient...
Commenter  J’apprécie          00
L'ancien directeur approuvait du chef. Il était lui aussi en complet désaccord avec le dentiste. Les Allemands ne pouvaient pas être assez stupides pour dilapider l'énorme force de travail que les Juifs représentaient potentiellement. D'après lui, nous étions destinés à des Usines, à de grands chantiers où la discipline serait de fer, sans doute, mais non à la mort.
Commenter  J’apprécie          00
Entre-temps, en effet, les SS avaient raflés quelques douzaines d'hommes dans l'immeuble d'en face et les avaient conduits dehors. Là, ils ont allumé les phares de leur véhicule et ils ont regroupé leurs prisonniers dans les faisceaux de lumière. Ils ont démarré, forçant les hommes à courir devant eux. Il y a eu des cris déchirants venus du bâtiment, des rafales de mitraillettes sorties de la voiture. Sur la chaussée, les malheureux tombaient un à un tout en courant. Ils étaient soulevés de terre par les balles, tournaient sur eux-mêmes, partaient en culbute, comme si le passage de vie à trépas consistait en une succession de sauts extrêmement compliqués. Un seul d'entre eux avait réussi à esquiver le feu et a échapper aux phares. Il s'enfuyait à toutes jambes et nous avons pensé qu'il allait réussir à atteindre le prochain croisement. Mais le véhicule était muni d'un projecteur mobile, spécialement destiné à ce genre de cas. Il s'est soudain allumé, a cherché le fugitif. Une autre volée de balles a crépité et son tour est venu d'accomplir le saut mortel, les bras levés très haut tandis qu'il partait en arrière et retombait sur le dos.
Commenter  J’apprécie          00
Inévitable, l'épidémie a bientôt décimé le ghetto. Le typhus en est arrivé à emporter près de cinq mille habitants tous les mois. On ne parlait plus que de lui, chez les riches comme chez les pauvres - ces derniers pour se demander simplement quand ils allaient en être frappés à leur tour, les premiers pour tenter de mettre la main sur le fameux vaccin du Dr Weigel, qui les protégeait de la mort.
(...)
Jusqu'à ce jour, j'ignore ce qu'il y avait de véridique dans ces histoires. Ce que je sais seulement, c'est qu'il a existé, grâce au Ciel, et que, après avoir révélé le secret de son vaccin aux Allemands, perdant ainsi tout intérêt à leurs yeux, il a dû à quelque miracle de ne pas terminer dans la plus merveilleuse de leurs chambres à gaz. Quoi qu'il en soit, son invention et la vénalité nazie ont permis à nombre de Juifs de Varsovie d'échapper au typhus, même si cela devait être pour mourir d'autre façon peu après.
Commenter  J’apprécie          00
C'êtait intolérable ! Personne n'arrivait à persuader tous ces gens de rester à leur poste au lieu de prendre leurs jambes à leur cou. Les haut-parleurs s'étaient tus, on ne se donnait plus la peine de balayer les rues. Mais qu'est-ce qui les salissait vraiment ? Les ordures ou cette peur panique ?ou la honte de ne pas résister et se battre ? C'était sa dignité que la ville venait soudain de perdre, irrémédiablement. Là, avant tout, résidait la défaite.
Commenter  J’apprécie          00
Se fondant sur l'expérience de la Grande Guerre, nombreux étaient ceux qui pensaient que les Etats-Unis ne tarderaient pas à suivre cet exemple, le sentiment général voulant que le précédent conflit mondial n'ait servi qu'à nous apprendre à mieux conduire celui-ci et à éviter cette fois les erreurs passées. La France et la Grande-Bretagne ont officiellement déclaré la guerre à l'Allemagne le 3 septembre.
Commenter  J’apprécie          00
( Journal de Wilm Hosenfeld)
Varsovie, le 23 juin 1942
En lisant les journaux et en écoutant les nouvelles à la radio, on pourrait avoir l’impression que tout va très bien, que la paix est proche, que la guerre a déjà été remportée et que l’avenir du peuple allemand est des plus prometteurs. Quant à moi je n’arrive simplement pas à y croire. Ne serait-ce que parce que l’injustice ne peut triompher à long terme, et parce que la manière dont les Allemands gouvernent les pays qu’ils ont conquis provoquera tôt ou tard une résistance. Il me suffit de voir ce qu’il en est ici, en Pologne. On ne nous dit certes presque rien, mais nous pouvons tout de même nous former une image assez claire de la situation grâce à toutes les conversations et à tous les commentaires que nous arrivons à entendre. Et si les méthodes d’encadrement, l’oppression des autochtones et les menées de la Gestapo sont ici particulièrement brutales j’imagine qu’il en va sans doute de même dans les autres territoires conquis.
Partout la terreur ouverte, partout l’usage de la force, les arrestations… Chaque jour, on rafle les gens, on les fusille. La vie d’un être humain, et a fortiori sa liberté individuelle, est devenue quantité négligeable. Seulement l’amour de la liberté est enraciné en chaque individu, en chaque nation. Elle peut être niée temporairement mais non à jamais. L’Histoire nous enseigne que les tyrannies ne durent pas. Et maintenant nous avons un crime de sang sur notre conscience, l’assassinat affreusement injuste des habitants juifs de ce pays. Il y a une entreprise d’extermination des Juifs qui est en cours. Tel a été l’objectif de l’administration civile allemande depuis l’occupation des régions orientales, et ce avec l’aide active de la police et de la Gestapo, mais il semble qu’il doive s’appliquer maintenant, de façon radicale, à une plus vaste échelle encore.[…]
Commenter  J’apprécie          00
C’est alors que je me suis enhardi jusqu’à poser à mon tour une question qui me brûlait la langue depuis trop longtemps.
« Vous êtes allemand ? »
Si je l’avais insulté, son visage n’aurait pas viré au rouge plus soudainement. Il était tellement mal à l’aise qu’il ne contenait plus sa voix lorsqu’il s’est écrié en retour :
« Oui, oui ! Et honteux de l’être, après tout ce qui s’est passé… »
D’un geste sec, il m’a tendu la main et il m’a laissé là, interdit.
Trois jours se sont écoulés avant qu’il ne revienne. Il faisait déjà nuit noire quand j’ai entendu quelqu’un chuchoter sous ma cachette :
« Hé, vous êtes là ?
- Je suis là, oui. »
- Il y a eu un bruit sourd sur les planches. Quelque chose de lourd venait d’atterrir près de moi. A tâtons, j’ai deviné la forme de plusieurs pains enveloppés dans des journaux, ainsi qu’une masse molle que je n’ai pas identifiée sur-le-champ mais qui s’est avérée être un sac de confiture en papier huilé.
Commenter  J’apprécie          00
Je vivais dans une solitude extrême, unique. J’étais seul dans un immeuble abandonné, dans un quartier déserté, mais aussi au milieu d’une ville entière, qui deux mois plus tôt seulement vibrait d’une population d’un million et demi d’âmes, et comptait parmi les plus riches cités d’Europe. Elle était maintenant réduite aux cheminées des bâtiments effondrés qui pointaient encore vers le ciel, à quelques murs épargnés par les bombes. Une ville de ruines et de cendres sous lesquelles gisaient la culture millénaire de mon peuple et des centaines de milliers de victimes en train de pourrir dans la chaleur de l’automne, dégageant une odeur innommable.
Commenter  J’apprécie          00
Comme il était désormais impossible de descendre, je suis allé à la fenêtre du palier. L’immeuble était encerclé par un cordon de SS qui se tenaient à quelque distance. Aucun civil en vue. Il était clair que le feu faisait rage dans toute la bâtisse et que les Allemands attendaient simplement qu’il parvienne jusqu’à la charpente.
Telle allait donc être ma mort, finalement…. Elle qui m’avait guetté sans relâche depuis cinq ans, et à laquelle j’avais pu échapper jour après jour, elle me rattrapait ici en cet instant. J’avais souvent tenté d’imaginer sous quel masque elle se présenterait à moi, j’avais envisagé d’être capturé, torturé puis fusillé ou jeté dans une chambre à gaz, mais je n’avais jamais eu l’idée que je finirais brûlé vif.
Je ne pouvais que rire de l’insondable ingéniosité du destin, capable de me surprendre au tout dernier moment.
Commenter  J’apprécie          00
Au pas cadencé, encerclée par les policiers, notre colonne a fini par quitter la cour du Conseil en direction de la rue Gesia, où nous allions être logés. Derrière nous, la foule des condamnés s’agitait, hurlait, gémissait, nous maudissait d’avoir été miraculeusement épargnés, tandis que les Lituaniens chargés de superviser leur passage de vie à trépas tiraient dans le tas afin de rétablir l’ordre, une technique qui leur était devenue des plus coutumières.
Un sursis venait donc de m’être accordé encore une fois. J’allais vivre. Mais pour combien de temps ?
Commenter  J’apprécie          00
« Quoi, tu n’es pas encore parti en tournée ? a-t-il voulu plaisanter ?
- Non, ai-je répliqué laconiquement, car je n’étais pas d’humeur à ironiser, puis j’ai enchaîné sur la question qui revenait alors dans toutes les conversations : alors, qu’est-ce que tu en penses ? Tu crois qu’ils vont nous déplacer tous ? »
- Il a évité de répondre, s’exclamant à la place : « Quelle tête tu as, mon vieux ! Son regard s’est adouci. Tu prends tout ça bien trop à cœur.
- - Comment faire autrement ? » ai-je constaté avec un haussement d’épaules.
- Il a souri, allumé une cigarette, et il est resté un moment silencieux avant de reprendre :
- « Tu va voir, un beau jour tout ça va se terminer parce que… Il a soulevé les bras, perplexe. Parce que ça n’a vraiment pas de sens, non ? »
Il s’exprimait avec une conviction à la fois burlesque et assez désespérée, comme si l’absurdité totale de ce qui nous arrivait était à elle seule la preuve que cela ne pourrait pas durer.
Commenter  J’apprécie          00
Au début du printemps 1942, la chasse à l’homme qui avait été jusqu’alors systématiquement menée dans le ghetto s’est soudain arrêtée. Si cela ne s’était pas produit de la même manière deux années plus tôt, les gens en auraient été soulagés ; ils y auraient vu une raison de se réjouir, ils auraient caressé l’illusion que ce changement annonçait un avenir moins sombre. Mais là, après vingt-quatre mois de pratique quotidienne des Allemands, personne ne pouvait encore s’abuser : ils mettaient fin aux rafles tout simplement parce qu’ils avaient trouvé un meilleur moyen de nous tourmenter. La question était donc de savoir quelle nouvelle idée leur était venue. Aussitôt, les hypothèses les plus échevelées ont commencé à circuler, et c’est une anxiété accrue, non un retour au calme, qui a prévalu.
Commenter  J’apprécie          00
J’étais l’un des derniers à quitter l’établissement avec le gérant, une fois que les comptes de la journée avaient été établis et que j’avais empoché mon dû. Les rues étaient plongées dans l’obscurité, presque désertes. Torche allumée en main, je prenais garde de ne pas trébucher sur les cadavres tandis que le vent glacial de janvier m’écorchait la figure ou me poussait en avant, froissant et soulevant leur linceul de papier, exposant ici et là des tibias desséchés, des ventres faméliques, des visages mangés par les dents nues, les yeux grands ouverts sur le néant.
La mort ne m’étant alors pas aussi familière qu’elle allait le devenir, je pressais le pas sous l’emprise de l’effroi et du dégoût, anxieux de retrouver les miens. Mère m’attendait avec un bol d’alcool distillé et des pincettes : toujours soucieuse de la santé de sa famille pendant cette épidémie, elle ne laissait aucun d’entre nous dépasser le seuil avant d’avoir retiré un à un les poux accrochés aux chapeaux, aux manteaux et aux restes, et de les avoir noyés dans l’alcool.
Commenter  J’apprécie          00
Deux nouveaux développements sont alors venus affecter le moral collectif. Tout d’abord, les Allemands ont entrepris leur offensive aérienne sur l’Angleterre ; ensuite, les panneaux sont apparus à l’entrée des rues qui allaient marquer par la suite les limites du ghetto juif, annonçant aux passants que ces artères étaient contaminées par le typhus et devaient donc être évitées. Un peu plus tard, l’unique quotidien en langue polonaise publié par les Allemands à Varsovie allait dispenser le commentaire officiel à ce sujet. Non contents d’être des parasites sociaux, les Juifs étaient aussi des agents de contamination. Mais ils n’allaient pas être enfermés dans un ghetto, non, précisait l’article ; ce terme lui-même ne devait pas être utilisé, les Allemands constituant une race bien trop cultivée et généreuse pour confiner les Juifs, aussi parasitaires et néfastes fussent-ils, dans un espace dont l’idée remontait au Moyen-Age et qui n’avait donc plus sa place au sein de l’ « ordre nouveau » européen. Par contre, un quartier réservé aux Juifs, où ils bénéficieraient d’une liberté totale et pourraient continuer à pratiquer les coutumes de leur race. Et si cette zone devait être entourée d’un mur, c’était uniquement par précaution hygiénique, afin d’empêcher le typhus et d’autres « maladies juives » de se répandre dans le reste de la cité. Cette charitable mise au point était accompagnée d’une petite carte qui reproduisait les frontières précises du futur ghetto.
Commenter  J’apprécie          00
Il ne fallait pas prendre la méchanceté des Allemands à la légère, toutefois. Elle était partie intrinsèque d’un système conçu pour nous maintenir dans un état permanent d’inquiétude, de crainte du lendemain. Tous les deux ou trois jours, de nouveaux décrets étaient publiés, anodins en apparence mais qui avaient pour but de nous montrer que les Allemands ne nous avaient pas oubliés, loin de là, et qu’ils n’avaient aucune intention de le faire.
Bientôt, l’accès des trains a été interdit aux Juifs. Un peu plus tard, nous avons dû acheter des tickets de tram facturés quatre fois plus cher que ceux réservés aux « Aryens ». Les premières rumeurs concernant la construction d’un ghetto se sont mises à circuler, avec une insistance qui nous a empli le cœur de désespoir pendant deux jours consécutifs. Et puis elles se sont dissipées.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Wladyslaw Szpilman (3670)Voir plus

Quiz Voir plus

Passer son galop 1

Quel est la 1er brosse utilisé pour le pansage ?

Le curt pied
Le bouchon
L'étrille
Le peigne

11 questions
213 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}