AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Xavier Grall (29)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Oeuvre poétique

Il a brûlé sa poésie comme il brulait ses cigarettes …

La mort l’a pris par les poumons,

trop tôt,

alors même, paradoxe, qu’il n’eût de cesse de s’époumoner à crier ses révoltes et ses prières sur un papier de chair, respirant la Bretagne à pleins pores, exsudant ses chagrins, convictions et ses amours de Vie sous le pas des pierres brutes, collant sa rage, ses larmes et ses embruns sur les calvaires bretons, sur les champs de bruyères, au soleil des ajoncs, sur le sauvage des dunes , avec toujours, cette mer, cette mer aux yeux, palpitante, exaltante,

cette mer tout à la fois beauté, liberté et tombeau.



Il a brûlé sa poésie comme il brulait ses cigarettes …

Je regarde sa photo, en première page du livre : noir et blanc balbutiant dans les volutes de fumée, visage creux fascinant, galbé de gravité, raviné de sillons, profondes et belles rides affirmées de vécu, Et puis cette mèche « rebelle », échappée de la nuit, accrochant à elle seule l’unique rai de lumière, toute la lumière du monde. Une « gueule » ! Une gueule décharnée, sèche et brûlante, d’une profondeur rare, oui, dans ce noir et gris, une beauté lumineuse : celle qui vient du dedans.



« Les vents m’ont dit » sa voix, rauque, âpre, dévorée par la fièvre et l’ombre de la mort, poèmes dévastés par un feu dévorant, poèmes qui implorent la clémence et la grâce, poèmes qui magnifient, de fait, la beauté de toutes choses quand on sait que bientôt les yeux ne pourront plus la voir …

« Solo », « Rituel Breton » et tant d’autres :

lisez, lisez tous ces poèmes criblés de neige, de pluie et d’éclaircies,

lisez et écoutez surtout cette voix emplie de confondante sincérité.

On ne triche pas quand on arrive au bout … On ne triche plus,

« On ne possède son être qu’à son dernier souffle »



Poète pourfendeur, barde ou troubadour,

Poète des « vents hurleurs, soleils jaunes, rocs et ressacs »,

Poète de tous les hommes, dont les plus misérables,

Poète de la Vie exaltée par la mort,

Xavier Grall remue nos tripes, soulève notre réveil, et nous laisse pensifs, au prodige d’un matin, agenouillés sur notre propre marbre, éblouis par notre frêle escale.





Il repose en « Solo », là où il voulait être

Avec ses yeux de pluie et ses bagages de rêves

Sous un tas de gravier

Au jardin de la mer

Il repose en « Solo », là où il devait être

Kenavo, Mr Grall

Avec ton âme de sel et tes moussons de brumes

Sous la porte battante

De ta Bretagne bleue

Je sais

Je sais que tu souris.





Commenter  J’apprécie          5913
Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

Commenter  J’apprécie          474
Barde imaginé

Il faut lire et relire Barde Imaginé, cette histoire de souffle, de peines, de mauvais temps et d’éclaircies.

Cette promesse de soleils rouges qui glissent dans l’Iroise les soirs d’été, de chemins tièdes qui rêvent du monde, de rafales qui hurlent dans les cheminées et de bruines qui nous iront toujours si bien au teint et à l’âme.



Driiiiiiiing !!!!

Oups, pardon, je m’étais laissé aller en plein rêve. A tout ce que peuvent m’évoquer les mots de ce début de billet, qui ne sont malheureusement pas de moi (j’aurais bien aimé) mais de Marc Pennec dans la préface du bouquin.

Réveil gueule de bois et retour à la réalité.

Xavier Grall, le journaliste, le poète, le nationaliste, le breton bretonnant, au choix. Perso, j’aime bien le coté poète, je n’ai pas connu le journaliste et supporte plus que difficilement le coté nationaliste.

Pas de bol, Barde imaginé correspond avec la période où Grall prend conscience de sa bretognite aigüe.

L’idée de départ me branche plutôt pas mal malgré tout. Sortir d’un système qui ne lui convient pas pour retrouver son essentiel, son âme.

Le problème, enfin mon problème, c’est qu’il me chatouille le talon d’Achille dès le début, il m’attaque de front. Touche pas à mon Paris, pense en ce que tu veux, déteste le tant que tu veux mais n’y touche pas sinon… sinon ça va être compliqué d’être un minimum objectif.

« Ces hommes ci , ne sont pas les mêmes que ceux des Basses villes. Ils ne sentent pas l’usine, le rut hygiénique du HLM »

C’est du soft quant aux mots (il y en a beaucoup d’autres…) mais d’un mépris qui n’a rien à envier à celui du Parisien qui se sent en terre hostile, perdu en ploucardie sitôt passé la porte d’Orléans.

Ca commence comme une parabole, l’enfant prodigue et la crêpe magique ou la plus celtique The Men Ire. Je suis pas fan mais l’histoire se tient et si je n’aime pas son anti parisianisme primaire, j’aime son écriture. Ca siffle à mon oreille, ça chante mais (vous allez voir la transition, si j’obtiens pas un contrat avec Carembar c’est à désespérer) ce merle, un lent chanteur, va me perdre rapidement. Un trop bref passage coté océan va me ravir mais le voyage au pays de Brocéliande ou je ne sais où va m’achever. Je vais me faire appeler Arthur par les bretons de babelio mais ya pas que des lutins et des fées dans vos forêts, il doit y avoir des champignons qu’aucune chimie, qu’aucun produit de synthèse n’arrivera à égaler. Là à certains moments j’ai cru que la main qui tenait la plume appartenait à un Panoramix sous ecstasy en train de snifer du fébreze. C’est à ce moment que la fée breizh surpris le père Fouras et Guenièvre en train d’essayer de fourguer Excalibur sur le bon coin mais ceci est une autre histoire. Une histoire dont je ne vous dirai pas s’ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (Guenièvre et le père Fouras) parce que pour tout vous dire, à la fin de ces courtes pages, j’étais déjà barré ailleurs et que la fin…



J’aime les poèmes aux senteurs marines de Xavier Grall, ceux plus Bretagne profonde, ceux qui parlent de lui, de vous, de moi. Rien de tout ça ici. Ce bouquin n’était pas pour moi, je me suis trompé de titre. Le mystique, les légendes, le tout arrosé par du nationalisme bien barré, je ne suis pas client même si encore une fois, j’aime beaucoup son écriture, sa rage et son coté « pas comme il faut ».

Bad trip les champignons…

Commenter  J’apprécie          4624
Les vents m'ont dit

« Ah ! Photos anciennes, gardez encore quelques temps votre mystère, vos secrets, votre poésie. Et je referme la boite en fer blanc jusqu’à la prochaine fois…

10-XII-81 »



Ainsi se termine « Les vents m’ont dit » de Xavier Grall. Une dernière bise, un dernier frisson, un dernier… souffle.

Xavier Grall quittera en effet sa Bretagne et le monde des vivants le lendemain de ce dernier billet, le 11 décembre 1981.



Ce livre est une sorte d’hommage rendu au journaliste poète ou au poète journaliste qu’était Grall à travers une sélection de chroniques parues de 1977 à 1981 dans La Vie.

Si le personnage dans l’habit caricatural de catho, pas intégriste mais pas super ouvert non plus, m’insupporte au plus haut point, si le breton bretonnant nationaliste me hérisse le poil, j’avoue que le poète me charme, m’envoute, m’emporte.

Les billets choisis par ses amis pour être portés par les vents témoignent de certaines contradictions du bonhomme. Un je t’aime moi non plus avec Paris qui flirt avec un je t’haine moi aussi, à une lettre près on ne sait pas trop sur quel pied danser. Et puis l’église, la paroisse, le recteur, dieu, un coté très ovin, la tradition, le Vatican, un certain formatage qui contraste avec ses colères, ses révoltes, ses indignations, son ouverture à la différence, son appel au métissage de cultures dans tous les sens du terme.

Catho de gauche, c’est un peu comme écolo de droite, ça ne doit pas être facile tous les jours même si ça me semble moins invraisemblable pour les premiers (bah oui moi aussi je suis formaté). J’aurais plus vu l’abbé Pierre à sa place à la fête de l’huma que Hulot chez Sarko ou Macron, bref…



Xavier Grall, c’est aussi et surtout le breton qui quand il parle de sa terre avec tout l’amour qu’il a pour elle, sans hargne vindicative mais avec toute la fougue qu’elle lui inspire, la rend désirable, incontournable, presque vitale pour qui est sensible à certaines ambiances, à certaines atmosphères.

Grall dégage ce parfum d’authenticité qu’on trouve dans ces coins où parfois la nature vous malmène, ces endroits où les liens se forgent et se renforcent aux rythmes des blues du ciel.

Quand Grall parle de sa Bretagne, il parle d’une œuvre d’art, sculptée par l’océan, une œuvre brute ayant su rester sauvage à travers les âges. Il parle d’une terre, d’une campagne qui en d’autres lieux me déprimeraient et qui là m’apprivoisent. Et puis l’océan, encore, encore, toujours.

« Les vents m’ont dit » c’est une errance dans la fin des années 70. Les chroniques nous font revivre quelques faits d’actualité (que les moins de… oh p*****, déjà… 50 ans ne peuvent pas connaitreuuu » mêlés aux banalité d’un quotidien de l’auteur, d’océan, de pensées, de spiritualité, d’océan, de Bretagne, de souvenirs, d’océan, de poésie, d’océan, de poésie, d’océan, encore, encore…

Très loin d’adhérer à toutes les chroniques sur le fond, je ne jetterai rien quant à la forme. L’écriture est fluide, même dans la provocation ou la polémique. Je me suis même surpris à me dire après certains billets, que de me sentir si loin de l’idée exprimée et d’avoir malgré tout ressenti quelque chose de bon le temps d’une phrase, d’une tournure, d’une image ou de n’importe quoi d’autre, c’était du grand art.

« Les vents m’ont dit », quel joli titre, quel joli livre. Ils m’ont envolé.

Commenter  J’apprécie          4514
L'inconnu me dévore

Xavier Grall est le type même d’auteur qui a tout pour me faire devenir neuneu. Je l’aime autant que je le déteste. « L’inconnu me dévore » ne fait pas exception à la règle. Comme dans « Barde imaginé » ou dans « Les vents m’ont dit », j’ai été conquis par une écriture qui m’a rattrapé au vol à plusieurs reprises alors que j’allais mettre ma lecture en pause.

Comme « Les vents m’ont dit », ce bouquin n’est pas né de Xavier Grall. Ce sont des lettres à ses filles publiées dans « La vie » et « Le Monde » qui ont été regroupées sous forme de recueil. Un recueil qui sur le fond me donne des rougeurs, me donne des démangeaisons et qui sur la forme sait m’envouter.

Mes quelques problèmes dermatologiques sont dus à l’excès de Christ, Jésus et autres produits dérivés de la peur et de la morale, dus à la vie éternelle clés en main avec la petite notice genre Ikéa , le truc pratique qu’on peut moduler à volonté selon le sens du vent.

Grall et Bobin même combat. L’un avec Christ, l’autre avec les anges, au bout d’un moment ou même très vite, ça devient chiant (pour moi).

Grall et Bobin même combat, leur écriture me tient, m’imprègne, j’aime.

J’aime quand Grall déclare son aversion pour les grenouilles de bénitier et l’hypocrisie des instances religieuses avant de le détester quand il flirt avec le fondamentalisme.

Il n’aime pas la morale mais la fait à chaque page… Pas facile à suivre le gars, pas toujours envie de le suivre non plus.

Pourquoi avoir été au bout ? Parce que l’écriture est terrible, parce qu’entre deux bondieuseries, il y a un vent, un embrun, un chemin creux, une lumière… divine… qui ne doit rien aux dieux, parce qu’il y a cette magnifique Bretagne qu’il aime plus que tout et dont il parle si bien quand son coté nationaliste (que j’exècre) ne vient pas tout polluer, parce qu’il y a cette poésie qui transpire de chaque page de Xavier Grall, parce qu’entre deux Christ et trois croix, je sais qu’après cet enfer, j’aurai mon petit coin de paradis.

Commenter  J’apprécie          4312
Le sel de la Bretagne

Un recueil de divers textes écrits par 36 auteurs ayant tous un lien avec la Bretagne : des souvenirs pour la plupart, des poèmes, des récits d'odeurs, de sons et d'images mais aussi sur des objets et des goûts qui la représentent !



Nul besoin de connaître la Bretagne pour être touché par ces mots qui respirent l'amour, le bien-être, l'apaisement ou l'envie d'y retourner et s'y lover ! La Bretagne me manque et j'ai plongé avec délectation dans ces récits qui pour la plupart m'ont parlé !



Ne vous attendez pas à un fil conducteur narratif, ce sont textes d'émois et de sensations personnels et n'ont pas la prétention de donner dans la littérature, uniquement celle de partager la passion pour un pays, si beau et si riche !



#Leseldelabretagne #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          340
L'inconnu me dévore

La lettre à " l'Inconnu me Dévore" de Xavier Grall disparu en 1981, est un long poème en prose, une prière, de feu et de lumière adressée à 5 jeunes femmes, ses divines, ses cinq filles Catherine, Geneviève, Isabelle, Véronique, et Lucie.

L'Inconnu me dévore, est un ensemble de textes, publiés dans La Vie et le Monde rassemblés à titre posthume trois ans après la mort de leur auteur.



Quand j'ai pris en main ce long psaume, ce sont les yeux d'un revenant qui me souriait, c'est un clin d'oeil facétieux des Éditions de l'Équateur qui s'affichait comme un miracle éditorial, le dernier éclat du poète, le rire de Xavier Grall renouait avec ses divines, il avouait aussi page13, " il faut bien que se créent les abîmes pour que s'y engouffrent les forces de vérité, l'eau coule où se lézarde la terre.”





Parler à ses filles avec cette puissance vitale, cette tendresse là, paternelle, charnelle, vous remue le coeur. Les mots du père comme une bruine hivernale, vous transpercent, vous glacent le sang. Noyé par les mots, Xavier Grall , se livre page 63 ” la dureté du cœur ne m'apparait pas seulement comme criminelle, elle m'apparaît aussi comme stupide. "





Que veut-il transmettre à ses filles, rien que l'immense amour qu'il a pour elles et qui le submerge, écrire follement sa joie de leur parler, comme s'ils les enlaçaient toutes ensemble dans une étreinte profonde pleine de rires et de joie et de bruine.



À l'aube de ses dernières pensées, le temps presse, il aurait tant de choses à leur dire, ses mots se resserrent sur l'essentiel, en fulgurantes invitations, nous ne possédons le monde que dans la mesure où nous savons en reconnaître les plaies, en sonder les reins déchirés, et y porter l'onguent et le remède.





Aurait-il perdu sa hargne, ses longues tirades contre la morale, celles qui précèdent la foi, les constipés de la morale. A la différence de ses autres ouvrages, c'est l'homme apaisé par ses tourments qui se tourne vers ses divines, et les rassure, il affirme page 64, "je ne suis indifférent à rien. Tout me touche tout me pénètre, je ne supporte pas l'humiliation portée par les créatures humaines sur les autres créatures", plus loin il confirme, page 84 "Aujourd'hui je cueille l'allégresse de la foi. Mon enfance nouée aux bâillons mauves de la semaine Sainte, je ne tiens pas à la retrouver."





Ainsi délivré Xaver Grall avec une ardeur étrangement mystique parle de sa nouvelle vie, suivre le Christ, qui par ses paroles , clame" l'amour est la seule raison d'être de la vie", p 119.



Il épie l'aurore. Il se fait « guetteur de matin ». « Mes filles, mes Divines, je vous l'avoue, je suis encore en Samarie. Je chemine avec ces hommes légers qui (au temps du Christ) avaient sur les lèvres le goût des vins et des rires. » 





L'ange des Monts d'Arrée s'est tu, pas le poète, "J'ai fait des truands des poètes. Des poètes des Saints". Sa voix est un enchantement, sa poésie déborde, il suffit d'ouvrir le livre et ses intuitions giflent les phrases en giboulées de mots pour ses divines.



Ne lire qu'un ouvrage de Xavier Grall, celui là.

Bienheureux les éditeurs inspirés !









Commenter  J’apprécie          293
Barde imaginé

Cette chronique, je la glisse à l'attention de TerrainsVagues, non comme une contestation de son analyse du texte de Xavier Grall le Barde Imaginé, mais plutôt comme une prolongation de ses réflexions sur la Bretagne. Je suis breton, du centre Bretagne, de cette commune qui se nomme Guiscriff, adossé d'un côté à le Faouet, et de l'autre à Scaer, si proche de Huelgoat, ou de Carhaix, et d'où Rosporden, nous mène vers Quimper. Mon nom semble moins breton que Grall ou Cadic ma grand-mère, mais nous parlions tous breton avant 1939 .





Avec ce nom passe-partout Fleitour ,( qui veut dire en breton joueur de flûte et se prononce fleiter) je suis aussi à l'aise à Paris qu'en Finistère. Les photos de mes tantes comme de mes grands-mères avec leurs coiffes ne figurent plus sur les buffets. Il y a souvent une réticence à se dire bretonnant, son côté désuet, et ringard éloigne bien des bretons de Paris. J'ai moi-même baigné dans cette culture, visant à tourner la page.





Xavier Grall, tourne la page inverse, celle de son indignation envers Paris, celui des citadins, celui des rames de métro qui hurlent un certain désespoir, souvent la solitude. Mon Paris et celui de 68, et plus tard le point de départ pour des voyages lointains. Xavier Grall tout en embrasements, et en passions, n'a pas trouvé la quiétude dans cette métropole, sale parfois, il y avait des bidonvilles autour de Paris en 68, La Courneuve par exemple.





Mais Paris est aussi son point de départ, la cristallisation de toutes ses rancœurs, le début d'une quête, c'est comme cela que j'ai lu le Barde Imaginé, un éloge de la marche, un retour sur soi, la quête d'un renouveau.

Le pire des crimes dit-il page11, "c'est le surplace, ne pas avancer, rester toujours là comme ça, collé aux chaises et aux villes, comme une chose stagnante une glaire de vieux. Moi je marche, je progresse, je nomadise, j'erre, je vais. Toute marche est une marche spirituelle."





Ce retour à ses sources les plus intimes, c'est la redécouverte des émotions les plus charnelles celles que l'on goûte au contact des personnes simples, les plus directes, au contact avec la nature bienveillante : " je choisis, à l'odeur, les auberges perdues, les vieilleries bistrotières, celles qui sont tièdes comme les granges, les estaminets paysans qui fleurent le froment et le tabac à priser " page 12.





Chercher son âme, quelle idée saugrenue ? Mais pas pour Xavier Grall. Dans cette marche, le poète revit, tel le bohémien de Rimbaud, là où les étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.

"C'est l' âpreté des rochers à fleur de poussière", la pauvreté de cette géographie maritime qui peu à peu pénètre sa pupille, les mots de bonheur qui montent à ses lèvres .



Plus loin aussi c'est l'uniformité des vastes supercheries de l'anonymat, la perte de notre diversité, qui pulvérisent sa bonne humeur, là où la Bretagne peut-être a perdu une partie de son identité.



Ainsi passant par dessus ses cris de haine, on accède alors à la prose poétique de Xavier Grall qui sait si bien brocarder la maréchaussée, et magnifier la nature sauvage ses odeurs, ses couleurs et ses secrets.



"Aujourd'hui je suis vêtu", "d'une moquette de landes", "et j'écrivis."



Commenter  J’apprécie          282
Le cheval couché

Le livre de Xavier Grall est le manifeste, d'un poète passionné et rageur en faveur d'une Bretagne fière de ses valeurs et de sa singularité, ce coup de cœur sonne aussi comme une critique du live de Pierre-Jakez Hélias le cheval d'orgueil.



Le ressenti du natif de la Bretagne que je suis, pour avoir entendu de nombreuses allusions à la nature têtue donc plouc des bretons, de ses paysans courageux mais septiques, catholiques fervents mais traditionnels, je perçois la nostalgie chronique, l'ambiance momifiante du livre d'Hélias,



Un touriste fera de ces anecdotes du passé un livre de contes, plein de tendresse, pour ces pauvres hères qui demandent l'aumône. Un écrivain à la mode puisera dans le culte des morts et dans le personnage de l'ankou, une intrigue inquiétante, illustrant le symbole d'une Bretagne sombre, très ancrée dans ses légendes magiques intemporelles.



Les druides ne sont-ils pas encore présents dans ces landes sableuses ou au sommet de tertres qui cachent des tombeaux oubliés. De magnifiques tumulus ne sont-ils pas des témoins de cette âme celte, qui réfléchit les ombres du passé!



Les deux prestations de notre agrégé de lettres françaises, chez Bernard Pivot puis chez Jacques Cancel, ont été trop ternes ou trop studieuses pour que le téléspectateur puisse apercevoir à travers la fougue de ce bon breton , le hennissement d'un cheval et encore moins son orgueil. Xavier Grall a posé un mot douloureux en parlant d'un cheval couché.



Reprenant ce mauvais présage, le texte de Xavier Grall, plaide pour une Bretagne conquérante à la pointe du développement de notre musique celte, et de notre littérature, en musique, si le biniou, n'est pas abandonné, la Harpe doit redevenir l'un des symboles de la Bretagne, comme elle est déjà celle de l'Irlande libre.

L'auteur retrace l'histoire de la harpe et rappelle qu'elle fut une des emblèmes de la Bretagne au moyen age.



Xavier Grall se fait paradoxalement l'avocat des plus faibles, lui qui ne parle pas breton et dont la famille était assez argentée, Pierre-Jakez Hélias qui parle le breton et dont la famille est des plus modestes se fait le chantre de la bonne éducation, et l'agrégé se montre fier de sa promotion. Cette dualité est passionnante et Xavier Grall en bon journaliste restitue bien les parcours.



Si aucune allusion est faite à l'exode des bretons, surtout ceux des Monts d'Arrée, de Huelgoat à Guiscriff, de Chateaulin à Carhaix, ont devine que cette terre, pour nourrir ses hommes devraient aller vers plus de créativité et d'imagination.



Après le chapitre « gémissant et pleurant » , Xavier Grall parle des Illuminés, ceux qui construisent la nouvelle Bretagne culturelle, ces personnalités singulières souvent isolées mais passionnées par ce territoire. Il convoque Méavenn, Morvan Lebesque, Michel le Bris, le Dantec, Paol Keineg, disant de lui, "c'est un silex, un illuminé froid et pur".





J'ai un peu de regret pour Charles le Quintrec, René Guy Cadou, ou Guillevic trop botrellisés ou trop proches de Jakez le vieux, qui ne sont pas évoqués comme Max Jacob , la culture est toujours le fruit de plusieurs générations.



La dernière partie est toute plongée dans le mysticisme dont Xavier Grall a fait son pain. Croisant Glenmoor et les tempêtes , le chant du poète murmure la mémoire, l'âpreté du labeur, les rencontres perdues, les pluies de mots d'un Jack Kerrouac, qui n'a pas eu le temps de pleurer sa terre natale, Xavier Grall récite une prière lancée à d'autres générations pour faire vivre l'orgueil de ses bardes.



Ce fut décembre qui ramena l'oiseau

aux granges du passé

l'hiver il n'est qu'un nid

un visage sans appel

cette odeur de fumée

piquée de gel.

"Le Retour de Glenmoor"

Commenter  J’apprécie          285
Genèse et derniers poèmes

Le dernier recueil de Xavier Grall est d'autant plus poignant, qu'il se termine par un hommage à Bobby Sands, indépendantiste irlandais, non violent.

"Je vois Bobby près des sources et des étangs dansants parmi les archanges et les oiseaux, pauvres mais invincibles," ou encore "un jeune marthyr vous transfigure".



Le recueil se divise en plusieurs chants, chaque vers commence par il y avait.



Ce sont donc des chants, d'une grande mélancolie, comme une incantation d'un monde définitivement perdu.

Une prière pour que dans un sursaut de fierté, de nouvelles générations décident de sauver la terre, et plus généralement toute la création de la genèse.



Ce très long texte, est fait d'un seul tenant, comme tronc gravé par une seule main, édifiant le nouveau testament, d'un monde réconcilié avec la nature.

Il y avait la terre

il y avait les océans

il y avait les mers

il y avait la mer bretonne

il y avait la rapide bisquine.

p 31



Commenter  J’apprécie          230
L'inconnu me dévore

Livre brûlant de passion qui est une lettre à ses filles (il en avait cinq). A mon avis le plus beau texte de Xavier Grall. A lire et relire
Commenter  J’apprécie          170
Le cheval couché

Ce livre se veut une réponse au fameux Cheval d’orgueil de Pierre Jakez Hélias, livre jugé passéiste et larmoyant et auteur jugé pas assez revendicatif. Mais finalement, c’est plus son succès qu’il lui reproche, succès qui reposerait sur de mauvaises raisons, comme un enterrement d’une Bretagne passéiste et moribonde.

L’emploi du “nous” et le ton belliqueux sont assez désagréables, mais ce livre est à remettre dans son contexte. Publié en 1977 (soit moins de deux ans après la sortie du Cheval d’orgueil), il reflète l’état d’esprit d’une génération issue des Trente Glorieuses et de Mai 68 qui se cherche une identité culturelle et des racines, au-delà de la culture de masse et du consumérisme. En Bretagne, cette génération a été clef pour le renouveau de l’identité bretonne (mise à mal notamment par les mauvaises alliances pendant la seconde guerre mondiale) et elle a ouvert la voie au dynamisme culturel qui fleurit depuis quelques décennies, où la culture s’invente et ne se complaît pas seulement dans la sauvegarde des traditions (en raccourci, la techno bretonnante de Denez Prigent plutôt que les défilés folkloriques…).

Mais pour en arriver là, il a fallu une génération qui s’est cherchée, qui a hésité entre combat indépendantiste et combat culturel. Ce livre en est le témoignage, avec son ton de confrontation qui tente de masquer une argumentation un peu courte. L’Homme aux semelles de vent de Michel Le Bris est dans la même veine, tout aussi horripilant à lire, plein de la même mauvaise foi dans la présentation des arguments…



En y regardant de plus près, on s’aperçoit que la question de la légitimité (est-ce qu’être Breton c’est être né en Bretagne, y vivre, les deux ?) n’est pas tranchée (même si rares sont ceux qui semblent pouvoir prétendre au label). L’identité semble ramenée à la seule question des artistes, ce qui me paraît bien réducteur (moi je fais mes gâteaux au beurre salé, toujours, même dans mes montagnes népalaises. Est-ce que ça aussi ce n’est pas un petit bout d’identité bretonne, même si je n’écris ni poème ni chanson ?).

En définitive, ce livre est intéressant par le témoignage qu’il représente pour ceux intéressés par la question de l’identité bretonne, mais n’est certainement pas à lire pour ses qualités d’analyse. A noter que Xavier Grall lui-même a reconnu les limites de son ouvrage. J’en retiens quand même à la fin une jolie évocation de Jack Kerouac à la fin de sa vie et du voyage en Bretagne qu’il n’a jamais fait, et surtout une belle description de Glenmor, ce grand chanteur bourru et poétique qui a si bien mis en notes et en rimes les paysages bretons et ceux qui les habitent.
Commenter  J’apprécie          134
La Sône des pluies et des tombes

Il fut un temps où la Bretagne était terre d’émigration. Il fallait ‘monter’ à Paris pour gagner sa pitance en travaillant. Et ceux qui, parfois, revenaient visiter leur famille au pays, en voyant les fleurs d’ajoncs et de genet apparaître aux fenêtres du train, pensaient : nous sommes chez nous. Ces fleurs étaient leur printemps.

Xavier Grall fut de ceux-là. Et Il revint définitivement s’installer à Nizon près de Pont-Aven.

Tel le ‘’Baladin du monde Occidental ‘’de John M Synge il savait dire et parler

Mais contrairement à celui-ci, un peu hâbleur, à vrai dire, sa langue est lyrique et révoltée, quasi mystique.

Chaque année une scène du festival des Vieilles Charrues de Carhaix-Plouguer porte son nom.



ALLEZ DIRE A LA VILLE



Terre dure de dunes et de pluies

C’est ici que je loge

Cherchez, vous ne me trouverez pas

C’est ici, c’est ici que les lézards

Réinventent les menhirs

C’est ici que je m’invente

J’ai l’Age des légendes

J’ai deux mille ans

Vous ne pouvez pas me connaître

Je demeure dans la voix des bardes

O rebelles, mes frères

Dans les mares les méduses assassinent les algues

On ne s’invente jamais qu’au fond des querelles



Allez dire à la ville

Que je ne reviendrai pas

Dans mes racines je demeure

Allez dire à la ville

Qu’à Raguenes et Kersidan

La mer conteste la rive

Que les chardons accrochent la chair des enfants

Que l’auroch bleu des marées

Défonce le front des brandes



Allez dire à la ville

Que c’est ici que je perdure

Roulé aux temps anciens

Des misaines et des haubans

Allez dire à la ville

Que je ne reviendrai pas.



Commenter  J’apprécie          92
L'inconnu me dévore

Dans la ville d'où je viens, il y a quelques figures, des "monuments" de la culture locale. Gauguin, bien évidemment, et Émile Bernard, entre autres peintres de l'Ecole de Pont-Aven. Moins connu en dehors mais très important pour nous, le barde Théodore Botrel. Et il y a cette figure littéraire, ce chroniqueur poète, Xavier Grall. Xavier Grall qui était lu par mon grand-père, par ma mère, les vents m'ont dit...

J'ai lu L'inconnu me dévore, comme pour apaiser ce manque, ces absences qui me dévorent. Le mal du pays bien sûr mais surtout l'absence de mes parents et de mes grands-parents. Et Xavier Grall savait trouver les mots pour parler de la mort, pour la rendre moins douloureuse, comme une promesse d'autre chose. Même si je ne partage pas toutes ses idées, beaucoup ont fait écho en moi. J'ai aimé le discours plein d'amour, d'espoir, cette belle énergie qu'il communique à ses filles, ce qu'il leur souhaite, la force qu'il perçoit en elle. C'est une magnifique déclaration d'amour d'un père à ses filles qui file entre ces pages. Ce livre illumine par cet élan à savourer chaque moment, chaque petite chose de la vie.

Une lecture magnifique, un coup de cœur.

Merci aux @editionsdelequateur et @terrede brumes d'avoir édité, réédité, les livres de Xavier Grall. Ceux de mon grand-père ont été prêtés, égarés, donc je suis heureuse d'avoir pu les retrouver en quelque sorte.
Commenter  J’apprécie          92
Solo

Solo est un poème touchant, forcément, puisqu'il est le dernier de Xavier Grall, un homme malade et qui se sait condamné... À la fin de cette année-là, il meurt, à seulement 51 ans.

Dans ce long poème il fait le bilan de sa vie, un rappel de toutes ses joies, et il raconte sa crainte de voir arriver la fin.

Plusieurs pages sont illustrées par le poète lui-même, de ces dessins où la main trace presque machinalement, puis revient, ajoute, fignole et colorie.

Toutefois cette œuvre ne m'a pas tant que ça émue.

Tout d'abord, c'est à Dieu qu'il s'adresse, et ce bilan de sa vie, il le fait en s'excusant, "mendiant un coin de paradis" comme s'il regrettait les débordements qu'il décrit : trop boire, et trop de femmes (les deux mis sur le même plan).

Et puis si ses vers sur la Bretagne sont très beaux, parfois rimés parfois non, il donne tout de même beaucoup dans le folklorisme.

Un petit détail qui m'a gênée également : le texte parfois masqué par les dessins, c'est dommage.

Challenge Poévie
Commenter  J’apprécie          80
Le sel de la Bretagne

36 auteurs. 36 textes. 36 souvenirs. 36 expériences. 36 émotions. 36 Bretagne.



Je trouve vraiment que l'éditeur Presses de la Cité a eu une merveilleuse idée pour les 60 ans du Prix Bretagne.



Bretonne de naissance et encore plus de cœur, je suis heureuse d'avoir pu livre cet ouvrage.

Bien sûr, certains textes m'ont plus parlé que d'autres, mais j'ai apprécié d'entrer dans le cœur breton de chacun des auteurs.



Ouvrez ce recueil, et vous découvrirez la Bretagne.

Celle d'avant. Celle d'aujourd'hui. La magie des légendes et des lumières. Les souvenirs d'enfance gravés au fond de son cœur. Les émotions ressenties quand on se sent enfin au bon endroit...



Ouvrez ce recueil, et vous ne pourrez qu'avoir envie de découvrir chacune de ces Bretagne.
Commenter  J’apprécie          80
Le sel de la Bretagne

#LeSeldelaBretagne #NetGalleyFrance

Je remercie NetGAlley et les Presses de la Cité pour m'avoir permis de lire ce livre. Joli témoignage d'amoureux de cette région. Que ce soit avec la foi, une pâtisserie, un souvenir d'enfance, un bol à oreilles, ou tout simplement avoir mis en mots la sensation ressentie la première fois qu'ils y sont allés, les auteurs regroupés dans ce recueil ont ce point commun si fort, ils aiment cette terre, si particulière et si belle. Certains de ces textes m'ont parlé, je ne suis pas bretonne, mais moi aussi j'ai ressenti cette impression de me sentir en paix, comme à la maison lorsque je m'y suis rendue.
Commenter  J’apprécie          60
Barde imaginé

J’ai toujours été attirée par les textes de Xavier Grall, j’ai toujours trouvé ses poèmes très forts mais je ne m’étais jamais laissé tentée par sa prose. J’ai offert ce livre à mon frère et puis j’ai craqué, je me le suis achetée aussi et je ne regrette aucunement. Mon seul regret : ne pas m’être laissée tenter plus tôt !



Ce récit ne fait qu’une soixantaine de pages et pourtant j’ai mis du temps à le lire. Tout simplement parce que chaque mot est important ! Chaque mot sonne et résonne ! C’est le genre de lecture que l’on peut faire à voix haute. Les phrases sont courtes et fortes.



Il y a aussi beaucoup de poésie dans ce texte ! Ne vous étonnez pas si vous ne comprenez pas tout. C’est un texte qui ne demande pas forcément d’être compris mais ressenti ! Et comme il est dit dans la préface, c’est un texte qu’il faut lire et relire et j’ajouterai relire encore !



Parfois, on se dit qu’on est fait pour un livre ou qu’un livre est fait pour nous. J’ai rarement eu cette impression mais là, je dirai que ce livre et moi, nous nous sommes trouvés ! (mais j’ai mûri alors il ne subira pas le même sort que Le Bateau ivre de Rimbaud ou que Lettres à un jeune poète de Rilke que je trimballais toujours avec moi)



Je me demande si ce récit aura la même résonance sur un « non-breton » ou si ce sont mes racines qui ont vibré à la musique de ses mots, si c’est mon cœur breton qui a battu en cœur avec celui de l’auteur… Ou peut-être que chaque lecteur attaché à sa terre ressentira la même chose que moi…



Désolée, j’ai l’impression que cet article est différent de ceux que je fais d’habitude et j’ai beaucoup de mal à exprimer l’impression que m’a laissé ce livre… Ce que je sais, c’est que je continuerai ma découverte de Xavier Grall et j’espère aussi bientôt retrouver ses poèmes.



Et si vous ne l’avez pas compris, ce récit est un coup de cœur pour moi et je vous le conseille à tous ! ^_^
Lien : http://petitemarie29.wordpre..
Commenter  J’apprécie          60
L'inconnu me dévore

Pour qui croit au destin, il était donc écrit que je croiserais un jour les chemins de l'oeuvre de Xavier Grall (1930-1981). Il y eut tout d'abord la résonnance d'un titre "L'inconnu me dévore", la rencontre avec une vraie gueule de cinéma, un esprit contestataire, sans cesse révolté, en communion avec la nature, un poète faisant vibrer les mots tel un joueur de harpe celtique. Xavier Grall était Breton et c'est peu dire qu'il a aimé son pays, sa terre, ses genêts, l'océan, les oiseaux, les vieilles pierres, les chapelles, les vieux chemins en creux. "L'art n'est que la respiration haletante de l'amour" écrit-il. Cet amour était consubstantiel de la colère qui l'animait contre les misères de ce monde. Dans "L'inconnu me dévore", Xavier Grall dresse le portrait d'une vie, sa vie et il s'adresse dans une prose enflammée à ses filles, ses Divines comme ils les appellent. L'ouvrage fût posthume car publié après qu'il eût rejoint les étoiles et cette lumière, ce soleil qu'il chérissait tant. L'oiseau de nuit guettait et c'est peu dire que Xavier Grall s'est brûlé les ailes dans les vapeurs de l'opium, de l'herbe, du cognac, de l'absinthe enfin mère de tous les poètes. Il nous décrit son enfance janséniste, sa foi de "catholique solitaire, mystique et fou" selon ses propres mots. Tel l'écrivain Jack Kerouac qu'il admirait tant, Xavier Grall nous décrit sa force d'amour, les mystères de sa foi profonde et si éloignée des ors de l'Eglise romaine et des bigots qu'il fouette de ses mots cinglants. "Ma foi est une méharée silencieuse et lyrique". Testament de l'auteur adressé à ses filles, je fûs éblouis et saisi par l'ivresse des mots de Xavier Grall. On peut résumer sa vie à ses mots "J'ai tant aimé et ma sagesse fût d'aimer follement." La lecture de "L'inconnu me dévore" a suscité chez moi une vive émotion. Le style d'écriture est admirable, tout comme la sincérité d'un auteur qui ne transigeait pas avec la vérité, sa vérité, la seule qu'il eût connu : l'amour. Car au fond écrit-il "Il n'y a qu'un pêché, c'est de ne pas aimer". Le poète écorché, l'amant de sa chère Bretagne, l'homme de conviction aimant la vie avec passion malgré ces vicissitudes, le chrétien des origines rejetant les dogmes et les interdits, Xavier Grall c'est un peu de tout cela. Et moi de finir sur ces mots sublimes de Grall : "Tout est fabuleux pour qui sait regarder. La fraîcheur du regard est le commencement de la sainteté". A défaut de sainteté, Xavier Grall m'a ému et transpercé jusqu'au coeur, là où vibre mon âme celte et ce désir un peu fou d'embrasser le monde d'un seul regard sans se brûler les yeux !


Lien : https://thedude524.com/2018/..
Commenter  J’apprécie          50
Le sel de la Bretagne

Pour qui ne connait pas la Bretagne comme moi, voici un recueil pour la découvrir à travers des poèmes, des courts, des invitations, des descriptions, des souvenirs partagés...

L'avantage de ce recueil se trouve aussi que tous ces textes réunis s'adressent également à ceux qui connaissent cette région et même à ceux qui la connaissent peu.

36 auteurs, romanciers, nouvellistes, essayistes, poètes nous offrent quelques lignes suffisamment intrigantes et attirantes pour nous donner envie d'aller plus loin à la rencontre de cette belle région entre esprit sauvage et civilisation.

Une superbe découverte.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Xavier Grall (200)Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

De Diderot : "Les bijoux …...."

volés
indiscrets
de la reine
précieux

15 questions
146 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}