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Critiques de Xavier Grall (30)
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Le sel de la Bretagne

L’idée est délicieuse de nous donner à ouvrir les fenêtres des souvenirs de 36 écrivains, artistes ou autres personnages publics, majoritairement d’origine bretonne et, par là-même, pour certains d’entre nous, d’ouvrir notre propre fenêtre sur nos souvenirs.

L’ouvrage « Le sel de la Bretagne » agit comme une madeleine de Proust. Mais, si on voulait coller plus au lieu, plutôt que de madeleine, il faudrait plus évoquer un kouign-amann, les crêpes et la coiffe de notre grand-mère, un plateau de fruits de mer, du cidre bu entre copains…



Des coquillages, des tessons de verre polis ramassés sur le sable, les promenades sur la plage, les retours d’école, ces rencontres amicales qui forgeront l’adulte en devenir, une maison d’enfance ou de vacances, ces légendes, ces lieux magiques, celtiques, d’une beauté à couper le souffle ou tout simplement parce qu’ils sont l’essence d’une certaine période de leur vie… voilà autant de souvenirs qui ont pu s’imprégnés en eux.



Que ce soit Jean-Paul Hoffmann, George-Olivier Châteaureynaud, Hervé Jaouen, Alan Stivell, Yann Queffélec, Marie Sizun, Charles Le Quintrec, Philippe Le Guillou, Kenneth White, et bien d’autres, tous nous racontent en 4-5 pages leur souvenir le plus marquant, l’endroit, l’anecdote ou l’impression, révélateur de leur ancrage en Bretagne ; révélateur de leur amour pour cette région.

On éprouve une certaine curiosité à découvrir le récit des uns et des autres, à découvrir ce qui les a marqués, ce qui fait l’identité de la Bretagne à leurs yeux, ce qui fait leur identité. Selon le style, l’histoire et la réminiscence, les émotions et plaisirs varient comme au rythme des vagues. Entre mélancolie et sourire… Entre tristesse et crève-cœur pour ceux qui ont dû quitter leur région natale, leur région de cœur justement. On se sent nous-mêmes transportés (en partie influencés par l’appréciation plus ou moins grande pour le narrateur).



On pioche, on ramasse ces petits cailloux, ces bribes de souvenirs et comme par magie, on a la mer sous les yeux, les vagues qui se brisent sur les rochers, les tempêtes, des odeurs, la vue du clocher du village, les sourires de nos aïeuls, nos propres souvenirs qui rejaillissent.

Ces récits nous éveillent des envies de découvrir plus avant certains de ces narrateurs, de lire d’autres de leurs récits, et bien entendu, des envies bretonnes, certains coins de paradis, même sous le crachin, de retrouver ces légendes, la lande, la mer…



De ces récits, on récolte la sève, tout le sel de la Bretagne.



‘’Tous les marins qui se souviennent

Des barques qui jamais ne reviennent

Ont une envie de la mer quand même au fond des yeux…’’

(extrait de la chanson "Ma Bretagne quand elle pleut- de Jean-Michel Caradec)

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Le cheval couché

Dans ce pamphlet poétique et véhément, Grall s’attache au contraire à décrire un pays qu’il croit « vivant et ardent », et pour lequel il éprouve une grande tendresse.
Lien : https://www.ouest-france.fr/..
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La Sône des pluies et des tombes

Il fut un temps où la Bretagne était terre d’émigration. Il fallait ‘monter’ à Paris pour gagner sa pitance en travaillant. Et ceux qui, parfois, revenaient visiter leur famille au pays, en voyant les fleurs d’ajoncs et de genet apparaître aux fenêtres du train, pensaient : nous sommes chez nous. Ces fleurs étaient leur printemps.

Xavier Grall fut de ceux-là. Et Il revint définitivement s’installer à Nizon près de Pont-Aven.

Tel le ‘’Baladin du monde Occidental ‘’de John M Synge il savait dire et parler

Mais contrairement à celui-ci, un peu hâbleur, à vrai dire, sa langue est lyrique et révoltée, quasi mystique.

Chaque année une scène du festival des Vieilles Charrues de Carhaix-Plouguer porte son nom.



ALLEZ DIRE A LA VILLE



Terre dure de dunes et de pluies

C’est ici que je loge

Cherchez, vous ne me trouverez pas

C’est ici, c’est ici que les lézards

Réinventent les menhirs

C’est ici que je m’invente

J’ai l’Age des légendes

J’ai deux mille ans

Vous ne pouvez pas me connaître

Je demeure dans la voix des bardes

O rebelles, mes frères

Dans les mares les méduses assassinent les algues

On ne s’invente jamais qu’au fond des querelles



Allez dire à la ville

Que je ne reviendrai pas

Dans mes racines je demeure

Allez dire à la ville

Qu’à Raguenes et Kersidan

La mer conteste la rive

Que les chardons accrochent la chair des enfants

Que l’auroch bleu des marées

Défonce le front des brandes



Allez dire à la ville

Que c’est ici que je perdure

Roulé aux temps anciens

Des misaines et des haubans

Allez dire à la ville

Que je ne reviendrai pas.



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Solo

Solo est un poème touchant, forcément, puisqu'il est le dernier de Xavier Grall, un homme malade et qui se sait condamné... À la fin de cette année-là, il meurt, à seulement 51 ans.

Dans ce long poème il fait le bilan de sa vie, un rappel de toutes ses joies, et il raconte sa crainte de voir arriver la fin.

Plusieurs pages sont illustrées par le poète lui-même, de ces dessins où la main trace presque machinalement, puis revient, ajoute, fignole et colorie.

Toutefois cette œuvre ne m'a pas tant que ça émue.

Tout d'abord, c'est à Dieu qu'il s'adresse, et ce bilan de sa vie, il le fait en s'excusant, "mendiant un coin de paradis" comme s'il regrettait les débordements qu'il décrit : trop boire, et trop de femmes (les deux mis sur le même plan).

Et puis si ses vers sur la Bretagne sont très beaux, parfois rimés parfois non, il donne tout de même beaucoup dans le folklorisme.

Un petit détail qui m'a gênée également : le texte parfois masqué par les dessins, c'est dommage.

Challenge Poévie
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Barde imaginé

Après avoir lu un livre de Yannick Pelletier sur Xavier Grall, je m'étais promis de découvrir l'oeuvre.

Ce récit "Barbe imaginé" est un court texte de réflexions sur un retour aux sources, dans ce monde que l'on ne maitrise pas.

Ecrit, il y a plusieurs années, ce texte est plus que jamais d'actualité.

L'écriture imaginaire et métaphorique, que je découvre, n'est pas des plus accessible mais permet d'effleurer la pensée de l'auteur.



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Le sel de la Bretagne

36 auteurs. 36 textes. 36 souvenirs. 36 expériences. 36 émotions. 36 Bretagne.



Je trouve vraiment que l'éditeur Presses de la Cité a eu une merveilleuse idée pour les 60 ans du Prix Bretagne.



Bretonne de naissance et encore plus de cœur, je suis heureuse d'avoir pu livre cet ouvrage.

Bien sûr, certains textes m'ont plus parlé que d'autres, mais j'ai apprécié d'entrer dans le cœur breton de chacun des auteurs.



Ouvrez ce recueil, et vous découvrirez la Bretagne.

Celle d'avant. Celle d'aujourd'hui. La magie des légendes et des lumières. Les souvenirs d'enfance gravés au fond de son cœur. Les émotions ressenties quand on se sent enfin au bon endroit...



Ouvrez ce recueil, et vous ne pourrez qu'avoir envie de découvrir chacune de ces Bretagne.
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Le sel de la Bretagne

Pour qui ne connait pas la Bretagne comme moi, voici un recueil pour la découvrir à travers des poèmes, des courts, des invitations, des descriptions, des souvenirs partagés...

L'avantage de ce recueil se trouve aussi que tous ces textes réunis s'adressent également à ceux qui connaissent cette région et même à ceux qui la connaissent peu.

36 auteurs, romanciers, nouvellistes, essayistes, poètes nous offrent quelques lignes suffisamment intrigantes et attirantes pour nous donner envie d'aller plus loin à la rencontre de cette belle région entre esprit sauvage et civilisation.

Une superbe découverte.
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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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Le sel de la Bretagne

Un recueil de divers textes écrits par 36 auteurs ayant tous un lien avec la Bretagne : des souvenirs pour la plupart, des poèmes, des récits d'odeurs, de sons et d'images mais aussi sur des objets et des goûts qui la représentent !



Nul besoin de connaître la Bretagne pour être touché par ces mots qui respirent l'amour, le bien-être, l'apaisement ou l'envie d'y retourner et s'y lover ! La Bretagne me manque et j'ai plongé avec délectation dans ces récits qui pour la plupart m'ont parlé !



Ne vous attendez pas à un fil conducteur narratif, ce sont textes d'émois et de sensations personnels et n'ont pas la prétention de donner dans la littérature, uniquement celle de partager la passion pour un pays, si beau et si riche !



#Leseldelabretagne #NetGalleyFrance
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Le sel de la Bretagne

#LeSeldelaBretagne #NetGalleyFrance

Je remercie NetGAlley et les Presses de la Cité pour m'avoir permis de lire ce livre. Joli témoignage d'amoureux de cette région. Que ce soit avec la foi, une pâtisserie, un souvenir d'enfance, un bol à oreilles, ou tout simplement avoir mis en mots la sensation ressentie la première fois qu'ils y sont allés, les auteurs regroupés dans ce recueil ont ce point commun si fort, ils aiment cette terre, si particulière et si belle. Certains de ces textes m'ont parlé, je ne suis pas bretonne, mais moi aussi j'ai ressenti cette impression de me sentir en paix, comme à la maison lorsque je m'y suis rendue.
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L'inconnu me dévore

Dans la ville d'où je viens, il y a quelques figures, des "monuments" de la culture locale. Gauguin, bien évidemment, et Émile Bernard, entre autres peintres de l'Ecole de Pont-Aven. Moins connu en dehors mais très important pour nous, le barde Théodore Botrel. Et il y a cette figure littéraire, ce chroniqueur poète, Xavier Grall. Xavier Grall qui était lu par mon grand-père, par ma mère, les vents m'ont dit...

J'ai lu L'inconnu me dévore, comme pour apaiser ce manque, ces absences qui me dévorent. Le mal du pays bien sûr mais surtout l'absence de mes parents et de mes grands-parents. Et Xavier Grall savait trouver les mots pour parler de la mort, pour la rendre moins douloureuse, comme une promesse d'autre chose. Même si je ne partage pas toutes ses idées, beaucoup ont fait écho en moi. J'ai aimé le discours plein d'amour, d'espoir, cette belle énergie qu'il communique à ses filles, ce qu'il leur souhaite, la force qu'il perçoit en elle. C'est une magnifique déclaration d'amour d'un père à ses filles qui file entre ces pages. Ce livre illumine par cet élan à savourer chaque moment, chaque petite chose de la vie.

Une lecture magnifique, un coup de cœur.

Merci aux @editionsdelequateur et @terrede brumes d'avoir édité, réédité, les livres de Xavier Grall. Ceux de mon grand-père ont été prêtés, égarés, donc je suis heureuse d'avoir pu les retrouver en quelque sorte.
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L'inconnu me dévore

Xavier Grall est le type même d’auteur qui a tout pour me faire devenir neuneu. Je l’aime autant que je le déteste. « L’inconnu me dévore » ne fait pas exception à la règle. Comme dans « Barde imaginé » ou dans « Les vents m’ont dit », j’ai été conquis par une écriture qui m’a rattrapé au vol à plusieurs reprises alors que j’allais mettre ma lecture en pause.

Comme « Les vents m’ont dit », ce bouquin n’est pas né de Xavier Grall. Ce sont des lettres à ses filles publiées dans « La vie » et « Le Monde » qui ont été regroupées sous forme de recueil. Un recueil qui sur le fond me donne des rougeurs, me donne des démangeaisons et qui sur la forme sait m’envouter.

Mes quelques problèmes dermatologiques sont dus à l’excès de Christ, Jésus et autres produits dérivés de la peur et de la morale, dus à la vie éternelle clés en main avec la petite notice genre Ikéa , le truc pratique qu’on peut moduler à volonté selon le sens du vent.

Grall et Bobin même combat. L’un avec Christ, l’autre avec les anges, au bout d’un moment ou même très vite, ça devient chiant (pour moi).

Grall et Bobin même combat, leur écriture me tient, m’imprègne, j’aime.

J’aime quand Grall déclare son aversion pour les grenouilles de bénitier et l’hypocrisie des instances religieuses avant de le détester quand il flirt avec le fondamentalisme.

Il n’aime pas la morale mais la fait à chaque page… Pas facile à suivre le gars, pas toujours envie de le suivre non plus.

Pourquoi avoir été au bout ? Parce que l’écriture est terrible, parce qu’entre deux bondieuseries, il y a un vent, un embrun, un chemin creux, une lumière… divine… qui ne doit rien aux dieux, parce qu’il y a cette magnifique Bretagne qu’il aime plus que tout et dont il parle si bien quand son coté nationaliste (que j’exècre) ne vient pas tout polluer, parce qu’il y a cette poésie qui transpire de chaque page de Xavier Grall, parce qu’entre deux Christ et trois croix, je sais qu’après cet enfer, j’aurai mon petit coin de paradis.

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Le cheval couché

Xavier Grall répond à Per-Jakez Helias concernant la rédaction de son best-seller: Le Cheval d'orgueil. Certains le décrive comme un pamphlet vis-à-vis de ce dernier...

Personnellement, je vois cet ouvrage comme une réelle réaction à des dires portant préjudice à la Bretagne et aux Bretons.

Xavier Grall exprime toute sa force littéraire, poétique et lyrique pour montrer la force et la puissance de la Bretagne, de ces terres millénaires. Il démontre que le Breton et la Bretagne ne sont pas abattus et ne sont qu'en train de s'émanciper que jamais, qu'ils cherchent à exprimer pleinement leur culture, leur différence.

Un bel ouvrage porté par un optimisme et un espoir certainement au-delà de la réalité...
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Les vents m'ont dit

« Ah ! Photos anciennes, gardez encore quelques temps votre mystère, vos secrets, votre poésie. Et je referme la boite en fer blanc jusqu’à la prochaine fois…

10-XII-81 »



Ainsi se termine « Les vents m’ont dit » de Xavier Grall. Une dernière bise, un dernier frisson, un dernier… souffle.

Xavier Grall quittera en effet sa Bretagne et le monde des vivants le lendemain de ce dernier billet, le 11 décembre 1981.



Ce livre est une sorte d’hommage rendu au journaliste poète ou au poète journaliste qu’était Grall à travers une sélection de chroniques parues de 1977 à 1981 dans La Vie.

Si le personnage dans l’habit caricatural de catho, pas intégriste mais pas super ouvert non plus, m’insupporte au plus haut point, si le breton bretonnant nationaliste me hérisse le poil, j’avoue que le poète me charme, m’envoute, m’emporte.

Les billets choisis par ses amis pour être portés par les vents témoignent de certaines contradictions du bonhomme. Un je t’aime moi non plus avec Paris qui flirt avec un je t’haine moi aussi, à une lettre près on ne sait pas trop sur quel pied danser. Et puis l’église, la paroisse, le recteur, dieu, un coté très ovin, la tradition, le Vatican, un certain formatage qui contraste avec ses colères, ses révoltes, ses indignations, son ouverture à la différence, son appel au métissage de cultures dans tous les sens du terme.

Catho de gauche, c’est un peu comme écolo de droite, ça ne doit pas être facile tous les jours même si ça me semble moins invraisemblable pour les premiers (bah oui moi aussi je suis formaté). J’aurais plus vu l’abbé Pierre à sa place à la fête de l’huma que Hulot chez Sarko ou Macron, bref…



Xavier Grall, c’est aussi et surtout le breton qui quand il parle de sa terre avec tout l’amour qu’il a pour elle, sans hargne vindicative mais avec toute la fougue qu’elle lui inspire, la rend désirable, incontournable, presque vitale pour qui est sensible à certaines ambiances, à certaines atmosphères.

Grall dégage ce parfum d’authenticité qu’on trouve dans ces coins où parfois la nature vous malmène, ces endroits où les liens se forgent et se renforcent aux rythmes des blues du ciel.

Quand Grall parle de sa Bretagne, il parle d’une œuvre d’art, sculptée par l’océan, une œuvre brute ayant su rester sauvage à travers les âges. Il parle d’une terre, d’une campagne qui en d’autres lieux me déprimeraient et qui là m’apprivoisent. Et puis l’océan, encore, encore, toujours.

« Les vents m’ont dit » c’est une errance dans la fin des années 70. Les chroniques nous font revivre quelques faits d’actualité (que les moins de… oh p*****, déjà… 50 ans ne peuvent pas connaitreuuu » mêlés aux banalité d’un quotidien de l’auteur, d’océan, de pensées, de spiritualité, d’océan, de Bretagne, de souvenirs, d’océan, de poésie, d’océan, de poésie, d’océan, encore, encore…

Très loin d’adhérer à toutes les chroniques sur le fond, je ne jetterai rien quant à la forme. L’écriture est fluide, même dans la provocation ou la polémique. Je me suis même surpris à me dire après certains billets, que de me sentir si loin de l’idée exprimée et d’avoir malgré tout ressenti quelque chose de bon le temps d’une phrase, d’une tournure, d’une image ou de n’importe quoi d’autre, c’était du grand art.

« Les vents m’ont dit », quel joli titre, quel joli livre. Ils m’ont envolé.

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Le rituel breton / poème lyrique



Ce soir, retour de la baie de Concarneau dont il hanta les rivages, aux derniers jours de sa vie ...

cet après-midi, la gueule ravagée d'un ange a éclaboussé ma mémoire : Xavier Grall, ses cinq filles et sa femme, l'homme des contre-chants, aux bronches lourdes de crachins, le nostalgique des oliviers, des argiles berbères, le célébrant des errances marines et des

aminaires échouées.



Ce soir donc, j'ouvre le Rituel breton à l'audacieuse dédicace : "Pour Ulysse, s'il revient en Armorique"
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L'inconnu me dévore

Pour qui croit au destin, il était donc écrit que je croiserais un jour les chemins de l'oeuvre de Xavier Grall (1930-1981). Il y eut tout d'abord la résonnance d'un titre "L'inconnu me dévore", la rencontre avec une vraie gueule de cinéma, un esprit contestataire, sans cesse révolté, en communion avec la nature, un poète faisant vibrer les mots tel un joueur de harpe celtique. Xavier Grall était Breton et c'est peu dire qu'il a aimé son pays, sa terre, ses genêts, l'océan, les oiseaux, les vieilles pierres, les chapelles, les vieux chemins en creux. "L'art n'est que la respiration haletante de l'amour" écrit-il. Cet amour était consubstantiel de la colère qui l'animait contre les misères de ce monde. Dans "L'inconnu me dévore", Xavier Grall dresse le portrait d'une vie, sa vie et il s'adresse dans une prose enflammée à ses filles, ses Divines comme ils les appellent. L'ouvrage fût posthume car publié après qu'il eût rejoint les étoiles et cette lumière, ce soleil qu'il chérissait tant. L'oiseau de nuit guettait et c'est peu dire que Xavier Grall s'est brûlé les ailes dans les vapeurs de l'opium, de l'herbe, du cognac, de l'absinthe enfin mère de tous les poètes. Il nous décrit son enfance janséniste, sa foi de "catholique solitaire, mystique et fou" selon ses propres mots. Tel l'écrivain Jack Kerouac qu'il admirait tant, Xavier Grall nous décrit sa force d'amour, les mystères de sa foi profonde et si éloignée des ors de l'Eglise romaine et des bigots qu'il fouette de ses mots cinglants. "Ma foi est une méharée silencieuse et lyrique". Testament de l'auteur adressé à ses filles, je fûs éblouis et saisi par l'ivresse des mots de Xavier Grall. On peut résumer sa vie à ses mots "J'ai tant aimé et ma sagesse fût d'aimer follement." La lecture de "L'inconnu me dévore" a suscité chez moi une vive émotion. Le style d'écriture est admirable, tout comme la sincérité d'un auteur qui ne transigeait pas avec la vérité, sa vérité, la seule qu'il eût connu : l'amour. Car au fond écrit-il "Il n'y a qu'un pêché, c'est de ne pas aimer". Le poète écorché, l'amant de sa chère Bretagne, l'homme de conviction aimant la vie avec passion malgré ces vicissitudes, le chrétien des origines rejetant les dogmes et les interdits, Xavier Grall c'est un peu de tout cela. Et moi de finir sur ces mots sublimes de Grall : "Tout est fabuleux pour qui sait regarder. La fraîcheur du regard est le commencement de la sainteté". A défaut de sainteté, Xavier Grall m'a ému et transpercé jusqu'au coeur, là où vibre mon âme celte et ce désir un peu fou d'embrasser le monde d'un seul regard sans se brûler les yeux !


Lien : https://thedude524.com/2018/..
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L'inconnu me dévore

De très beaux textes adressés par l'auteur à ses filles, dans lesquels il exalte la passion de la vie.
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L'inconnu me dévore

La lettre à " l'Inconnu me Dévore" de Xavier Grall disparu en 1981, est un long poème en prose, une prière, de feu et de lumière adressée à 5 jeunes femmes, ses divines, ses cinq filles Catherine, Geneviève, Isabelle, Véronique, et Lucie.

L'Inconnu me dévore, est un ensemble de textes, publiés dans La Vie et le Monde rassemblés à titre posthume trois ans après la mort de leur auteur.



Quand j'ai pris en main ce long psaume, ce sont les yeux d'un revenant qui me souriait, c'est un clin d'oeil facétieux des Éditions de l'Équateur qui s'affichait comme un miracle éditorial, le dernier éclat du poète, le rire de Xavier Grall renouait avec ses divines, il avouait aussi page13, " il faut bien que se créent les abîmes pour que s'y engouffrent les forces de vérité, l'eau coule où se lézarde la terre.”





Parler à ses filles avec cette puissance vitale, cette tendresse là, paternelle, charnelle, vous remue le coeur. Les mots du père comme une bruine hivernale, vous transpercent, vous glacent le sang. Noyé par les mots, Xavier Grall , se livre page 63 ” la dureté du cœur ne m'apparait pas seulement comme criminelle, elle m'apparaît aussi comme stupide. "





Que veut-il transmettre à ses filles, rien que l'immense amour qu'il a pour elles et qui le submerge, écrire follement sa joie de leur parler, comme s'ils les enlaçaient toutes ensemble dans une étreinte profonde pleine de rires et de joie et de bruine.



À l'aube de ses dernières pensées, le temps presse, il aurait tant de choses à leur dire, ses mots se resserrent sur l'essentiel, en fulgurantes invitations, nous ne possédons le monde que dans la mesure où nous savons en reconnaître les plaies, en sonder les reins déchirés, et y porter l'onguent et le remède.





Aurait-il perdu sa hargne, ses longues tirades contre la morale, celles qui précèdent la foi, les constipés de la morale. A la différence de ses autres ouvrages, c'est l'homme apaisé par ses tourments qui se tourne vers ses divines, et les rassure, il affirme page 64, "je ne suis indifférent à rien. Tout me touche tout me pénètre, je ne supporte pas l'humiliation portée par les créatures humaines sur les autres créatures", plus loin il confirme, page 84 "Aujourd'hui je cueille l'allégresse de la foi. Mon enfance nouée aux bâillons mauves de la semaine Sainte, je ne tiens pas à la retrouver."





Ainsi délivré Xaver Grall avec une ardeur étrangement mystique parle de sa nouvelle vie, suivre le Christ, qui par ses paroles , clame" l'amour est la seule raison d'être de la vie", p 119.



Il épie l'aurore. Il se fait « guetteur de matin ». « Mes filles, mes Divines, je vous l'avoue, je suis encore en Samarie. Je chemine avec ces hommes légers qui (au temps du Christ) avaient sur les lèvres le goût des vins et des rires. » 





L'ange des Monts d'Arrée s'est tu, pas le poète, "J'ai fait des truands des poètes. Des poètes des Saints". Sa voix est un enchantement, sa poésie déborde, il suffit d'ouvrir le livre et ses intuitions giflent les phrases en giboulées de mots pour ses divines.



Ne lire qu'un ouvrage de Xavier Grall, celui là.

Bienheureux les éditeurs inspirés !









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Barde imaginé

Cette chronique, je la glisse à l'attention de TerrainsVagues, non comme une contestation de son analyse du texte de Xavier Grall le Barde Imaginé, mais plutôt comme une prolongation de ses réflexions sur la Bretagne. Je suis breton, du centre Bretagne, de cette commune qui se nomme Guiscriff, adossé d'un côté à le Faouet, et de l'autre à Scaer, si proche de Huelgoat, ou de Carhaix, et d'où Rosporden, nous mène vers Quimper. Mon nom semble moins breton que Grall ou Cadic ma grand-mère, mais nous parlions tous breton avant 1939 .





Avec ce nom passe-partout Fleitour ,( qui veut dire en breton joueur de flûte et se prononce fleiter) je suis aussi à l'aise à Paris qu'en Finistère. Les photos de mes tantes comme de mes grands-mères avec leurs coiffes ne figurent plus sur les buffets. Il y a souvent une réticence à se dire bretonnant, son côté désuet, et ringard éloigne bien des bretons de Paris. J'ai moi-même baigné dans cette culture, visant à tourner la page.





Xavier Grall, tourne la page inverse, celle de son indignation envers Paris, celui des citadins, celui des rames de métro qui hurlent un certain désespoir, souvent la solitude. Mon Paris et celui de 68, et plus tard le point de départ pour des voyages lointains. Xavier Grall tout en embrasements, et en passions, n'a pas trouvé la quiétude dans cette métropole, sale parfois, il y avait des bidonvilles autour de Paris en 68, La Courneuve par exemple.





Mais Paris est aussi son point de départ, la cristallisation de toutes ses rancœurs, le début d'une quête, c'est comme cela que j'ai lu le Barde Imaginé, un éloge de la marche, un retour sur soi, la quête d'un renouveau.

Le pire des crimes dit-il page11, "c'est le surplace, ne pas avancer, rester toujours là comme ça, collé aux chaises et aux villes, comme une chose stagnante une glaire de vieux. Moi je marche, je progresse, je nomadise, j'erre, je vais. Toute marche est une marche spirituelle."





Ce retour à ses sources les plus intimes, c'est la redécouverte des émotions les plus charnelles celles que l'on goûte au contact des personnes simples, les plus directes, au contact avec la nature bienveillante : " je choisis, à l'odeur, les auberges perdues, les vieilleries bistrotières, celles qui sont tièdes comme les granges, les estaminets paysans qui fleurent le froment et le tabac à priser " page 12.





Chercher son âme, quelle idée saugrenue ? Mais pas pour Xavier Grall. Dans cette marche, le poète revit, tel le bohémien de Rimbaud, là où les étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.

"C'est l' âpreté des rochers à fleur de poussière", la pauvreté de cette géographie maritime qui peu à peu pénètre sa pupille, les mots de bonheur qui montent à ses lèvres .



Plus loin aussi c'est l'uniformité des vastes supercheries de l'anonymat, la perte de notre diversité, qui pulvérisent sa bonne humeur, là où la Bretagne peut-être a perdu une partie de son identité.



Ainsi passant par dessus ses cris de haine, on accède alors à la prose poétique de Xavier Grall qui sait si bien brocarder la maréchaussée, et magnifier la nature sauvage ses odeurs, ses couleurs et ses secrets.



"Aujourd'hui je suis vêtu", "d'une moquette de landes", "et j'écrivis."



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L'inconnu me dévore

Réédition d'un livre oublié de l'écrivain breton mort en 1981 dans lequel il chante sa terre natale et célèbre Dieu à travers des confessions adressées à ses cinq filles.




Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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