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Critiques de Xavier Le Clerc (52)
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Cent vingt francs

Né en 1893 dans une Algérie ravagée par la famine, Saïd s’engage comme zouave à dix-huit ans. Pour ce paysan kabyle, sa solde, et s’il meurt, la prime de veuvage de cent vingt francs, sont les seuls moyens d’espérer nourrir sa famille. Il participe à la campagne de pacification du Maroc, puis est envoyé dans les tranchées de Verdun, où il se lie d’amitié avec Babacar, un tirailleur Sénégalais comme lui en butte aux préjugés métropolitains. Tués en 1917, ni Saïd ni Babacar ne reviendront jamais au pays.





Saïd est l’arrière-grand-père de l’auteur qui, avec en main, et pour seuls vestiges, une carte postale où pose un zouave moustachu aux yeux clairs, et un certificat de décès portant un nom et un matricule, a entrepris de le déterrer de l’oubli avec toute la force de son imagination. L’évocation est réussie, et c’est d’une manière vivante et crédible, au fil d’une écriture fluide et agréable, que cet homme disparu depuis un siècle reprend vie sous nos yeux, en même temps que tout un pan d’histoire, de l’Algérie comme de la France.





D’une parfaite empathie, le texte impressionne par sa dignité pleine de pudeur, tandis qu’il se contente d’évoquer délicatement, sans juger ni commenter, le désastre d’une famine dont on sait qu’elle fut provoquée par l’abandon de cultures vivrières en faveur d’une nouvelle agriculture tournée vers l’exportation à destination de la France, le dévouement sans faille d’hommes contraints au sacrifice sans que ne disparaissent pour autant les préjugés à leur encontre, et, enfin, en quelques discrètes mais poignantes lignes de conclusion, les blessures de leurs descendants, Français « issus de l’immigration » dont on continue de « questionner les racines ». La narration se préoccupe aussi largement du sort des femmes algériennes de l’époque, au travers de plusieurs beaux personnages, comme la vieille Kabyle Keltoum et la jeune juive Dora, francisée par le décret Crémieux : toutes deux ont compris que, pour se préserver la moindre parcelle de liberté, mieux vaut rester à tout prix célibataire. Car, si les indigènes vivent alors sous la coupe coloniale, les femmes subissent elles, en plus, le joug des hommes.





Sincère et délicat, ce très beau texte servi par une plume agréablement travaillée se lit avec émotion, pour que jamais l’on n'oublie le digne héritage d’hommes et de femmes que l’histoire a spoliés de leur vie et de leur liberté.


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Un homme sans titre

Ce récit est à la fois une biographie se rapportant au père de l'auteur, - un homme humble qui n'a pas été épargné par la vie et une courte autobiographie de l'écrivain.

Un livre vrai, sans fioriture, sans haine, Les références à Albert Camus donnent encore plus d'intérêt et de chaleur.. D'ailleurs l'auteur était présent à l'Estival Camus qui s'est tenu à Lourmarin en ce début du mois d'octobre 2022?
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Un homme sans titre

Ce livre, je l'ai lu en une soirée. Terminé au cœur de la nuit, les larmes au bord des yeux. Et j'ai écrit à son auteur. Pour lui dire merci.

Ça n'arrive pas si souvent d'avoir entre les mains un livre qui vous submerge. Et c'est difficile de dire pourquoi il vous émeut tant.

C'est une histoire qui n'est pas la mienne, qui pourtant a fait écho en moi. Parce qu'elle dit l'importance de tous ceux qui œuvrent dans ce pays pour permettre à chacun d'y trouver une place. Sa place.



Hamid Aït-Taleb était un de ses gamins qui passaient des heures à la bibliothèque. Celle où je travaille aujourd'hui. Chaque phrase sur l'importance de ce lieu dans sa vie me touche. Je crois n'avoir jamais lu un si bel hommage à mon métier. A mes collègues. A ma bibliothèque (après 10 ans dans cet endroit, c'est un peu devenu chez moi.)

Quand on grandit dans un univers rude, entouré de 8 frères et sœurs, de parents ne sachant ni lire ni écrire, la lecture est un refuge, un secours. C'est sûrement bateau de le dire, de l'écrire. Mais j'aime croire que l'exemplaire des Trois mousquetaires dérobé dans nos rayonnages a été une planche de salut. J'aime croire que dans cette ville, cet auteur a eu grâce à nous et à d'autres dont le nom vibre dans les pages et dans les rues, une place. Sa place.



Celle que son père, dont la photo sur le bandeau hante la lecture, n'a jamais su trouver. Exilé, cet ouvrier de la SMN n'était pas vraiment chez lui ici. Il ne l'était plus totalement en Algérie. Les silences auront jalonné sa vie. Les cris aussi. La relation de l'auteur à son père est faite de tout ça, de la perte qui ronge, des dos courbés, de l'horizon qui ne s'ouvre pas, d'une vie de travail qui un jour s'arrête. De ce sentiment puissant, indépassable de ne jamais être à sa place.



Hamid Aït-Taleb est parti. Parce que parfois il faut se faire une place ailleurs. Il a changé de nom. Il est devenu Xavier Le Clerc. Son livre a rejoint les rayonnages de la bibliothèque (la mienne, la sienne, il y sera toujours le bienvenu). Il n'est pas loin de Camus. Pas loin de Dumas. Mais peu importe. L'essentiel étant qu'il y trouve une place. Et vous auriez tort de ne pas lui en faire une, vous aussi.





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Un homme sans titre

Xavier Le Clerc raconte ici avec sobriété mais beaucoup d'amour, l'histoire de sa famille venue d'Algérie. Il nous dépeint son père comme quelqu'un de taiseux mais extrêmement digne. Né en 1939 il est venu en France et deviendra ouvrier métallurgiste pour faire vivre ses 9 enfants et sa femme. Il travaillera dur pendant plus de 20 ans sans se plaindre.

Ce récit rend hommage aux hommes venus en France et remerciés par des mesures politiques violentes, deshumanisées. C'est aussi un livre sur l'identité, l'integration, la misere, "un cri de révolte contre l'injustice et la misère organisée..."
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Un homme sans titre

Récit touchant d'un homme cultivé qui a réussi dans la vie malgré l'imigration de sa famille. Cela ressemble à une lettre ouverte au père, cet homme analphabète qui a trimé toute sa vie pour nourrir ses neuf enfants. Je comprends que pour l'auteur son destin est unique mais pour le lecteur rien de nouveau. Quand même un bel hommage aux livres, bibliothèques et à Camus.

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Un homme sans titre

Lettre à un illettré au dos de hérisson.

Hamid Aït-Taleb devenu Xavier Le Clerc rend un vibrant hommage à son père Mohand-Saïd,décédé en 2020, cet homme sans titre.

C'est un récit extrêmement émouvant, écrit pour honorer le courage de ce père, né dans la misère des montagnes kabyles, qui a survécu aux affres de la 2de guerre mondiale et de la guerre d'Algérie, avant d'être déraciné et de s'échiner dans « l'indifférence que l'on prête aux cailloux » comme métallo non qualifié dans les hauts-fourneaux de la SMN en Normandie.

Ce père fut loin d'être un père modèle, parfois vociférant, souvent taiseux, profondément marqué par sa culture, mais toujours conscient de son devoir paternel, prêt à se saigner aux quatre veines pour nourrir sa famille nombreuse.

Parmi ses neuf enfants, le jeune Hamid trouve refuge à l'école, dans la lecture des livres de bibliothèque, chez Camus, Rimbaud et nombre d'auteurs qui ont connu , entre autres, le berceau de ses ancêtres.

Le récit est poignant, le style est magnifique, tantôt percutant, tantôt poétique, toujours ciselé. Chaque mot semble avoir été choisi avec un soin très minutieux et pesé pour que sonne et résonne en nous ce texte comme un poème élégiaque.

J'ai adoré ce roman qui m'a bouleversée et que j'ai lu d'une traite.

Un grand merci à Babelio masse critique et aux éditions Gallimard pour cette lecture passionnante.

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Cent vingt francs

Dans ce court roman, l'auteur, Xavier Le Clerc, né en Algérie retrace la vie de son arrière-grand-père kabyle, mort à Verdun en 1917.



Saïd est né en 1893 dans une Algérie ravagée par la famine. Orphelin de père très jeune il est élevé par sa mère, Tassahdith, femme courageuse, A 18 ans, pour nourrir sa femme et ses deux fils, il s'engage dans l'armée Française et participe à la campagne de pacification du Maroc, puis est envoyé dans les tranchées de Verdun. Là il croisera Babacar, un tirailleur Sénégalais , Gaston et René, deux soldats métropolitains.



120 francs c'est le prix de sa vie, ce que touchera sa veuve.



Ce roman est bien écrit, très émouvant. La vie de Saïd est balayée dans son ensemble, dans le premier et le troisième tiers du livre. Au milieu, une partie est consacré à Dora, fabricante d'automates, que Saïd, enfant, croisera un jour à Constantinople. La vie de cette femme courageuse, créative, inventive m'a beaucoup intéressée mais le lien avec Saïd est ténu et elle mériterait d'être l'héroïne d'un roman à elle seule.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Un homme sans titre

Ce livre est un regard posé : celui d'un homme, de l'éternel enfant qu'il a été, sur le père ou plutôt une attention portée de chaque instant, intense mais en discrétion.

Le fils observe celui qui se tait, qui ne se confie pas, qui ne raconte ni la misère de ce qui est ou fut son existence, ni la cruelle réalité des souvenirs. Ne dit rien de l'exil consenti, s'incarne dans la dignité constante. Même devant les brimades subies, l'effacement exigé, l'exploitation acceptée.

Toute une culture imprègne ce récit, celle enfouie dans l'âme, abandonnée derrière soi en quittant les plateaux de la Kabylie, quand vivre devient la seule quête, et qu'importent les lieux.



Ce qui pourrait être un écrit de rancoeur d'un fils pour la vie de son père, une colère qui dénoncerait les conditions de l'accueil d'un pays cependant rêvé, devient un chant de tolérance, une leçon à méditer, un livre qui serre la gorge, retenant les mots prisonniers au lieu d'être prononcés parce que le silence qui "habite" ces pages est aussi la raison d'être de l'écriture de ce livre, la lettre d'un fils, longtemps réfléchie et retenue, tue, l'origine d'une déambulation "aux côtés" d'autres écrivains célèbres, comme une reconnaissance. Et aussi, tout simplement, l'explication de ce désir d'un homme de se tenir droit, toujours : la dernière fierté qui demeure quand tout manque.





Il est difficile de parler des livres qui suscitent trop d'émotion. Il y a une certaine maladresse à dire les sentiments forts qu'une lecture fait jaillir au détour d'une page, d'un mot, d'une virgule, quand tout semble s'accrocher, rester en suspens et bousculer.

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Un homme sans titre

A travers le portrait de son père, l’auteur met en scène dans ce livre, la violence coloniale en Algérie, et la violence sociale que ce dernier trouve en France à 25 ans lorsqu’il y arrive en 1962. Dans un récit plein de retenue et de pudeur, il redonne vie à ce père, après vingt longues années d’éloignement et de silence que la mort vient solder en 2020. Mohand Saïd Aït Taleb est un taiseux, écrasé par le travail à la Société métallurgique de Normandie, incapable d’exprimer par les mots sa peur du manque, du vide, de la faim, incapable de se révolter, car « la misère leur avait couvet les yeux, d’une croute plus épaisse encore que la corne des pieds »

L’ouvrier de 30 ans qui pointe à la SMN, creuse toujours ce sillon amer qu’il découvrait à 9ans en allant se vendre comme journalier, dans les exploitations des colons. La misère en France prend d’autres formes, elle se police un peu : les 3 pièces d’un logement HLM abriteront mieux les 9 frères et sœurs que le gourbi du bled, l’école vengera l’analphabétisme des parents, mais le manque sera toujours là, et Mohand Saïd n’aura pas d’autres armes que ses colères pour crier son désespoir.

« Un homme sans titre » est un récit d’une grande douceur pour dire la dureté implacable des conditions de vie d’un ouvrier immigré dans les années 60 et 70, puis le reflux aussi inhumain, lorsque la SMN ferme ses grilles sur fond de calcul de rentabilité, devant l’afflux d’aciers moins couteux venus d’ailleurs. Dans cet hommage à son père, l’auteur ne traque pas les traces de vie d’un héros, il donne l’image émouvante et pleine d’humanité d’un homme fragile dont l’histoire a creusé les failles jusqu’à l’écraser totalement. Devant cette réalité, l’auteur s’efface, en choisissant d’aborder son propre parcours discrètement, seules quelques allusions réussissent à l’esquisser en creux, dans l’ombre de son père retrouvé.

Ce père à qui il s’adresse directement à la fin du livre revendiquant son héritage, celui d’une rage partagée, celle qui lui a fait dresser la tête et assumer ses différences. Héritage d’un courage, celui de demander pardon, celui de choisir la traduction littérale de son nom pour ne rien oublier, pour affirmer un lien dont il est fier.

Ce roman vient s’inscrire parmi les récits d’auteurs qui ont voulu témoigner de leurs origines en mettant en scène la distance que leur vie a creusée. Xavier Le Clerc apporte ici un témoignage original par le ton, par le style, par l’analyse fine et percutante de l’hypocrisie sociale. Je remercie Babelio et les éditions Gallimard de m’avoir permis cette découverte.

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Cent vingt francs

J'ai commandé ce livre qui m'intriguait après avoir échangé quelques mots avec l'auteur sur instagram et je me réjouis d'avoir eu du flair.

Ce livre, c'est l'Histoire avec un grand H , d'un homme, Said, ascendant de l'auteur, mais aussi d'autres hommes et d'une femme aux origines diverses, de cultures différentes dont les destins s'enchevêtrent sous une plume lyrique comme il n'en existe plus guère.

Au delà du récit, le souffle de l'auteur jaillit à travers chaque ligne, entre chaque mot. On sent son coeur battre jusqu'à la ligne d'arrivée de cette course contre l'oubli, de cette quête de l'identité, de cet hommage à la mort et par là même et en même temps de cette ode à et pour la vie.

Alors, le sang du sang arrête sa montre, reprend son souffle et repart, marchant, confiant et résilient, sur le fil recousu de la vie.



BRAVO! Pour moi c'est une pépite, voilà un livre qui mériterait un prix.

En tous cas je lui mets, à mon petit niveau, un Coup de Coeur d'un lecteur ! :-)



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Un homme sans titre

Xavier Le Clerc qui publie chez Gallimard : "Un homme sans titre" est né Hamid Aït-Taleb de parents kabyles et il est aujourd'hui un des dirigeants importants d'une société de luxe. Ce récit qu'il donne à lire est l'histoire de son père et elle est bouleversante.



Le récit commence par l'évocation des onze articles qu'Albert Camus a consacré en 1939 sur la Misères en Kabylie et l'auteur imagine que parmi les petits enfants loqueteux que voit Camus il y a son père, Mohand-Saïd .à son tour , sans pathos, cette misère absolue qu'a décrite Camus et qui est une condamnation justifiée de la politique du pouvoir colonial. On aime ce Camus là, lui qui a connu la misère et qui a de l'empathie pour plus misérables encore et il n'avait que 25 ans! "Vous étiez bien jeune...." lui avait écrit l'écrivain Mouloud Feraoun et je me suis toujours dit que les Algériens devraient tous aimer Camus ne serait-ce que pour ces reportages.

Dans son récit l'auteur raconte ensuite la vie de son père et de sa famille arrivés en France après 1962 pour travailler en usine quittant la misère pour encore de la misère , avec du courage pour aller chaque matin vers un labeur dur et mal payé pour élever sa famille. Et il n'est pas étonnant que les oeuvres de Louis Guilloux (qui fut un ami de Camus) soient citées.



L'auteur décrit fort bien ce sentiment de trahison pour ceux qui, comme lui, change de classe sociale. Cela, Camus ,aussi, l'a vécu., mais dans la lettre qu'il écrivit à son père décédé l'auteur nous montre sa fidélité à ce monde de la pauvreté, du travail dur et du courage.



Le livre est aussi un bel éloge de la lecture, du français et de la France qui , nous dit l'auteur ,lui a tout donné.



Enfin toute une partie du livre est consacrée à la façon dont l'auteur a accepté sa différence, révélée dés l'enfance et comment son père a réagi au moment où il en pris conscience.



Au total un très beau livre, très riche , superbement écrit et qui aurait plu à Camus qui aurait apprécié avec émotion l'hommage qui lui est ainsi rendu


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Un homme sans titre

Un Homme Sans Titre est une histoire finalement plutôt banale, celle d'un père kabyle qui après avoir connu la misère dans son pays, se retrouve en France à travailler comme un forçat avec une grande dignité, et celle d'un fils qui des années plus tard, se remémore son père, ce qu'il a vécu, ce qu'il a enduré, ce qu'il était.

Un fils qui, même s'il trouve certains aspects de l'histoire de son père révoltants, choisit d'honorer son courage en mettant tout en oeuvre pour dépasser la condition de celui-ci, autant socialement qu'intellectuellement.

L'écriture de Xavier Le Clerc est à la fois imagée, poétique, forte, intelligente et mélodique.

Alors même si le fond est déjà vu et revu, et que le livre n'est pas bien long, j'ai passé un très bon moment en sa compagnie.
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Un homme sans titre

Dans ce récit intime, Xavier Le Clerc retrace la vie de son père à partir d’articles d’Albert Camus sur l’Algérie, notamment sur la famine en 1939 en Kabylie. Il imagine la pauvreté, la faim, le froid et le labeur imposés très tôt à son père. Puis le déracinement lorsqu’il part travailler en France, notamment à la SNM, société métallurgique de Normandie.

Il tente de raconter l’homme que Mohand Aït-Taleb a été : usé par le travail à l’usine, analphabète, traumatisé dans son enfance par la faim, le travail très jeune pour survivre, puis la guerre. Sa mère, plus jeune que son père, a toujours été mère au foyer et également analphabète.

Il raconte également sa propre enfance au sein d’une fratrie de 9 enfants où il se demande s’il a été adopté, tant il est différent d’eux. Il était un enfant sensible, se réfugiant dans les bibliothèques pour écrire et lire. Il y a de très beaux passages sur le pouvoir de la littérature et le rôle des bibliothèques qui ont forcément résonnés dans ma tête et mon cœur de bibliothécaire.

Il raconte aussi la difficulté de trouver un emploi avec son nom de famille. Il décide alors de changer de nom, Hamid Aït-Taleb devient Xavier Le Clerc. Ce nouveau patronyme lui ouvre les portes des grandes entreprises et de postes de cadre.

Xavier Le Clerc en dit beaucoup en très peu de pages (125), avec un ton calme, apaisé, réfléchi et surtout une très belle écriture, pleine de poésie. A la fin, il adresse une lettre très touchante à son père, mort en 2020.

Un très beau livre à ne pas rater.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Un homme sans titre

cc les amis , ce livre parle de la jeunesse de l'auteur et du passage de l'Algérie a la France . l'auteur nous raconte la vie qu'on eu des milliers de français qui venant d'Algérie se sont retrouver perdu se rattachant a des repères et surtout on y suit la vie de son père qui travail a l'usine pour faire vivre sa famille est qui souffre . ce livre est très bien écris , il est très agréable a lire .ce fus une lecture d'un auteur que je ne connaissais pas mais qui m'a beaucoup plu et je peux vous le dire , n'hésité pas a lire ce livre , il est top . bonne lecture les amis
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Un homme sans titre

Voilà un beau et court livre de 125 pages.



Le mot reconnaissance me vient à l’esprit et, jouant sur les mots comme le fait parfois l’auteur, il s’agit d’une double reconnaissance.

Celle envers un père qui aura trimé toute sa vie pour remplir son devoir d’homme de mari et de père.

Et celle, re-connaissance de soi même pour qui veut bien réfléchir au delà ce qu’il est et ici d’où il vient plutôt que d’être simplement que ce qu’il est.

La différence entre ces deux approches, l’une ouverte à la réflexion donc à la progression, l’autre se suffisant à elle même, restons comme on est, ce qui est on ne peut plus discutable pour les associaux, égocentrés, violents de tout type et autres gracieusetés du même ordre.



Un homme sans titre est le père de Xavier Le Clerc, alias Hamid Aït-Taleb ou l’inverse.



Pour survivre, tu as dû te nourrir de racines, puis ( jouons sur les mots ), te déraciner.



Autre époque, pas si lointaine, autre contrée, la Kabylie où c’était pire qu’ici, la France..



Le père grandit dans la pauvreté en ces jours où parfois on ne mange qu’un jour sur trois le peu qu’il y a. Pas d’instruction, le travail dès que possible, le colonialisme dont l’exploitation frise l’esclavage, la révolte et la guerre d’Algérie, chapitre peu développé dans un homme sans titre.

Puis l’appel de la France en mal de main d’oeuvre. Une vie d’HLM et d’ouvrier où le plaisir ne semble pas avoir droit de cité.



Ajoutons un mariage arrangé avec une jeune cousine comme c’était l’usage, des enfants en nombre, et une photo du père en fin de livre que je regarde en me disant quelle vie, il a fait ce qu’il a pu et il mérite bien cette reconnaissance, valeur dont la société actuelle semble être en manque.



Quelques commentaires.



- Ce souvenir de ce jeune patient dont les grand parents vivaient dans une ferme avec pour seul sol, de la terre et de la paille battues. C’était mieux qu’un repas sur trois mais tout de même. Avant, c’était autrement et ce n’est pas si loin.

- Combien d’anonymes pas plus titrés que l’homme sans titre.

- La mère, aura t elle elle aussi sa reconnaissance.

- Que sait on vraiment de la vie de quelqu’un et doit elle se limiter à ce que l’on en a perçu, fut elle celle via le regard d’un fils.

- Le temps qui semble avoir passé trop vite faute d’une écriture d’auteur qui ne s’est pas arrêté sur ces journées où il se passe pourtant tant de choses.

- Le père assis sur son banc, à quoi pensait il ?



L’homme sans titre, c’est aussi quelques éléments de début et de vie de l’auteur.



Un homme sans titre. Le mot reconnaissance me vient à l’esprit et cela est réconfortant. Si les reproches et les règlements de compte sont d’actualité, n’oublions pas tout ce qu’il y a de positif en chacun d’entre nous et tâchons de faire évoluer la vie au mieux plutôt que de nous faire croire que nous détruisons tout.



Le mot de la fin. Une lettre de Xavier à son père Mohand-Saïd, que celui ci n’aura jamais lue mais qui s’adresse à tous. Le réconfort du devoir accompli, c’est bien.
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Un homme sans titre

C’est une histoire de cailloux… Les cailloux jetés au sol dans le tragique jeu de la marelle du sort, « entre les cases de la faim et de la maladie » ; qui s’accumulent jusqu’à recouvrir les routes de la famine, les chemins de la soif et les corps des affamés. Ce sont des cailloux que la terre vomit comme elle rejette ces cadavres qu’elle a avalés, qu’elle a engloutis à défaut de les avoir nourris. Des cailloux qui se mêlent aux ossements, en une accumulation minérale de crânes, fémurs et de vertèbres. Un ossuaire comme cimetière des oubliés. La métonymie d’une déshumanisation, une métaphore de l’indifférence.

Comme des cailloux, ils sont ensevelis. Comme des cailloux, ils seront piétinés. Elles étaient des graines, semées dans la douleur, qui par les souffrances ne germeront pas, se durcissant, s’asséchant, se calcifiant. Elles seront les graines du déracinement. Elles seront les cailloux jalonnant la route de l’émigration, déterminée par l’errance, conditionnée par la misère, prédestinées par les marches et les quêtes. Foulée par les corps de ceux résignés à survivre dans un ailleurs toujours plus lointain. Par les âmes condamnées à la dépossession, coupables de ne rien posséder.

C’est une histoire de cailloux… Les cailloux déposés sur le chemin des voyages immobiles. Jalonnant les méandres de la mémoire, en errance sur la route des souvenirs. Ils sont le nom, le verbe ou l’adjectif qui orientent le chemin des souvenirs. Ils sont les mots qui remontent le fil du temps, qui relient un fils à son père. Offrant par sa poésie l’infini de l’immatériel à celui qui fut dépossédé de tout, par sa prose l’immensité de l’éternité à celui qu’on voulut oublier. Offrant par la littérature le destin d’un homme au monde, quand celui-ci n’eut de cesse de l’effacer.

Dans un texte dont chaque mot est un caillou déposé dans l’esprit des lecteurs pour nous guider dans notre mémoire universelle, sur le chemin de notre Histoire commune.

C’est une histoire de cailloux…

« Un homme sans titre » est un texte bouleversant, dont la puissance tient de sa douceur, dont la force tient de sa beauté. Par une prose poétique délicate et percutante, Xavier Le Clerc évoque le destin de son père dans un récit de la dépossession. De la famine sévissant dans sa Kabylie natale à la misère sociale et économique étreignant sa vie en France, la vie Mohand-Saïd Aït-Taleb fut celle du dénuement. Par ses mots, son fils rend hommage à son courage, tout en abordant subtilement les problématiques d’émigration, d’intégration et d’injustice. Et affirme la puissance de la littérature dans ce qu’elle ouvre la voie de la survie. De la vie.
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Un homme sans titre

Pour moi cet essai de Xavier le Clerc, à la gloire de son père est un petit bijou d'authenticité et courage de la part de ce fils rejeté du cocon familial parce qu'il est homosexuel et très cultivé.



Il a retrouvé l'enfance de son père, Mohand-Saïd Aït-Taleb dans un petit village de Kabylie, grâce aux textes d'Alber Camus, « Misère en Kabylie » écrit en 1939 . Son grand père est mort pour la France à Verdun et son père en 1940 en défendant le sol français contre les nazis. Cet enfant mourait de faim dans son village de Kabylie, mais il ne l'a jamais raconté à son fils. Celui-ci en a compris toute l'horreur en découvrant les articles d'Albert Camus, il s'appuie donc sur ces textes pour nous dévoiler ce que son père a vécu enfant. Pour la suite, il puise dans ses souvenirs pour retrouver qui était ce père ouvrier toute sa vie à la SMN à Caen . le portrait de son père est très bien rendu : cet homme était la dignité même et l'obéissance personnifiée, jamais un mot de révolte et une lutte incessante pour sortir de la misère sa famille. Les seuls moments de joie, en particulier pour sa mère , ce sont les retours au pays où la famille semble riche aux yeux des plus pauvres qu'eux. Comme tous les immigrés, ils étalent leur soi-disant richesse et cachent toutes les difficultés de leur vie en France.



Puis l'auteur évoque sa propre enfance, complètement séduit par la langue française, il fréquente de façon assidue la médiathèque et écrit des poèmes. Peu à peu sa différence creuse un fossé entre lui et sa famille.



À la préretraite trop tôt arrivée , son père va s'enfermer dans le silence. Et enfin l'auteur explique pourquoi il a traduit son nom en français : grâce à cela il a obtenu un poste de cadre important dans le monde du luxe . Hamid Aït- Taleb malgré ses deux masters n'aurait jamais pu obtenir le poste pour lequel Xavier le Clerc a été si facilement recruté !



Le titre de cet essai vient du seul papier que son père a gardé toute sa vie : sa carte d'ouvrier à la SMN. le fils trouve que ce père qui n'a aucun titre les mérite tous tant il a franchi avec une belle dignité les difficulté de sa vie. J'ai tout aimé de ce livre et je ne peux que vous le conseiller.



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Un homme sans titre

Ce livre réunit le ton de la confession et l’apaisement de la lecture. Xavier Le Clerc est le narrateur et un lecteur. Ces deux attitudes, ces deux postures face à la réalité accentuent du décalage existant entre le fils et son père, entre l’auteur et cet homme sans titre.

Le reportage d’Albert Camus permet à Xavier Le Clerc de combler sa méconnaissance sur l’Algérie, sur les conditions de vie et de pauvreté des habitants de Kabylie. Les informations fournies par le reportage montrent surtout tout ce que le père n’a pas transmis à son fils, tout ce qui s’est tut entre les deux générations. Le fils met en mots la vie de son père. Xavier Le Clerc compose une biographie indirecte, imparfaite, faite par les mots des autres, au début en tout cas. L’auteur devient témoin quand il peut se rappeler du vécu, de son père travaillant et toujours accablé par la pauvreté et les fins de mois. C’est toute la deuxième partie du XXè siècle qui se déploie sous nos yeux, dans le quotidien de cette famille. Au cœur de cette famille reste le mystère d’un homme devenu objet d’observation et de questionnements.

Le livre est passionnant par ce mystère, par la foule d’hypothèses qui envahit l’esprit du fils pour comprendre et atteindre son père. Page après page, on voit ce qui les sépare, de l’incompréhension, une incapacité pour le père à raconter et donc à voir sa vie en face. Comme Camus face à la Misère de la Kabylie, Xavier Le Clerc regarde sa réalité la plus proche, la plus familière et la plus inconnue. Par son biais, on voit ce qui peut être nommé, ce qui ne peut pas l’être, ce qui peut prendre sens ou pas. A travers ce portrait social, on perçoit ce qui pèse sur l’Homme moderne : l’Histoire et sa tragédie, les codes de réussite de la société, la difficulté de dialoguer et le recours à la colère.
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Un homme sans titre

Un livre simple et puissant. L'auteur nous raconte avec ses souvenirs d'enfant et les recherches qu'il a pu faire, l'histoire de sa famille depuis les horribles famines en Kabylie, les aciérie du nord de la France, les cités HLM, la pression sociale et le communautarisme, la liberté (le salut?) que lui a offert la lecture dans sa bibliothèque municipale...



Le chapitrage court et l'écriture percutante en font un livre très agréable et rapide à lire. Le ton est détaché juste ce qu'il faut pour ne pas (trop) tomber dans l'emphase et le larmoiement. Pour qui est familier de la sociologie (notamment bourdieusienne), l'histoire que raconte l'auteur est un "cas d'école", très intéressant.



J'ai adoré, je recommande !
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Un homme sans titre

J’ai entendu Xavier Le Clerc sur France Inter. J’ai vu le sourire de mon libraire qui réceptionnait « Un homme sans titre ». J’ai acheté le livre. Et j’ai très bien fait !



Xavier Le Clerc partage son histoire familiale, depuis l’Algérie jusqu’à la France et à travers elle, celle « de tant d’ouvriers qui ont reconstruit la France d’après-guerre ». Il suscite une réflexion sur l’intégration, la reproduction sociale et l’identité.



Ce livre est d’abord un magnifique hommage à son père.

Né dans une Kabylie pauvre et affamée, il partira en France en 1963 pour y devenir ouvrier sur les chantiers et à l’usine de la Société Métallurgique de Normandie. Père de 9 enfants, il s’est tenu droit, « à l’ombre des hauts fourneaux », pour faire vivre sa famille.

Que faut-il avoir vécu pour « se rouler dans sa peur », terrorisé par « les chiens, les prises électriques et les couteaux » ? Comment rester digne quand on n’a reçu que « l’indifférence que l’on réserve aux cailloux » ? Quelle est la « solitude insondable » de celui qui a « appris à se taire et surtout à ne jamais relever la tête » ? L’orgueil peut-il alors « [cacher] un gouffre » ?



C’est aussi le récit de la trajectoire de l’auteur, de son premier nom, Hamid Aït-Taleb à son identité actuelle, Xavier Charles Le Clerc. Lui qui a reçu la « grammaire du manque » en héritage, prendra un virage nouveau, grâce à la littérature, qui l’a construit et à la France, à qui « je dois tout », écrit-il.

Mais quel est le prix de sa différence ? L’incompréhension, la rupture ou les 2 ?



Un livre profond, pudique, sensible.
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