Tout simplement un livre Pittoresque ! avec un vocabulaire florissant et coloré, et des joutes héroïques.
On sourit, on voyage dans la monarchie chinoise.
Attention à réserver à un public averti…
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« La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l'espoir du monde ? »
Léopold Sédar Senghor
Après avoir lu Ombre parmi les ombres, cette citation publiée par Sagesse66 a été une évidence. Elle devait figurer en ouverture de ce petit billet. Je remercie les Éditions Bruno Doucey et Babélio pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une Masse critique, un roman qui m'a appris beaucoup. De la vie dans le camp de Terezin au travers des yeux d'un gamin sensible, mais également de celle de Robert Desnos, ses dernières heures et ses songes qui renvoient le lecteur à des bribes de sa vie passée. J'ai été très touchée et émue par cette double découverte. Le théâtre dans ce camp décrit par ce petit gars qui n'a plus rien que les yeux bleus de Desnos, des petits poissons libres comme l'air que rien ne peut emprisonner, sauf une paupière. Mais reste ses textes et c'est un bel hommage qui lui est rendu par Ysabelle Lacamp, mettre un poète avec un enfant. Tout l'espoir du monde.
« Qu'il aurait aimé être un mot, libéré du temps, de la pesanteur, de la réalité ! Une petite balle lisse et facétieuse bondissant dans l'espace ! »
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je vais essayer de faire un peu plus long que la lecture de cet ouvrage .
Capitales oubliées est une collection qui traite des ...capitales oubliées .
Et Luang Prabang, Laos en fait partie. Une aubaine.
Après trois pages de texte qui résument succinctement l'histoire de cette ville, on est parti pour quelques clichés en noir et blanc et basta cosi...
Voilà, voilà. On sent l'élite quand même .Pas une carte , débrouille toi avec tes connaissances , Luang Prabang ce n'est pas au programme en CM2 dans votre pays ?, et un texte intéressant certes mais très réduit.
Les photos ?
Belles ? je ne sais pas , le noir et blanc peut être envoutant, peut magnifier mais ici il nous prive des couleurs de l'Asie, des dorures des temples , de l'orange des bonzes...
Bon , voilà, je suis poli , je mets la moyenne mais pas sur que je garde un souvenir impérissable de cette ville , qui pour le coup va bien coller au titre de la collection.
Après , une livre de 1995 non référencé sur Babelio aurait dû m'alerter... Mais il ne trompe personne . En plus, il y a marqué Ministère de la culture en bas de la page d'accueil, faut quand même être con pour croire que cela pouvait cacher un trésor...
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Sur fond de la Guerre de Corée qui dura trois ans (1950/1953) et "dont le nombre de tués chez les Chinois et les Nord Coréens ne put jamais être vérifié, tout comme les pertes civiles dans les deux camps" ;
Les auteurs nous font vivre le destin tragique d'une jeune Coréenne, Yumi.
Yumi qui va perdre toute sa famille et trouver l'amour auprès d'un jeune reporter photographe Américain.
Un destin de femme bouleversant et d'une désespérance sans nom.
Rien ne lui sera épargné, méprisée, violée, droguée
à l'héroïne pour mieux être exploitée ;
Elle puisera ses dernières forces pour donner un avenir à leur petite fille.
Une très belle histoire d'amour à travers le feu de la guerre et la folie des hommes.
Son sang de colère
après mille ans,
deviendra jade
sous terre.
LI HO
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Toi le poète au beau regard hypnotisé
Et moi enfant de Terezín rescapé
Une rencontre un lien si bouleversant
A ton chevet j'écoute ton délire émouvant
Tu vogues en chuchotant sur l'eau des souvenirs
J'ai si peur que la mort efface ton sourire
Robert Desnos, ce nom à jamais dans mon coeur
Ta main une dernière fois effleure une petite fleur...
J'ai été très émue par ce texte intense et inspiré d'Ysabelle Lacamp: elle imagine que les chemins d'un enfant juif survivant du camp tchèque deTerezín et de Robert Desnos, abandonné par les Allemands, avant leur déroute ,affaibli ,sans doute atteint du typhus, se croisent.
Leurs voix fusionnent, l'une pour dire l'horreur du camp, vue par un enfant qui tente de survivre, l'autre, de plus en plus ténue, pour rappeler des bribes de vie, les séances d'hypnose chez André Breton, les fugues de Youki, l'amour impossible pour Yvonne, la résistance toujours, le désir de liberté toujours.
Un poète nous est restitué avec délicatesse et passion, même s'il est un peu rêvé par l'auteure, un poète dont l'humour, l'auto-dérision auront jusqu'à la fin été " l'ultime diversion"...
Visionnaire tourné vers ses images intérieures, Robert Desnos restera pour moi au-delà de sa fantaisie surréaliste, l'homme des amours impossibles, celui qui me bouleverse dans des poèmes comme " À la faveur de la nuit" ," A la mystérieuse" ou " Le dernier poème".
Le 5 juin 1945 s'envola une belle âme qui aurait pu effectivement s'écrier:" écoute, écoute la poésie, elle est vraiment le cheval qui court, qui court, qui court au-dessus des montagnes"...
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Ce court et magnifique roman fait revivre le poète surréaliste et résistant Robert Desnos à partir des derniers jours qu'il a vécus dans le camp de Terezin (ou Theresienstadt), à 50km de Prague, où les allemands l'avaient laissé, malade, en avril 45, dans leur fuite devant l'armée soviétique. Extrêmement affaibli après son transfert dans des conditions dramatiques depuis le camp de Flöha en Saxe, sans doute atteint du typhus, Desnos mourut dans ce camp quelques jours après que les nazis l'eurent abandonné aux mains de la Croix Rouge. Au cours de certaines séances de rêves éveillés qu'il avait vécues avec André Breton et le groupe des surréalistes, Desnos avait, dès les années 20, prophétisé son départ et sa disparition en camp de concentration, comme le rappelle le poème d'Aragon "La complainte de Robert le Diable", mis en musique et chanté par Jean Ferrat :
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
Ysabelle Lacamp imagine que Desnos se lie d'amitié avec Leo Radek, un enfant juif d'origine tchèque, rescapé de ce camp de Terezin d'où des convois partaient régulièrement vers les camps de la mort. Aussi en même temps que nous revivrons, par des flashs sur le passé, certains des moments de la vie du poète, nous apprendrons aussi l'histoire de ce camp qui a eu une place à part dans la logistique de la "Solution finale".
J'ai trouvé vraiment superbe la construction et le style de ce roman, mêlant des poèmes de Desnos à la narration, elle-même particulièrement poétique, chargée d'émotion et aussi d'horreur à l'évocation de ce qu'ont subi Desnos, son ami Leo et leurs camarades, mais aussi (et c'était une gageure !) pleine de fantaisie et d'humour, ces deux derniers traits étant intrinsèquement liés au poète. C'est pour moi un magnifique hommage (ou "tombeau") qu'a su écrire Ysabelle Lacamp à l'un des plus grands poètes du XXe siècle.
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« Le baiser du dragon ». Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Ysabelle Lacamp, de mère coréenne, licenciée de Coréen et de Chinois nous offre là un best seller pour le moins atypique dans ces années 80…Anaïs Nin, peut-être ?
A noter les commentaires de l’époque :
« Truculent ! Un livre hors du commun, au vocabulaire riche et imagé, truffé d'orgies rabelaisiennes et de batailles épiques. A lire pour rire et voyager au pays des Royaumes Combattants. »
C’est dire…
Nous sommes dans la Chine du Sud, au Xe siècle. Le seigneur Tsao est en route pour livrer un précieux chargement à son Roi ; en fait des cassettes remplies de perles. Il fait halte sur ses terres. Bien sûr, le colis attirera les convoitises ; et au milieu de tout ce beau monde, Tigre Hilare, Passion Eteinte, Triton Flageolant, Etron pensif… j’en passe, évolue l’ingénue Shu-Meï en révolte quant à la condition faite aux femmes…
Une aventure échevelée, picaresque, dans un style « fleuri » qu’on attribue volontiers aux écrivains asiatiques. On est pas dans du Bodard, non... certes non… Mais c’est frais, enjoué, érotique (voire limite porno)… une parenthèse à placer entre deux lectures plus « sérieuses »…
A réserver néanmoins à un public (comme on dit) averti.
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J'ai tant rêvé de toi...
J'ai tant rêvé de toi
que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser
sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi
que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine
ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et
me gouverne depuis des jours et des années,
je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi
qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres
que les premières lèvres et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi,
tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me
reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les
fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.
//Robert Desnos (1900 - 1945) , À la Mystérieuse.
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De longs sanglots résonnent encore aujourd’hui dans cette Tour de Constance érigée dans la ville d'Aigues-Mortes.
Depuis la « Révocation de l’édit de Nantes » en 1685, on y avait enfermé un nombre important de femmes. La plus connue d'entre elles, s’appelait Marie Durand et fut prisonnière de 1730 à 1768, soit trente-sept longues années dans cet endroit lugubre et humide.
Mais qu’avaient-elles donc fait pour qu’on leur inflige une sentence aussi monstrueuse et cruelle ?
C’est ce que nous raconte dans son livre Ysabelle Lacamp, que leur seul crime était d’avoir épousé une autre religion, celle du protestantisme.
Ce fut encore une très sombre période de notre Histoire avec cette Eglise Catholique qui se voulait unique et la seule officielle.
Et pour enrayer et anéantir tous « hérétiques », des cathares, des vaudois, des juifs aux des Templiers, en passant par les protestants bien sûr, n’hésita pas à employer la force, la violence, la torture et les assassinats.
Et c’est le terrible constat que je fais, avec toutes ces guerres qui font rage aujourd’hui dans le monde. Tous ces peuples, de confession religieuse différente, qui se saignent entre eux.
Des peuples soutenus et armés par un occident cupide qui entretient le chaos dans leur propre intérêt.
Le monde est entré dans une ère d’une très grande violence et les persécutés de la terre n’ont pas fini de souffrir…
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Le Baiser du Dragon est un roman presque inclassable. Nous sommes en Chine, un peu avant l'an mil. D'un côté nous avons Tsao, seigneur chinois et son ingénue de fille Shu-Meï. De l'autre, le Robin des Bois de l'époque, Long-Jian surnommé le "Dragon du Shandong", et ses comparses. Le premier détient des pièces d'or destinées au "roi", le second a décidé de s'en emparer.
Il est vrai que de prime abord, la foultitude de personnages, chacun présenté sous des surnoms les plus pittoresques (Etron Pensir, Talent Modeste, Pluie Opportune, Galop d'Enfer, Raton Frisé, Triton Flageolant,...), n'aide pas à rentrer dans le récit. Mais une fois passé le cap des trente premières pages, l'histoire se déroule avec beaucoup de fluidité.
L'auteure nous balade avec truculence et irrévérence dans une Chine ancestrale où la luxure n'était pas le dernier des hobbies.
Ysabelle Lacamp s'est ainsi amusée à trouver des dizaines et des dizaines de métaphores pour désigner aussi bien le sexe masculin et féminin, que l'orgasme ou la sodomie.
Ajoutés aux surnoms tragi-comiques de tous les personnages et aux nombreux adjectifs dont l'auteur use avec abondance, toutes ces métaphores rendent le roman très "visuel" et oserais-je le dire... jouissif tant l'humour est subtil, intelligent, pétillant.
On retrouve dans le Baiser du Dragon un peu de Xiangsheng, cet art folklorique chinois qui consiste à user de la plaisanterie graveleuse, de la caricature, de l'insolence pour faire rire et parfois passer des messages depuis des Dynasties. Ysabelle Lacamp, pour son premier roman, a donc tenté et parfaitement réussi un véritable coup de maïtre.
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En choisissant ce titre évocateur « L’éléphant bleu », je voulais une lecture qui me fasse oublier la noirceur de « Sans l’ombre d’un témoin ». Mais ce qui était un bon début pour l’histoire d’une jeune Thaïlandaise de bonne naissance à Londres s’avère, vite, être un roman médiocre basculant dans l’obscène et du coup j’ai détesté.
Ce roman ne fera pas le voyage
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Ce roman historique est surprenant. Je ne reviendrai pas sur l''histoire.
C'est un roman à la fois envoûtant et repoussant. Le langage est très truculent et imagé, mais les scènes de violence et nombreuses scènes de sexe m'ont un peu rebutées bien que celles-ci ne manquent pas d'humour. Bien sûr , me direz-vous, la violence était du fait de l'époque. J'avoue aussi que je me suis perdue dans les noms des personnages et ça a gêné ma lecture.
On s'attache aux personnages la jeune Shu-Meï grandie trop vite, pleine de volonté, de fierté et de courage et Long-Jian, bandit au grand coeur.
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Le baiser du dragon !
Je vois que j'inaugure le pavillon des critiques en ce qui concerne ce roman, et je m'en fais un plaisir ^^ J'aimerais bien en convaincre de le lire...mmm... Voilà ce que serait mon appréciation de ce livre (je trouve absolument génial ce site pour ça :D )... -Seul petit défaut à celle-ci, c'est que je vais vous la faire de mémoire puisque j'ai lu ce livre il y a plusieurs mois, mais je me souviens quand même de l'essentiel- c'est un roman d'amour et de guerre absolument génial, même s'il n'y paraît pas au premier abord par la rudesse des scènes de sexe que l'auteur raconte assez fréquemment et de manière tellement animale et cru mais en même temps tellement banale et presque automatique que c'en est très drôle.En plus c'est écrit au présent, ce que je trouve absolument génial. En dehors de tout ça, ce sont les légendes d'une Chine médiévale, de héros rebelles et mysterieux, d'amitié, d'amours impossibles et de paysages à travers les vertes collines qui nous transportent dans l'histoire.
Voilà, j'ai dit pourquoi j'aimais ce livre et j'espère avoir donné envie de le lire à d'autres. Ensuite, on peut reprocher comme je l'ai dit l'écriture cru de l'auteur, mais moi je dirais juste qu'elle ne mâche pas ses mots, c'est tout.
J'attends vos critiques ! (alleeeeez plus qu'un demi-siècle et j'en aurais peut-être une ou deux. Du courage !!! ^^)
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Ce livre fait parti des livres que j'ai le plus apprécié et qui m'ont beaucoup touché.
Pour commencer, ma critique; Je vais citer une citation du livre, que je trouve magnifique, parce qu'elle a très bien su résumer tout le livre.
"Ainsi, je venais de perdre mon PREMIER AMOUR, celui qui marque le plus douloureusement; sans doute parce qu'à mon âge, stupidement, on a la naïveté de le croire éternel. Mais s'il était vraiment éternel l'appellerait on encore premier ?"
Une adolescente, Trop parfaite...incomprise, sensible, perdu et plongée dans son adolescence noir et douloureuse, qui tombe amoureuse de l'ami de son père, elle trouve en lui, ce refuge dont elle avait besoin, "Il suffisait que sa porte s'ouvre et que je me réfugie dans ses bras pour oublier ce brouillon de culture grouillant de mensonges qu'était devenue mon existence."
A tout cela s'ajoute, une naïveté d'adolescente, qui touche énormément le lecteur.
Un voyage intérieur, cauchemardesque mais fort instructif.
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Tout au long de ces pages, Isabelle Lacamp fait parler Desnos et ses amis, fait émerger les souvenirs. Il évoque sa vie d’avant, les surréalistes, Breton ou Aragon, Yvonne la tant aimé qui le lui a si mal rendu, Yvonne et l’opium qui balaie toute dignité mais aussi toute souffrance, Youki la si belle qui sera son dernier et grand amour, et tous ses amis qui l’attendent et qui l’espèrent.
Un roman émouvant et optimiste parce qu’il nous insuffle de l’énergie et par la leçon de vie que nous donne Robert Desnos.
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« Ainsi, je venais de perdre mon premier amour, celui qui marque le plus douloureusement : sans doute parce qu’à mon âge, stupidement, on a la naïveté de le croire éternel » Sarah passe par de douloureuses épreuves. Sa maladie, son premier amour, ses relations familiales. Une histoire touchante sur le passage à l’âge adulte.
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Ce roman nous plonge dans les maquis de la résistance dans les Cévennes. Ces maquis constitués de résistants français mais également de beaucoup d'étrangers venus combattre Franco pendant la guerre d'Espagne, notamment des allemands juifs où opposés au nazisme. C'est le cas du personnage principal, Werner, qui s'est évadé du camp des Milles (camp d'internement situé prés d'Aix-en-Provence). Sur les pas de Werner, on découvre la complexité des groupes de maquisards, avec l'apport des étrangers dont on ne sait pas s'ils sont loyaux où s'il sont des collaborateurs infiltrés. On se rend compte également que l'opposition à l'envahisseur ne s'est pas limité aux actions violentes, Werner exerce ses talents de dessinateur, dans les publications de la résistance en caricaturant les officiers, les dignitaires nazis, et le führer. Les atrocités commises par les nazis, ainsi que par les miliciens, s'opposent au soutien de la population pour les résistants. Parallèlement à ces histoires de guerre, se trame une histoire d'amour entre Werner et Elise, et des histoires de vie. Toute la première partie du roman m'a semblé confuse, il m'a fallu du temps pour y pénétrer, mais il devient passionnant lorsque les maquisards affrontent les convois allemands. On peut être surpris par l'écriture d'Isabelle Lacamp qui a truffé son texte, probablement pour faire régional, de mots de patois et employé pour appuyer son propos des métaphores parfois douteuses.
Un des buts de la littérature est de susciter des interrogations. Sur le site internet du camp des Milles dans lequel de nombreux artistes étrangers juifs ont été internés, on découvre parmi les peintres et dessinateurs qui y furent emprisonnés, un certain Werner Laves qui a probablement inspiré le personnage de Werner du roman. Cette découverte a rehaussé mon appréciation du roman.
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En lice pour le Prix Hors Concours 2018 (Gaëlle Bohé) ce récit est un pan d'amour à l'orée de ce temps poétique où la douleur de vivre semait des morceaux de verre sous les pas des hommes. Elle est belle l'écriture d'Ysabelle Lacamp. Douce et empreinte de ce souffle qui appelle l'autre à l'aide par l'art du mot ciselé en délivrance à venir. Robert Desnos est ce grand poète aux vers fraternels et purs, caresses sur le front de l'enfant de Terezin. Sauveur, allié d'une fleur qui pousse sur les barbelés de l'horreur, ce sage, ce soldat de tendresse, sanglote de froid, de rage, d'impuissance, de souffrance, lui le donnant. Ce récit est lumière. Il est plus que cette bouée de sauvetage qui s'égare en pleine mer barbare et folle. Il est ce que la nuit doit au jour vaillant et endurant. Cet hymne fondateur est une bataille, la fraternité contre la haine. Les mots d'Ysabelle Lacamp sont feux et forces, piliers et endurance. Robert Desnos de loin, de près, entre les lignes porteuses de sens est osmose avec cette écriture qui écarquille le Verbe à l'aube inspirante. L'enfant rescapé, l'unique symbole de ce qui résiste au glas du malheur est ce regard qui affole et qu'on voudrait protéger et vite. La barbarie, tache d'encre sur la page noble, foudroie en plein vol, le mot survivre. La force littéraire, magnificence de ce récit, étouffe le mal par sa puissance. L'ampleur humaniste de ce récit gagne sur la barbarie, sur le sang fou des tortures intestines. Ce récit est notre Histoire. Robert Desnos est ce pas de côté cher aux êtres de courage. « le chant du coq est –il vraiment mort ? » « Ombre parmi les ombres » est beau à pleurer. Ses couleurs sont celles de l'engagement, de la formidable générosité d'un homme qui donne le verbe en nourriture pour l'enfant de Terezin et bien plus que cela encore. « Les petits êtres de Terezin »(Page 114) ne tremblent plus. « Ombre parmi les ombres « est un hommage, une mémorielle reconnaissance. Ce récit est de l'or pur. Personne ne peut froisser le langage courageux et noble de l'auteure si attentionnée au vivant des mots. Ils assemblent l'épars et font oeuvre de rédemption. Publié par Les Editions Bruno Doucey, indispensable, bénéfique, ce récit est à apprendre par coeur.
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