Citations de Yves Navarre (259)
Abel avait besoin de me regarder droit dans les yeux pour retrouver quelque espoir, pauvres humains, braves bipèdes qui traînent le boulet de leur Raison, qui croient tout savoir de tout et qui se sont reconstitués une jungle et des lois qui pour créer des justices créent encore plus d'injustices.
Abel souvent écrivait, on n'atteint jamais la conscience de quelqu'un.
Un chat, c'est tant de vies en une vie.
Les humains, bipèdes, ne sont capables que de cruauté comme si c'était là l'unique manière de mesurer leur humanité. Régulièrement, cycliquement, ils croient se libérer, ils se targuent de toutes sortes de révolutions.
En fait, on n'écrit que pour se sentir libre. L'espace des pages n'a pas de frontières. Mais, dès qu'on lève les yeux, mieux vaut être chat qu'humain, animal que doué de Raison.
Regardez un chat dans les yeux. N'oubliez pas qu'il a déjà vécu. Il est pleinement conscient. Il n'est pas uniquement servile. Même s'il est dépendant.
En cela il était chat, frère et copain, plus qu'un ami, un peu moi-même, et moi un peu de lui. Je sais le risque que je prends à formuler de telles affirmations mais être soi est la définition même de la nature-chat, Ma nature, Mon moi.
Combien de fois me suis-je entendu dire « ce chat, il ne lui manque que la parole ». Qu'en faisaient-ils de cette parole, eux ?
Le sous-vêtement, ou vêtement dit de contact, était resté dans le sac et son parfum pour quelques voyages et transports encore m'accompagnera. les chats, aussi, ont de la nostalgie. Celle-là n'est pas forcément rétrospective. Elle peut parler au présent, indiquer.
Si elle avait été chatte, je l'aurais aimée d'amour fou et j'aurais été terriblement infidèle pour le seul plaisir de toujours revenir vers elle, comme vers l'unique et irremplaçable, afin de lui dire pleinement, au butoir, qu'elle était la plus idéale et réelle. Mais elle était femme et je n'étais que chat. Je dus me contenter des caresses et des « poutous ».
Moi, en sphinx, toujours à portée de la main, en ordre également, j'attendais la caresse, la parole ou le regard. Ce fut une belle histoire. Et les belles histoires se terminent mal, la mort de l'un ou de l'autre. Ce sera moi.
Une vie de chat : tirer le meilleur parti possible de la vie et pas de sentiment inutile. Je sens, ici, à ces lignes, que je m'enferre. Chaque mot que j'écris aggrave mon tort, mon ridicule et mon attachement.
On rêve d'une vengeance qui se produirait d'elle-même, sans que l'on puisse être accusé de quoi que ce soit, stratagème, préméditation. Les chats ont pour eux l'innocence et le silence, une perfidie. Ils savent attendre.
Les chats ne meurent que dans l'esprit de celles et de ceux qui n'osent pas aimer ou s'aiment trop pour savoir écouter un silence.
Ce roman écrit par le chat Tiffauges est un chant d'amour, et d'humour, à ses épouses et à son maître. C'est aussi et surtout, un chant de tous les jours, une vie de chat, rien qu'une vie de chat, et ce n'est pas rien, du début à la fin.
Voici un roman de chat écrit par un chat. Oui, les chats savent écrire. Parce qu'ils savent se taire, observer, écouter et donner le meilleur d'eux-mêmes, rien que le meilleur. Le chat Tiffauges écrit donc, ici, le roman de sa vie. Il dit « je », ce qui en principe est le privilège des humains, bipèdes, doués de Raison.
C’est l’histoire de Loudenot Denise qui aurait tant voulu qu’on lui donne tout de suite le coup de grâce, et qu’on lui fasse de naissance le coup du lapin. Il y a de la ferveur à parler ainsi. Les peines de vie, à l’usure du temps, ne sont pas forcément térébrantes, ponctuelles, lancinantes, mais peuvent couvrir, envelopper, et deviennent l’habit du temps quand on ne compte plus les ans. (Page 49)
Et tout commence vraiment quand tout se termine. Pour un regard échangé , à ce moment là, nous aurions pu peut-être nous parler et commence à nous connaître. Mais je sentais Duck tourmenté par les histoires qu'il n'avait pas encore vécues, et rebelle à celle, unique, que nous aurions pu vivre. Ensemble.
Ils ont joué au papa et à la maman, ensemble, c'est tout. Il a fait des affaires et elle a fait des enfants. Et ils ont oublié de se rencontrer. Il faut dire que les décors et les acteurs de leur vie s'y prêtaient, leurs orgueils aussi. A se refuser toute tendresse et toute compagnie, on peut si facilement vivre ensemble, sans jamais vivre vraiment ensemble. Ils ont donc fait comme leur papa et leur maman, leurs grand-papas et leurs grand-mamans. Et Françoise, souveraine, ferait de même avec Xavier. Et, les années passant, Sylvie deviendrait pire et plus réussie que sa sœur. Et Sarah aurait un enfant. Pierre l'épouserait, et tout commencerait pour eux, comme pour tous, comme avant.
Et quand Jacques est mort, ma vraie douleur fut de penser qu'il ne serait plus là pour me guider. Je n'avais que sa connivence et son humour. C'était, comme disent les dames qui ont oublié d'être sensibles. Ma raison de vivre. Donne-moi la main.