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Citations de Yves Navarre (259)


En fait on écrit que pour se sentir libre. L’espace des pages n’a pas de frontières.
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Yves Navarre
Je sens qui me lit : les lecteurs de romans, les derniers des Mohicans. Ceux encore capables de faire un effort, l'effort du corps à corps avec la page.
Je n'ai pas de lecteur de marge.
Je n'aspire pas à cet "avoir". Je "suis" lu. Etre.
L'écrit s'adresse à une cible. Fric. Mensonge. Panurgies.
Pas l'écriture. Histoire d'amour. Etre ce que l'on est.
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Abel posa un sac, sa valise et ouvrit un petit panier d'osier "je vous présente Tityre". Tiffany prit la fuite particulièrement vite. Une rivale? Ce nouveau Tybalt était donc, encore une fois, une fille mais elle gardera son nom de garçon, "on n'a jamais très bien su" dira Abel avant de se mettre à réciter en latin un poème, l'histoire d'un berger distrait par le vent, dans les arbres. Au fond du panier d'osier, une toute petite chose, une toute petite boule, une merveille à venir, une autre compagne.
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Elle parle comme elle peut, avec des mots auxquels elle tient, comme elle tenait son baluchon, au centre d'accueil d'Alscall, près d'Hendaye, en août 36, quand Monsieur était venu les choisir. Lucio et elle s'étaient mariés un mois auparavant, dans l'église de Palos de Moguer, au sud de l'Andalousie, près de Cuelga, si tôt le matin, à peine le temps de la bénédiction et de l'échange des alliances, puis, au sortir de l'église, le départ, non pour une noce mais pour une fuite vers le nord, par les plateaux d'Estrémadure, ceux de Castille, jusqu'en Navarre et la frontière, des centaines de kilomètres à pied ou accrochés à des camions, Lucio chantait en la tenant par les hanches "el viento galàn de torres prendiendola por la cintura", le vent galant des tours la prenant par la ceinture.
Lucio et elle ne s'étaient pas encore autrement touchés quand Monsieur s'était approché, en souriant, et leur avait demandé leurs noms. Monsieur n'a jamais compris ça, la fuite avant l'étreinte. Il choisissait un couple, c'est tout. Un jour plus tard, à Palos de Moguer, les guardias auraient passé Lucio par les armes. Les ouvriers de la corchotaponera S.A de Lepe venaient de se joindre à ceux de l'usine de pyrite et de se rebeller. Tous étaient recherchés.
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Il ne fallait plus inviter Untel, Untel et Untel. Ne plus voir ceux-là . Refuser toutes les invitations de telle ou tel parvenus.
Lucy se fâchait un peu. "Mais moi, qu'est-ce que je suis, moi ?".
" Tu es Lucienne de Carpentras, une autre Gabrielle d'Estrées."
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Des milliers d'émigrés avaient défilé, plusieurs centaines avaient disparu, des corps avaient été retrouvés dans la Seine et la presse muselée avait tu l'événement.
Le préfet de police avait déclaré "je n'ai pas le début du commencement d'une ombre de preuve".
Seul, ou presque, contre tous, un député avait déclaré à l'Assemblée nationale " La bête hideuse du racisme, que les civilisations, que les institutions ont tant de peine à refouler au fond du cœur de l'homme et de son esprit et de la raison, la bête hideuse est lâchée.
Vite, monsieur le ministre, refermez la trappe."
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J'ai toujours eu peur des éditeurs. Pour dire "oui", ils se taisent. Ils ne parlent que pour refuser. Refus du "Petit Galopin de nos Corps" par Flammarion alors que je désirais revenir chez eux après la blessante et nulle expérience de la publication de "Niagarak" chez Grasset. Tout ce qu'ils trouvent à me dire, au cours d'un repas, fin août 1976, fut, par la voix d'un de leurs directeurs littéraires, "ce n'est pas le roman que nous attendions de toi".
Mais quel roman attendaient-ils de moi ? Quel autre roman attendent-ils toujours ? Que veulent-ils me faire dire, fascisme ordinaire, répandu, habituel ?
Et ce refus de "Le Temps Voulu", trois ans plus tard, autre déjeuner, avec Robert Laffont qui venait de publier, sans conviction réelle ou bien, plus proche vérité, dans l'idée d'échec ("Navarre s'est trop fait d'ennemis", "Navarre ne se vendra jamais"), quatre romans, et pour ce cinquième m'entendre dire "c'est dommage que Pierre ne s'appelle pas Martine".
On dit des auteurs qu'ils changent d'éditeurs. On ne dit jamais d'un éditeur qu'il change d'auteur. Prudent, l'éditeur refuse oralement. Il se réserve ainsi le droit de nier ensuite ce qu'il a dit. L'auteur piétiné ne peut être que perdant. On dira de lui qu'il ment.
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L'un d'eux sifflote une chanson. C'est sa manière de dire qu'il est là. Tout les soirs, la même chanson. Un vieux tube des années trente " I shall walk in your back on your wedding day". Je marcherai pas à pas, dans ton dos, le jour de ton mariage...
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Il dira à Henri, le jour du mariage de Claire avec Gérard .
- "avant, on ne parlait pas de moi parce que ça ne marchait pas. Maintenant, on ne parle plus de moi parce que ça marche trop. Dans notre pays, le succès est suspect ".
Romain Leval venait de se suicider. Tout juste deux lignes dans les journaux du soir. Jean avait ajouté "pour Romain, ce fut pire encore. On lui prêtait des succès pour pouvoir les lui reprocher. Leur loi est meurtrière ".
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Les années passent. Je n'ai jamais pu me défaire de l'inquiétude du courrier. J'attends toujours d'elle une lettre de retour. Comme le parfum "Je reviens". Nous avons vu cette publicité, au cinéma, ensemble. Vous m'avez pris la main, à ce moment-là. Sur l'écran, on voyait des couples, très jeunes, très beaux, se réunir dans des restaurants, dans des gares, dans des aéroports, dans la rue. Et à chaque fois, le nom du parfum, "Je reviens". J'avais la main froide, n'est-ce pas ? Vous étiez la jeune femme de ces couples, mais je n'étais aucun des partenaires possibles.
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Mon père est ingénieur. "Dans quoi ?" m'a-t-on demandé mille fois. Je ne répondais jamais. A Lou, j'ai pu répondre enfin "dans la merde". Elle a ri. Je lui ai expliqué qu'il dirigeait une société qui récupère les eaux sales des villes pour en faire de l'engrais. Lou ne riait plus et, plus ou moins gênée, lança un "il ne sera jamais au chômage".
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Je m'appelle Tiffauges. Je suis un chat. J'écris. Comme si quelqu'un pouvait écrire à ma place. C'est moi. Je suis je. Le chat. Un chat. C'est à prendre ou à prendre, pas d'alternative. Vous avez encore le choix et abandonner ce livre. Vous êtes libre. Voici ma vie. Et ma mort. Je m'appelle Tiffauges. J'écris.
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On ne décide pas d'écrire un roman, il survient. Il dévore. Il porte en soi le temps de sa course. Il entraîne. Il piaffe.
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Peur, parce que nous sommes toujours, plus que jamais ?, à nous défendre de nous-mêmes, à nous livrer à des rêves que nous condamnons.
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L'analyste, instable, tout autant que moi, me fait peur.
J'ai trop vécu sur des images de catéchisme : de bons qui sont bons, de prêtres qui sont prêtres, de docteurs qui ne sont jamais malades.
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Tout autour de Condom, des bordels pour curés, moines et bonnes sœurs, tous reliés aux monastères par des souterrains.
Pas un jardin de Condom qui ne soit un charnier de fœtus ou un cimetière religieux. Il suffit de retourner un peu la terre pour trouver de petits os ou de grands ossements.
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Nous sommes tous, à nous souvenir, comme des assassins, les mains ensanglantées.
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C'était une mauvaise pièce. Mais elle se joue encore. Et si nous avions à revoir LE MAÎTRE DE SANTIAGO ou LA REINE MORTE, quel ennui ! Je voudrais revoir LE PARTAGE DE MIDI : ça coule comme de l'eau de source.
Et GODOT, ça me parlait.
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"L'humour sans amour est meurtrier."
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Reste tout ce qu'il y a sur le bureau, le petit cadre surtout, avec la citation de Flaubert que Suzy relit très vite, et à voix haute, en déclamant, comme pour se donner du courage " les bourgeois ne se doutent guère ! Que nous leur servons notre cœur ! La race des gladiateurs n'est pas morte ! Tout artiste en est un ! Il amuse le public avec ses agonies ! "
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