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2.88/5 (sur 31 notes)

Nationalité : Ukraine
Né(e) à : Lviv , 1978
Biographie :

Żanna Sloniowska (Жанна Слоньовська) est une journaliste et romancière.

Née dans une famille d'origine polonaise, elle fait des études à l'Académie ukrainienne de presse, avant de travailler comme journaliste pour la chaîne de télévision NTA.

En 2002 elle part pour la Pologne pour faire des études doctorales à l'École de psychologie sociale de Varsovie SWPS. Elle s'installe ensuite après son mariage à Cracovie.

En 2010, elle est finaliste du concours national du livre de poésie "Świdnica 2010" pour son projet "Conte pour une toute petite fille" (Bajka o bardzo małej dziewczynce).

En 2013, elle publie un album historique "Lwów avant guerre : Les plus belles photos".

L'année suivante, sort son premier roman, "Une ville à cœur ouvert" (Dom z witrażem).

Encore inédit, il avait remporté en 2014 le prix du meilleur roman décerné par la maison d'édition Znak, puis en 2016 le prix Conrad.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Pour moi, le mot « maman » n’évoque pas une image, mais un son. Il commence dans le ventre, passe par les poumons et la trachée vers le larynx, et se coince dans la gorge. « Tu es vraiment nulle en musique ! » me répétait-elle sans arrêt. Alors je ne chante jamais. Pourtant, la voix qui naît dans mes entrailles est la sienne, un mezzo-soprano. Il faut dire que quand j’étais dans son ventre, j’avais l’impression que cette voix m’appartenait, mais une fois dehors j’ai compris qu’elle n’appartenait qu’à elle, rien qu’à elle. Ce clivage musical entre nous a duré onze années , jusqu’à sa mort. Ensuite, longtemps, ça a été le vide, aucun son, aucune couleur, juste un trou au niveau de l’omoplate. J’si découvert en grandissant que c’était elle qui vivait à l’intérieur de moi. Elle qui ne pouvait rien voir. À nouveau, elle n’était qu’une voix, un merveilleux mezzo-soprano. Et moi, je restais en vain devant le miroir, la bouche ouverte, à tenter de la faire sortir.
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Sans doute cette pérennité des objets répondait-elle à la précarité du sort des hommes. Le mari de mémé Stasia, mon arrière-grand-père donc, a été arrêté en 1937 à Leningrad pendant la Grande Terreur, dans le cadre de « l'opération polonaise », après quoi, comme des milliers d'autres, il a disparu sans laisser de traces. Le mari d'Aba, mon grand-père, officier dans l'Armée rouge, a survécu à la guerre, il est parvenu jusqu'à Berlin, puis, vers le milieu des années 1970, il est mort de ce que nous appellerions aujourd'hui une dépression chronique combinée à une cirrhose du foie. Quant à mon père je me demandais s'il avait vraiment existé.
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Aussi, plus les gens manifestaient dans les rues de Lvov, plus fort ils parlaient de choses autrefois entourées de silence, plus elle mettait d’acharnement à vérifier, le soir venu, que nos portes d’entrée étaient parfaitement closes.
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Le 1er novembre de l'année 1918 a été un jour tragique pour Lwów. Le début de l'effondrement de cette ville, telle qu'elle existait jusque-là. Et peu importe l'issue de la guerre. Peu importe qu'il a remportée.
- Il aurait fallu deux villes parallèles, l'une polonaise, l'autre ukrainienne avec deux noms différents, Lwów et Lviv. Est-ce que l'on y a seulement pensé à l'époque ? ai-je demandé. Deux villes avec la même place du marché, les mêmes tramways, les mêmes châtaigniers ? Mais il n'y avait qu'une ville, et c'est pourquoi la guerre a éclaté, pour finir par la séparer en deux.
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Aba s'attendait à être convoquée en haut lieu. Elle m'a avoué plus tard qu'elle avait imaginé la scène des dizaines de milliers de fois. Elle s'était accoutumée à l'idée dès sa plus tendre enfance: à sept ans quand elle vivait à Leningrad, ils avaient tué son père, à presque soixante ans elle vivait à Lvov et ils avaient tué sa fille. Dans l'intervalle, elle n'avait cessé de les haïr, plus ou moins ouvertement. Lorsqu'elle s'était retrouvée ici, en 1944, elle avait décidé de former un mouvement de résistance à elle toute seule: elle réalisait des tracts dénonçant Staline comme un criminel et les distribuait dans les boîtes aux lettres. Je ne comprends toujours pas comment elle a pu échapper à la répression, la seule explication plausible c'est qu'elle bénéficiait de la protection rapprochée d'une escouade d'anges. Elle ne s'était rendue qu'une seule fois dans le fameux bâtiment gris de la place Dzerjinski, peu après la mort de Staline: elle n'avait cessé de les harceler de requêtes officielles concernant son père. En se rendant là-bas, elle avait effacé toute trace de haine sur son visage, passé une couche d'apprêt avant d'y peindre une autre expression, dans le seul but de leur arracher une information quelconque. Elle y avait été accueillie par un commandant au petit rictus cynique. Il tenait le dossier de son père entre ses mains, mais, malgré son insistance, elle n'avait pu l'obtenir. Il lui avait annoncé de manière énigmatique que son père était mort "quelque part dans le Nord". Il avait aussi ajouté qu'elle n'avait plus à porter l'estampille de fille d'ennemi du peuple, les victimes de la terreur stalinienne ayant été réhabilitées. Elle ne connaissait toujours pas l'endroit ou son père était mort ni la date d'ailleurs, ils veillaient à ce que les gens vivent longtemps dans l'ombre de leurs proches sans pouvoir faire leur deuil.
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Depuis toujours, maman, l’histoire est entrée dans nos vies en forçant portes et fenêtres, à présent j’avance sans casque, j’ai cessé de m’en protéger. (p. 239)
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Le mur de Berlin s'effondrait, accompagné dans sa chute par le violoncelle de Mstislav Rostropovitch. Les Polonais participaient à leurs premières élections libres. Les Roumains avaient tué le dictateur Ceausescu. La Lituanie avait déclaré sa souveraineté. Les villes russes commençaient à abandonner leur appellation soviétique.
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Nous sommes l'humus, nous donnons notre vie pour fertiliser la terre, nous n'aurons pas le temps d'en voir les fruits.
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Sans doute était-elle de ces gens qui ne perçoivent la véritable nature du régime dans lequel ils vivent que lorsqu’il se met à lorgner à travers leurs fenêtres. (p. 33)
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Dans la rue Akademicka, il y avait un café, le Sniégourochka, « la fille des neiges », composé de deux salles identiques dans deux immeubles mitoyens, où travaillaient des jumelles monozygotes aux cheveux violets. Elles servaient dans des soucoupes en métal les fameuses glaces plombières à la crème fraîche auxquelles on pouvait ajouter, selon son envie, de la confiture, du chocolat ou des noisettes.
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