Citations de Zoulfa Katouh (151)
-J'avais tellement de rêves, continue-il d'une voix étranglée par la mélancolie. Depuis que je t'ai rencontré, depuis que je suis tombé amoureux de toi, je me rends compte que la vie vaut encore la peine d'être vécue. Qu'on mérite d'être heureux dans cette nuit trop longue.
Il recule d'un pas et me contemple avec une telle tendresse que je suis à deux doigts d'éclater en sanglots.
-Merci d'être ma lumière, conclut-il.
Les yeux rivés au plafond, j'ai l'impression d'avoir un trou béant à la place du coeur. Je ne survis que grâce à quelques bribes de chair encore attachées à mes côtes.
Failli.
Un tout petit mot qui renferme une infinité de possibles, empilés les uns sur les autres comme des cartes attendant que le joueur les choisisse. Attendant leur chance. Je vois défiler des fragments de la vie que j'aurais pu avoir.
Nous vivions dans la peur depuis un demi-siècle, sans oser confier à personne nos envies de rébellion. Le gouvernement nous avait tout pris, y compris notre liberté. Après avoir commis un véritable génocide à Hama, il avait essayé d'étouffer nos esprits, de nous paralyser par la menace de la torture. Mais nous avions survécu. Le pays était saigné à blanc, les ressources dilapidées au profit d'un pouvoir avide et corrompu. Mais nous avions tenu bon. La tête haute, nous avions planté des citronniers en signe de défiance, priant pour que, le jour venu, on nous fasse la grâce d'une balle dans le crâne. Parce que c'était bien moins cruel que le sort qui nous attendait en prison.
A chaque blessure que je recouds, à chaque patient que je soulage, je me sens utile. Aucune victime ni est un simple numéro. Elles ont une vie, une famille, et peut-être que je les aide à faire un pas dans la bonne direction. On a tous peur d'être oublié. Mais c'est une crainte irrationnelle, tu ne crois pas ?
Mais c'est comme aimer l'océan : la réalité est imprévisible et, à tout instant, l'eau cristalline peut se transformer en cauchemar.
Ma phrase reste en suspens. J'ai perçu la menace avant même que le bruit n'atteigne mes oreilles. La mort a une tonalité reconnaissable entre toutes.
- Sache que même dans la mort, tu es ma vie.
Mon coeur cesse de battre. Je n'ai pas les mots pour exprimer à mon tour une promesse éternelle qui défie le monde.
Je suis persuadé que nos âmes, au moins, s'étaient rencontrées bien avant qu'on existe. C'est pour ça que tu me sembles si familière.
J'avais tellement de rêves, continue-t-il d'une voie étranglée par la mélancolie. Depuis que je t'ai rencontrée, depuis que je suis tombé amoureux de toi, je me rends compte que la vie vaut encore la peine d'être vécue. Qu'on mérite d'être heureux dans cette nuit trop longue.
Ca me fend le coeur. Forcé de grandir trop vite, il se raccroche aujourd'hui au moindre souvenir de son innocence perdue. Il grandit tant bien que mal, comme une plante que l'on a oublié d'arroser.
Mon coeur en guerre tente de se raccrocher aux bribes de bonheur et d'espoir qui errent en moi tels des fantômes.
Dans des circonstances moins catastrophiques, ce serait magnifique. L'obscurité s'étend devant nous sous le voile argenté de la lune, qui éclipse des étoiles les plus proches. C'est le même ciel que les gens voient depuis d'autres pays. Mais pendant que nous sommes là, cachés, à nous demander si notre prochain souffle sera le dernier, eux s'endorment paisiblement dans leur lit en souhaitant bonne nuit à la lune.
Au huitième étage, il règne une paix particulière. Le silence caractéristique des nuits d'hiver. C'est comme si nous flottions dans le cosmos, libérés de tout ce qui nous entrave.
Avec le chaos qui règne en bas, on a tendance à oublier comme c'est beau ici. Le ciel est toujours magnifique après la pluie. Les meilleurs couchers de soleil sont ceux qui suivent un orage.
La cupidité est une maladie qui rend insensible à la faiblesse et au désespoir des autres.
Les épais nuages refusent de se dissiper depuis hier soir. Un dirait des hématomes en train de cicatriser, taches sombres cernées de zones gris clair, à travers lesquelles quelques rayons du soleil d'après-midi parviennent à se faufiler.
Je tente désespérement de trouver une explication scientifique à l'amour que je sens naître en moi. Combien de temps dure la période d'incubation ? Quand apparaissent les premiers symptômes ? Est-ce une maladie chronique ou passagère? La guerre qu'on vit accélère-t-elle le processus ?
L'espoir. Trouver l'amour et le bonheur dans les décombres.
Il faut du temps pour que les germes de peur grandissent et deviennent des idées claires qui se traduisent par des actes.