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Critiques de Éric Liberge (210)
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Le Suaire : Lirey, 1357

Les auteurs nous livrent une version du ”saint” suaire, apparu à Lire en 1357. Ce sont des temps troublés. Les Repentants se lamentent et se flagellent jusqu'au sang. Les nantis font ripailles. Les gueux survivent. Si mes souvenirs sont bons, il y a deux papes dont un en Avignon. Et à Lirey, on a récupéré un morceau de la ”vraie ” croix. Mais les fonds manquent pour construire en pierre l’écrin majestueux qui pourrait l’abriter.



Lucie est une novice, elle se consacre à dieu. Mais son cousin veut la ramener au castel pour une alliance matérialisée en espèces sonnantes et trébuchantes. S’engage alors un duel entre le père abbé et le cousin, où tous les coups sont permis. Y compris créer une fausse relique. Ainsi naît le suaire supposé avoir enveloppé le christ. Mais la peste s’invite dans cette danse macabre. (On est un peu tard pour la peste noire, mais elle a sans doute survécu au-delà des dates officielles.)



C’est un récit en noir et blanc, au trait très précis, réaliste et violent, dur et sans concession que les auteurs proposent.
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Les corsaires d'Alcibiade, tome 1 : Elites ..

C’est l’histoire d’un groupe de personnages à caractères

très différents : Peter, Lydia, Mike, Curtis et Maryline

qui ont été ramenés de force dans une université

au XIX siècle en Angleterre .

Les personnages de l’histoire vont faire alliance pour

s’échapper .

Le livre est couvert de mystère et d’aventures passionnantes.

Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est la cohésion entre chaque personnage et ils vont tous se serrer les coudes pour que personne ne soit laissé sur le coté et parfois leur chamailleries .



C’est le premier tome d’une série. Dès que j’ai commencé le livre j’étais absorbée dans l’histoire . Vivement la suite !



je conseille ce livre aux personnes qui apprécient l’aventure et les mystères .
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Camille Claudel

Voilà une BD que je souhaitais lire depuis un petit moment...



Hélas quelle déception ! ...Quand on pense à la beauté de Camille Claudel, à l'esthétisme exceptionnel de ses oeuvres ! Cette superbe femme artiste, libre, un génie de la sculpture !.. je feuillette cet album constitué de personnages aux traits brouillons et grossiers, qui rendent les personnages grotesques..de textes "style manuscrits" illisibles ...quel hommage affligeant !



Le parti pris des auteurs est de camper un journaliste qui interroge Paul Claudel sur sa soeur...soit...quand on connait les rapports familiaux de cette famille, l'admiration de Paul Claudel qu'il lui portait pour son talent certes mais cette jalousie plus tard qu'il l'animait tellement! Camille avait une passion pour son frère "son petit Paul"...Cette relation fusionnelle " frère et soeur" et leurs influences sur leur travail réciproque a fait couler beaucoup d'encre...



On peut s'interroger toute fois sur le détachement qu'il affiche envers elle, sur la situation tragique de Camille lors de son internement le 10 mars 1913 signée par leur mère.

(Il ne viendra la voir que douze fois en trente ans d'enfermement...)... Au regard de sa situation d'écrivain et de diplomate, il ne viendra que rarement en France. ainsi sa soeur "fait tache".. les amours illicites de Camille, sa vie de bohème,.. et il était bien plus simple de la laisser dans l'ombre...et le sort des femmes d'autant plus artiste de surcroît, à cette époque importait peu.



Voilà comme vous le remarquerez ce destin incroyable de cette femme sublime artiste bâillonnée me passionne ..alors passez votre chemin pour cet album !



Au lendemain de la mort de Camille, dans une lettre à son beau-frère, Paul Claudel écrira : "Camille a terminé sa longue vie de déceptions et de souffrances. le poids du génie est lourd à porter pour une femme !... Ma consolation est que ces trente ans de souffrance lui ont certainement valu l'accès d'un séjour meilleur. L'aumônier m'a dit qu'elle communiait souvent dans des sentiments de grande piété."

Une "longue vie de déceptions et de souffrances".

La phrase est exacte.



Sur mon profil, Je vous invite à consulter la liste d'ouvrages que j'ai créer concernant cette chère Camille Claudel.





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La guerre des paysans

Club N°49 : BD sélectionnée

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Une excellente histoire, un dessin surprenant, une thématique complexe et pourtant limpide par le support...



Une réussite Futuropolis.



VT

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BD illustrant les inégalités sociales de l'Allemagne du 16e siècle.



Très bien illustré.

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La narration est très claire, intelligente et permet une approche 'pédagogique' de cette période sans pour autant être pesante.



Gwen

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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La jeunesse de Staline, tome 2 : Koba

Nous avions quitté Sosso dans le premier tome, nous allons continuer la route de l’histoire avec Koba dans cette deuxième partie, Sosso rebaptisé Koba.

Nous l’accompagnerons jusqu’à la ville d’exil de Novaya Uda, là où il a appris « ce qu’il fallait faire pour que ses futurs opposants ne puissent jamais en revenir », première étape de ces longues excursions dans les camps.

Nous assistons à la longue ascension au sein du parti de la bande de Koba, une bande de voleurs de grand chemin, prêts à tout pour financer leur vie et la révolution.

La personnalité de Koba, celui qui « dans le vaste monde ou derrière les barreaux, a toujours su faire le ménage », éclate au fil des pages, devenant de plus en plus angoissante devant le secrétaire qui rédigera les mémoires du « grand homme », nous, nous en sortirons indemnes n’ayant pas été présents lors de cette pseudo confession.

Le scénario est bien travaillé détaillant les étapes du parcours de l’ascension du monstre.

Les dessins expriment la folie de l’époque et les tensions guerrières de chaque adversaire.

La couleur choisie est très sombre, sombre comme l’histoire.

Les cases irrégulières servent plutôt les événements qui s’enchaînent jusqu’en 1917, l’année de « la révolution russe ».
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La jeunesse de Staline, tome 1 : Sosso

Sosso … enfant malingre … avec un pied palmé … atteint par la vérole … un bras abimé … un pied boiteux … ça c’est pour le physique !

Sosso… un enfant rebelle … un chef de gang … un apprenti prêtre … un pseudo poète … un homme à femmes … un pilleur de banques … un maître chanteur … un forçat … un assassin … un grand orateur … ça c’est pour la psychologie !

Sosso très imbu de lui même … cherchant toujours à utiliser les autres … à les soumettre à sa volonté … convaincu de construire un véritable paradis … pour les autres ou pour lui ?

La jeunesse de celui qui a été et qui est resté encore aujourd’hui « le petit père du peuple » ( il est habituel que le cortège d’un mariage amène avec beaucoup de respect et de ferveur le bouquet de la mariée au pied d’une des nombreuses statues du grand homme), nous est évoquée au cours d’une biographie romancée de sa jeunesse.

Les dessins et les couleurs sont puissants et s’accordent bien avec la violence de l’individu.

Le scénario s’accorde bien avec le personnage qui a certainement souhaité écrire sa propre biographie tout à son honneur … personne mieux que lui ne peut retracer son parcours !

J’attendrai le deuxième tome pour me faire une idée de la valeur de ce témoignage !
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Le corps est un vêtement que l'on quitte

Julien, quinze ans, un mètre quatre-vingt-deux pour cent deux kilos, fait un essai dans un club de rugby professionnel. Sur le terrain, observé par sa mère des tribunes, il est victime d'un accident grave et est transporté d'urgence par hélicoptère à l'hôpital de Bordeaux. Il a été en arrêt cardiaque pendant seize minutes. Miraculeusement, il se réveille sans aucune séquelle, mais dit à son entourage qu'il était dans un lieu splendide, accueilli par sa grand-mère rayonnante et son oncle Paul, tous deux décédés, et qu'il aurait bien voulu y rester. Cet épisode va fortement le marquer et bouleverser sa vie. ● Ce riche album entremêle plusieurs thématiques, la plupart du temps avec bonheur ; pour les principales : les expériences de mort imminente (EMI ou NDE en anglais), le rugby, les secrets de famille et l'Inde. Peut-être peut-on voir là une surabondance. ● Je suis très intéressé par les EMI et cette composante-là de l'album m'a absolument passionné. Pour les autres aspects, j'ai été moins convaincu. En particulier, l'alliance du secret de famille et de l'EMI donne son dynamisme au scénario mais m'a paru assez artificiel. ● Il y a aussi quelques problèmes de vraisemblance, notamment dans ce qui est la source du secret. le personnage du père est vraiment caricatural. ● Les dessins sont absolument somptueux, j'ai souvent fait une pause pour les admirer en détail. le traitement de la lumière et des reflets, notamment, est remarquable. Les portraits des personnages sont également magnifiques. Chaque case est une merveille. J'ai aussi beaucoup admiré la façon magistrale dont Éric Liberge a repris les esquisses et les tableaux de Jérôme Bosch. ● Merci à Totophe17 de m’avoir fait découvrir cet album qu’à mon tour je recommande.
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Le corps est un vêtement que l'on quitte

Julien est un adolescent qui pratique le rugby de manière brillante et va intégrer le club de Bordeaux dans le but de devenir professionnel. Son père, neurochirurgien reconnu, ne le soutient pas dans son projet mais ne s'y oppose pas non plus.



Premier match en vue, premier gros choc, et pendant plusieurs minutes, Julien est considéré comme mort. À son réveil, il décrit ce qu'il a vécu, ce qu'il a ressenti mais aussi qui il a rencontré. Nous sommes face à ce qui s'appelle une expérience de mort imminente (EMI). Julien est pris au sérieux par une infirmière mais cette histoire est rejetée en bloc par son cartésien de père. Surtout que Julien dit avoir parlé avec un Paul qui dit être son oncle. le père et la mère de Julien refusent de lui en parler. le père de Julien va jouer de ses relations pour que Julien oublie. Cela sera fait en pratiquant des séances d'hypnoses.



Julien va perdre ses souvenirs, du moins ceux liés à l'EMI. Si Julien n'a plus ses souvenirs, il a gardé une capacité de médium, de rencontrer des âmes en errance. Il vit avec cela.



Effectuant un stage à l'hôpital, il va retrouver l'infirmière qui l'a soigné après son accident du rugby. Elle va lui permettre de réactiver ce qu'il a vécu à ce moment.



Si j'ai effectivement entendu parler ou lu des articles relatifs aux EMI, ce n'est pas un phénomène fait partie de mes préoccupations. J'ai cependant lu cette histoire avec un grand intérêt pour plusieurs raisons.



La première est la qualité du scénario : Éric Liberge nous livre un véritable bijou sur un sujet difficile. La seconde est la qualité exceptionnelle du graphisme proposé. Quel travail sur les gris, quel travail sur les lumières entrevues en utilisant que le noir ! Les personnages sont somptueux, tout est notion de détails, tout est question de finesse, de précision. Chaque case est travaillée, ciselée. Un travail d'orfèvre. Et que dire du visage de Julien qui ira de la fermeture et de la dureté jusqu'à l'ouverture voire la béatitude ! J'ai beaucoup aimé l'apparition des couleurs et la chaleur de celles-ci dans la dernière partie. Les détails sont toujours là mais la couleur donne plus de profondeur, peut-être plus d'humanité.



Dans cette histoire, on voit encore les ravages que peuvent faire des secrets de famille. Ils détruisent ou modifient la vie des acteurs mais peuvent aussi avoir des conséquences sur les descendants. Et les secrets de famille peuvent se retrouver dans tous les milieux. Une fois de plus, un auteur nous montre les difficultés à dialoguer entre un père et un fils, entre un père qui ne prend pas le temps de de s'occuper de son fils, de s'intéresser à ses projets, privilégiant sa carrière et passant à côté de l'essentiel : la vie, la vraie vie.



C'est une histoire dure, difficile qui forcément génère de l'émotion chez la lectrice ou le lecteur. Que l'on croit ou non aux EMI, cette lecture ne laisse pas insensible. C'est un peu une approche philosophique sur les liens entre la vie et la mort, sur nos croyances. C'est un très beau et une belle histoire.



"La mort est un vêtement que l'on quitte" est un roman graphique que l'on ne quitte pas dans le même état qu'au début de lecture.

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Le cas Alan Turing

Alan Turing était un homme extraordinaire. Grâce à ses capacités hors du commun et ses nombreuses connaissances en mathématiques et cryptographie, il a réussi, avec son équipe, à construire des machines capables de décoder Enigma (machine utilisée par Hitler pour transmettre des informations chiffrées aux troupes allemandes pendant la Seconde guerre mondiale). Il a changé le cours de l’Histoire, et les impacts sont encore visibles aujourd’hui. En effet, il est considéré comme le père de l’Intelligence Artificielle. Mais Turing n’est pas un homme pleinement épanoui. L’Angleterre de cette époque étant très conservatrice, elle punit sévèrement l’homosexualité. Lui qui a toujours été attiré par les hommes se voit contraint de refouler ses sentiments et de cacher ses relations. Mais une fois la guerre terminée, elles éclatent au grand jour et le pays qu’il a aidé à sauver lui laisse le choix entre la castration chimique ou la prison. Lui choisi le suicide et est retrouvé mort à 41 ans.



Retour sur l’existence à la fois riche et courte d’un homme talentueux mais sacrifié, le tout en bande dessinée. J’ai beaucoup aimé découvrir les détails de l’histoire de ce monsieur dont on entend beaucoup parler sans forcément savoir ce qu’il a vécu. Le format bande dessinée est un vrai plus au récit, les planches sont visuellement jolies, agréables à lire et riches en informations. On découvre en couleurs l’enfance de Turing, comment il a été repéré par les services secrets ainsi que la complexité de son travail. J’aurais même bien aimé trouver plus d’explications sur le fonctionnement des machines, même si je me doute que c’est complexe à présenter et à résumer.



Une chose est sûre, on perçoit totalement le rôle des travaux de Turing, ses découvertes et ce qu’elles ont apporté à l’informatique, de même que la complexité du personnage et la tragédie qu’il a subie. Pour terminer la lecture j’ai été content de retrouver des documents d’archives, photographies et notes explicatives.
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Le cas Alan Turing

Quel beau livre.

La biographie poignante d'un génie qui permit d'accélérer la chute du Reich et sauva au passage des millions d'hommes.

La biographie d'un précurseur qui enclencha la quête des machines à calculer qui allaient bientôt dépasser l'homme.

Le dessin est agréable et la tension bien rendue.

La chute est terrible.

Un beau cadeau.
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Le Suaire : Corpus Christi, 2019

Après avoir apprécié les précédents tomes même si l'intrigue parfois excessive m'avait fait un peu sursauter, ici rien ne va : confus, parano, mysticisme, personnages incohérents... Je n'ai pas accroché du tout. Seul le graphisme magnifié par le noir et blanc le sauve du désastre total.
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Camille Claudel

On connaît l’histoire de cette artiste, éprise de son art et de Rodin… On connaît sa fin, bien malheureuse, dans un asile, et toutes les polémiques à ce sujet. Cet album retrace, à travers le récit de son frère, l’écrivain Paul Claudel, cette vie passionnée et dissolue qui la fera se tenir à l’écart de tous.

Je tire mon chapeau à Eric Liberge et Vincent Gravé pour avoir rendu un si bel hommage à cette femme haute en couleur, au mérite incomparable. On plonge dans la fin du XIXe siècle, on suit les tourments des guerres et, avec elles, ceux de Camille. J’ai aimé les dessins. Quant au scénario, il est riche et bien documenté.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Métal, tome 1 : Le musée d'Airain

Paris, 1910. Plusieurs personnes reçoivent des armes mystérieuses qui provoquent de curieuses hallucinations lorsqu'elles sont touchées. Des êtres étranges se manifestent, parlent de mondes de métal. Bien malgré elle, Ingrid vand der Graaf va se retrouver elle aussi impliquer dans cette histoire...



Côté dessins, cette BD est superbe ! Je ne connaissais pas Eric Liberge avant, mais son style est vraiment très beau, et certaines des images saturées de couleurs trouvent rapidement une explication que je trouve très bien pensées. Les allusions aux œuvres de Escher sont multiples, et celui-ci apparaît carrément dans l'histoire où il sert de guide à Ingrid.



Côté histoire, nous sommes rapidement embarqués dans des mondes parallèles reliés à différents métaux, ce qui est très intéressant. Malheureusement, il semble que le tome 2 ne soit jamais sorti (apparemment refusé par Soleil), et ce tome 1 esseulé ne se suffit pas à lui-même. C'est vraiment dommage parce qu'il promettait un univers intéressant et une très belle patte graphique.
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Notre part des ténèbres

Voici un gros pavé de presque 700 pages jeté par Gérard Mordillat dans la mare océanique de notre système libéro-capitalistique et qui nous entraîne bien vers le fond.

L'auteur est parti d'une idée tout à fait réjouissante (du moins pour un roman) : celle d'un paquebot rempli de nantis plus ou moins responsables de la fermeture dramatique d'une entreprise fleuron de l'industrie française, détourné par ses salariés licenciés laissés sur le carreau. Une galerie de personnages que l'auteur se plaît à développer, tant du côté des riches que de celui des laissés pour compte. Viendront s'y ajouter les acteurs du pouvoir politique confrontés à cet évènement pour le moins insolite et dérangeant.

Jusqu'où iront-ils ? C'est bien la question que tout le monde se pose, protagonistes comme lecteurs.

Une chose est certaine, c'est que Gérard Mordillat, quant à lui, a décidé de pousser loin son bouchon littéraire. Un peu trop loin à mon goût, du moins dans certaines dimensions de son récit, comme ces « télex » recensant tous les heurts et malheurs de notre Pauvre Monde dans le style des brèves de l'AFP, et qui finissent par être lourds à force d'être assénés, voire à contre-emploi de l'effet recherché. Ou encore ce catalogue des pratiques sexuelles saupoudré tout au long des chapitres, sûrement pour épicer un peu la sauce, mais tellement inutile. Et puis trop, c'est trop. À force d'enfoncer les « méchants capitalistes » et de plaindre les « gentils salariés », l'auteur finit par couler aussi son lecteur, et c'est bien dommage, car du talent, il y en a dans ce bouquin.
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La guerre des paysans

La guerre des paysans se déroule en 1525 au premiers de la réforme. Le moine Martin Luther publie publie ses "95 thèses" contre les indulgences dont l’Église catholique fait commerce pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. C’est une véritable déclaration de guerre contre le pape Léon X.



Les paysans de l'Allemagne méridionale se reconnaissent dans ses thèses et se soulèvent. Martin Luther les désavoue et rejoint l'ordre établi par les princes. Un autre moine, Thomas Mûntzer les rejoint et prend leur tête.



C'est le récit d'une guerre contre les inégalités, contre les injustices dont le mot d'ordre est "Tout est à tous".



Ce récit historique m'a permis de découvrir des faits et des personnages que j'ignorais. Elle montre surtout Martin Luther sous un autre jour et met en lumière les convictions et le sacrifice de Thomas Müntzer.



Les textes de Gérard Mordillat sont admirablement servis par le graphisme de Eric Liberge.



Cette BD est un excellent vecteur pour mieux appréhender l'Histoire et les premiers temps de la Réforme.







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La guerre des paysans

Il est plaisant de se plonger dans un livre tel que celui-ci. Tout d'abord, les dessins sont d'une grande beauté et, si je n'apprécie généralement pas les BD sans couleurs, j'ai revu cette opinion tant les traits sont plaisants. Ensuite, il est toujours agréable de s'immerger dans un livre qui vous ouvre les yeux sur un pan de l'histoire des hommes et des idées.

Merci au duo Mordillat-Liberge pour cette incursion réussie au cœur du XVIème siècle.
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Le cas Alan Turing

"Le cas Alan Turing", BD produite par Arnaud Delalande et Eric Liberge, se révèle être un bel hommage à un des pères de l'informatique et de l'intelligence artificielle qu'est Alan Turing.



Il est retracé ici l'ensemble de sa vie et de son œuvre; et notamment sa fin tragique, condamné pour homosexualité et chimiquement castré dans une Angleterre puritaine qui a tôt fait d'oublier un de ses héros de l'arrière; celui qui brisa avec son équipe de la hutte 8 de Bletchley Park, le fonctionnement de la fameuse machine à crypter Enigma, utilisée par les armées allemandes pour communiquer.



Allergiques aux mathématiques reculez cependant car vous allez être servis en raisonnements, lois et théories en tout genre! Et il est vrai qu'on est légèrement dans le dur lorsqu'on suit les conversations de l'équipe de Turing sur les stratégies à adopter pour déchiffrer les messages passés via Enigma.

Mais cela démontre aussi la volonté des auteurs de se rapprocher le plus possible de la réalité et de montrer aux lecteurs l'importance de l'exploit accompli par Turing, et c'est à souligner!



Les auteurs prennent aussi le temps d'évoquer certains de ses travaux scientifiques antérieurs, qui lui ont donné d'être recruté par le GC & CS (Government Code and Cypher School), bureau placé sous l'autorité du MI6 et chargé de déchiffrer les communications des puissances ennemies; notamment "On computable numbers, with an application to the entscheidungsproblem"...



Il faut enfin souligner les quelques pages en fin d'album revenant de manière plus générale sur l'histoire de la sténographie (cacher l'écriture) et de la cryptographie; remettant Enigma et les autres systèmes de chiffrement moderne dans la continuité d'un cache-cache millénaire entre l'émetteur et l'intercepteur non désiré du message.



On l'aura compris, nous sommes moins ici dans le divertissement que dans le témoignage historique et l'hommage à un homme visionnaire au destin brisé en raison de sa différence.
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La guerre des paysans

Omnia sunt communia.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, relatant un épisode historique se déroulant en 1525. Il a été réalisé par Gérard Mordillat pour le scénario, et par Éric Liberge pour les dessins en noir & blanc, avec des nuances de gris, avec une tache de couleur en page 105 et une en page 110, la dernière page du récit. Le tome se termine avec une postface de trois pages, rédigée par Mordillat, à l’attention de Liberge, présentant la nature du récit, ainsi que par une page de chronologie de la guerre des paysans, de 1490 avec la naissance de Thomas Müntzer, à juillet 1525 avec la parution de Missive sur le dur opuscule contre les paysans, de Martin Luther.



Rome, chantier de la basilique Saint Pierre, 1514. Il s’appelle Luca Ponti, mais il est un Médicis comme le saint père Léon X. Sa mère – dont la beauté excite encore la jalousie de toutes les romaines – travaillait comme chambrière au service des Médicis. Il est le fils de Jules de Médicis. Le prince ne pouvait pas le reconnaître, mais il s’est chargé de lui faire donner une éducation chez les dominicains à Santa Sabina où il a appris le latin et le grec, le français et l’allemand. Il a été présenté à maître Raphaël par Margherita Luti, la fille d’un boulanger, sa maîtresse qui est une amie d’enfance de sa mère, et sa voisine dans le Trastevere. Dieu lui a donné un don et il peut presque recopier la nature à s’y tromper, y compris les visages. À quinze ans, il est entré en apprentissage dans son atelier pour y apprendre l’art de peindre. Il y travaille avec maître Raphaël depuis qu’il est le seul architecte à Saint Pierre. Aujourd’hui, avec Enrico Labate et Bernardo Tofoletti, maîtres charpentier et carrier du chantier, ils accompagnent le saint-père pour visiter les travaux de la basilique Saint Pierre que son maître doit reprendre après la mort de Bramante, l’architecte.



Luca Ponti observe les ouvriers au travail sur la fresque, et il écoute Raphaël rendre compte de l’avancement du chantier, au pape. Celui-ci lui demande de finir le chantier avant que le Seigneur ne le rappelle à lui. Raphaël l’informe qu’avant de reprendre la construction, il doit corriger ce qui a été mal fait, ce qui se fissure, ce que Bramante a laissé inachevé. Leur conversation est interrompue par une sœur venue informer le pape que Albert de Bandebourg et le banquier Fugger l’attendent pour l’audience qu’ils ont demandée. Le premier demande l’archevêché de de Mayence, le second se déclare prêt à consentir la somme nécessaire au premier pour acquérir ledit archevêché, car il sait que les indulgences garantiront un remboursement facile. L’accord est conclu. Plus tard, le pape confie une mission à Luca Ponti : suivre Tettzel qui va lever l’indulgence pour faire des rapports sur ce qu’il fait, sur l’argent qu’il ramasse, sur tout. Luca Ponti devient l’envoyé du pape. Il part pour l’Allemagne, malgré les cris et les pleurs de sa mère. Il lui faut près de deux mois pour arriver à Wittenberg, allant de monastère en monastère.



Dans la postface, le scénariste évoque la genèse de ce récit : des lectures, le rêve inaccompli d’un film avec Roberto Rossellini et enfin cette œuvre graphique. C’est la troisième collaboration entre les deux créateurs, après la trilogie de Le Suaire : Lirey, 1357 et Notre part des ténèbres (BD). Ils ont appris à travailler ensemble et il ne reste rien de la forme cinématographique : il s’agit bien d’une bande dessinée utilisant les spécificités de cette forme d’expression. Le titre annonce clairement l’enjeu : une reconstitution historique d’une révolution paysanne en 1525. Le récit commence à Rome et passe rapidement en Allemagne, où Martin Luther (1483-1546) joue un rôle de premier plan. En effet, le récit met en scène l’affichage de ses quatre-vingt-quinze thèses le 31 octobre 1517, le temps d’une page, puis la manière dont elles sont reprises par d’autres prêtres allemands, ainsi que les actions de l’Église, ou plutôt du pape et de ses envoyés, pour faire rentrer Luther dans le rang et protéger leurs intérêts financiers. S’il a déjà lu Le suaire, le lecteur connaît déjà clairement la position du scénariste sur l’Église catholique et sa hiérarchie : une véritable haine. Il n’est donc pas surpris par la condamnation des indulgences, ni par l’angle d’attaque sur l’hypocrisie d’une institution dont les responsables se gavent, alors que leurs fidèles se privent pour payer les divers impôts. Il peut même trouver que Mordillat fait presque preuve de retenue.



Les deux auteurs font preuve d’une implication totale pour réaliser une reconstitution historique tangible et plausible. Pour commencer, le scénariste situe les principales figures religieuses : Martin Luther, Thomas Müntzer (1489-1525), Jean Huss, (1372-1415), le pape Léon X (1475-1521), Andreas Rudolf Bodenstein (1486-1541), Philipp Melanchton (1497-1560). Les personnages développent l’avancement du chantier de la basilique Saint Pierre à Rome et son financement, les conditions de vie des paysans, la violence des révoltes, les enjeux d’une traduction de la Bible en langue commune, dire la messe en allemand, l’excommunication de Martin Luther, son mariage, les conditions de travail dans une mine, le nombre de soldats (40.000) face aux paysans (8.000), etc. Le lecteur constate l’habileté élégante avec laquelle le scénariste sait distiller un grand nombre d’informations historiques et religieuses dans les dialogues, et quelques cartouches d’exposition. Il apprécie qu’il sache expliquer les enjeux théologiques dans un langage accessible, sans en sacrifier l’importance, et évitant toute formulation moqueuse, sarcastique ou agressive. Le récit du déroulement des faits historiques parle de lui-même et le scénariste n’a pas besoin d’en rajouter.



Ensuite, l’artiste épate le lecteur du début à la fin par sa capacité à insuffler de la vie dans chaque séquence, même les passages de prêche ou de discussions statiques, avec un soin remarquable dans le détail. L’album s’ouvre avec un dessin en pleine page : une vue de Rome, avec le chantier de la basilique en arrière-plan, et il ne maque aucune maison, aucune façade, aucune toiture. Par la suite, plusieurs scènes se déroulent dans des églises, ou des abbayes, des monastères, dont l’architecture est à chaque fois représentée de manière à bien montrer le style correspondant, qu’il s’agisse des façades de ces monuments, ou des arches, des ogives, des piliers à l’intérieur, attestant du goût de Liberge pour ces monuments. Les cases avec des décors de village, de milieux plus modestes ou pauvres, ou des étendues naturelles offrent à chaque fois une tangibilité assurant une visite de grande qualité au lecteur, une remarquable immersion, passant par une étable, les Enfers, le pied de remparts, l’arrière d’un chariot, une grange avec du foin, le champ de bataille, une presse à imprimer, un bûcher. Le soin apporté aux personnages relève du même niveau : les tenues vestimentaires (robe de bure, habits religieux, vêtements simples de paysans, riches atours des nobles et des hommes d’église de rang élevé), les coiffures (naturelles, ou tonsures), les accessoires que ce soient des outils agricoles, des accessoires du culte, la vaisselle des banquets, etc. À chaque séquence, le dessinateur conçoit un plan de prises de vue spécifique, que ce soit une succession rapide de cases pour un échange énervé ou une joute verbale, ou des plans larges pour rendre compte du nombre de personnes et l’ampleur d’un mouvement.



La coordination entre scénariste et dessinateur apparaît très rapidement : page 9 une demi-page sous forme d’un dessin simple accompagnant un texte sur un parchemin, pages 12 & 13 des dessins de la largeur de la page pour évoquer les tourments en enfer, pages 16, 21 et 24 des dessins sans nuance de gris avec le personnage au centre et des évocations de sa vie autour, pour présenter respectivement la vie de Martin Luther, celle de Thomas Müntzer, Jean de Médicis. Puis les pages 36, 37 et 38 forment une séquence dépourvue de tout texte, de tout mot, attestant de la confiance totale que le scénariste accorde au dessinateur pour raconter l’histoire, et il y en aura d’autres par la suite. Les deux auteurs ont à cœur de présenter une reconstitution dépourvue d’exagérations romantiques, que ce soit côté clergé et noblesse, ou côté paysans et prêtres réformateurs. Le peuple souffre sous le joug des puissants, et lorsqu’ils se révoltent, ils tuent et massacrent. Gérard Mordillat ne fait d’aucun personnage, un héros au cœur pur. Il met en scène une guerre, dans tout ce qu’elle a de brutal, avec ses déchainements de violence meurtrière, ses tueries sur le champ de bataille, et ses mises à mort de boucs émissaires par la foule vengeresse, des boucheries inhumaines.



En fonction de sa familiarité avec cette époque en Allemagne, le lecteur découvre plus ou moins de choses. S’il est familier de l’œuvre récente du scénariste, il constate à nouveau qu’il fait preuve de retenue dans sa présentation des faits. Par exemple, il ne matraque pas l’antisémitisme dont fera montre Martin Luther à la fin de sa vie. Il s’attache à l’évolution des positions et des actes de Thomas Müntzer, par le biais de la vision que Luca Ponti en a. Il parvient avec une élégance remarquable à montrer comment la dénonciation des indulgences induit une remise en cause de l’ordre social établi, comment Martin Luther envisage cette rébellion contre la papauté et son clergé, et comment Thomas Müntzer développe une attitude plus cohérente avec la logique interne des quatre-vingt-quinze thèses. Le scénariste se montre honnête dans sa façon de présenter les faits, ne se limitant pas à une dénonciation pleine de fiel, montrant ce qui aurait pu être, sans rien occulter des réalités mortelles d’une révolution, sans angélisme quant aux conséquences pour les paysans qui ont suivi Thomas Müntzer dans cette guerre.



S’il a lu Le suaire des mêmes auteurs, le lecteur peut craindre que la présentation des faits ne tourne à la diatribe par moments. Dès les premières pages, il se retrouve subjugué par la qualité de la narration visuelle, sa générosité et sa consistance, appréciant son naturel grâce à une vraie collaboration entre scénariste et dessinateur. Au fil des pages, il constate que le scénariste a conçu une structure qui fait la part belle aux personnages et à leurs émotions, leur engagement, à la présentation organique des informations nécessaires à la compréhension et à l’établissement des enjeux, pour un tableau saisissant et nuancé des paramètres politiques et religieux de la société de l’époque en Allemagne. À plusieurs reprises, le lecteur est frappé par le parallèle qui s’établit de lui-même entre cette situation et l’époque contemporaine. Page 82, un paysan résume la situation : tout augmente, les dîmes, les redevances, les impôts pèsent de façon insupportable sur nous tous. Le lecteur se prend à rêver d’une bande dessinée de même qualité sur le mouvement de Niveleurs (Levellers) pendant la guerre civile anglaise (1642-1651) demandant des réformes constitutionnelles et une égalité des droits devant la loi.
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Le suaire

Le recit dessiné, imposant de 214 pages, est divisée en 3 périodes distinctes, moyen âge, fin 19ème siècle et actuelle, et recoupe les difficiles relations amoureuses entre 3 "mêmes" protagonistes implantés dans chaque époque, le tout en relation avec le saint suaire : sa possible élaboration au moyen-âge, son authentification fin 19ème, son exploitation actuelle.

Une trilogie à travers le temps et l'espace, comme l'indique le titre.

Précisons d'emblée qu'il ne s'agit pas d'une monographie historique du saint suaire, mais de variations romanesques autour.

Le dessin, noir et blanc,sur de larges planches, est superbe, et ce travail mérite d'être mis en exergue.

Par contre l'appréciation des histoires dans lesquelles explosent la sauvagerie humaine, est plus contrasté.

Le récit se déroulant au moyen âge, avec quelques planches quasi sans paroles dans des paysages glacés, est très prenant et expose les luttes religieuses.

Celui du 19ème siècle met en scène les tentatives d'authentification du saint suaire avec en filigrane les luttes politiques et la difficile émancipation féminine.

Ces deux premières parties sont très bien ficelées et tiennent le route.

Par contre la partie moderne, brumeuse, dérape sur des digressions politico-sociales stéréotypées et très convenues, avec un rapport au sujet plutôt ténu.

Bref une très bonne idée laissant un goût de gâché.
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Voyageur, tome 12 : Passé 4

Vedder et Fish se retrouvent à l’époque romaine, dans une arène de combats de gladiateurs. Comme Vedder a pu le voir dans le présent, cet endroit sera le lieu de son trépas suite à un combat homérique. Mais Vedder sait qu’il ne peut en être ainsi…

Ce tome est particulier pour Vedder car il va revivre la scène de son enfance lors de son premier voyage dans le temps et il va croiser la route de son mentor Issa dont il sait qu’il devra le ramener avec lui.

Ce quatrième album est moins déterminant que je l’avais imaginé. Certes, comme les autres albums de fin de cycle, il y’aura un événement marquant, mais le rôle de vedder dans les couloirs du temps reste très vague. J’espère que l’épisode qui sert d’épilogue tiendra toute ses promesses.

Il faut reconnaître que Pierre Boisserie ne ménage pas les seconds rôles qui ne font que des apparitions sporadiques, j’imagine mal le dernier tome redonner voix à ces différents protagonistes.

Mais il temps pour Pierre Boisserie de trouver une conclusion idéale pour une série dont tout repose maintenant sur la réussite du dernier tome (non non je ne reviendrais tout de même pas sur mes notes des albums précédents si je suis déçu).

C’est tout l’art des récits sur le voyage dans le temps ; réussir à retomber sur ses pattes et créer une histoire cohérente et passionnante - jusqu’ici réussie.
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