Un cycliste triomphe d'une demi-longueur ; un boxeur descend son rival au quatorzième round ; le record mondial pour les cent mètres est de dix secondes deux cinquièmes. Pauvre alpiniste ! Quelle malchance pour lui de briller précisément dans le seul sport où aucun classement n'est possible... où nul classement n'était possible jusqu'ici devrait-on dire plus exactement, puisque maintenant, grâce à Dieu, nous avons l'échelle Welzenbach. Certes, la tentation était forte. Mais nous serons nombreux à ne pas vouloir qu'on introduise dans la montagne les mœurs du vélodrome. Qu'ils abandonnent le piolet pour la pédale, ceux à qui sont nécessaire les encouragements de « Hardi Charlot ! » ou de « Vas-y, Totor ».
[L'article de Montagnes Magazine de 2006 donne comme références des diverses citations les revues Alpinisme de 1935 et La montagne de 1936.]
Il s'est abouché avec quelques jeunes et remarquables grimpeurs de Lecco, de Bergame ou de Belluno et est devenu leur compagnon de course habituel […].
-Il les paye ?
-Et comment ! Ou du moins tout porte à le croire ; car bien entendu il n'y a aucune preuve. Bernaschini fait des courses en amateur avec des amateurs auxquels il est lié par cet admirable sentiment qu'est la camaraderie alpine.
(Cité dans Guide technique et historique de l'alpinisme. Il semble bien que Brühl critique ainsi Lucien Devies, président du CAF, du GHM et d'instances officielles.)
On ne remarque pas une puce sur un éléphant !
-Si, répondit vivement Robert. Si, quand on est sur l'éléphant.
-Hein ?
-Les gens qui sont sur l'éléphant... eh bien ! La puce les gène... Ce sont justement de ces gens-là que je voulais vous parler.
Si nous pratiquons l'alpinisme, n'est-ce pas au premier chef parce que c'est là le seul domaine où nous pouvons échapper, de temps à autre, aux petites mesquineries de la vie moderner ? Accepterons-nous que ces mesquineries soient introduites dans notre île de salut, et cela par la volonté de d'une infime minorité ?
Nous avons lutté côte à côte, mon cher Dallez, contre le téléphérique de la Meije, contre les refuges trop élevés qui sont susceptibles de défigurer les grandes courses, contre toutes les manifestations en haute montagne du soi-disant progrès. Nous nous opposerons de même, et de toutes nos forces, à ce nouveau sous-produit de la civilisation, à cet américanisme qu'est la gradation des difficultés. L'alpinisme est une chose trop belle pour qu'on y touche.
Lettre à Pierre Dalloz, rédacteur en chef de La Montagne, mars 1936
Bénies soient les heures pénibles que nous réserve la haute montagne pour les joies qu'elles nous procurent en compensation !
La Meije absorbait toute la clarté lunaire. Citadelle d'argent, elle barrait majestueusement le fond de notre vallon.
Jamais encore je n'ai rencontré un ancien polytechnicien qui fût à ce point ancien polytechnicien.
À la recherche du beau temps, p. 19
Sous cet éclairage de rêve, la grande montagne paraissait à la fois toute proche et infiniment éloignée, massive et légère, puissante et irréelle.