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Bonjour tristesse

Je viens de terminer la lecture de Bonjour Tristesse. Instinctivement, je suis tenté de m’exclamer “quelle belle œuvre !”, mais ces mots m’écorchent la bouche. Et pour cause, j’ignore ce qui permet de hiérarchiser la beauté des travaux de l’esprit. Zola laisse au temps le soin d’en être juge, estimant qu’un ouvrage qui sait parler aux hommes passera de lui-même à la postérité. Pourtant, et que Thomas Corneille en soit témoin, les choix académiques démontrent que d’autres causes peuvent décider du sort d’un livre. J’ai parfois la sensation qu’un biais de popularité vient flouter mon jugement d’une œuvre. Je sais qu’un tel est considéré comme un bon auteur qui écrit bien, et je me retrouve à aimer son œuvre avant même de l’avoir commencé.

Françoise Sagan nous présente le personnage de Cécile, une adolescente de dix-sept ans en vacances dans le sud de la France avec son père Raymond et la maîtresse de celui-ci, Elsa. Cécile aime son père, elle embrasse sa légèreté et sa simplicité. On a des gonzesses, on prend le soleil, on balaie toute tentative de questionnement existentiel, on soigne son apparence, on vit quoi ! “Le péché est la seule note de couleur vive qui subsiste dans le monde moderne”, disait Oscar Wilde. Cette phrase symbolise leur relation et cristallise l’héritage que semble transmettre involontairement Raymond à sa fille. Cette éducation, ces allures, ces attitudes, d’où naît une complicité entre nos deux personnages, Cécile est prête à tout pour les préserver. Quand Anne débarque dans sa vie, en éjecte Elsa, et prend la main de son père pour l’entacher de sa sagesse et de sa mesure, elle y voit une menace qu’elle va tâcher d’écraser, par instinct et par sauvegarde.

La curiosité de l’ouvrage tient dans l’ambivalence du caractère de Cécile, entre le puissant désir de protéger son innocence et celle de son père, et l’admiration qu’elle ressent pour l’intelligence d’Anne. Elle est consciente des bienfaits que ce mariage pourrait apporter à sa famille mais n’en demeure pas moins guidée machinalement à l’empêcher.

Le livre s’améliore au fil des pages, à mesure que l’écriture de Sagan gagne en précision, en rythme. Son intelligence transpire en revanche à chaque paragraphe et pour un livre écrit à dix-huit ans, c’est épatant et prodigieux. Quelle belle œuvre !

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Alice au pays des merveilles

Voici un conte connu de tous ! Et pour cause, quels enfants auraient raté l'adaptation de cette histoire ?



Pourtant j'ai été curieuse de découvrir l'oeuvre originale sur j'ai beaucoup apprécié.



J'ai été toutefois surprise par le style d'écriture et le vocabulaire employé.



Alors certes il s'agit d'une édition qui date de mon enfance (oui il s'agit d'une trouvaille que j'ai ramené chez moi lorsque j'ai quitté le cocon familial) mais je n'ai pas toujours trouvé le langage accessible pour de jeunes enfants.



Je me suis même demandée si je l'avais lu enfant ou si je l'avais délaissé à l'époque mais je ne m'en souviens pas.



C'est en tout cas une lecture que je recommande pour un après-midi lecture ☺️

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Une chambre à soi (Un lieu à soi)

Bonjour,



Enfin, j'ai lu Une chambre à soi de Virginia Woolf. La deuxième femme à entrer dans la Pléiade est-elle une révoltée ? Après avoir lu Une chambre à soi, je ne peux que vous répondre oui, oui, oui !



D’ailleurs, ce texte, Virginia Woolf l’a rédigé pour une conférence qu’elle allait donner. Voici l’information que j’ai trouvée dans mon édition Quarto Gallimard.



« Première publication 1929. Cet essai reprend deux conférences prononcées à l’Arts Society de Newnham et à l’Odtaa ( One Damn Thing After Another ) Society à Girton, deux Collèges féminins de Cambridge, en octobre 1928. Les conférences étaient trop longues pour être prononcées en entier et ont ensuite été remaniées et augmentées. » ( p. 1111)



Ainsi, Woolf s’adresse à la jeunesse afin d’expliquer en quoi le fait de posséder une chambre à soi et un revenu a un impact sur les femmes et la littérature. Par ailleurs, elle souhaite enfin accéder à la notoriété qu’elle recherche tant en donnant cette conférence dans un lieu sérieux. Son travail s’avère nécessaire pour la cause féministe et sa plume précise.



Mais encore, selon la page Wikipédia de l’université Cambridge :



« Les premiers collèges pour femmes sont Girton, créé en 1869, et Newnham, créé en 1871. Les premières étudiantes ont passé leurs examens en 1882, mais c’est seulement en 1947, vingt ans après Oxford, que les femmes ont été considérées comme des membres à part entière de l’université. »



Il s’avère intéressant de soulever cet élément. En 1929, les femmes n’étaient pas encore considérées « comme des membres à part entière de l’université. » Je devais répéter ce fait, car il m’apparaît crucial en ce qui concerne l’histoire entourant Une chambre à soi. Virginia Woolf s’est fortement engagée dans la cause des femmes avec ce texte. D’ailleurs, selon la page Wikipédia du livre, il est mentionné :



« Ce texte est considéré comme tenant une place importante dans l’histoire du féminisme3,4. Il figure à la 69e place sur la liste des cent livres du siècle publiée par Le Monde en 1999. Le Guardian le classe en 2016 parmi les 100 meilleurs livres de non-fiction. »



Bravo Virginia Woolf. Mais de quoi est-il question dans cet essai ?



Une chambre à soi



Par le biais d’une recherche dans les livres, Virginia Woolf s’interroge sur la place des femmes dans la littérature. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour que des écrivaines comme Jane Austen, les sœurs Brontë ou encore George Eliot prennent la plume et publient des romans.



« Seule Jane Austen eut ce génie et cette probité et aussi Emily Brontë. C’est là une nouvelle plume, peut-être la plus belle de leur chapeau. Elles écrivaient comme écrivent les femmes et non comme écrivent les hommes. » (p. 1163)



Auparavant, il n’y a presque rien de mentionné dans les ouvrages masculins sur la place des femmes dans la littérature, car ces dernières étaient pour la plupart incultes. L’Angleterre vit sous le joug patriarcal. Les femmes n’ont pas le droit de vote, le droit de propriété, etc. Souvent, elles ne savent pas lire ou écrire. Elles n’ont pas le temps de réfléchir en buvant un thé sur une terrasse ou de voyager afin de développer leur vision du monde. Elles ne peuvent avoir accès à des lieux comme des bibliothèques universitaires pour faire des recherches sans être accompagnées par un homme y travaillant. Woolf aborde aussi les exigences reliées à la vie maritale comme s’occuper du ménage, de la maison et des enfants. Les femmes ne pouvaient pas écrire dans de telles conditions. À cet égard, Sir Egerton Bridges ( 1762-1837 ) en août 1828 mentionne ceci à propos des romancières :



« Les romancières devraient se contenter d’aspirer à la perfection en reconnaissant courageusement les limites de leur sexe. » ( p. 1163)



Mais plus que cela, Virginia Woolf présente quelques recommandations aux femmes souhaitant écrire. Elle leur conseille d’avoir une chambre à elles où elles peuvent s’enfermer sans être dérangées. Elle leur dit également qu’il faut qu’elles possèdent 500 livres de revenus. Ainsi, elles auront la paix et la liberté pour créer. La liberté intellectuelle leur sera donnée.



« La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, non seulement depuis deux cents ans, mais depuis le commencement des temps, Les femmes ont eu moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes n’ont donc pas eu la moindre chance d’écrire des poèmes. C’est pourquoi j’ai tant insisté sur l’argent et le fait d’avoir une chambre à soi. » (p.1188)



Mais encore, après avoir publié, les femmes devront subir l’épreuve de la critique qui est masculine, donc, cette dernière s’avère habitée par des valeurs masculines.



Mes impressions



Lisez cet essai, s’il vous plait. Je ne comprends pas que j’aie attendu si longtemps pour le lire. Et pourtant, j’ai étudié en littérature une bonne partie de ma vie. Mes professeurs auraient dû rendre cet essai obligatoire. Mais bon, il y avait peut-être trop d’hommes à l’époque en littérature… Il faut le lire pour bien comprendre le machisme qui a marqué la littérature durant des siècles. La femme se retrouve dans une position d’infériorité constante. D’ailleurs, je ne suis pas prête d’oublier cette phrase la duchesse Margaret de Newcastle (1623-1673) :



« Les femmes vivent comme des chauves-souris, des hiboux, travaillent comme des bêtes et meurent comme des vers…» ( p. 1153 )



Bien entendu, si la femme avait eu accès à des conditions de vie différentes au fil du temps, l’histoire de la littérature n’aurait pas été la même.



J’ai adoré la plume de Virginia Woolf, toujours juste et intelligente et je trouve encore très vraies ses recommandations, c’est-à-dire d’avoir un revenu pour être en mesure de créer et d’avoir une chambre à soi dont il faut aussi avoir la clef pour s’enfermer et ne pas être dérangée par le mari ou les enfants. Il me manque cette dernière. À cet égard, Virginia Woolf a marqué le devenir des femmes et elle les a influencées par rapport à l’art de la création et au régime patriarcal sévissant en Angleterre.



Une chambre à soi a été lu dans le cadre du défi Les Classiques c’est fantastique créé par Moka et Fanny . En avril, il fallait plonger dans un classique d’une indignée. Virginia Woolf, grâce à cet ouvrage devenu culte, a démontré à quel point nous devons nous indigner… Vive le quant à soi créatif !



Avez-vous lu Une chambre à soi de Virginia Woolf ?

https://madamelit.ca/2024/04/29/madame-lit-une-chambre-a-soi-de-virginia-woolf/
Lien : https://madamelit.ca/2024/04..
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