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Sur les roses

Il fait froid dehors, en cette fin avril, alors on s’installe confortablement au salon, plaid serré contre soi, face à « La lecture douillette : j’aime », sérigraphie encadrée de Riad Sattouf, et on se réchauffe au charme malicieux et réconfortant du nouveau livre de Luc Blanvillain, un livre tissé de réalisme magique, autant que d’humour délicat et de satire sociale, tous ingrédients qui nous avaient déjà séduit dans Le Répondeur, son précédent récit. Une comédie pleine de rebondissements et d’ironique sagesse, un roman formidable, et puis, d’ailleurs, pourquoi un seul roman et pas, plutôt, tout un nœud d’histoires, ici mêlées, se nourrissant les unes les autres, puisque chaque personnage semble vivre sa propre existence comme sa quête personnelle, puisque le sens même de cette narration hésite, empruntant des chemins de traverse, puisque, comme Adèle, la prof de français, pourtant avertie, le découvre à la page 117, « les livres ont la propriété de se métamorphoser sans prévenir. De dire, tout à coup, autre chose »…

Tout commence dans la bibliothèque d’une petite ville, « à la laideur compassée » et où la poésie s’étiole « au second, dans une soupente romantique ». Simon Crubel, le bibliothécaire titulaire, y reçoit des classes de primaire à qui il raconte des histoires, essentiellement celle de La belle et la Bête (et le lecteur comprendra très vite qu’il y a dans ce conte comme une métaphore de ce qu’il expérimente dans sa propre vie !), terrorisant les élèves plus qu’il ne les enchante, avec son jeu de marionnettes et ses répliques parfois maladroites. Simon est assisté dans son travail par une bénévole, Odile, une retraitée qui est aussi sa confidente, avec qui il évoque l’amour fou qu’il éprouve pour Adèle, une professeur de lettres qui fréquente les lieux avec son fils Antoine. Et puis, tout autour d’eux, d’autres personnages surgissent et interviennent dans leurs conversations, Joëlle, la lectrice compulsive, coupable de quelques clichés dans ses appréciations sur les livres (Luc Blanvillain prend un malin plaisir à égrainer les « écrit à l’os », les « l’autrice a trouvé une langue » et autres « émoticônes » verbaux, et on frémit d’imaginer sa propre prose disséquée par le scalpel de sa raillerie…), Michel, un vieux bougon aux allures de clochard, empruntant (sans toujours les faire enregistrer, sous le regard résigné de Simon) tout ce que la modeste bibliothèque peut receler d’écrits médiévaux, surtout quand il s’agit d’amour courtois…

Chacun semble, d’ailleurs, dans le roman, occupé par l’amour, un sentiment décrit dans ses diverses modalités. Si Simon connaît pour Adèle un amour d’autant plus fou qu’il est à sens unique, celle-ci vit dans le souvenir de sa liaison harmonieuse avec un Charles, une relation qu’elle a rompue après avoir découvert une infidélité passagère, mais qu’elle voudrait bien renouer. Odile, quant à elle, entretient avec Christian, son mari une idylle de vieux couple, deux amoureux toujours complices à chaque instant de leur existence. Et l’amour, c’est aussi celui des parents pour leurs enfants, l’amour plein d’attentions et d’exigences d’Adèle pour Antoine, l’amour contrarié et déçu d’Odile et Christian, pour leur fils Pierre et leur fille Sylvie, dont ils subissent avec amertume leur triste tempérament d’adultes. Métaphore de cette exploration de l’amour, la rose, présente dès le titre, et qui se rencontre à chaque coin du roman, fleur naturelle ou motif de décoration, lieu commun de la littérature chérie par Michel ou cliché sentimental. C’est une rose, d’ailleurs, une rose mal cueillie, qui fera basculer l’histoire vers une intrigue policière…

Au-delà du plaisir ressenti à suivre les tribulations, gloires et déboires, des uns et des autres, le texte de Luc Blanvillain nous réjouit aussi par les multiples « autres choses » qui en nourrissent les pages et suscitent l’intérêt du lecteur. Ce sont les conversations truculentes et incessantes autour des livres, entre Michel et Simon ou Joëlle, ou bien davantage encore entre Simon et Antoine, quand le garçon malicieux oblige le bibliothécaire à lui commenter sa lecture de Jude l’obscur de Thomas Hardy (pour qui n’a jamais lu ce classique, le roman de Luc Blanvillain le poussera inévitablement à courir chez son libraire ou à la médiathèque pour se le procurer, tant ce qu’il en dit fait envie !). Ce sont les nombreuses références littéraires, apparaissant comme des clins d’œil aux tournants du récit, ici à Madame Bovary, là à Paul Celan, ailleurs à Camus… C’est le regard mi-tendre, mi-moqueur, que l’auteur porte sur notre époque et ses mœurs, montrant comment le goût des séries télévisées finit par modifier notre appréciation de la réalité, mais révélant également le fossé des générations, désormais impossible à combler, quand Odile organise une sorte de match culturel, très drôle, entre une vieille bibliothèque verte d’Alice et le site d’influenceuse de sa petite-fille Cléophée (sic !) sur Tik-Tok. C’est, enfin, parfois, l’attention portée aux charmes d’un décor, à la douceur d’un objet, quand la même Odile s’attarde à caresser « une vieille bonbonnière ovoïde en porcelaine de Limoges », aussi chargée d’émotions et de souvenirs que la madeleine de Proust !

Alors « ce sera un coup de cœur… J’ai hésité avec pépite, mais ce sera coup de cœur », comme dit Joëlle, la lectrice aux émoticônes (p.15), ce roman de Luc Blanvillain ? Ou bien, simplement, un texte qui se dévore avec un plaisir sans mesure, de la première à la dernière page… Vous hésitez encore ?

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Quelques femmes

Découvert grâce à l'éditeur de la maison d'édition au festival du livre.

Assez mitigée sur cette lecture. J'ai beaucoup aimé le principe de courts portraits de femme diversifiés, qui ne se suivent pas.

Mais ils ont été tantôt trop courts, tantôt trop flous dans la narration.

À part une nouvelle, le reste ne m'a presque pas marqué, voir pas du tout.
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