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Editions du sous-sol [corriger]

Créées en 2011 par Adrien Bosc, les éditions du sous-sol offrent un écrin à la narrative nonfiction, ce genre entre fiction et réalité. Ils publient les revues Feuilleton et Desports. Depuis 2014, la maison, département du Seuil, a ouvert ses portes aux beaux-livres et aux romans, avec la traduction de chefs-d’œuvre injustement oubliés. site: http://www.editions-du-sous-sol.com/

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Les Naufragés du Wager

J'ai eu froid, j'ai été trempé, j'ai eu peur, j'ai mal dormi, j'ai même cru perdre des dents à cause du scorbut en lisant ce livre de non-fiction (ce qui m'a d'ailleurs permis de découvrir ce type de livre). Bref c'est vous dire qu'il est balèze cet auteur !! J'ai beaucoup aimé, avoir été ainsi transporté dans ces aventures incroyables de l'époque, ces marins monumentaux...
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Aliène

Fauvel, une jeune femme, arrive à Cournac, un village dans la campagne, pour garder la chienne de Luc pendant qu'il fait le tour du monde avec sa riche amie Hélène qui lui offre ce voyage. Hannah est une chienne clonée d'une première chienne ayant le même nom. Fauvel connaît Luc par sa fille Mado, les deux jeunes femmes ayant été étudiantes à Paris en même temps. En arrivant, Fauvel trouve la chienne assez antipathique et se demande un peu ce qu'elle fait là. Elle va découvrir des choses étranges… ● Ce roman avait tout pour me déplaire, à commencer par la recommandation dithyrambique des critiques du Masque et la plume (comme pour Télérama, en général je fais le contraire de ce qu'ils disent), puis par ses thématiques, par son onirisme, à tel point que je m'étais dit que je ne le lirai pas, malgré tous les éloges dans la presse. Mais par acquit de conscience j'ai quand même téléchargé le début, et ce fut un foudroiement : dès les premières lignes j'ai été happé, subjugué par le style, absolument magnifique et profondément original. ● Je m'étais attendu aussi à lire une sorte de manifeste grossièrement militant, or ce n'est pas du tout cela, le militantisme, bien présent, est très subtil ; on est loin, très loin des gros sabots, même si l'on comprend bien que l'autrice lutte contre le patriarcat, pour l'antispécisme, pour le féminisme, pour le « queer »... Et tout passe par la narration – et par l'écriture ; on est à l'opposé des grandes déclarations théoriques. ● le titre, « aliène », c'est à la fois le verbe aliéner et les aliens, les extra-terrestres qui jouent un rôle dans cette histoire. Mais si aliens il y a, on reste toujours dans ce qui est possible, on est sur cette ligne de crête fragile entre réalisme et onirisme fantastique, sans jamais basculer du côté où le récit n'aurait plus de sens. ● Les images, métaphores et comparaisons, foisonnent et sont superbes, on se demande où l'autrice va chercher tout ça, on est stupéfait de constater qu'elle va toujours plus loin dans l'écriture de l'analogie, qu'elle en invente toujours davantage. Par exemple : « Les yeux se révulsent, un peu de bave épaisse comme un lichen au coin des lèvres. Dans son corps, les molécules s'assemblent, se dissolvent, se collent, coursant à travers ses muscles, ses mains, son cerveau. Il est un homme nouveau, un homme de mystère, reconfiguré et secret, où est le siège de soi se demande-t-il, se demandent-ils tous tandis qu'ils se bouleversent sur le carrelage marron du salon, eux-mêmes et pas eux-mêmes, plus jamais comme ils l'ont été, différents encore de ce qu'ils seront, qui sommes-nous se demandent-ils avec de grands regards mais sans le penser totalement toutefois, car ils savent bien qu'ils sont cela : leurs corps, des flambées de plaisir. Probablement il n'y a que cela qui importe, et tant pis pour cette idée d'identité, ils ne sont jamais que ça, un assemblage de données physiques quelconques. Des atomes momentanés rassemblés qui se désagrègent lentement vers autre chose. » ● L'originalité de l'écriture vient aussi de l'association d'un vocabulaire soutenu et même parfois de mots rares avec un lexique familier, sans jamais rompre l'homogénéité de l'ensemble. ● le nom du personnage principal, Fauvel, est particulièrement bien trouvé (« fauve » + « elle ») et on nous précise que ce nom a été inventé par Fauvel elle-même, dont ce n'est pas le vrai prénom. ● Si le style de l'autrice m'a laissé pantois d'admiration, j'ai cependant trouvé que l'histoire se répétait un peu, surtout dans le troisième tiers, et que le roman aurait gagné à être un peu plus court. ● C'est néanmoins une expérience de lecture saisissante, tout à fait singulière, et que je recommande.
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L'absence est une femme aux cheveux noirs

24 Mars 1976,

« C'était un mercredi, l'automne argentin et la lumière dorée et les rues semées de feuilles jaunes et roussies, et dans les rues du vert du vert, uniformes armes et jeeps,… »,

Le pays se trouve sous le contrôle opérationnel de la Junte militaire,

Le lendemain, un des plus grands quotidiens titre « Tout est normal » !



Émilienne Malfatto écrivaine et photographe , dont j'ai lu et apprécié énormément les trois livres publiés, nous revient avec un nouveau récit poignant sur les pages noirs de l'Histoire de l'Argentine, celles de la terrible dictature de Videla qui sévit le pays de 1976 à 1983. Elle s'appuie sur le travail du photographe colombien Rafael Roa, une trentaine de clichés accompagnent son récit donnant corps et vie aux fantômes et cicatrices d'une des plus terribles dictatures d'Amérique latine.

Très peu de mots, quelques pages, on est déjà au coeur du sujet, celui d'une réalité atroce, inimaginable. Elle soulève le coin d'un lourd tapis sous lequel s'amoncellent quarante années de poussière . Des étudiants, des ouvriers….disparaissent du jour en lendemain, sans traces , “Los desaparecían”, pas de corps, pas de crime. À ces trente mille disparus s'y ajoutent cinq cent enfants volés, nés en captivité ou bien enlevés au berceau , et des milliers de parents qui attendent un retour improbable , miraculeux.



Tout ça, soit disant , pour endiguer le péril rouge….

Torturés à mort, emprisonnés dans des cageots ….en plein Buones Aires ,

Endormis et jetés nus d'un avion dans le fleuve,

Mort au fond de ce même fleuve ou dans des barils de sable et de ciment ou dans des tombes anonymes là-bas en Uruguay….



Même après un à peu près retour à la démocratie après 1983 et le procès de Vidal et ses acolytes en 1985 mettant Vidal et Massena en prison , la machine infernale ne se calmera pas. Huit ans de dictature signifie des tas de militaires mouillés, corps énorme, monstrueux, constitué de milliers de bourreaux, tortionnaires, assassins, officiers et subalternes à la recherche d'une amnistie pour blanchir ce passé de sang et d'horreur….Quarante ans après la plaie est toujours béante et ne se refermera pas de si tôt.'





Malfatto s'intéresse à nouveau à un pan terrible de l'Histoire d'un autre pays que la sienne. Est-ce son nom étranger « Malfatto » qui l'y destine ? Elle se pose aussi la question. J'ai lu de très nombreux livres témoignages , roman ou autres sur les dictatures d'Amérique latine, un sujet qui n'a rien de nouveau pour moi , pourtant le style de Malfatto qui alterne prose et vers libres donne un texte très fort, percutant, poignant, qui m'a encore une fois subjuguée . Quel talent !

Pour qui cela intéresse conseille deux films celui de Santiago Mitre

«  Argentina 1985 » (2023)récit du procès des bourreaux de la dictature et un film beaucoup plus ancien de 1999, “Garage Olympo” de Marco Bechis qui relate justement l'horreur décrit dans ce livre.



“d'un côté la vie normale

le quotidien le foot et les rires

(est-ce qu'on rit aussi en dictature?)

de l'autre la mort la douleur les hurlements “

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