« C'est une ville étrange où il faut savoir où l'on va », c'est ainsi que commence «
l'absence est une femme aux cheveux noirs ».
Alors que depuis quelques mois celui que l'autrice appelle « le fou aux yeux glacés, l'homme-venin », règne en argentine, pays qui semble ne pas vouloir se souvenir du passé, pays du mensonge,
Emilienne Malfatto nous conte le récit dense et glaçant d'une histoire terrible, celle des exactions des huit années de dictature d'extrême droite de 1976 à 1983, en Argentine où plus de 30 000 personnes ont disparu et des centaines d'enfants et de nourrissons, ont été enlevés par la junte militaire pour les replacer dans des familles qui correspondaient à leurs critères et éliminer « le gène rouge ».
Quarante ans plus tard, les disparus n'ont pas été retrouvés et leur absence hante les mères ou plutôt les grands-mères qui se réunissent chaque jeudi, place de mai à Buenos Aires, les mères ayant disparu à jamais précipitées dans le Rio de la Plata; c'est ce qu'on appelle « les Mères de la place de mai » et c'est par ces femmes que la mémoire perdure.
En diversifiant les formes de narration tantôt poétique, tantôt des réflexions personnelles, des apartés ou retranscriptions de rêves, de souvenirs, des témoignages recueillis au cours de son enquête, l'autrice tente d'approcher au plus près l'impalpable de la dictature, la terrible vérité.
Ce texte traite du tragique sujet de l'omniprésence de l'absence. Il est empreint de toute l'humanité et de la poésie qui sont attachées à tous les textes d'
Emilienne Malfatto. C'est peut être finalement sa manière de partir en quête du sens de la vie, de témoigner de l'horreur dont les Hommes sont capables.
Ce texte magnifique est tout au fil du récit en dialogue avec des photographies de Rafael ROA qui nous plongent dans ce qui fut et est encore une réalité omniprésente.