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Regarde les lumières, mon amour

Drôle de titre pour un roman d’Annie Ernaux… Quoi que. Je ne connaissais de cette autrice, que ses ouvrages des années 80-90 très autobiographiques et intimes sur sa vie de femme et de fille. J’interprétais donc ce titre comme celui d’une rencontre amoureuse prometteuse…

Comme je me trompais, j’omettais alors la corde sociologique de la formation d’Annie Ernaux. Ce livre, essai et roman à la fois, nous plonge dans l’univers de la grande distribution. Pendant près d’un an, elle va se rendre régulièrement dans l’hypermarché près de chez elle et traquer le comportement de ses concitoyens. Inconnue parmi ces inconnus, elle va étudier leurs faits et gestes, cherchant le commun, l’originalité ou l’incongru. Elle va aussi examiner le phénomène commercial capitaliste de ces grands magasins, toujours plus de rayons, toujours plus d’articles. Elle dénonce, au hasard des drames lointains, dans des manufactures de vêtements, survenus dans l’année, et nous rend complices de ces abus d’emplois de main d’œuvre à bas prix des pays dits du Tiers-monde.

Elle aura un œil très attentif au rayon des livres… Elle y viendra souvent.

Que dire des fêtes calendaires où du jour au lendemain des articles mis en lumière se retrouvent jetés au fin fond de bacs perdant valeur et intérêt ?

De rares échanges anodins avec d’autres usagers, des regards inquisiteurs à la caisse sur les achats des voisins d’attente… Des faits, gestes et pensées que nous avons tous certainement vécus, un jour ou l’autre en faisant nos courses : un miroir. Des phrases simples, justes qui résonnent, faisant sourire ou grimacer.

J’ai aimé déambuler avec elle dans cet univers familier car quels que soient l’enseigne et le lieux d’implantation des géants de la consommation que nous fréquentons, ils répondent tous aux mêmes impératifs et critères de l’acheter toujours plus.

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Regarde les lumières, mon amour

Comme Annie Ernaux le dit elle-même, ce n'est ni une étude sociologique, ni un essai critique mais simplement son journal ; celui d'une femme du XXIe siècle, qui a connu l'épicerie familiale, l'ouverture des premiers supermarchés, l'essort des centres commerciaux et peut-être ce qui aura été leur apogée avec l'arrivée de nouvelles habitudes de consommation.



Annie consommatrice, plus qu'observatrice sillonne les rayons du temple de la consommation, le " Kremlin" "aux briques rouges" dit-elle et fait part au lecteur de ses réflexions.



Elle évoque ce lieu comme un carrefour où les gens se croisent et coexistent, sous la lumière crue des néons et des panneaux "jaune acide" de promotions, tous différents mais surtout, femmes. Celles dont la place reste inexorablement au supermarché, comme une "extansion " de leur place domestique, malgré la volonté de changements.



Tout cela, vivifié par l'acuité d'Annie, par sa plume facétieuse, son humour et par ce lien intime à la fois individuel et universel qu'elle tisse avec le lecteur.



Voici une citation — le choix était grand — celle qui permet de mieux définir ce produit à consommer sans date de péremption et qu'elle aimerait que nous extirpions du caddie " entre la plaquette de beurre et la paire de collant"... :



" Comme chaque fois que je cesse de consigner le présent, j'ai l'impression de me retirer du mouvement du monde, de renoncer non seulement à dire mon époque mais à la voir. Parce que voir pour écrire, c'est voir autrement. C'est distinguer des objets, des individus, des mécanismes et leur conférer leur valeur d'existence."



Lire Regarde les lumières mon amour, c'est alors voir notre société à travers un lieu peu littéraire, le supermarché.
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