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EAN : 9782370210999
112 pages
Raconter la vie (15/01/2015)
3.69/5   95 notes
Résumé :
"Quelle horreur d'être jeune dans ce coin !" Cécile Coulon a entendu cette remarque durant toute son adolescence. Les petits villages du fin fond du Massif Central, perdus entre terres agricoles et banlieues dortoirs, seraient-ils des lieux invivables ? L'auteure et ses amis d'enfance ont pourtant su en faire leurs terrains de jeux et d'apprentissage. Entre le stade, l'école, l'unique boutique et l'église, dans un monde dont les adultes sont largement absents, il se... >Voir plus
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Pas un roman, pas un récit, juste quelques brides où bourdonne le vent dans la campagne, terre de mon enfance, petit village de huit cents habitants. le bonheur pour nos aïeux que cette terre où tout le monde se connaît. Terre hostile pour ces adolescents qui voudraient danser, se soûler ou se rendre au cinéma, au théâtre, se mélanger à cette foule qu'offrent seulement les grandes villes.
Ode aux années 90, un temps encore protégé des dieux. Internet est une bête curieuse, le gameboy est à la mode, le bon vieux Nokia avec son jeu de serpent. Les jeunes des campagnes sont fourrés dehors, ils construisent des cabanes, ils cherchent des endroits cachés pour un premier baiser, ils n'ont d'autres occupations que le grand air, que les espaces verts. le samedi, il y a la baguette à la boulangerie avec ses rituels où la politesse est maîtresse en tout lieu. le dimanche, la messe, où chacun sort son plus bel habit.

Aujourd'hui, la campagne attire les citadins qui ne supportent pas le bruit de nos vastes terrains champêtres. Je pense à Maurice, ce pauvre coq à qui des voisins veulent tant de mal parce que Maurice aime chanter son cocorico le matin. Je pense à ces commerces qui ferment les uns après les autres. Je pense à ces enfants qu'on ne voit plus jouer dehors. Pourtant, l'appel de la forêt, je l'entends, oh toi ma campagne, jamais je ne te quitterai. Tes coqs, tes oiseaux, ton vent gracieux, ton silence apaisant, je ne peux m'en passer.

Cécile Coulon, une bien jolie découverte ici avec sa plume qui danse sur les souvenirs enfouis, sa simplicité musicale à nous conter la vie verte, des mots nostalgiques qui carillonnent sur le tapis vert de nos campagnes.
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Ce n'est pas tout à fait un hasard si "Le coeur du Pélican" et "Les grandes villes n'existent pas" voisinent sur les tables des bonnes librairies. Anthime, "le Pélican" de Cécile Coulon est justement confronté aux particularités de la commune semi-rurale où ses parents ont décidé d'emménager. Exactement le type de village où a grandi l'auteure qui tente, avec ce témoignage riche et sincère de montrer comment, entre attachement et répulsion cet environnement contribue à façonner les personnalités de celles et ceux qui en sont issus.

"Ces espaces, on y habite pour rêver d'en partir, on les quitte pour rêver d'y revenir". A travers sept courts chapitres, Cécile Coulon raconte une enfance et une adolescence dans un village du Centre de la France, bâti autour d'une église et entouré de montagnes et de volcans. Là où l'on vit dehors la plupart du temps, dans un espace restreint, limité par le manque de moyens de circulation. Là où l'école, le stade et même l'église constituent les piliers du lien social. Là où tout le monde vous connaît, où vous ne pouvez échapper à aucun regard ni proférer aucun mensonge. Là où, sans panneaux publicitaires, cinémas ou centres commerciaux, vous êtes tributaires de la bibliothèque de vos parents pour faire vos premiers pas de lecteur... On est bien loin de l'anonymat des grandes villes et de leur offre pléthorique en matière de loisirs et de consommation.

Que n'a-t-elle pas entendu, Cécile Coulon... du "L'hiver, ce doit être l'enfer" à "C'est joli ici mais je n'y vivrais pas". Pourtant, ni elle ni ceux qu'elle a côtoyés n'ont eu l'impression de vivre un enfer. Plutôt de franchir des étapes, pas à pas, dans un environnement préservé. Être envoyé chercher le pain (premier acte d'autonomie), prendre possession des champs, des forêts, des lacs, terrains de jeux et de découvertes en tous genres, faire l'apprentissage de la vie sociale dans des écoles où cohabitent souvent plusieurs niveaux de classes, puis découvrir la ville avec le car qui emmène au lycée. Jusqu'au permis de conduire, véritable sésame pour "l'ailleurs", finalement assez peu utilisé en dehors des limites d'un territoire connu.

Pour l'auteure, cette impression d'enfermement est véritablement une chance tant elle incite à rêver le monde et peut-être à l'inventer. Mais surtout, elle souligne le sentiment d'appartenance très fort que ressentent tous ceux qui en sont issus vis à vis de leur village. Comme s'il faisait partie intégrante de leur identité, comme si le fait de les avoir laissés pousser à leur rythme avait contribué à leur enracinement. Qu'ils restent ou qu'ils partent, tous ceux qui ont vécu ensemble leurs années d'enfance et d'adolescence auront de toute façon ce même endroit en commun.

Bien sûr, internet change la donne. Mais pas seulement. Les villages se transforment, accueillent de nouveaux habitants qui fuient les villes... Alors il sera intéressant de confronter ce témoignage qui fige les années 90 à d'autres dans les prochaines années. Histoire de voir si, pour les jeunes habitants de ces villages, les grandes villes n'existent toujours pas.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Cécile Coulon, jeune auteure de plusieurs romans, dont le Roi n'a pas sommeil ou le rire du grand blessé, a accepté elle-aussi de participer à l'aventure "Raconter la vie : le roman vrai de la société française", une collection du Seul qui a décidé de porter un regard neuf sur notre société.

Cécile Coulon, en une centaine de pages, a décidé de raconter son enfance et son adolescence dans un petit village d'Auvergne. Cet écrit ne sera ni un roman, ni un essai, ni même un témoignage, mais seulement un "regard" sur son enfance, des modes de vie, dans les lieux familiers.

Le village, mais plus particulièrement l'école, le collège, l'église, les commerces et la salle polyvalente, sont autant de terrains de jeu pour ces enfants, mais représentent autant de lieux d'apprentissage.

Cécile Coulon brosse un portrait fidèle d'une enfance et d'une adolescence privilégiée, dans une "cage sans barreaux", dans des lieux privilégiés, à l'abri de la contrainte et de la peur.

Elle conclut "quand on y a grandi, on a presque réussi à se persuader, au fil du temps, que les grandes villes n'existent pas".

Un témoignage prenant, un portrait dans lequel de nombreux lecteurs se reconnaîtront.

A noter, pour aller plus loin, le site raconterlavie.fr permet de découvrir d'autres témoignages et offre des parcours de lecture transversaux.

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Leçon de vie rurale.
La France rurale existe encore ! Cécile Coulon l'a rencontrée. Mieux que cela, elle y a vécu au moins les quinze premières années de sa vie et en témoigne avec lucidité du haut de ses 23 ans. Elle nous donne un « regard » sur la vie à la campagne sous ses divers aspects. L'espace rural se définit comme une des marges de la société française, de l'espace public. Il devient un lieu exotique, un endroit évoquant les vacances et la détente … pour les citadins évidemment, ceux qui ont le pouvoir, la maîtrise des moyens de communication, qui sont largement majoritaires et qui imposent leur mode de vie comme norme.
Dans Les Grandes Villes n'existent pas, la campagne est décrite du point de vue des ruraux mais sans concession (« cage sans barreaux », ennui, solitude…). L'auteure fait aussi une large place aux hommes qui y vivent, à la société qui se maintient (la salle polyvalente) avec une attention particulière aux adolescents (le stade) sans oublier le rôle structurant de l'église et de l'école et le regret de la disparition des commerces. Ce panorama, somme toute ordinaire, trace en creux l'existence d'une autre vie largement imaginée et fantasmée … la vie en ville.
Aux yeux de Cécile Coulon et malgré toute sa sympathie pour la campagne, la ville demeure un lieu attirant : pourquoi? Ses commerces d'abord, ses multiples possibilités de distractions (cinéma, sports), l'absence supposée d'ennui et de solitude, la proximité du collège ou du lycée, l'impression de liberté sociale dans un anonymat confortable. Et pourtant quand on vit au village, on rêve de partir en ville et une fois en ville on ne pense qu'à rentrer au village : le bonheur n'est peut-être jamais là où on l'imagine !
Pour moi, ce livre vaut surtout pour son étude sociologique de l'espace rural. En effet, jamais l'opposition stérile entre ville et campagne ne vient restreindre la tendresse, la spontanéité et l'authenticité du témoignage. La valeur de cet ouvrage réside précisément dans la qualité de cette évocation à hauteur d'homme du monde rural. Il me reste à souligner le rôle de l'école qui, du fait des contraintes géographiques et de la faible densité de population, joue, en plus de son devoir d'instruction, un rôle inattendu et bienvenu de pont entre la campagne et le monde extérieur qui, pour ces jeunes ruraux isolés, n'avait pas d'existence concrète.

Lien : http://raconterlavie.fr/coll..
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Les grandes villes n'existent pas propose une sorte de témoignage, bribes de récits, de ces enfances et adolescences passées dans les village de campagne.

A cette lecture, les souvenirs sont revenus à la surface tant Cécile Coulon parvient à décrire avec acuité les petits détails et constats sociologiques qui émaillent ces moments passés dans ces lieux éloignés de toutes les activités citadines.
L'élevage en plein air, le stade et l'école comme principaux lieux de socialisation, les longs trajets en car, la boulangerie où on attend des plombes sans oser partir sans rien acheter, le bal d'été (qui passé minuit termine toujours en baston), le loto dans la salle polyvalente, l'arrivée au lycée qui ouvre un nouveau champ de perspectives...

Même si le ton reste plutôt celui du constat et ne propose pas d'incursion vraiment intime ou profonde, le lecteur qui se reconnait peut retrouver en lui l'impact laissé par les lieux de son enfance. La question que je me pose : comment celui qui a grandit loin de cette réalité reçoit-il ce livre ?


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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
"Je ne savais même pas que ça existait en France, ce genre d'endroit"
"Ici c'est le paradis pour les enfants, l'enfer pour les adolescents"

Souvent j'ai entendu cette dernière phrase à propos de notre quotidien, ou plutôt de celui que nous imaginaient ceux qui vivaient dans les grandes villes que nous ne connaissions que de nom. C'est étonnant comme la plupart des gens pensent que les enfants aiment se promener dans les chemins, et leurs aînés dans les magasins de fringues. Le paradis pour les enfants : la campagne à portée de main, les grandes maisons qui coûtent moins cher qu'en ville, de vastes jardins, les promenades interminables, l'air pur et l'absence de danger. L'enfer pour les adolescents : pas de salle de cinéma, pas de centres commerciaux, pas de skate-park, pas de librairie, pas de piscine municipale. Et pourtant, de tous ceux qui ont partagé les lieux, les histoires, les saisons, les maisons dont je vous parle, aucun ne m'a jamais parlé d'enfer, d'ennui. De différences avec la vie citadine découverte par la suite, c'est certain. Un de mes amis m'a écrit : "Quand j'ai quitté la maison pour étudier puis travailler en ville, j'ai eu l'impression de découvrir un nouveau monde, qui n'avait rien à voir avec le mien". Mais aucun des deux n'est ni moins bon ni meilleur que l'autre. Différent, c'est sûr. Parfois opposé, souvent complémentaire. Je n'ai jamais répondu à aucune de ces remarques. Par flemme, par manque de courage, de crédibilité et peut-être de sang froid. Jusqu'à aujourd'hui.
Cette histoire n'en est pas une. Ce n'est ni un roman ni un essai. Ni un conte ni un documentaire. Pas même un témoignage. C'est un regard, un regard d'abord patiemment aiguisé, posé en silence sur les terres auvergnates. Un oeil qui s'est ensuite détourné pour voir les mêmes choses, au creux d'autres paysages, souvent grandioses, en Ardèche, dans la Drôme, dans le Lot, en Lozère, en Corrèze, en Creuse.
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Traîner dans les rues. Une activité fort prisée des plus jeunes, et des autres. On passe son temps dans la rue. Pour retrouver quelqu'un, pour aller chez quelqu'un, pour fuir quelqu'un. A vélo, à pied. On y joue beaucoup. Le soir, après l'entraînement, ou quand on sort des longs repas sur la terrasse d'un voisin, on reste dans la rue, on discute, on fume, adossé au mur. Ca dure jusque tard dans la nuit. Rester dans la rue, ça permet de se sentir chez soi sans être prisonnier de la famille. On n'a pas peur, parce qu'on connaît cette rue comme sa propre chambre, on peut rire fort, s'énerver, parler de tout, c'est beaucoup moins oppressant que le canapé du séjour. Les murs ont des oreilles, mais des oreilles bienveillantes. Maintenant, les gens de mairie décident de couper l'éclairage public la nuit. Pour faire des économies, et pour que les rues soient calmes. Elles le sont, calmes, puisqu'elles sont vides. C'est drôle, dès qu'il y a de la vie quelque part, les gens ont peur du danger. Les gens ont peur de vivre. Ils se contentent d'exister, d'être là.
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À Paris, les gens vivent à quatre dans trente mètres carrés, on appelle ça « la bohème » ; à la campagne, tu vis seul dans soixante mètres carrés, on appelle ça « la misère ».
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Le temps. Un immense point d’interrogation. D’où qu’on vienne. Mais ici, c’est comme un morceau de guimauve chaude : ça s’étire, encore et encore, et ça colle dans la paume de la main.
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La boulangerie, c'est le premier endroit où les parents nous envoient, seuls, acheter la baguette du samedi matin. Le jour où l'enfant peut traverser la rue, tendre un billet, recevoir la monnaie, le pain enveloppé dans du papier fin aux initiales de l'enseigne, il a fait ses premiers pas vers l'autonomie. L'épopée solitaire à trois cents mètres de la maison signifie qu'on vous a lâché la bride, comme un poulain à qui on enlève, après des dizaines d'heures de voltige, la corde qui le relie à son cavalier. Aller chercher le pain seul. Première mission, première fierté des petits. La découverte de l'argent, les tentatives pour "gratter" la monnaie.
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