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Christophe Lucquin Éditeur [corriger]


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Baudelaire: Vie d'un auteur fou

Polleri aborde Baudelaire avec des sensations que je qualifierai de canines. L’odeur seulement l’intéresse. La sienne et celle de la merde qu’il croise au hasard de ses déambulations. Il renifle Baudelaire, le flaire à l’endroit d’où la corruption digestive s’effluve, c’est-à-dire par le trou de balle. Parle de lui à travers tout un spectre de perceptions, mais de perceptions exclusivement olfactives, dont seul le chien apprécie les finesses, dont il se délecte avec son museau en furetage et qu’il goûte d’une langue mobile, adhésivement lécheuse, humectée de fils visqueux qui se détachent et souillent ce qu’il inhale, le poussant du museau dans la circulation d’une haleine chargée de relents. Le reste échappe à peu près à Polleri. En particulier, la poésie n’est pas dans le faisceau des choses qu’il entend explorer. Elle n’avait pas sa place dans la bouillie des lectures qu’il a consommées pour extirper le comédon de son livre, après s’être réduit le cerveau aux trois quarts en le faisant tremper des semaines entières dans de la téquila. Il ne s’accroche qu’à ce qu’il a glané ailleurs que dans l’œuvre même de Baudelaire, dans des biographies, études critiques, souvenirs de contemporains, Pichois, Bandy, Blin, Dufay, Porché, Crépet, Nadar, Gautier, Banville, Asselineau, etc., dont il n’a lu d’évidence que quelques pages à la va-vite, et encore en traduction espagnole (ce type ne doit pas parler le français), et qui ont constitué la légende du poète clochard syphilitique aux semelles trouées, ivrogne gueulant dans les troquets ses poésies outrageantes à la morale publique et se consolant de ses amours ratées, malgré sa trique de satyre, dans les bras des putains à 5 francs ou dans les jupes de sa mère, courant de claque en hôtel borgne pour échapper aux créanciers et tenter vainement d’entrer en communication avec ce sacré fantôme défroqué de père dont il croise partout les traces de pas. Déjà, cela interpelle. Cela interpelle parce qu’on devine le cahier d’écolier et la grosse écriture ronde, bavée et inégale sous l’alignement des caractères d’imprimerie de l’éditeur-traducteur. Rien d’ennuyeux chez Polleri cependant. Certains génies sont ennuyeux. Polleri n’est ni ennuyeux, ni un génie. Ça doit être un alcoolique plus occupé par les ravages de son incontinence que par l’écriture de ses livres.
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Le camion

Je pensais que ce livre allait raconter une sorte de road-trip en camion. Et bien pas du tout. Certes, les personnages rêvent de partir en Afrique, en Inde... Mais non, ils resteront dans les environs et feront quelques balades.

Du coup, après lecture de ce roman, j'ai l'impression que ce fameux camion ressemble plus à une cabane d'enfants où l'on se confie, où l'on découvre des choses, où on se rassemble tous ensemble ou qu'à quelques uns. Mais là, c'est un lieu de rapatriement de jeunes adultes.

L'auteure a choisi de séparer son livre en trois parties : la première concerne tout ce que vivent les jeunes adultes dans ce camion ou en lien avec le camion. La deuxième partie raconte ce qu'ils deviennent quelques temps après. Et la troisième partie concerne ces jeunes gens devenus adultes et ce qu'ils ont fait de leurs vies.

Sur la forme, il n'y a pas de chapitres. Les paragraphes passent d'un personnage à l'autre, avec des difficultés à retrouver de qui l'auteure parle. Il n'y a pas de forme de dialogue, tout est en bloc par paragraphe, cela manque d'aération d'après moi, un texte sous une forme condensée. Certains passages empruntent presque de la philo!

J'ai moyennement apprécié l'histoire car rien ne m'a accroché, cela me paraît vraiment un livre banal. Je n'arrive pas à voir où veut en venir l'auteur.

Un camion-cabane... ?
Lien : https://lacabanedemeslivres...
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Salon de beauté

Je, est celui qui raconte son histoire. Il n’a pas de nom, il est seulement Je, un travesti, coiffeur et propriétaire d’un salon de coiffure. Bien que celui-ci soit mixte, ce sont essentiellement des femmes qui viennent s’y faire coiffer, car elles semblent « indifférentes au fait d’être soignées par des stylistes portant presque toujours des vêtements féminins ».



Pour se démarquer des autres salons du quartier, et lui donner un peu de luxe, Je, a choisi de l’équiper d’aquariums ou évolueront des poissons. Différentes sortes de poissons, non fragiles ne nécessitant pas de soins particuliers, dont la vue et les circonvolutions détendront ses clientes, « qu’elles aient pendant leurs soins l’impression d’être immergées dans une eau cristalline avant de réapparaître à la surface, belles et rajeunies ».



Je, nous détaille ses choix sur les futurs occupants des aquariums, les soins prodigués, mais également leur mort somme toute assez tragique. Parallèlement, il se laisse aller à des confidences sur son passé, sa vie, et ses frasques avec les 3 autres coiffeurs. Sur le changement qui s’est opéré sur le salon et la tâche qu’il s’est donnée d’accomplir.



Ce salon initialement destiné à la beauté, s’est transformé, un peu par hasard, en mouroir, non pas en un hôpital ou une clinique, mais seulement en mouroir – le premier pensionnaire qu’il a accepté, l’a été à la demande d’un des compagnons qui travaillait avec lui. Le jeune homme avait été abandonné par son ami dès que celui-ci avait appris sa maladie, aucun hôpital, ni sa famille ne voulaient l’accueil ni le prendre en charge. Privé de ressources, il ne lui restait qu’à mourir dans la rue -.



Les règles sont très strictes. N’y sont admis que les malades en phase terminale, les dons d’argent en espèces, les confiseries, et le linge de lit. Pour faire face à cette nouvelle étape du salon, tout le matériel professionnel a été vendu, pour acheter, des lits métalliques, des matelas de paille, des ustensiles. Les miroirs ont été retirés pour éviter la vue de la multiplication de l’agonie des occupants.



Je, s’active seul - Surtout pas d’associations, ni de sœurs de la charité, qui viendrait prier pour les malades, pas de femmes, aucun médicament. - auprès de ses pensionnaires, ceux-ci ne manquent de rien. Il va jusqu’à affronter les habitants du quartier qui veulent faire brûler le mouroir mais qui s’arrêtent à la porte, rebutés par l’odeur qui y règne. Un jour, Je se sens plus faible. Il découvre des taches sur sa peau, et comprend alors que son tour est venu, mais que lui sera seul, ses compagnons étant déjà morts. Il s’inquiète alors du devenir de son salon lorsqu’il sera trop faible pour se lever. Je, pense qu’il fermera toutes les ouvertures, n’ouvrira à personne. Et peut -être que les institutions pour qui aider est une forme de vie, défonceront la porte. On comptera parmi elles, « les Sœurs de la Charité » et les associations à but non lucratif. Mais le plus probable est que quelques jours plus tard, ils défonceront la porte et « me trouveront mort, mais entouré de la splendeur d’autrefois ».



Ce n’est pas un livre larmoyant, ni même triste. L’auteur maintient une distance entre l’écriture et le tragique de la situation. Son personnage semble indifférent et résigné à l’inéluctable. C’est beau, c’est fort, ça vous prend au creux de l’estomac. J’ai adoré ce récit, bien qu'il m'ait bouleversé !
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