Beaucoup d’auteurs qui, à une époque, ont eu un succès mérité se sont trouvés au fil du temps, relégués au second rayon de nos bibliothèques, puis au troisième, quand ce n’est pas directement au grenier !
On les dit désuets, passés de mode, au style vieillot…
Prenez la peine de les relire, vous vous rendrez compte, qu’ils sont toujours actuels, et que leur style n’a pas vieilli mais au contraire pris de la patine, ce qui confère leur un charme réel.
Car figurez-vous que c’étaient de bons écrivains…
Aujourd’hui : Jean Dutourd (1920-2011)
Dans les années 60-70, l’image de l’écrivain prend une nouvelle dimension : la raison en est simple : la radio et la télévision viennent compléter l’édition et la presse écrite, et désormais on connaît, le visage, la voix et finalement la personnalité de l’auteur (ou de l’autrice) bien plus qu’auparavant.
Jean Dutourd n’est pas le dernier à rentrer dans ce cadre : journaliste de profession, il met à profit une plume ironique, satirique, d’une grande finesse et d’une belle pureté pour écrire une œuvre abondante et variée où alternent chroniques journalistiques, romans à la tendre cruauté et à l’ironie incisive, essais plus ou moins polémiques et souvenirs.
Sa notoriété romanesque lui vient de quelques romans dont « Au bon beurre » (1952), chronique acerbe de petits commerçants sous l’Occupation, ou « Les Mémoires de Mary Watson » (1980), agréable pastiche des aventures de Sherlock Holmes.
On retiendra de lui ses chroniques de France-Soir, ses essais et ses interventions radiophoniques ou télévisées, où, plus qu’un polémiste (de droite, il ne s’en cache pas), il se révèle un véritable moraliste, fin analyste d’une société dont il constate amèrement le décin.
On saluera aussi en lui un des plus ardents défenseurs de la langue française (s’il revenait aujourd’hui, le pauvre, il serait effondré !)
Enfin on n’oubliera pas que pendant trente ans il a été un des piliers des Grosses têtes, à une époque où cette émission de RTL était un temple de l’esprit, et non pas le cloaque beauf et graveleux qu’elle est devenue (ce n’est que mon avis, vous avez le droit de peser pire si vous voulez).
Les dix œuvres réunies dans cette liste vous donneront une idée assez précise de cet auteur spirituel et attachant :
Une tête de chien (1950), roman
Au bon beurre, scènes de la vie sous l'Occupation (1952), roman
Les Taxis de la Marne (1956), essai
Les Horreurs de l'amour (1963), roman
Pluche ou l'Amour de l'art (1967), roman
Le Printemps de la vie (1972), roman
Mémoires de Mary Watson (1980), roman
Le Feld-Maréchal von Bonaparte (1996), uchronie
Jeannot : mémoires d'un enfant (2000), souvenirs
Le Siècle des lumières éteintes (2001), chroniques