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EAN : 9782914834360
224 pages
Passage du Nord/Ouest (30/10/2009)
4/5   2 notes
Résumé :
Employant les techniques littéraires chères à Capote (De sang froid), Ellroy (Ma part d’ombre) ou encore Saviano (Gomorra), techniques de la non-fiction novel entre roman, enquête journaliste et essai – cf. Des os dans le désert –, avec L’Homme sans tête Sergio González Rodríguez analyse le phénomène de la décapitation à partir de la découverte de plus en plus fréquente au Mexique de corps sans tête ou de têtes tranchées exposées à la vue de tous en signe d’avertiss... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« L'Homme sans tête » est une « fiction factuelle » empruntant tant à l'enquête journaliste qu'à la littérature. Il en résulte un livre inclassable, au croisement des genres, puisant dans des matériaux extrêmement divers (Interviews, souvenirs personnels, sciences humaines, mythologie, analyses d'oeuvres artistiques, etc.) et mêlant des formes de narration différentes, tantôt journalistiques ou tantôt littéraires et souvent indéfinissables.

Rodriguez mène ici une réflexion, aussi dense que bien documentée, sur la décapitation au Mexique, une forme d'exécution devenue courante lors des règlements de compte entre Cartels de la drogue. L'auteur décortique les procédés à l'oeuvre dans de tels actes : Réification des corps. Esthétisation et ritualisation de la violence contemporaine (au Mexique mais il cite également des exemples de décapitation tout à fait similaire lors de la guerre en Irak). Corruption généralisée des institutions policière, judiciaire ou politique. Culture de la peur. C'est effarant, choquant, révoltant.

Ce livre est une lecture éprouvante. Certaines descriptions de vidéos de décapitation diffusées sur Internet par les Cartels de la drogue sont dérangeantes, pénibles même mais absolument pas gratuites. La claque est d'autant plus grande que tout cela paraît invraisemblable. On peine à imaginer que cela existe vraiment et tout le mérite de Rodriguez est de nous secouer et de nous rappeler cette violence trop souvent invisible. L'auteur a aussi l'infime mérite de ne pas analyser ces décapitations « hors sol » : c'est en pensant les marges qu'on pense les normes. Ces violences inouïes sont ainsi mises en relation avec notre fascination pour les extrêmes (cinéma gore à la Saw par exemple), le recul de la rationalité ou bien encore la déshumanisation croissante des corps (Abu Grahib).
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'idée qu'en fin de compte, le trafic de drogue puisse être le symptôme d'un simple chaos est non seulement fausse, mais issue d'une série d'appréciations erronées dès le départ, qu'elles soient sociologiques, littéraires ou idéologiques. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le trafic de drogue implique l'existence d'un territoire cachée sous un apparent désordre vers lequel des intérêts géopolitiques, des impulsions économiques concertés ou soutenues par les Etats, les gouvernements, le capital et le pouvoir, qui ont recours à des procédés légaux auxquels se mêlent des pratiques illicites bien dirigés et rentables. La faiblesse et la corruption des institutions offrent une mine d'opportunité pour le commerce planétaire de la narcose comme principe de sociabilité. On planifie l'exploitation et on s'enrichit en plongeant des foules entières dans la consommation de stupéfiants.
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Ces vingt dernières années au Mexique, les activités des trafiquants de drogue devenant plus visibles qu'auparavant, l'utilisation des corps comme message s'est développée. Avant, ce commerce illégal demeurait silencieux et obscur, mais de nos jours, sa violence a donné naissance à des usages et même à des rites utilisant le sang des victimes. Des femmes à qui on arrache un téton en les mordant ou dont on découpe un bout de peau en forme de triangle. Des cadavres jetés dans une fosse, aspergés d'un mélange de chaux et d'acide qui accélère la décomposition. Des gens assassinés d'une balle dans le front, l'oreille ou la bouche pour désigner respectivement un traitre, un témoin indiscret ou un mouchard. Depuis peu, on inscrit sur le front des victimes la lettre "Z", signature d'une bande de délinquants qui ouvrent la trachée du mort pour en faire apparaitre la langue et pratique ainsi un forme d’exécution appelée "la cravate colombienne". Il y a aussi le "four" qui consiste à dépecer les corps et à jeter les restes dans un récipient rempli de pétrole auquel on met le feu. On peut également "fumer le mort" après avoir bourré une pipe de cocaïne et de cendres de la victime.
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Je reviens sur mes pas et tente de déceler des traces de sang pour me représenter la scène du crime. Mais tout a été effacé. On meurt pour être aussitôt précipité dans l'oubli. Apparemment c'est comme ça sur la côte. Partout.
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« Le trait principal du futur est celui de l’ultraprédation, dans tous les sens du terme. »
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