L'air est absent. La vallée glisse sous les brumes. Tracées sur le ciel, quelques lignes de fusain cernent la cime des nuages. Les perspectives sont bleu pâle, évanouies. Les rizières en damier reflètent une lumière quadrillée. Les hommes passent sous de grands chapeaux de paille en forme de cône. Les champs de thé étendent leurs milliers de boules vert tendre. Des femmes portent des serpes et des pioches forgées avec des bouts minuscules de fer. Les enfants suivent, encombrés de paquets couverts d'un plastique aux couleurs criardes. Les maisons basses sont collées à la terre sous leurs toits de chaume gris. Dans les maisons de maître, des pavillons en bois de teck surplombent les bassins d'eau grise.
Les solitudes de l'hôtel ont la froideur du chrome. Trop de lumières. Trop de musiques. Trop de gens anonymes. Ces décors plaqués effacent les distances. Peu importent les villes, le monde se ressemble, avec ses sols en marbre, ses profusions de miroirs et ses canapés recouverts de peluches. Dans ce pays de nulle part, chacun se retrouve chez soi.
Dans un salon du China Club de Paris, Olivier BARROT présente "L'archipel des épices", un roman de Thierry de BEAUCE, ambassadeur en Indonésie. 8 octobre 1998.