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EAN : 9782226473301
384 pages
Albin Michel (27/04/2022)
4.08/5   53 notes
Résumé :
Dea, onze ans, s’enfuit de chez elle et de la jungle indonésienne dans laquelle elle grandit.
Arrivée dans la ville de Kotanak, sur l’île de Sumatra, elle est recrutée par un groupe d’enfants des rues, les Anaks, que protège le mystérieux Aron. Alors que Dea se croit enfin en sécurité, une étrange maladie s’abat sur les enfants, entraînant le décès de certains. De son côté, Angka Zahara traque les trafiquants de drogue du célèbre gang du PPS, quand ses invest... >Voir plus
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Julie Ewa est une auteure complètement à part parmi tous ceux dont je suis les parutions. Ce roman qui n'en est pas totalement un s'inscrit complètement dans la lignée des précédents que j'ai lu, "Les petites filles" et "Le garçon disparu", dans le sens où ses personnages principaux sont des enfants, et surtout il s'inspire une fois de plus du vécu de Julie Ewa. Cette jeune femme d'origine alsacienne (je le mentionne parce que je suis fière d'avoir des compatriotes comme elle !) est très impliquée dans la protection de l'enfance, notamment par le biais de son association "Kolibri" dont je vous invite à visiter le site : https://associationkolibri.wixsite.com/site.
Elle s'est fortement inspirée de l'année qu'elle a passée en Indonésie, sur l'ïle de Sumatra précisément, où se déroule l'histoire de Dea et de ses camarades les Anak (enfant, en indonésien).

Il s'agit d'un ethno-polar, c'est-à-dire qu'il y a bien une enquête sur les membres d'une mafia locale qui exploite des enfants pour écouler de la drogue, mais le plus intéressant réside dans la découverte du quotidien d'une petite ville de Sumatra (fictive, mais certainement très proche de la réalité), Kotanak. Dea, une fillette de 11 ans à peine, a quitté son village dans la jungle pour soulager ses parents, trop pauvres pour payer les frais de sa scolarité. Elle pense naïvement pouvoir gagner de l'argent à la ville et retourner ensuite chez elle les poches pleines. Mais elle déchante vite, dès les premières heures elle va apprendre à ses dépens qu'un enfant seul est une proie facile. Mais heureusement pour elle, un "streetboy", Aron, va la prendre sous son aile, elle rejoint la petite troupe d'enfants des rues qu'il protège et nourrit grâce à la vente de bijoux artisanaux. Bien sûr, une série d'évènements tragiques va bientôt secouer ce relatif bonheur, et Dea va se retrouver dans un orphelinat catholique...

On en apprend beaucoup sur la condition féminine à Sumatra, et croyez-moi, ça ne va pas en s'améliorant. L'Islam radical grignote de plus en plus les libertés des femmes, à cause de l'influence économique grandissante de l'Arabie Saoudite qui exporte par la même occasion ses idées "progressistes".... J'ignorais tout de cette situation, ne connaissant de l'Indonésie que la façade qu'on donne à voir aux "bule" (les touristes). L'un des personnages est une jeune femme agente dans la police locale, Namira. A travers elle, qui milite dans une association musulmane modérée, Feminis, pour l'égalité hommes-femmes, nous apprenons effarés qu'un test de virginité est exigé pour travailler dans les forces de l'ordre. Et qu'on ne lui offrira jamais la possibilité d'évoluer dans sa carrière, alors qu'elle rêve de devenir inspectrice. Namira et Aron sont les deux personnages qui m'ont le plus touchée, même si Dea et ses compagnons sont également très attachants. Bien d'autres protagonistes sont également intéressants, on rencontre un vieux monsieur qui a transformé son appartement en bibliothèque pour les enfants des rues (d'ailleurs il existe réellement, comme nous l'explique Julie Ewa dans les remerciements), un inspecteur qui doute de sa foi et s'attire les foudres de son supérieur de plus en plus attiré par l'Islam radical. Bref, un récit riche, souvent poignant et très humainqui m'a réellement fait voyager au sein de cette civilisation constituée de gens modestes, voire très pauvres, mais pour qui l'entraide n'est pas un vain mot.
Je ressors de ma lecture très émue, et je remercie Julie Ewa de nous faire prendre conscience des drames humains que nous ignorons trop souvent.

"Jungle pourpre" n'est certes pas ce qu'on peut considérer comme de la grande littérature, mais pour moi il est bien plus que ça, et je compte bien continuer à suivre Julie Ewa.
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Première lecture d'un roman qui se passe en Indonésie. Que c'est crève -coeur savoir que des enfants doivent quitter leur famille qui a trop peu à manger pour les nourrir tous, familles se privant de tout pour les éduquer et assurer leur scolarité, travaillant comme des forcenés dans des milieux qui produisent de moins en moins. Beaucoup d'habitants quittent leur campagne dévastée par la production d'huile de palme pour tenter leur chance dans les grandes villes. C'est le cas ici de la petite Dea qui n'en peut plus de voir ses parents souffrir pour les nourrir. Elle fuguera donc en croyant que la ville lui apportera de quoi sauver sa famille. Mais la ville est-elle vraiment la promesse d'un avenir différent ?
Nous suivrons petite Dea prête à se lancer dans la jungle urbaine dont elle ne connaît pas les codes qu'elles finira par découvrir, souvent à ses dépens. Elle finira par être prise en charge par un ancien dealer repenti, Aron. Celui-ci aide les enfants des rues à survivre en les nourrissant, les éduquant, bref en étant un grand frère pour eux. Roman ethnographique, chronique d'une quotidienneté à Sumatra, Julie Ewa a le regard bienveillant sur ses personnages. Même si ceux-ci évoluent dans une réalité qui fait froid dans le dos et où l'on doit tout le temps être vigilant. L'archipel indonésien et ses paysages magnifiques, sa faune et sa flore abondante, sa diversité tant religieuse que culturelle, ses groupes ethniques aux coutumes ancestrales, ses moeurs intrigantes, attire et interpelle mais cache aussi beaucoup de cupidité, de laideur, de pauvreté, de corruption, sans parler de la radicalisation. L'autrice a su brosser le portrait et scénariser de belle façon une tranche de vie d'une petite galerie de personnages. Survivre jour après jour, se nourrir, se vêtir, se laver quand on a que la rue il est tentant de franchir la ligne de la légalité, les paradis artificiels sont à portée de main et l'argent y est facile...Une écrire simple, une narration qui coule, je découvre Julie Ewa qui a le mérite de mettre bien en évidence les vies terribles de certains enfants qui n'ont plus ou qui n'ont jamais eu d'enfance.
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Pour soulager ses parents très pauvres, Dea, onze ans, fuit sa jungle indonésienne et se réfugie dans une grande ville aux mille dangers. Accueillie au sein d'un groupe d'enfants protégés par Aron, un jeune homme au passé obscur, elle pense pouvoir souffler un peu.
Et tandis que la police traque Aron, Dea voit ses petits compagnons mourir un à un, victimes d'un mal mystérieux. Dans ce pays encore traumatisé par le tsunami de 2004, pourri par la mafia et écologiquement ravagé par la production d'huile de palme, il ne fait pas bon être pauvre.
Sa propre expérience auprès des enfants des rues en Indonésie crédibilise ce très puissant roman de Julie Ewa qui stigmatise l'exploitation des gosses par les gangs mafieux et les violences faites aux femmes.
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Chacune de ses fictions est une part de la réalité de Julie Ewa. Jungle pourpre est sans l'ombre d'un doute son roman le plus personnel. Et les enfants y ont toujours une place prépondérante.

L'autrice nous emmène cette fois-ci en Indonésie, du côté de l'île de Sumatra, à côtoyer les gamins des rues qui sont dans l'obligation de faire appel à la débrouille pour juste survivre. Regardant avec méfiance les rares personnes qui veulent les aider, devant se protéger des fléaux qui les menacent.

C'est à travers les yeux et les expériences d'une fillette de onze ans que l'action se déroule. Dea croit avoir trouvé une seconde famille avec un groupe d'enfants. Mais le mal rode, au point que certains tombent gravement malades.

On qualifie parfois les romans de Julie Ewa d'ethno-polars. Même si je n'aime pas ranger les livres dans des cases, celle-ci lui convient assez bien. Au-delà d'une seule intrigue policière, ses romans nous font découvrir un pays, des coutumes, une communauté.

C'est une véritable plongée dans les rues de Kotanak, ville fictive, à laquelle nous invite l'écrivaine. Qui se rapprochent d'endroits qu'elle connaît bien, du bidonville à la bibliothèque du quartier. Il n'est effectivement pas étonnant que tout sonne si juste, si vrai, puisqu'elle y a vécu plus d'une année, aux côtés de ces gamins, vivant dans un bidonville similaire, à les aider avec son association Kolibri.

C'est bien toute la singularité de ce roman qui en fait bien d'avantage qu'une simple curiosité. Outre l'histoire racontée, et l'attachement fort qu'on ressent envers les personnages, les gamins en tête, c'est un véritable enrichissement personnel.

L'auteure raconte le pays, les conditions de vie, sans manichéisme. Des filles tout particulièrement. Un trésor d'émotions qui permet de mieux comprendre la vie de ces îles de l'autre bout du monde.

Mais il y a aussi une enquête, qui permet d'apporter un autre rythme à l'ensemble, même si elle n'est pas le point de vue essentiel. La part de fiction est bien là aussi, c'est une vraie intrigue, même si ce sont les destins des jeunes qui priment.

Raconté à hauteur d'enfant, cet ethno-polar montre parfaitement combien Julie Ewa est une voix à part dans le milieu du roman noir français. Jungle pourpre est un voyage au plus près de personnages qui marquent les esprits. de la richesse du roman noir.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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Les Anaks
Ayant bien aimé les deux premiers thrillers de l'auteure (Les petites filles / le gamin des ordures), c'est sans hésitation et presque les yeux fermés (oui, je sais, ce n'est pas l'idéal pour lire !) que j'ai choisi celui-ci. J'avais aperçu le mot « Sumatra » synonyme de dépaysement (bienvenu en ce début d'année bien gris) et je pensais retrouver Lina, personnage principal des thrillers précédents. Malheureusement, Lina est absente de ce roman… que je referme un peu déçue.
Le dépaysement est bien au rendez-vous : l'intrigue se situe en Indonésie, à Sumatra donc, une quinzaine d'années après le tsunami qui a ravagé l'île et rayé de la carte la ville de Banda Aceh. Nous y rencontrons Dea, une petite fille qui décide de quitter sa famille en voyant ses parents se priver (notamment de manger), pour lui permettre, ainsi qu'à ses soeurs, d'aller à l'école. Dea échoue dans une grande ville, Kotanak, mais le mirage d'une vie plus facile est très rapidement balayé par la très dure réalité : Dea n'a pas d'argent, pas d'endroit où aller… Elle se retrouve à la rue, comme des milliers d'enfants. C'est également à Kotanak que deux amis Aron et Ardi sont arrivés après que leur village et leurs familles aient disparus dans la catastrophe du 26 décembre 2004. Eux seuls ont survécu : ils étaient partis jouer sur les hauteurs. A Kotanak, Aron et Ardi se sont débrouillés : petits boulots, quelques larcins… Jusqu'à ce, qu'inévitablement, ils soient recrutés par le PPS la terrible mafia qui règne sur les trafics, et notamment le trafic de drogue. Mais Aron s'en est sorti : il a quitté le PPS et s'occupe maintenant d'une bande de gamins des rues, les anaks. Certes ils dorment dehors, mais ils vendent aux touristes quelques colliers de leur fabrication, sur les trottoirs de la ville, en attendant de pouvoir louer un local. Aron va prendre Dea sous son aile et l'intégrer aux anaks. Voici Dea sauvée, au moins a-t-elle échappé aux multiples dangers qui guettent les enfants des rues de Sumatra. Vraiment ?
Le contexte du roman n'est pas inintéressant. L'auteure a vécu une année en Indonésie (cf les remerciements, et l'association Kolibri) et son écriture fait bien passer son ressenti. La société indonésienne est multiple : de notre porte (en Europe) on ne connaît finalement que les superbes paysages de Bali, les volcans, les temples, la faune et la flore luxuriante… On ne sait rien, ou pas grand-chose, de la population. A travers les personnages des policiers, l'auteure nous fait entrer dans les contradictions de ce pays multiculturel. En Indonésie, bien que 90% des indonésiens soient musulmans, cinq religions sont reconnues et sensées cohabiter en paix. le chef Janter proche de la retraite s'est rapproché de l'islam rigoriste. Son collègue Angka Zahara est plus modéré mais il est déboussolé par son divorce. Quant à Namira, une jeune policière brillante, elle est cantonnée à un travail de bureau. Elle milite au sein d'une organisation qui prône l'égalité hommes-femmes et l'exercice libre de sa religion (au grand dam de Janter, elle refuse de porter le voile islamique : « Ce n'est pas obligatoire. Dans la police, le jilbab a même été prohibé pendant des années au nom de la neutralité vestimentaire »). La condition féminine est également l'un des sujets majeurs du roman, et de ce côté-là, il y a beaucoup à faire. On apprend notamment que pour être admises dans la police, les femmes doivent présenter un certificat de virginité. La pauvre Namira, toute intelligente qu'elle soit, ne pourra jamais accéder à un poste d'inspectrice parce qu'elle est une femme… On apprend également que le divorce par consentement mutuel n'existe pas… Pas plus que les mariages inter-religieux : l'épouse de Angka Zahara a du se convertir à l'islam pour l'épouser (et comble de l'horreur, je n'en suis pas encore revenue, accepter d'être excisée… : « As-tu conscience de ce que j'ai dû faire ? Avant toi j'avais une belle vie, un gagne-pain, ma famille, des amis. J'ai tout quitté pour te suivre. Je suis devenue musulmane. Et ce n'est pas tout. J'ai été excisée, Ankga ! On a enlevé un morceau de mon corps. Tous mes proches s'opposaient à cette opération. Je l'ai fait pour toi. »).
En revanche, j'ai moins aimé l'intrigue policière qui m'a semblé brouillonne, oscillant entre la traque du PPS par la police et les assassinats d'enfants. Il y aurait eu largement de quoi faire avec l'un ou l'autre des fils conducteurs du polar…
Au final, un thriller en demi-teinte, avec certains côtés très intéressant et d'autres qui m'ont laissée spectatrice alors que j'attendais d'être assaillie d'émotions (du coup les kleenex se sont avérés inutiles !).
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les rêves de Dea étaient peuplés de brebis, ce qui était plutôt étrange dans la mesure où elle n'en avait jamais vu de sa vie. Sur un fond d'arc-en-ciel étincelant comme une étoile, les petits êtres chétifs gambadaient sur des nuages, encouragés par les chants bibliques d'une poignée d'anges à plumes. Sans doute que la bonne soeur avait une part de responsabilité dans ces songes farfelus. A longueur de journée, elle ne cessait de répéter que les brebis égarées seraient sauvées par le Seigneur, car "Jésus est un agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Le plus surprenant était cette manie cannibale consistant à manger son "corps" à la messe. Si Jésus était le sauveur de l'humanité, Dea n'avait pas envie de manger un bout de lui.
( Dea vient d'être conduite dans un orphelinat catholique...)
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...si le plastique avait remplacé les emballages en rotin et en feuilles de bananier, les Indonésiens n’avaient pas changé leurs anciennes habitudes et continuaient de jeter leurs ordures directement dans la rue, dans les rivières ou dans la mer. Dans les campagnes, les services de collecte ne s’étaient pas adaptés. Pire encore, des pays européens déversaient illégalement des containers de rebuts apportés par bateau. À cause d’hommes d’affaires crapuleux, l’Indonésie était en passe de devenir le dépotoir de l’Occident. Son écosystème agonisait, victime d’une hémorragie de plastique.
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Les orangs-outans sont plus civilisés que les humains. Ils sont intelligents, affectueux, fidèles. Ils ont une incroyable mémoire. Contrairement aux hommes, ils ne souillent pas les rivières avec du plastique et ils ne saccagent pas la planète pour posséder toujours plus.
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Vidéo de Julie Ewa
Portrait de Julie EWA sur ARTE 28 minute (1 août 22)
Les romans peuvent-ils cultiver notre empathie pour un être à l’autre bout du monde ? C’est en tout cas ce que pense Julie Ewa, autrice et globe-trotteuse.
Avec Aurore Lalucq, Olivier Babeau et Michel Ruimy !
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