Un livre à lire sans préjugé aucun sur l'homosexualité.
Un ouvrage franc, clair, sincère, émouvant parfois, sans pornographie aucune, où l'humour ne manque pas et dans lequel l'auteur nous fait partager sa vie, sans demander à être jugée…
Rien de choquant au long des pages, même si à la sortie en 1977, ce fut une parution défiant les tabous. Mais il n'a rien perdu de son actualité !
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"Est-ce l'approche du renouveau qui provoque ainsi, à peu près tous les trois ou quatre ans, un remue-ménage dans mon coeur ?
Est-ce la lassitude du corps qui me rend disponible pour un nouvel amour, ou est-ce la lassitude du ocre ?
Je ne sais pas. Ce qui est certain, c'est ce que cela arrive comme l'ouragan. Un instant avant, le ciel est calme, et soudain, c'est le déferlement, la fuite aveugle vers un nouveau corps, un nouveau sexe, une nouvelle poitrine, de nouveaux baisers, de nouvelles musiques de soupirs et de cris, toute la geste enivrante de l'amour, qu'il me semble découvrir à chaque fois pour la première fois."
"Toute ma vie, ensuite, j'ai gardé ce même réflexe. Pour empêcher le coeur de saigner, la tête de penser, le remède a toujours été une autre, tout de suite une autre, parce qu'en faisant l'amour, on a l'esprit ailleurs. Parce que la femme nouvelle que l'on découvre, même si elle n'est pas extraordinaire, distrait. Lécher indéfiniment ses plaies en pleurnichant n'a jamais rien arrangé. Il faut mordre la vie à nouveau, le plus vite possible, même si l'on doit ravaler ses larmes sur une épaule presque inconnue. Femmes-escale entre deux passions, je vous dois beaucoup de mon bonheur de vivre..."
"Cette attitude de tolérance est rare chez les lesbiennes. En général, nous sommes trop exclusives pour accepter de fermes les yeux sur incartades. Les couples de filles sont moins durables que les couples de garçons, car l'adultère, chez nous, conduit presque toujours à la séparation. Il y a peu de "cocues" parmi nous. Nous sommes rarement motivées par le seule désir physique, comme les garçons. Nous mettons du sentiment dans la moindre aventure et souvent elle prend ainsi des proportions trop importantes pour rester clandestine. Alors on nous accuse d'instabilité."
"Je redoute chaque fois cet instant qui peut tout dépoétiser, alors que c'est tellement beau, tellement émouvant, cette lente approche de deux corps qui se découvrent, qui se dévoilent, qui se dénudent peu à peu, pièce après pièce.
Ce moment qui peut tout gâcher ou tout rendre plus enivrant, plus excitant. Cette lente approche, cette fermeture éclair qui glisse, ce bouton qui, ouvert, laisse passer une main; ces agrafes qui vous livrent, au creux de la paume, la chair chaude d'un sein, la tiédeur d'une hanche..."
"Et je lui fis l'amour lamentablement... je ne savais plus rien. Tous les gestes, je les avais oubliés. Ces gestes appris pour elle, il me fallait les réinventer. Chaque fois que j'ai aimé vraiment, j'ai dû réinventer l'amour. Pour manoeuvrer correctement sur le champ de bataille qu'est un lit d'amour, il faut toute sa tête et non tout son coeur. L'excès d'amour ou de désir peut rendre une femme aussi impuissante qu'un homme."