EYASI
Eyasi
Les flamants dégorgent lilas au bord du lit dont les linges défaits se
répandent en lac
Las Eyasi tu étouffes
Les lacis de jacinthes ont souillé ta lagune
Mêlés à la laitance de tilapias lascifs
Et l’eau se perd
Aux larmes du lamantin égaré languissant impuissant tel un monstre
de légende à conter
Eyasi
Quand les limbes du jour descendent des sommets
À l’heure où le ciel en lave étend son lavis lie-de-vin et lèche à grands
coups de langue limonite la savane lézardée
S’insinue comme un leurre dans l’ocre des volcans
Enterre de sienne brûlée la fournaise
Apaise le cinabre et flatte en vermillon
Lorsque commencent à vibrer en amalgame les peaux retendues
et la mélopée des crapauds buffle
Alors tu te réveilles
Eyasi
Seuls les lampyres étoilés ou les yeux des léopards éclairent les
lapilli rocheux
Et loin très loin les lueurs du lodge
Aux confins de l’ouest
Les cloches glabres du lazaret lancent leur appel
Létal
Les aigles ravisseurs attisent leurs ailes à l’aplomb du cratère
pour disputer aux chacals ricanant
En longues lanières
Les carcasses de colobe écervelé ou d’impala aventureux
Que le grand Rugissant a délaissées
Eyasi
Le crépuscule voile tes lésions
Et le marabout laisse enfin voyager tes rêves
De lune rousse.
Chant d’ameur
Nocembre au goût barbare grelotte ma pulsion
Linceul énamouré vacille ma raison
Fais l’amour à mes peurs
Ma douceur mon Ameur
De mes longues frayeurs détresse l’écheveau
Renoué aux crinières de tumultueux chevaux
Fais l’amour à mes peurs
Mon Ameur ma douceur
Sous la peau hérissée épines corps rompues
Barbèlent l’émotion sur un accord perdu
Ma douceur mon Ameur
Fais l’amour à mes peurs
J’accoste à ta poitrine et dérive en vers sang
Mon sud est à ton nord et l’égal est glissant
Fais l’amour à mes peurs
Ma douceur mon Ameur
Fais l’amour mon Ameur
Fais l’amour à mes peurs
Au fourreau de ta peau tremble ma nuit létale