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EAN : 9782100540402
192 pages
Dunod (10/02/2010)
4.31/5   13 notes
Résumé :
Au terme d'un long parcours de recherche et jusqu'à ses plus récents travaux, Paul-Claude Racamier propose l'exploration d'un domaine clinique ancien comme le monde et cependant nouveau : l'inceste. Inverse de l'oedipe, dérivé malencontreux de la séduction narcissique et de l'antoedipe, charnière entre psychose et perversion, et secret de tant de pathologies troublantes et mal comprises, l'incestuel complète les avancées originales de l'auteur dans la clinique et la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un livre assez difficile pour le profane, ce n'est pas tout à fait de la vulgarisation, bien qu'il me semble qu'il y ait un gros effort des auteurs pour être compris du commun des mortels. Ceci dit, il contient quand même quelques passages éclairants sur ce qui est appelé "incestuel", c'est à dire un climat où les limites entre les personnes sont floues, pour ne pas dire effacées. Et la différence fondamentale entre la douceur de la tendresse et la dureté et la violence de l'incestuel est très bien exposée !
Quand on a l'habitude de lire des livres de psychanalyse et psychologie et qu'on connait le vocabulaire, on n'est pas complètement perdu, mais il ne faut pas commencer par ce livre (ni par aucun de Racamier, d'ailleurs).
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absolument pas un ouvrage de vulgarisation : outre le vocabulaire, réservé aux connaisseurs, ce bouquin est une dissertation avec son cortège de métaphores sans aucun cas concret,ce qui ne permet pas de comprendre la moitié des trucs. Racamier essaie ici de décrire un nouvel horizon familial, celui de l'incestuel, qui est une sorte d'inceste psychique. Il est juste dommage, si le sujet reste au demeurant intéressant, qu'il ne soit absolument pas accessible au tout public.
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Ce livre est à destination des déjà initiés. Il n'est pas vulgarisateur. Il faut mieux avoir lu le génie des origines avant de lire celui-ci.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Instrument spécifique de la séduction narcissique incestuelle, le
secret — cet obturateur — est également un diffuseur : voilà qui est bien
fait pour compléter la panoplie de ses propriétés ultra-paradoxales. Il
propage autour de lui ces ondes que l’on observe dans l’entourage des
noyaux incestuels, et qui sont des ondes de silence. Elles s’étendent
à la fois en superficie et en profondeur, atteignant de plus en plus de
personnes au sein de la famille et au-delà, et contaminant de plus en plus
profondément les esprits. Le secret exerce un rayonnement de non-dit,
de non-à-dire, de non-à-savoir et de non-à-penser. Le silence s’étend
en nappe, proliférant comme une algue insidieusement étouffante. Ce
rayonnement est une injonction. Cette injonction est un interdit. Cet
interdit émane d’une espèce de « surmoi ».
Cet effet de silence et de sidération est-il distinct de l’effet de
fascination ? Tous deux coïncident et sont associés : ils sont tueurs de
pensée.
Car, s’ils n’imposent pas le silence, ils peuvent aussi provoquer
l’extrême excitation de l’esprit : par devant les familles (incestuelles) à
secrets, il nous arrive parfois de rester cois, et d’autres fois de foncer
dans un débordement de pensées anarchiques, d’interprétations plus ou
moins sauvages, mais toujours pressantes. Il nous arrive aussi de plonger
la tête la première à corps perdu dans ces secrets à télescopage indéfini,
cherchant à tout prix à déterrer le secret final, celui qui nous permettra
enfin de tout savoir et de tout comprendre... et qui jusqu’au bout se
dérobe et se refuse. (Ce double effet alternatif ou simultané de sidération
et de surexcitation de l’activité mentale, nous l’avons aperçu déjà ; il
avait été très justement décrit par Jean-Luc Donnet et André Green dans
L’Enfant de Ça : et c’était une histoire d’inceste...)
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Imaginons des cercles concentriques. Représentons-nous des degrés
décroissants de gravité, c’est-à-dire d’atteinte traumatique.
Le premier cercle sera celui de l’inceste proprement dit. Il est à
l’épicentre du séisme. Deux personnes s’y rencontrent : l’incesteur et
l’incesté. Pour celui-là ce n’est qu’une éruption ; pour celui-ci, une
catastrophe, une atteinte majeure à son intégrité corporelle et psychique :
summum du traumatique et de la disqualification.
Au deuxième cercle se trouve encore l’inceste, mais il n’est plus en
prise directe. Il a bien eu lieu, mais il remonte au passé : une distance
généalogique s’est établie, où se brouillent les pistes ; le traumatisme est
ancien, et cependant toujours actif ; la blessure, jamais vraiment ouverte,
jamais non plus refermée, n’a été que différée ; sa trace est obscure ;
on voit émerger, germant comme des surgeons, les incidences lointaines
d’incestes qui ont eu lieu dans une génération antérieure, illustrant cette
règle clinique :
L’INCESTE DANS UNE GÉNÉRATION INDUIT DES RAVAGES INCESTUELS
DANS LES GÉNÉRATIONS SUIVANTES.
Éloignons-nous plus encore de l’épicentre incestueux : nous atteignons
le troisième cercle.
La distance ici n’est pas dans le temps, et pas seulement dans
l’économie : elle est aussi dans la dynamique. L’ébranlement se fait
encore moins apparent : même semble-t-il à peine sensible. Le contraste
criant qui, à l’épicentre, opposait attaquant et attaqué ou incesteur et
incesté, ce contraste s’estompe et va jusqu’à disparaître. Une tout autre
organisation se fait jour : au lieu d’un séisme, c’est un tissu : au lieu d’un
agresseur et d’une victime, c’est ici deux complices qui se rejoignent,
trouvant tous deux leur compte dans leurs rapports incestuels.
Nous voici passés du registre de l’inceste à celui de l’incestuel. La
cible de l’inceste était simple, mais la périphérie de l’incestuel est
multiple.
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À leur inverse, il y aura la fragmentation. C’est une sorte de clivage.
(Il nous faudra revenir sur ce point de métapsychologie.) La soudure
n’empêche pas la fragmentation. Voire même elle l’impose. Elle sera de
tous bords : coupant la voie des rêves et des fantasmes ; sectionnant le
lien naturel de la vie psychique avec le sentiment essentiel des origines ;
découpant les vérités et les faits de l’histoire familiale (parmi les plus
importants) en fragments dont chacun, pris isolément, devient plus
incompréhensible encore qu’une pièce de puzzle (car elle ne se signale
même pas comme faisant partie d’un seul et unique ensemble) ; ainsi la
fragmentation fait-elle perdre le fil des pensées et celui de l’histoire.
Une histoire de vie peut toujours se transformer : nous retouchons
tous les jours la nôtre. Mais une histoire découpée en morceaux ensuite
éparpillés n’est plus une histoire. Prenez une vérité. Si vous avez besoin
de la garder secrète à tout jamais, faites donc oeuvre de fragmentation ;
dispersez les fragments : nul ne s’y retrouvera (on pourra lire, en Note,
un exemple de cette sorte de dispersion : « L’histoire de la maison du
désert »).
C’est ainsi, par clivages et dénis, fragmentations et découpages,
ainsi que les secrets incestuels opéreront dans les âmes, comme autant
d’interrupteurs. Dans leur propre intimité, les tenants des secrets n’en
reconnaîtront même plus les origines.
On le sait déjà : les origines sont à la fois celles des secrets et des
personnes.
(p.103)
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La mère chaleureuse et proche n'éprouve pas l'insatiable besoin de serrer son enfant contre elle comme dans une poche marsupiale. Si son enfant grandit, cette mère tendre le regrette un peu et s'en réjouit fort. Au font, elle ne fait qu'obéir à la vie. Au demeurant, elle connaît d'autres désirs.
En revanche, c'est la mère distante qui veut l'enfant tout à elle ; c'est la mère rejetante qui le veut captif. (Bien entendu, ce n'est pas ouvertement qu'elle est rejetante, c'est insidieusement, et elle dénie fermement qu'elle le soit.) Elle utilisera dans ce but les moyens dont elle dispose : la "mise en inceste" est le plus puissant de tous. Elle prendra dans son lit celui ou celle qu'elle n'a pas su tenir dans ses bras. L'enfant incesté sera donc placé dans la position typique et intenable du rejeté-attaché.
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On n'entre pas dans l'incestuel sans s'y préparer. Deux voies nous y conduiront. Elles sont proches. Parfois parallèles. Mais non confondues.

La première part de la séduction narcissique. elle est essentielle et c'est par elle que nous commencerons : ce sera une avenue.

Quant à la seconde, elle est en dérive, car elle se centre sur l'antœdipe. Pour plus de clarté, nous situerons l'antœdipe au regard de l’œdipe, qui nous est plus familier. Ce sera un diptyque.

Ainsi saurons-nous déjà d'où l'incestuel provient, mais aussi d'où il ne provient pas : nous le verrons venir.
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