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EAN : 9786069564004
100 pages
Cartea Cartilor (01/01/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
4ème de couverture traduite du roumain par Gabrielle Danoux :

Dès les premiers vers que j’ai lu d’Emil-Iulian Sude, je fus impressionné par la singularité de sa vision poétique, ainsi que par la facilité avec laquelle l’auteur changeait de registre, atteignant parfois une sorte de vertige des images. Puis, j’ai eu le talentueux auteur comme étudiant ; et sa dissertation de fin de semestre témoignait de lectures approfondies et, encore une fois, d’une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Livre relativement récent, remarqué en Roumanie, et remarquable, en effet, à mes yeux.
Complètement sous le charme de ce poète très talentueux qui, avec beaucoup de pudeur, avec une ironie & auto ironie acérées nous fait part de cette élévation par la poésie qui surgit pour celui qui possède le « bon organe » poétique, qui explose même du quotidien et de la spiritualité des choses simples.
Comme pour les gardiens de phare ce poète « garde » avant tout la nuit dans son âme, car il sait, il a l'intuition exacte que notre part d'obscurité illumine constamment notre vie. Mais, il est aussi un vrai « veilleur de nuit », celui dont les pas résonnent dans les couloirs vides de monde quand il est temps pour nous de dormir. Il nous restitue, au petit matin, avec son langage double, si habilement polysémique et qui transcende le langage ce dont nous avons le plus besoin : l'essentiel, Dieu, la spiritualité, la réflexion sur la mort, notre monde qui semble être devenu fou (un véritable esclandre, « balamuc » en roumain) qui baigne dans une fausse bienveillance, mis à nu.
Vivement une traduction en français !
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Ce sixième recueil d'Emil-Iulian Sude, ayant comme figure centrale celle du veilleur de nuit, me rappelle le propos de François–Henri Désérable (dans Mon maître et mon vainqueur) pour qui : « toute tentative d'élucidation d'un vers le vide de sa substance poétique ».
Chez Sude la poésie est élastique à souhait, quelque peu mystérieuse mais si sérieuse, si grave et si riche en champ des possibles, qu'il semble impossible de la pénétrer entièrement.
Une construction circulaire avec cette épigraphe : « Et la chair ne connaîtra plus les genres./ Là où l'attente non plus » qui s'éclaircit (ou s'obscurcit selon le cas) dans la boucle formée par les soixante-treize poèmes qui débutent sous le signe de la nouveauté : « Nouveaux [que nous sommes] devant le chef d'objectif » et se termine par l'image de « L'auteur du point de vue de l'anomalie » i.e. la chair incarnée.
Des poèmes qui résonnent encore longtemps après la lecture et qui mettent en avant une langue riche de significations, non pas intraduisible, mais difficilement transposable.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd’hui j’ai fait un malaise dans le tram 21

une torpeur s’est comme ça emparée de moi et ce mal(être) m’a cloué débout.
là-bas à mi-chemin du tram 21. où se scinde en
deux la vie. là-bas tandis que je prenais appui sur la barre latérale de moi
s’est emparé ce mal(être).
si je me souviens bien c’était à mi-chemin du tram
où se tiennent les petits balanciers. les grands balanciers sont
plus proches du conducteur. nul besoin d’avoir un certain âge

pour les balanciers on peut même n’être qu’un enfant si l’on veut,
pour les balanciers. ceux qui passent dans l’autre moitié du tram
reçoivent gracieusement un balancier pour s’y balancer.

et tandis que je comptais les arrêts jusqu’à piața obor. c’est comme ça
qu’un mal(être) s’est emparé de moi et m’a ramolli les genoux. le noir
devant mes yeux. petit ou grand mal(être) je n’en sais rien puisque je ne suis pas encore mort
tout à fait. juste la mollesse de mes genoux et la voix
familière criant emil emil. étendez-le par terre il a quelque chose
comme un mal(être). et laissez-le respirer tout seul. criaient les voyageurs.
forts aimables les passagers du tram 21.
l’un m’a offert sa place. un autre a ouvert la fenêtre.

fort aimables les voyageurs après tout j’étais l’un des leurs.
juste mon front en sueur et mes mains moites et froides. seul le mal(être)
s’amenuisait lentement et ma colère noire dans le tram 21 ne me lâchait plus.
de ma prière vers dieu je ne me souviens plus guère.
seule de la voix féminine attendue toute ma vie
à l’arrêt perla pour prendre ensemble le tram 21 qui était en fait
le tram 46. je m’en souviens. qu’il nous emmène
qu’il nous emmène à ce marché obor pour l’agneau de Pâques.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)

*

Version originale :

Azi în tramvaiul 21 mi-a venit rău.

m-a luat așa o moleșeală și mă ținea pe picioare răul ăsta.
acolo la jumătatea tramvaiului 21. unde se împarte în
două viața. acolo cum mă sprijineam de bara laterală mă
luase un rău.
parcă așa îmi aduc aminte la jumătatea tramvaiului
unde se țin cumpenele mici. cumpenele mari sunt
mai aproape de vatman. nu trebuie să ai o anumitã vârstă

pentru cumpene poți să fii și copil dacă vrei,
pentru cumpene. cei trecuți de jumătatea tramvaiului
primesc gratis o cumpănă în care să se dea.

și cum număram stațiile către piața obor. a venit așa
un rău de mi-a înmuiat genunchii . și mi s-a pus o pată
neagră. rău mic sau mare nu știu că încă n-am murit
de tot. numai genunchii mi s-au înmuiat și vocea
cunoscută striga emil emil. întindeți-l pe jos are ceva
ca un rău. și lăsați-l să respire singur. strigau călătorii.
foarte amabili călătorii din tramvaiul 21.
unul mi-a oferit locul. altul a deschis geamul.

foarte amabili călătorii că doar eram unul de al lor.
numai fruntea și mâinile erau transpirate și reci. numai răul
se micșora încet și pata pusă în tramvaiul 21 se lua de la mine.
nici de rugăciunea domnească nu îmi aduc aminte.
numai de vocea feminină pe care o așteptasem de-o viață
în stația perla să luăm tramvaiul 21care de fapt era
tramvaiul 46. îmi amintesc. să ne ducă.
să ne ducă spre piața obor pentru mielul de paști.
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Cigarettes café promenades comme chez les fous

un véritable esclandre
ici nous sommes tous amis. ici nous sommes tous sains d’esprit.
personne ne reconnaît. les regards perdus parlent de nous.
les détournements de la réalité immédiate
auraient été notre seule réalité.
disaient ceux qui pensaient contrôler la réalité.

l’infirmier a dit je suis nouveau. une fleur
un jour de mai. je suis tout juste bon. pour les pilules
probablement une dépression j’ignore si je suis guéri ou
si j’ai jamais été déprimé.

je fus interrogé par un collègue si je me suis acclimaté.
trois mois qu’il pêchait délicatement les plantes dans la rigole.
regarde comme elles sont belles. j’avais envie de rire.
sans raison. tel un fou. il a été conduit
à l’hôpital par un temps hivernal.

on ne nous a jamais donné de fourchettes pour manger.
Ils disaient qu’on allait se crever les yeux fixant le vide.
le premier jour nous avons mangé le plat de résistance avec les mains.
aucun de nous n’avait assez de cigarettes. le
nec plus ultra était de fumer et d’observer la lune.
aucun espoir que les amoureuses ou les épouses nous cherchent. si
toutefois ça leur arrivait de passer en coup de vent as tu apporté des cigarettes
pour observer la lune. on demandait.

j’ai quitté cet endroit. je n’ai pas découvert ce dont je souffrais.
d’un hôpital à l’autre. que dira
le monde. le pauvre habite en mezzanine.
bien sûr ils m’ont demandé comment je
me sentais. l’éternelle bienveillance.
cela peut arriver à tout un chacun. disait-on.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Nous avons parfois honte de notre dignité

que parfois les veilleurs
de Mega Image.
les veilleurs de la même ethnie
pensent que la dignité
serait un torchon pour la vaisselle.

et comme ils lâchent leurs yeux. quelques chiots
pour nous suivre des haillons. nous allons
dans une allée
ils sont déjà devant nous. nous sommes les moins bien habillés.
le costume de gens intelligents en train de sécher. pour ne
surtout pas sous
l’âme que nous cachions quelques canettes de bière
ou peut-être une baguette de pain. ils pensent que nous sommes des collectionneurs d’orge liquide
et de restes de
porc ou volaille dans des sacs en nylon
dont on recouvre les meubles à l’extérieur
quand il pleut

et comme ils se penchent
vers cette cavité thoracique rouge les caissiers. ils
exigent de voir nos vestes déboutonnées nous enlèvent tout
des poches placées sur la poitrine avec un sentiment de culpabilité bien que
notre sang soit d’un rouge pur.

nous ferions mieux de demander
au pain d’être moins cher
de demander aux canettes de bière d’être moins chères
de demander au saucisson d’être moins cher
mega image a des veilleurs avec la même couleur
de sang. veilleurs pour le veilleur
seuls les T-shirts jaunes nous séparent du même esclavage
quand on nous mettait des cornes
et des muselières pour ne pas manger les raisins de la vigne

nous nous demandons parfois si la dignité de l’appartenance ethnique
se termine chez mega image ou chez les veilleurs roms
qui se font passer pour des veilleurs gadjé.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)

*

Version originale :

Nouă ne este câteodată rușine cu demnitatea

pe care uneori paznicii
de la Mega Image.
paznicii de aceeași etnie
cred că demnitatea
ar fi o cârpă de vase.

să vezi cum dau ei drumul ochilor. niște căței
să ne urmărească niște cârpe zdrențuite. noi ne ducem
pe un culoar
ei se află deja în fața noastră. suntem noi îmbrăcați mai prost.
costumul de deștepți se află pe sârmă la uscat. să nu
care cumva pe sub
suflet să ascundem câteva popice cu bere
poate o franzelă. cred ei că suntem colecționari de orz lichid
și rămășițe de
porc sau de pasăre la pungi de nailon
cu care acoperi mobila de afară
când plouă

cum se apleacă
spre coșul ăla roșu al pieptului casierii. să
ne vadă descheiați la geacă scoatem tot
din buzunarele pieptului cu sentimentul vinovăției deși
sângele nostru este de un roșu curat.

mai bine cerem
pâinii să fie mai ieftină
cerem popicelor de bere sa fie mai ieftine
cerem parizerului să fie mai ieftin
mega image are paznici de aceeași culoare
a sângelui. paznici la paznic.
numai tricourile galbene ne despart de aceeași sclavie
când ni se puneau coarne
și botnițe să nu mâncăm strugurii din vie

ne întrebăm uneori dacă demnitatea etniei
se termină la mega image sau la paznicii rromi
care se dau paznici gaje.
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Éclatants de santé et d’additifs alimentaires E. des lucioles

la nuit nous sommes confondus
avec le grand char. regarde comme ils brillent
on dirait nos étoiles filantes
au plus haut

dans ce monde qui garde ses enfants sur la tête
les œufs végétaux sous les aisselles
nous nous rassemblons dans la ronde de l’union en fonte
dans la faim avec de la farine de maïs des canetons le printemps le soleil

jus de fer à feu doux
que tous les peuples nous revendiquent et
tirent sur nous comme sur des putes.
pour nous ramener à la maison
c'est ainsi qu’ils sont nos gardiens d’orties

si nous avions été nous aussi des gardiens nous aurions laissé également une marque sur l’eau
une lumière naturelle un bruissement quelque chose dans les saules
au moins dans les livres de coloriage des enfants de maternelle
qu’ils nous montrent aux parents
que nous sommes sages.
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Madame docteur nous soupçonne d’être en bonne santé

nous sommes aisément
reconnaissables habillés
avec l’équipement de service.
ce sont des gardiens. si
on leur donne quelque chose à garder, ils se prennent pour des dieux.

elle veut voir si nous avons tout ce qu’il nous faut
ou peut-être plus. qui sait. où nous sommes nous
séparés et où nous ne sommes plus entiers

elle pose toutes sortes de questions sur nos cœurs électriques
pour apprendre mon Dieu
d’où ça peut bien venir
nos femmes de passage
fumantes ont une odeur de brioche faite maison

elle a pour le contrôle périodique
un énorme peigne pour nous arranger
et il lui reste de nous une poignée de cheveux
avec laquelle elle tresse ses nattes blondes flower power.

on nous sert un steak saignant
ainsi mollassons et on se sent bien on se fend la poire
quand on glisse de la table inclinée
ivres que nous sommes. mais madame docteur
s’assure qu’on ne se renverse pas nous met
un fausset et nous souhaite ad multos annos.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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