AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La vie de l'explorateur perdu (9)

- Il semble franchement que je vous aie dérangé pour rien. Il ne me reste plus qu'à vous présenter des excuses pour vous avoir fait perdre votre temps.»
Alors qu'au long de son inaltérable exposé, il avait peu à peu laissé son front s'abaisser comme sous le poids des vastitudes de pierre qu'il évoquait, il le redressa lentement pour m'offrir un visage qu'éclairait soudain un chaleureux sourire.
«Je ne crois pas du tout que nous ayons perdu notre temps. Le temps nécessaire à deux pensées cheminant l'une vers l'autre n'est pas perdu. Il est riche au contraire de sa propre fécondité. Vous êtes venu me parler de la crainte des barbares où vous étiez. Il faut bien de la vaillance pour formuler un tel aveu. J'espère vous avoir montré que les cavaliers des steppes ne constituent pas une menace. Or découvrir qu'elle est sans objet suffit-il à exorciser la peur de manière définitive ? Je crois qu'elle demeure comme une vigilance dans la brume. Vos allées et venues dans le silence des livres à l'abandon et mes errances dans les paysages lointaines sont sans doute analogues. La peur nous pousse. Nous essayons de nous évader. Qu'y a-t-il de plus beau qu'une évasion ? L'évasion est belle comme une jeune fille qui resplendit en marchant et dont le sillage nous offre au monde dans sa pleine présence. La présence n'est pas au-delà du monde mais bien en son cœur. Or nous ne pouvons le savoir qu'en échappant à nous-mêmes, quand l'autre dans son étrangeté intacte se fait son intercesseur. Dans ce seul instant surgit la vérité et non dans un discours sans fin en quête de faits. Jérôme, l'ami de ma première enfance, est en train de le sentir, peut-être parce que j'ai cessé de l'égarer dans l'ombre que posait sur lui notre proximité. Alors non, vous ne m'avez pas fait perdre mon temps.»
Commenter  J’apprécie          130
Un régime qui fonde sa stabilité sur la répression met inéluctablement des imbéciles au pouvoir ; [...].
Commenter  J’apprécie          113
Ainsi ai-je été nommé vice-curateur du département de littérature du conservatoire des livres anciens. Toutes ces dénominations sont bien pompeuses. Elles font fureur désormais. Les autorités croient-elles vraiment qu'il suffit de changer les mots pour modifier les choses ou veulent-elles seulement le faire accroire ?
Commenter  J’apprécie          100
C'est sur un tel fond qu'éclata ce qu'on allait bientôt appeler la guerre du cochon. À cette appellation on pourrait sans doute assigner deux sources. Le terme de «cochon», pour désigner les sujets masculins, était d'usage dans certains groupes féministes dont l'ambition la plus manifeste était de s'approprier la conduite masculine, ou supposée telle, dans son abjection la plus patente. Souhaitant par-dessus tout éradiquer jusqu'à la moindre nuance de désir, de telles militantes étaient favorables à une censure sans nuance et ainsi, dans les faits, à un régime politique égalitaire. Singulièrement cette absence de désir était le caractère le plus constant des pratiques artistiques qui passaient pour les plus prometteuses et au profit desquelles des théoriciens éclairés - il n'y avait évidemment plus d'amateurs -, avec une obstination obtuse, continuaient à chercher les fondements d'un jugement esthétique visant on ne sait quelle valeur universelle.
À l'évidence des pratiques à tendance expressionniste, comme celle des frères Boucher, tentaient de s'opposer au courant dominant. Quand apparurent en certains coins de rue des sacs en peau de porc, un rapprochement avec l'œuvre des frères Boucher s'imposa, ils durent même subir une perquisition de la galerie et de leur domicile. On ne trouva nulle trace d'instrument de boucherie et, comme dans le pire des cas on n'aurait pu les accuser, preuves à l'appui, que de dépôts d'ordures sur voie publique, l'enquête s'éteignit de suite.
Commenter  J’apprécie          90
«Ah, murmura-t-il, on éprouve dans le silence un vertige inquiétant et fascinant parce qu'à sentir en soi la parole qui se tarit, on a le sentiment de pouvoir saisir sa propre mort. On se demande jusqu'à quel point on peut approcher une telle expérience. On découvre qu'on a déjà commencé à tout quitter. Mais vous êtes trop jeunes pour éprouver des émotions aussi sinistres.»
Commenter  J’apprécie          80
Quand on est pas capable de supporter une rupture, [...], on ne se lance pas dans une histoire d'amour.
(p. 293)
Commenter  J’apprécie          40
S'il n'avait pas l'allure d'un aventurier, il y avait tout de même en lui une sauvagerie, réprimée par la courtoisie, qui le rendait assez inapte aux réunions mondaines. Il ne savait pas bavarder. Hors d'une parole chargée d'un contenu qui lui importait, il ne connaissait que le silence.
(p. 160)
Commenter  J’apprécie          10
La certitude d'avoir connu une passion exceptionnelle dont elle portait à jamais le deuil lui permettait de n'engager son cœur dans aucune entreprise.
(p. 32)
Commenter  J’apprécie          10
On éprouve dans le silence un vertige inquiétant et fascinant parce qu'à sentir en soi la parole qui se tarit, on a le sentiment de pouvoir saisir sa propre mort.
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (44) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La fantasy pour les nuls

    Tolkien, le seigneur des ....

    anneaux
    agneaux
    mouches

    9 questions
    2517 lecteurs ont répondu
    Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

    {* *}