Citations sur Comme si de rien n'était (12)
Et puis, peu à peu, les traits d'un autre enfant s'invitent d'abord, s'imposent ensuite. Le visage de Luca flotte quelques instants dans ses pensées, laissant dans son sillage une impression de ressemblance
Un air de famille.
Dans l'existence d'Adèle ,
tout est à sa place ,toujours.
Elle règne sur sa vie,
parlemente avec le destin.
Elle orchestre le hasard.
Privé d'une occasion de riposte, l'enfant se retrouve seul avec sa rancœur, sans savoir qu'en faire. Elle se gonfle, d'autant plus encombrante qu'elle ne sert à rien. Impossible désormais de l'exprimer, de la modeler de mots, de la vider de sa substance. Il voudrait la filer à quelqu'un, n'importe qui pourvu qu'elle le laisse en paix.
Amis depuis toujours, ils partagent l'intimité de ceux qui se connaissent par cœur, témoins réciproques de situations gênantes, ces moments d'embarras que seule l'enfance engendre. Tenues repoussantes, coiffures abjectes, ils se sont vus en pleurs, en sang, en sale, le ridicule en bandoulière et la honte au front. Ils sont l'intégrité de l'autre, la vérité devant Dieu, « croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer ». Entre eux, ni bluff ni fanfaronnades, ils ne se la font pas, ils n'ont rien à prouver. Ensemble, ils ont connu les sommets autant qu'ils ont touché le fond. Ils ont ri, ils ont pleuré, se sont engueulés, réconciliés, tiré la tronche, adressé des reproches, complimentés, félici-tés. Ils sont l'âme sœur de l'autre.
Avant, on fumait en cachette des parents.
Maintenant c'est en cachette des enfants .
Et des maris
Aimer, ça occupe l'esprit, ça prend du temps, et celui que l'on accorde sans compter au début, qu'importent les minutes ou les heures, se perd peu à peu dans la valse échevelée des horaires. Bertrand, lui, n'a jamais diminué son amour pour elle. Elle est, à ses yeux, aussi précieuse qu'à leur début. Il le lui prouve chaque jour, dans la tendresse de ses messages, les émojis amoureux qu'il lui envoie, cette sensation qu'elle a d'occuper toutes ses pensées.
Une passion débordante, vampirique, dévorante, qui le priva de sa raison plusieurs mois durant. Une période enchanteresse, car il n'est rien de plus fou que l'amour quand il est partagé, celui qui fait briller de l'intérieur, qui transforme tout, les choses et les gens, les contingences et jusqu'aux souvenirs.
Hugues réalise que son père a perdu le fil.
André, lui, constate que son fils a compris. Il a compris que sa pensée s'effilochait comme des nuages défaits par le vent.
Ce vent qui désormais souffle dans sa tête.
Les deux hommes se dévisagent. Chacun devine dans le regard de l'autre cette détresse qui l'étreint.
Accommodante est d'ailleurs un terme qui lui convient plutôt bien, sa vie, sa relation aux autres, son rapport au monde. Constante, aussi. Elle franchit les années d’un pas égal, sans dévier d’une trajectoire rectiligne, une route toute tracée qui court loin devant, un horizon dégagé. Pas de virage, ou très peu, de ceux qui s’amorcent de loin et dont la courbe est large. Quelques pentes à négocier, quelques sommets à franchir. Et lorsqu'un obstacle se dresse, elle le surmonte parfois en l’affrontant, la plupart du temps en le contournant.
_Hugues, s'il vous plaît! s'exaspère-t-elle en lui saisissant le bras pour le mener vers la sortie. Ne rendez pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà!