Et je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que décidément, ces sites d’évaluation constituaient un des traits les plus répugnants de l’époque – quoique, en la matière, la concurrence demeurait féroce. Chacun y va de son commentaire mesquin, immonde, suintant la bêtise crasse, la frustration, l’illusion d’avoir un peu de pouvoir pour une fois, même si c’est seulement celui de nuire, de dénigrer. Et bien sûr les gens satisfaits, ou dotés d’un minimum de goût, de sensibilité ou de cervelle, de leur côté, n’éprouvent jamais le besoin de s’exprimer sur ces sites ni où que ce soit. Le pire, c’est que plus personne n’est à l’abri désormais. La culture de l’évaluation ne cesse d’étendre son emprise. Elle contamine tous les domaines.
Ils devenaient nostalgiques d’une époque qu’ils n’avaient pourtant pas connue. Qu’ils fantasmaient. Mais s’il y avait bien un truc qui ne changeait pas, c’était que la plupart des gens trouvaient toujours que tout était mieux avant.
La vérité, c’est qu’il a honte. Honte d’avoir un fils dans mon genre. La vérité, c’est que je fais tache. Que je salis notre blason.
Et à quoi bon écrire sur quelque chose si ce n'est pas pour écrire sur tout le reste ? À quoi bon raconter une histoire en particulier si ce n'est pas pour parler d'autre chose, de ce qui compte vraiment ? La vie qui nous passe à côté. Le temps qui nous roule dessus. Les liens qui se dénouent. Le sens qui se dérobe. Tout ce qui fait qu'on est tellement démuni mais qu'on avance quand même.
Ce n’est pas le genre à prendre la mouche. Toujours prêt à se remettre en question, ce qui est plutôt rare pour un supérieur. Le gens en général, j’ai remarqué, il leur suffit d’avoir quelqu’un sous leurs ordres pour devenir imbuvables et caractériels. Je sais pas. Le pouvoir, même dérisoire, ça leur monte au cerveau.
Vous savez pas ce que c’est d’avoir un physique à peine passable. Comme on est invisible. Comme les filles vous dédaignent. Vous calculent jamais. Se foutent de votre gueule. Vous ridiculisent dès que vous tentez quelque chose alors que les mecs gaulés les attirent comme des mouches.
Antoine est leur oncle. Un oncle sympathique avec eux, je suppose. Il y en a comme ça dans toutes les familles. Le tonton préféré des enfants. D’ailleurs c’est rarement celui des adultes.
Des gens qui se regardent soudain de travers. Des rumeurs qui se mettent à bruisser dans tous les sens. Il suffit de tendre l’oreille. Des tas de trucs remontent de partout comme les eaux usées des égouts après l’orage.
Pourquoi tout ce qui est bon est mauvais pour la santé ? Quelqu’un peut me le dire ? Parce que moi je n’en sais rien, et pourtant je suis docteur.
Ce qui ne manque pas de nourrir les commentaires habituels quant aux caracteristiques supposés des Asiatiques, sans jamais oublier de tous les confondre et de les rangées dans le même sac, qu'ils viennent de Chine, de Corée, du Vietnam ou du Japon, ou qu'ils soient nés en France de parents français.