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EAN : 9781449446604
208 pages
Andrews McMeel Publishing (06/11/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
Dilbert has become a hugely successful strip because Adams feels your pain. How? Because this former employee of a major telecommunications company has been there. He's seen the road to failure first-hand. And he knows that to successfully navigate the ludicrous world of business, you can't expect common sense to prevail, you need to keep a sense of humour, and above all, you must always be ready to blame the other guy.
The strip's enormous popularity stems f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Dilbert: I Sense Coldness in your Mentoring (strips parus du 08 octobre 2012 au 14 juillet 2013) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Celui-ci contient les strips parus du 15 juillet 2013 au 20 juillet 2014. Il est paru en 2014. Il s'agit de gags en 3 cases (ceux parus du lundi au samedi), ainsi que des strips en 8 cases (4 rangées de 2 cases) correspondant aux strips du dimanche. Tous les strips sont en couleurs et réalisés par Scott Adams. Ce tome contient 159 pages, soit 371 gags. Dans son introduction d'une page, Scott Adams évoque la problématique de donner un conseil. Quand c'est lui qui en donne un, c'est toujours intelligent et pertinent, avec une valeur ajoutée. Quand on lui en donne, c'est toujours à côté de la plaque. Il compare ça avec les conseils donnés par son chien, de lui prodiguer des caresses, et à chaque fois il se sent mieux après l'avoir fait, après avoir suivi son conseil. Personne donnant des conseils n'est jamais parvenu à un résultat pertinent à chaque fois. du coup, il suggère de ne donner que des conseils non quantifiables, et sans jamais justifier son conseil.

Wally donne sa carte professionnelle à une jeune collègue : elle lui fait remarquer que son numéro de téléphone est incomplet, et que son adresse courriel n'est pas conforme. Il répond qu'il n'a jamais dit que ce serait facile. Une collègue demande à Wally où il en est de sa partie dans le projet : il répond qu'il travaille mieux avec la pression et qu'il attend donc que le délai soit presque à son terme. Elle demande comment ça se passe si quelque chose de plus urgent arrive à ce moment-là : il répond que c'est la pierre angulaire de son système. Boss demande au CEO s'il veut bien accepter de devenir son mentor. Il répond que non, parce qu'il préfère qu'aucun de ses sous-fifres ne soit qualifié pour prendre son poste. Boss rétorque qu'il vient d'apprendre quelque chose. Boss indique à Dogbert qu'il est un peu inquiet sur ce que deviennent les archives qu'il confie à sa société, car leur camion de collecte ressemble fortement à une benne à ordures. Il ajoute qu'il aimerait mettre un terme à leur contrat si seulement il le retrouvait. Dogbert répond qu'il doit se trouver dans les archives.

Boss va voir CEO pour lui indiquer que les coûts d'archivage et de stockage sont devenus démesurés, et qu'à ce rythme leur fonction première pourra se résumer à Mettre des arbres en prison. Il demande conseil à CEO : celui-ci répond que les arbres sont des abrutis. Wally s'occupe d'un nouveau stagiaire dont il est le mentor : Dilbert observe que le truc de mentor n'est pas pour tout le monde. Dilbert effectue une balade avec une femme de sa connaissance qui lui explique que les hommes ne servent plus à rien dans le monde moderne car elle a un boulot avec une bonne paye, elle est capable d'effectuer les petits travaux domestiques par elle-même, elle peut se faire inséminer si elle souhaite un bébé. Les hommes ne sont plus que des pourvoyeurs de blagues de mauvais goût et de flatulences. Dilbert revient chez lui avec une femme robot. Dogbert a inventé une nouvelle monnaie dématérialisée qu'il a appelé Bertcoin. Il contrôlera bientôt tout l'agent du monde. Catbert récolte des Bertcoins, mais il vient de recevoir un courriel en provenance de Somalie qui lui suggère d'ouvrir une pièce jointe : il vient d'être victime de pirates somaliens numériques.

Le lecteur qui n'a jamais lu de Dilbert se dit qu'il eut tout aussi bien commencer par ce tome au pif, et il a tout à fait raison. le lecteur qui a déjà lu un ou deux tomes de Dilbert se dit qu'il replongerait bien dans ce strip aux dessins minimalistes, et à l'humour vache sur la vie de bureau, et il va effectivement se régaler. le lecteur de longue date de la série se dit qu'il n'y aucune raison pour que Scott Adams ne renouvelle pas le miracle de chaque collection de strip et il a raison : celle-ci est aussi décapante et drôle que les autres. Ça fait du bien de découvrir des blagues sur la vie professionnelle, réalisée à l'économie comme par le premier assistant venu, avec des compétences graphiques très limitées. En fait, ce minimalisme participe à l'anticipation du plaisir de lecture : le lecteur sait par avance à quoi ressemblera chaque strip, chaque personnage, chaque posture, sans oublier les décors vaguement présents. Les personnages sont toujours simples d'apparence et immédiatement reconnaissables : Dilbert avec sa chemisette blanche, sa cravate qui rebique, ses petites lunettes rondes et son pantalon noir, Dogbert comme une sorte de boule blanche avec des lunettes et des membres trop courts, Boss avec sa chemise blanche, son costume, sa cravate bien droite et ses deux touffes de cheveux pointues, Wally comme Dilbert avec moins de cheveux et une cravate bien droite, Alice avec sa masse de cheveux en triangle, le stagiaire Asok avec son air un peu ahuri, la secrétaire Tina avec son air revêche, Topper avec son assurance inébranlable qui lui donne un air de supériorité immuable. Dans ces strips, Adams se permet même quelques facéties avec Alice en Méduse, ou avec l'intervention d'agents du gouvernement en costume noir.

Il en va de même pour l'évocation des différents lieux : l'artiste utilise une approche minimaliste assumée. La plupart du temps il se contente d'un trait horizontal pour évoquer la surface d'un bureau, en coloriant la surface en marron pour rendre évident ce dont il s'agit. Parfois il peut tracer deux traits s'il s'agit d'une perspective, et ainsi faire apparaître l'un des coins du bureau. Il y appose parfois un écran d'ordinateur sagement rectangulaire, et un clavier tout aussi rectangulaire. Bien évidemment la case avec la vue externe du bâtiment de l'entreprise revient régulièrement, rigoureusement identique d'un strip à l'autre. de temps à autre (mais pas trop souvent quand même), le lieu peut changer : une balade dans un parc, l'ascenseur du bâtiment de l'entreprise, la chambre de Dilbert (Adams va jusqu'à dessiner un oreiller), l'ambassade d'Elbonie (une table de camping sur la pelouse d'un parc, le cubicule du responsable des affaires juridiques, une soirée entre collègues (pas plus de deux personnages dans la case), et même le cubicule d'Alice, sans oublier la table avec la machine à café.

Scott Adams ne change rien à son dispositif narratif visuel qui gagne, et le lecteur se sent chez lui, absorbant à l'instant chaque case, se concentrant sur les dialogues. Pour autant, les cases montrent des éléments qui ne sont pas contenus dans les dialogues, essentiellement quel personnage parle, et quelle est sa réaction. Pour ce quarante-deuxième recueil de strips d'un personnage publié pour la première fois le 16 avril 1989, l'auteur n'est toujours pas en panne d'inspiration. Bien évidemment, sa cible de prédilection reste les stratégies absurdes du management, les stratégies d'évitement de Wally, la résignation passive de Dilbert, la rouerie sans honte de Dogbert, le machiavélisme de Catbert, et l'incompétence de Pointy-haired Boss. Adams sait intégrer de nouvelles pratiques de management, toutes aussi éphémères que vouées à l'échec : le coaching par les pairs, les 10.000 heures pour devenir un expert, la mise en oeuvre de vacances illimitées, le respect des autres, l'attention portée aux autres, la créativité, avoir de la passion, vivre pour aujourd'hui, un diaporama en voyage du héros, le niveau d'ocytocine, motiver les employés par la vision du chef et pas par l'argent, suivre son instinct, pas de réunion avec plus de personnes qu'on peut nourrir avec 2 pizzas, l'holocracie, faire des compliments aux autres, le niveau de testostérone, fréquenter des gens qui réussissent, l'honnêteté, etc. La liste est infinie. C'est à la fois terrifiant pour des employés qui ont déjà été encadrés avec ces méthodes, ou pire encore qui les voient venir dans leur horizon professionnel, alors qu'elles ont déjà démontré leurs limites, voire leur inefficacité. Et à la fois réconfortant de constater que les mêmes employés trouvent facilement des parades efficaces.

Au fil des strips, le lecteur relève également les innovations qui font leur chemin dans le monde de l'entreprise : les bitcoins, la notion d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, le monitoring des employés plutôt à leur insu (temps passé dans les couloirs, taux de caféine dans leurs veines), le micro-management de la dépense d'énergie des employés qui est en quantité limitée, l'optogénétique, le champ morphogénétique, les opérations financières de l'entreprise qui rapportent plus que la vente réelle de produits à des clients, le sens du nom d'un produit dans une autre langue, les tests A/B, les vidéos virales, etc. Dans le même temps, Scott Adams n'a rien perdu de son humour cinglant et dévastateur. Cela fait mal quand il met en lumière la gestion de l'individu en tant que ressource consommable et renouvelable. Il suffit de voir Catbert, Dogbert ou Boss établir le constat que qu'ils souhaitent convaincre les employés que les bénéfices de l'entreprise sont plus importants que leur santé, que les salariés doivent donner gracieusement leurs idées innovantes à l'entreprise, que la sagesse du manager fonctionne mieux si ses sous-fifres n'expriment pas leur opinion, que le futur professionnel de l'employé (en particulier ses promotions) dépendent plus de l'efficacité de son encadrant à le défendre que de ses propres performances, que le rythme de vie d'un consultant le mène droit à l'épuisement, etc. Cela fait mal également quand Adams évoque des comportements personnels : l'individu qui devient aveugle en consultant l'historique de navigation d'un collègue, l'art de se fixer des objectifs non quantifiables, les consultants qui fourguent des méthodes inapplicables et avant tout rentables pour eux, les décisions prises sous l'influence de l'alcool, la difficulté de fermer Skype, l'art de ne rien faire quand on sait qu'un problème finira par se résoudre tout seul, etc. À chaque fois, l'auteur met en scène le thème ou la situation avec un art consommé du rythme, de la concision, et du gag.

Se lancer dans un nouveau tome de Dilbert est toujours une entreprise risquée. le lecteur se met à rire tout haut et tout seul dans les endroits les plus saugrenus. Il prend conscience de l'absurdité du monde de l'entreprise, des modes managériales artificielles, du cynisme des encadrants, de son absence de valeur d'employé mais aussi d'être humain, mais aussi de l'universalité de sa situation, tout ça avec un sourire inaltérable.
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