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4,03

sur 861 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce premier roman est le récit poignant d'une émancipation, celle de Sixtine, jeune femme pieuse qui se libère de l'emprise d'une secte catholique intégriste tendance extrême-droite. Une lecture forte qui a fait écho à la formidable mini série diffusé sur Netflix, Unorthodox , qui racontait la fuite d'Esther de son milieu juif orthodoxe.

La première partie est remarquablement édifiante. Avec minutie, Maylis Adhémar décrit les rites de cette frange catholique fondamentaliste. L'immersion est totale, presque ethnographique. Même si j'avais déjà vu des reportages sur ce sujet, j'ai été interloquée par la violence de ce milieu. A l'égard des femmes d'abord. On colle au pas de Sixtine, à son ressenti, à son chemin de croix qui débute avec sa grossesse qu'il faut endurer les dents serrés, une tisane aux feuilles de framboisier étant vu comme le mal car soulageant des douleurs voulus par Dieu. Violence tout court lorsqu'il s'agir de mêler religion à la xénophobie et au nationalisme le plus extrême, jusqu'à organiser des opérations coups de poing contre les ennemis de la « bonne France ».

Cela aurait pu donner lieu à un récit manichéen et caricatural mais l'auteure parvient à trouver le ton juste, la bonne distance pour se concentrer sur l'évolution de Sixtine. Au départ, elle ne veut pas forcément s'émanciper, on lui a bien trop appris que l'extérieur, l'autre c'est le Diable. Son désir de liberté est bine plus organique, plus instinctif : elle va devenir mère et veut sauver son enfant.

Le scénario mis en place est très bon, avec un point de bascule tragique qui sert de catalyseur à la fuite de Sixtine. C'est à partir de là que je suis moins convaincue par la deuxième partie, celle de l'ouverture au monde qui va lui donner envie, cette fois, de s'émanciper totalement sans perdre sa foi. Son combat intérieur est bien rendu, entre petites avancées et reculs, mais le chemin d'émancipation est très convenu avec beaucoup de clichés. Il n'était pas nécessaire, à mon avis, d'aller aussi loin dans les antipodes, entre les squatteurs, la ferme autogérée et une solidarité, certes réelle et bienveillante, mais qui ressort un peu trop gentillette. J'ai un peu décroché à ce moment-là ...

... pour me raccrocher aux interstices du récit : ces très belles lettres écrites par la grand-mère de Sixtine à sa fille, la mère de Sixtine. Une autre temporalité, une autre fuite du milieu familial, dans l'autre sens. En fait, les personnages des mères, celle de Sixtine et sa belle-mère auraient pu être passionnants à condition d'être plus mis sur le devant de la scène.

Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois #4


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Sixtine fait le mur de la Chapelle !
Quoi de mieux que de donner un prénom désuet ou composé à son enfant pour afficher son statut social et montrer qu'on n'est pas n'importe qui. Dans la bourgeoisie tradi de province, c'est très tendance et cela ouvre les portes des rallyes et du paradis. Il faut faire chauffer la particule.
Sixtine est une jeune femme très pieuse et vulnérable, barrettes, socquettes blanches et robe sage à fleurs, élevée à l'hostie par une mère bigote. Sa grande soeur est rentrée dans les ordres. Elle, elle est toujours aux ordres. Inutile de remonter vos montres à gousset, l'action ne se déroule pas en 1913, mais bien en 2013.
Sixtine rencontre puis épouse Pierre-Louis Sue de la Garde, après quelques galoches en latin, langues presque mortes. Grande école et petit esprit, le jeune homme de très bonne famille, est engagé dans le mouvement des Frères de la Croix, secte fondée par le Père André, sorte de gourou qui ne s'est jamais remis de Vatican 2. Vade retro dans le rétroviseur !
La destinée de Sixtine est toute tracée : études abandonnées, carrière de mère au foyer d'une ribambelle de têtes bien blondes et bien peignées, messes et diners mondains. Un chemin de croix.
Après une nuit de noce calamiteuse où la fonction reproductive bannit toute notion de désir et de plaisir, Sixtine tombe enceinte et traverse une grossesse difficile. Son mari, qu'on imagine le cheveux court avec son pull noué sur les épaules, est occupé à chasser du gauchiste et à organiser des expéditions punitives contre le Mariage pour Tous, les punks à chiens, les étrangers, les homosexuels et autres créatures du diable. Un croisé bien barré.
Sous l'emprise de sa mère, de son mari et de sa belle-mère, Sixtine vit dans la repentance perpétuelle. Plusieurs évènements vont l'amener à réagir contre l'intégrisme religieux et la fachosphère qui l'étouffent.
Dans ce premier roman très réussi de Maylis Adhémar, j'ai particulièrement apprécié la finesse du propos. Dans ce récit d'émancipation qui fréquente les extrêmes, il aurait été facile, comme je le fais, pour forcer le trait de la rébellion, de transformer sainte nunuche en actrice porno, de découvrir sous son voile un crop top « Blanquérisé », de passer du bénédicité au livre rouge, des culs bénits aux culs nus, de Valeurs Actuelles à l'Humanité. Or, si Sixtine fuit l'intégrisme et sa famille, elle ne perd pas sa foi et ne renie pas son éducation. Elle se confronte seulement au monde et c'est en devenant mère qu'elle trouve le courage d'échapper à son milieu pour protéger son enfant du dévoiement de sa religion. Elle ne trahit pas ses valeurs, elle les adoucit.
L'auteure insère aussi à son histoire des correspondances qui raconte le parcours inverse et caché de la mère de Sixtine. On a parfois la généalogie honteuse. Ce roman très bien construit interroge donc aussi la transmission et l'héritage familial. Il témoigne que si les enfants ne choisissent ni leur prénom, ni leur éducation, ni leur religion, ils peuvent en grandissant mettre le cligno et changer de direction, souvent par réaction.
J'ai trouvé la seconde partie du roman moins réussie car on sent l'auteure plus à l'aise dans la description de milieu bourgeois et catho dont elle connait les codes pour y avoir grandit que dans celle des communautés de marginaux, plus fumeurs d'herbe qu'artistes et pratiquant l'amour libre. Sixtine n'a pas le gêne zadiste. La confrontation donne néanmoins lieu à des épisodes assez drôles.
Au final, même si l'héroïne a tendance à se poser un peu trop de questions face à des évidences, Bénie soit Sixtine (quel titre génial !) propose une belle ode à la tolérance et à l'ouverture d'esprit, saint ou pas.
Ainsi soit-elle.
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Trois générations se succèdent, empruntant des itinéraires opposés, comme si à chaque fois les valeurs qui construisent un destin devaient être bafouées par les enfants.

C'est Sixtine qui ouvre le bal, si l'on peut dire, et si bal il y a, ce serait l'une de ces rencontres destinées à éviter que la progéniture n'aille se fourvoyer dans des mésalliances désastreuses pour les traditions. Et la tradition, ici, c'est celle d'une religion envahissante, jetant son ombre grise sur tout ce qui pourrait donner du sel à la vie. Si les jeunes filles se lancent dans des études, parfois prestigieuses, c'est pour mieux dégoter le futur père de leur nombreuse descendance, marquée du sceau de la convenance et des exigences d'un Dieu peu magnanime. C'est ainsi que Sixtine croise sur son chemin balisé Pierre-Louis, le gendre idéal. Mais rapidement la jeune femme va comprendre que l'homme qu'elle a épousé cache des tendances pour une idéologie extrémiste.

Les femmes ont une place bien claire dans cet échiquier. Ce sont les futures mères de nombreux petits croisés, mis au monde dans la douleur. de mère en fille, les transmissions ne laissent aucune place à l'empathie. Et pourtant…les lettres qui sont intercalées entre les chapitres consacrés à Sixtine laissent entrevoir un passé bien différent.

Le roman épingle sans concession les excès d'une religion dont les textes fondateurs sont interprétés, au mieux au premier degré, et au pire avec une intention claire d'asservir les adeptes. Comme dans la plupart de ces mouvements , le statut de la femme est celui d'une paria, qui porte en elle le péché originel et responsable de la concupiscence des hommes.

Sans jeu de mots, la mauvaise foi règne en maître au sein des fidèles, aveuglés par un discours manichéen et fermé.


Le roman est fort bien écrit et bien construit, et on reste au fil des pages suspendu au destin de Sixtine et au dénouement des recherches sur ses origines.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Quand elle épouse Pierre Louis Sue de la Garde, Sixtine est une jeune femme lumineuse, un peu naïve et... très pieuse. Aussi lorsque leur nuit de noces s'avère une catastrophe, et sa première grossesse un chemin de croix, Sixtine prie et s'accroche avec courage et abnégation. Il faudra la naissance de son fils et un événement dramatique pour qu'elle trouve la force de rompre avec sa famille et sa belle-famille, qui ne lui parlent que de devoir et de Dieu...

Sans ébranler sa foi, une fuite salutaire qui ouvre le monde à Sixtine qui, n'en n'ayant pas pleinement conscience, a fui des catholiques intégristes. Des ultras d'extrême-droite, homophobes, misogynes et racistes, qui à l'intérieur visent à limiter la réflexion et à embrigader l'autre, et luttent à l'extérieur avec violence contre ceux qui ne pensent pas comme eux, c'est à dire le reste du monde. D'ailleurs ils se nomment eux-mêmes les croisés, c'est tout dire.

Un premier roman très réussi, aussi émouvant qu'édifiant, où le dévoiement sectaire de la religion catholique (qu'on peut mettre en parallèle avec celui d'autres religions) est parfaitement mis en scène par Maylis Adhémar, qui sans aucun doute connaît bien le milieu dont elle parle.
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Qu'ils soient juifs ultra-orthodoxes, islamistes ou catholiques intégristes ces gens sont tous dédaigneux, méprisants, vaniteux, arrogants envers ceux qui ne n'appartiennent pas à leurs dépendances, à leurs mouvances immobiles.
Il faut fuir les excessifs, les abusifs, les virulents, les corrosifs, les violents.

C'est ce que nous enseigne Maylis Adhémar au travers de l'histoire de Sixtine son héroïne.

Sixtine s'est approchée très près des « Frères de la Croix » considéré comme une secte par la « Miviludes » (Mission interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires) et ce, jusqu'à se marier et avoir un enfant avec Pierre-Louis, fils de famille de cathos fondamentalistes, un des fers de lance de cette confrérie et casseur à ses heures.
Malgré son éducation stricte, sa dévotion, sa docilité, sa naïveté et sa grande piété Sixtine réussira à s'éloigner, s'envoler pour disparaitre de ce milieu castrateur après avoir subi maintes humiliations de sa belle-mère méprisante et de son propre mari.

Ce roman débute magnifiquement, les phrases courtes et efficaces de l'auteure m'ont immédiatement immergé dans les ressentiments de Sixtine.
J'ai moi-même, dès mon plus jeune âge reçu une solide éducation catholique et j'ai parfaitement assimilé l'emprise que peuvent avoir certains adultes endoctrinés sur des jeunes maniables et obéissants et ce, quel que soit la confession.

L'emprise familiale néfaste qu'elle a subi n'aura d'égal que son épanouissement à ce monde nouveau. C'est à ce stade que ce roman perd de son intérêt. Ce que découvre Sixtine n'est malheureusement que la vie banale qui, à l'encontre d'un rigorisme parfaitement dépassé fait apparaitre les travers de notre société d'aujourd'hui.

Pour elle, tout est neuf et tout est sauvage : le comportement trivial de toxicos post-punk jouant du heavy métal, la crèche pour les enfants des mères qui travaillent, les baisers fous et les caresses excitantes d'un joli petit mec à la peau lisse, la rencontre avec une mère et son enfant réfugiés Syrien à qui il faut tout apprendre. Même le curé est exotique, il ne porte plus la soutane et va vider des bières au café du coin.

J'ai apprécié la lecture du premier roman de cette auteure qui, au-delà de la trame religieuse aborde les crises générationnelles et les difficultés des relations familiales bien que j'aurais aimé que soit davantage développé le caractère et les mentalités de la mère et de la belle-mère de Sixtine. Les derniers chapitres s'apparentent plus à une bluette, c'est dommage.


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Dans les familles telles que celle de Sixtine, très catholiques, tendance intégriste obscurantiste et réactionnaire, on attend des jeunes filles qu'elles soient sages et bien élevées, qu'elles sachent prier, cuisiner et préserver leur chasteté, qu'elles fassent des études supérieures juste ce qu'il faut pour trouver un jeune homme de bonne famille promis à un bel avenir. Sixtine répond parfaitement à tous ces critères.

Dans ces familles-là, on attend des jeunes hommes qu'ils soient polis et sûrs d'eux, qu'ils fassent de solides études pour dégotter un solide emploi, qu'ils sachent prier et perpétuer la lignée, et qu'ils s'engagent dans une milice religieuse pour mener une croisade moderne (actions coup de poing incluses) contre les hérésies contemporaines telles que le mariage pour tous. Pierre-Louis Sue de la Garde correspond parfaitement à ce profil.

Et donc Sixtine et Pierre-Louis se rencontrèrent et se marièrent. Mais le reste du programme « ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants » ne sera pas d'application. Parce que finalement, Sixtine ne répond pas tout à fait aux critères susmentionnés. Surtout depuis qu'elle réalise que le mariage et ses accessoires s'apparentent plus à un purgatoire qu'à l'Eden d'avant la pomme. Nuit de noces désastreuse, grossesse difficile, belle-mère intrusive, autoritaire et culpabilisante, la jeune femme déchante encore davantage quand elle comprend que son bon, beau, fort et courageux Pierre-Louis ne mérite peut-être pas qu'on lui donne le Bon Dieu sans confession.

A la faveur (si on ose dire) d'un événement dramatique, Sixtine ouvre les yeux, comprend qu'il y a d'autres vérités que celle qu'on lui assène depuis sa naissance, et décide de couper les ponts.

« Bénie soit Sixtine » est donc une histoire d'éveil, d'émancipation, d'une initiation à une autre vie. La première partie m'a semblé la plus intéressante, par le portrait ahurissant de ces familles et de ce courant catholique intégriste. Je savais vaguement que cela existait mais je ne me doutais pas que cela allait aussi loin dans la déconsidération des femmes (être femme se limite à être mère), ni dans la dénaturation de la religion et dans la violence : ces soldats du Christ post-modernes sont en réalité de dangereux fous furieux, bien loin du Dieu d'amour, miséricordieux et tolérant. J'ai moins aimé la seconde partie, un peu lente, caricaturale et trop feel good pour moi. Pas très crédible non plus à mes yeux l'histoire de la mère et de la grand-mère de Sixtine, ni la fin en forme d'improbable retour aux sources.

Mais le plus important de ce roman finalement assez agréable à lire, c'est son message de tolérance et de liberté.

Qui me permet une transition facile et me donne l'occasion de vous souhaiter un joyeux Noël et une année 2022 remplie de joies et d'émerveillements, de bienveillance et d'empathie et de toutes ces petites choses qui font du bien et qui ne s'achètent pas (et remplie aussi de livres, tout de même).
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Ce titre m'a attiré tout de suite, étant moi-même sortie depuis plus de vingt ans d'un mouvement sectaire légaliste.

Sixtine est célibataire, rayonnante et très pieuse, elle fréquente un mouvement religieux, rigoriste. Lorsque Pierre Sue de la Garde se fiance à elle, son coeur est en fête. Ils se connaissent à peine. Les parents ont arrangé leur union qui va dicter leur vie commune. Vierge, elle rêve d'un mariage idyllique, mais la nuit de noces se réserve à une fonction reproductive.

Sa désillusion va lui faire prendre conscience petit à petit dans quel guêpier elle s'est enkystée.

Elle se voit délaissée durant sa grossesse par son mari, qui déserte le domicile familial pour militer dans une communauté catholique extrémiste.

Sixtine s'accroche avec courage et abnégation, elle est corsetée dans ses convictions religieuses, sous la domination familiale de part et d'autre qui lui dicte sa conduite et lui fait sans cesse des récriminations.

Maëlys Adhémar nous fait plonger dans l'horreur, la violence psychologique de son quotidien et cela colle à la peau du lecteur.

La jeune mère est lucide sur son futur, elle ne peut se résoudre à une telle pénitence et ne sait comment s'affranchir de cette pesanteur.

Un drame familial va faire basculer sa vie. Sixtine fait le mur une nuit avec son fils pour échapper à cet enfer et vivre une vie meilleure. Petit à petit, elle va cheminer tenter de s'épanouir, même si parfois la culpabilité se fait encore insistante.

Va-t-elle réussir à s'échapper complètement de ce joug ?

L'auteur lève le voile sur ce qui semble être du vécu. C'est pour cela qu'elle illustre si bien l'emprise religieuse.
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Sixtine. A l'annonce de ce prénom, nous pressentons déjà dans quel milieu se situe ce roman. Sixtine a été élevée dans un milieu intégriste catholique. Jusqu'à ce qu'un incident remette en cause le seul monde qu'elle connait.

La première partie m'a pleinement convaincue. Sans jamais se moquer, Maylis Adhémar raconte toute en nuance comment peut être vécue la foi. Tout sonne juste, sans doute grâce à sa connaissance de ce milieu. Afin de faire évoluer son personnage, l'auteur va avoir recours à une pirouette, mettant en application le célèbre adage ‘un mal pour un bien'. Dans une seconde partie nous découvrons comment Sixtine va s'affranchir de son milieu. Elle va rapidement s'adapter à un environnement très différent de ce qu'elle connaissait jusqu'alors, et certaines situations m'ont paru peu vraisemblables, tournant parfois même à la caricature. La fin du roman tombe dans la mièvrerie.

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Voilà un très bon premier roman qui mérite amplement son succès sur BABELIO. C'est en effet grâce à ODP31, Palamede, Latina, JMB33320, ou encore Framboize12 : beaucoup de mes amis Babeliotes ont lu ce livre et l'ont apprécié à juste titre.


Car « Bénie soit Sixtine » traite d'un environnement dont on parle peu, hormis des évènements récents qui ont fait la Une des Médias, comme la dissolution de l'institut Civitas, proche de l'extrême droite catholique.

Car c'est bien dans cet univers catholique intégriste que débute le roman. Sixtine, jeune fille de bonne famille, se rend à un mariage et, comme souvent dans les milieux favorisés, elle y rencontre son futur mari. Celui-ci, doté d'un nom à particule, fait partie de mouvements très engagés dans le milieu intégriste : il est contre le mariage pour tous (évidemment) mais aussi ne voit pas l'intérêt que sa femme éprouve du plaisir lors de la nuit de noce (plus alarmant). Et puis il veut « faire le coup de poing » contre des mouvements gauchistes, qui ont le malheur d'accueillir des réfugiés (au secours) ou qui ne respectent pas les symboles de la mère patrie (quelle horreur).

Bien sûr, dans ce milieu, on va à l'église, pas seulement tous les dimanches, mais le plus souvent possible, on porte la mantille, pour ne pas attirer le regard des hommes, et on se confesse pour tout péché qu'il soit par action ou en pensée. Et le devoir d'une femme mariée est … de faire des enfants.
Sixtine coche d'abord toutes les cases, et coup de bol (et tant pis pour le plaisir féminin – elle a juste droit à un geste de son mari avec une croix sur son front avec l'acte de procréation) elle tombe très vite enceinte.

Mais la belle machine, cuisinée par sa belle-mère qui n'en est pas à son coup d'essai question dressage de belle-fille, ni à sa propre mère qui boit de la même eau, va se dérégler. Quelque chose cloche chez Sixtine qui commence à réaliser où elle a mis les pieds. Elle aimerait même ne pas être enceinte, et ne pas mettre au monde un rejeton qui rejoindrait la cause défendue par sa belle-famille, prélude de futurs très nombreux frères et soeurs à venir.

Oui la machine se dérègle, et même violemment pour son mari, alors qu'il veut en découdre avec un groupe de gauchistes.

Et voilà notre Sixtine livrée à elle-même, qui doit seule décider si elle va opter pour la péridurale ou pas (sa belle-mère est contre : il faut souffrir pour enfanter) et s'il est indispensable qu'elle allaite (ça fait mal, et les biberons sont bien pratiques). Mais surtout, après avoir fait le choix du prénom pour son fils contre la proposition qu'avait faite son mari, il faut qu'elle décide de ce qu'elle veut faire de sa vie.

Commence alors une seconde partie, qui a le gros avantage de ne pas être manichéen : si elle fuit l'environnement toxique du milieu catholique intégriste, elle ne renie pas pour autant sa foi, et tente de vivre selon ses convictions. Un village de l'Aveyron qui l'accueille est le lieu pour elle de découvrir le "vrai " monde : une coiffeuse que sa mère jugerait vulgaire mais au fond très sympathique, un groupe de musiciens New Age dont l'un d'entre eux l'attire étrangement, alors qu'il n'est clairement pas de son milieu, ou encore un prêtre issu des JOC qui lui pardonne tous ses péchés sans faire d'histoire.

« Bénie soit Sixtine » est un premier roman d'une toulousaine jusque là journaliste indépendante. Très bien mené, il révèle de grandes surprises à l'héroïne et à nous lecteurs qui suivons son cheminement. Un seul petit regret : j'aurais aimé une scène de confrontation avec la nouvelle Sixtine et sa mère confinée dans ses préjugés, mais l'autrice envoie son personnage principal à des milliers de kilomètres quand cette rencontre aurait pu avoir lieu.

Il n'empêche, je n'en veux pas à Maylis Adhémar qui m'a fait passer un bien bon moment de lecture.
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Le catholicisme dans tous ses états. Sixtine, benjamine d'une famille catholique très pratiquante, épouse Pierre Louis Sue de la Garde issu d'un milieu extrémiste religieux, totalement formaté par sa famille. Sixtine, comme toute jeune mariée, attend tendresse et amour de son mari. Mais sa nuit de noce est une réelle déception. S'ajoute à cela une belle-mère rigide particulièrement envahissante et la découverte que son conjoint fraie avec l'extrême droite. L'union s'avère guère joyeuse pour la jeune épousée. Bientôt un événement dramatique l'amène à questionner sa foi, sa relation aux autres et ses ambitions. Sixtine prend son destin en main…
Le récit d'une émancipation douloureuse, porté par une plume précise. Un premier roman parfaitement maîtrisé, qui peint avec justesse la misogynie, le racisme des milieux catholiques extrémistes, sans jamais mettre à mal ni caricaturer la foi. Seuls ses dérives sont pointées du doigt. le texte est très prenant, se lit comme un thriller et les personnages très bien campés : Sixtine, paumée puis battante, sa mère Muriel, convertie, surinvestie dans sa pratique religieuse et sa grand-mère maternelle Erika dont on découvre, à travers les lettres, l'incroyable parcours.
Une réussite. Une écrivaine à suivre.
#BéniesoitSixtine #NetGalleyFrance
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