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sur 2981 notes
♫ «Vois-tu mon chéri, pour te plaire j'ai fait quelque chose de bien gentil,
j'ai fait ce que font toutes les femmes en c'moment pour être tout à fait dans l'mouv'ment».

Elle enleva gentiment son chapeau et stupéfait, je m'aperçus tout aussitôt
qu'elle s'était fait couper les ch'veux ♪

Comme l'évoque cette vieille chanson de 1924, la coupe de cheveux, façon américaine tout de même, s'avère être le fil rouge de ce roman nigérian titré « Americanah ».

Précisant tout de suite que je suis un homme et que moins je passe de temps chez le coiffeur mieux je me porte, comment se fait-il que je veuille découvrir à ce point une histoire qui se déroule pendant des heures dans un salon de coiffure ?

Bien sûr, c'est ma soif de curiosité sur le Nigéria qui m'a guidé sur ce livre…

Par exemple, je sais comme bon nombre d'entre vous que les joueurs de football du Nigéria portent des tuniques vertes et qu'ils sont surnommés « les Super Eagles » ou bien encore que la secte Boko Haram sème la terreur dans le nord du pays.

Mais saviez-vous que la capitale de ce géant d'Afrique de plus de 177 millions d'habitants et première puissance économique du continent s'appelle "Abuja" ?

Connaissiez-vous le président nigérian qui doit surement avoir beaucoup plus de chance avec la météo que le notre ainsi nommé Goodluck Jonathan ?

Vous n'étiez pas au courant. Moi non plus je l'avoue. Et je n'avais jamais entendu parler de ce livre et de cette auteure nigériane il y a encore un mois.

Pour tout dire, je n'aurais jamais croisé la route d'Ifemelu, l'héroine d'Americanah si je n'avais pas été invité à participer à une rencontre avec « Chimamanda Ngozi Adichie », cette magnifique écrivaine nigériane (dans tous les sens du terme) qui partage actuellement sa vie entre Lagos et New York.

Qui plus est, ce roman n'est à proprement parlé un livre sur le Nigéria mais sur les « Americanah ». C'est ainsi que l'on surnomme les nigérians qui ont tenté l'aventure dans le pays de l'oncle Sam avant de revenir au Nigéria pour faire fortune ou réaliser leurs rêves les plus fous.

Comme quoi, moi qui adore les romans américains, je n'ai rien perdu au change…

C'est ainsi que, Ifemelu une jeune femme nigériane, décide de quitter le Nigéria pour effectuer ses études aux Etats-Unis, pensant retrouver dans quelques mois son petit copain, Obinze, impatient de la rejoindre avant de régler quelques problèmes administratifs habituels.

Mais rien ne va se passer comme prévu et Ifemelu va traverser les pires difficultés pour d'abord survivre dans ce nouvel environnement et par la suite, réussir à s'adapter au style de vie américain.

Plus dur encore, Ifemelu va découvrir pour la première de sa vie qu'elle est noire. Noire au milieu d'une société faite pour les blancs…

Dénonçant à la fois le racisme et la difficulté de s'intégrer aux Etats-Unis pour un noir, Chimamanda Ngozi Adichie pioche à travers ses expériences personnelles, celles de sa famille ou de ses amis le substrat indispensable pour brosser le portrait de l'Amérique vis-à-vis des immigrés africains et plus généralement de la population noire.

A la fois engagé et plein d'humour, ce roman fait la part belle à une histoire d'amour impossible dont on ne connaîtra l'issue qu'à la toute fin du livre.

A ce sujet, la principale critique que j'objecterais, concernant ce livre par ailleurs remarquablement bien écrit et particulièrement intéressant, est justement cette trop longue attente.

Comme l'héroïne du livre, j'ai eu l'impression d'attendre des plombes dans ce salon de coiffure et de me priver ainsi d'une fin plus aboutie et beaucoup moins concise que celle proposée. Je voyais les pages défiler et décomptais les pages restantes un peu affolé. Plus que 200 pages… Plus que 100 pages… Plus que 50 pages… Ouf enfin !

Quoi qu'il en soit, que vous ayez les cheveux en bataille, en brosse, au bol, au carré, en triangle, en losange, tressés, ondulés, frisés ou lissés que sais je, n'hésitez pas une seule seconde à découvrir cet excellent ouvrage de Chimamanda Ngozi Adichie dont la signature manuscrite restera gravée à tout jamais dans mon exemplaire offert par Gallimard.

Merci encore à Babélio et bon vol pour votre prochain voyage inoubliable au Nigéria et aux Etats-Unis !


Ps : Petite remarque au passage, j'ai l'impression d'appartenir à une espèce en voie de disparition, voire d'extinction lorsque que l'on comptabilise le nombre d'hommes qui étaient présents dans la salle par rapport au nombre de femmes ! Il ne manquerait plus que je finisse dans un zoo pour lecteurs...
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Chimamanda Ngozi Adiche dispose d'un talent de narration extraordinaire.C'est son deuxième roman que je viens de lire après "L'autre moitié du soleil",et j'en sors toujours aussi épatée.
L'histoire débute avec Ifemelu,une jeune Nigériane ,dans la trentaine,vivant depuis treize ans aux États-Unis,qui décide de rentrer dans son pays laissant tomber son blog à succès et son petit ami.De là ,flashback sur sa vie antérieure ,sa jeunesse au Nigéria ,son grand amour avec Obinze et ses treize années américaines.Parallélement ,on va faire la connaissance d'Obinze et de son propre parcours.Les difficultés de l'émigration,de l'immigration,le racisme actuel aux Etats-Unis,les relations interraciales sont au coeur de ce récit passionnant.Adichie,magicienne de la langue en quelques lignes nous croque des portraits de personnages appartenant à divers communautés:les WASP,les Noirs américains,les noirs non-américains aux E.U.,et au Nigéria,les americanahs ou autres Nigérians ayant vécus à l'étranger,les nouveaux riches...avec leurs faiblesses,leurs complexes,leurs aspirations,leur recherche d'identité...truculent!C'est aussi une magnifique histoire d'amour,la construction est excellente,le style fluide la prose(v.o.)trés belle,et j'ai adoré la Fin!
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Ce n'est pas seulement la fuite devant la guerre ou la pauvreté qui contraint à l'exil.

Le Nigeria des années 90 perd les forces vives intellectuelles de sa population, étudiants diplômés mais sans avenir dans leur patrie, désirant "échapper à la léthargie pesante du manque de choix". Instabilité politique, corruption et chômage représentent un mur infranchissable. Ces jeunes adultes aisés, convaincus que leur réussite est ailleurs, tentent études supérieures ou travail aux Etats Unis ou en Grande-Bretagne, pour construire un avenir professionnel avec une énergie et un courage remarquables. Ils y sont confrontés à la clandestinité, à la pauvreté, aux trafics de papiers, à l'illégalité de mariages blancs, à la prison: un autre monde pour ces classes moyennes africaines.

L'exil, c'est l'adaptation, difficile, en dépit de l'entraide et de la diaspora nigériane. C'est aussi la séparation: Ifemelu, envolée vers Philadelphie perd Obinze, son amour de jeunesse parti vers Londres. Alors qu'il subit l'humiliation de l'expulsion, elle devient une star de la blogosphère, observatrice sans relâche des différences culturelles entre les africains et les afro américains.
L'immersion américaine, c'est la conscience de la négritude, du racisme et de ses subtilités, dont elle peut parler avec un point de vue extérieur, avec humour et ironie.

Quinze ans plus tard, le retour à Lagos, entre le désir de faire fortune ou l'espoir idéaliste de changer le pays, s'annonce plus difficile que prévu, pour elle comme pour ces adultes construits entre deux cultures et passant souvent pour arrogants et supérieurs. A travers ses personnages, attachants et généreux, l'auteure décortique une société nigériane faites de contradictions, en y faisant la part belle aux femmes.

Et la coiffure dans tout cela? La symbolique des problèmes capillaires, pouvant être agaçante mais aussi instructive et amusante, pose la question de l'identité noire dans une société où la beauté est perçue comme blanche et lisse. Une identité liée au pouvoir économique et politique, une pression sociale pour trouver emploi et reconnaissance, un racisme de plus, insidieux et auto imposé.
Alors naturel ou lissé le brushing?

Magistrale histoire d'amour, aventures mouvementées des parcours d'émigration, satire sociale, Americanah est un gros livre dense, fouillé, drôle, grave, captivant, addictif, ...épatant comme disait Bernard Pivot!
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Ce livre est le second roman publié par Chimamanda Ngozi Adichie, auteur qui vit au Nigéria après un séjour aux Etats-Unis pour ses études.
Autant dire tout de suite qu’avant cette opération entre Babelio et les éditions Gallimard, je n’avais jamais entendu parler d’elle.
Découverte donc !
D’autant que cette lecture était accompagnée d’une rencontre avec l’auteur qui a permis d’éclairer bien des points de ce récit.
Découverte d’un auteur bien sur, mais également découverte d’une œuvre, d’un travail, d’un style particulier, d’audaces que nous ne nous permettons plus.

Ce livre décrit le parcours de deux jeunes Nigérians d’un niveau social plutôt privilégié (Enseignants, universitaires…) conduits à l’immigration par la situation de leur pays, et particulièrement d’Ifemelu, une jeune femme . qui part faire des études aux Etats-Unis. Son ami d’enfance (Voire un peu plus….), Oblinze part lui de son côté en Angleterre. Il reviendra comme nombre de ses congènères faire fortune au Nigéria. On peut rappeler à cette occasion que ce pays est politiquement peu stable (C’est un doux euphémisme) et que la moyenne démographique actuelle est de six enfants par femme.
Acceder à une position sociale plus importante est donc à la portée de ceux qui ont eu d’autres modèles et reviennent avec des Savoir-Faire.

Après une intégration à la société Américaine notamment par les livres et la tenue d’un blog destiné aux Africains en Amérique, Ifemelu va traverser une sorte de crise existentielle (comme cela arrive à bien d’autres) et remettre en cause sa situation.
En effet, après une phase d’Américanisation à marche forcée (mode de vie, accent américain….) elle va décider de reprendre son identité Africaine et de rentrer au pays, retrouver ce et ceux qu’elle y avait laissé.
Elle retrouve alors son identité réelle.

C’est en fait l’histoire simple de deux jeunes gens amoureux, séparés et qui auront vécu des aventures banales… et pourtant pas aussi simples.
Mais c’est surtout l’occasion de parler franchement du ressentit des déracinés, en fait du racisme.
Ce n’est pas l’acte raciste odieux dont il est sujet ici, mais bien du racisme au quotidien, celui qui s’installe insidieusement dans nos cultures, dans nos pensées et qui, sans éclat influence notre façon de voir la société. (Il n’y a par exemple plus de noirs en France : Il y a des blacks !)
J’ai beaucoup aimé ce passage dans lequel Ifemelu explique s’être rendu compte qu’elle était noire à l’aéroport aux Etats-Unis. En effet à son départ, tout le monde était noir et il n’y avait pas de différence en termes de couleur de peau.
Les choses n’existent que parce qu’elles ont un contraire.

Un thème est récurent dans ce livre : les cheveux comme élément de différenciation entre les personnes, entre les blancs et les noirs. Cheveux crépus, lisses, droits, tombants, bruns blonds ou roux….
Ce n’est pas un hasard si le livre commence dans un salon de coiffure où Ifemelu va passe six heures à se faire tresser les cheveux, et aura ainsi le temps de passer ses expériences de vie en revue.

Ce qui m’a le plus surpris dans ce livre, c’est la franchise avec laquelle sont abordées les notions de race, de différence culturelle, sociétales, etc.
On a tout à coup l’impression qu’en France aborder ainsi ces sujets aurait conduit à des polémiques tenaces.
C’est à travers une peinture de l’Afrique et de sa culture, de l’Amérique et de ses travers que sont abordés la plupart de nos problèmes de société.
L’histoire d’Ifemelu et d’Oblinze, bien qu’en grande partie basée sur l’expérience personnelle de l’auteur, n’est en fait qu’un prétexte à un regard sociologique de notre monde.

Chimamanda Ngozi Adichie aborde librement la notion de race et refuse de se cacher derrière une pseudo uniformisation de tous les êtres. Elle accepte les différences et les respecte.

Elle nous livre en tout cas un livre drôle, rythmé, dense et qui conduit le lecteur à la réflexion
Très jolie découverte, donc !
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Ce qu'il y a d'enthousiasmant à lire Americanah c'est qu'en entrant dans la vie de la narratrice, on a autant la sensation de la laisser entrer dans la nôtre. Bien que traitant de la conscience de l'identité raciale aux États-Unis dans toutes ses nuances, il y a quelque chose de familier ou de chaleureux dans ce roman. La personnalité d'Ifemelu double de l'auteure y participe grandement avec son intelligence intuitive, sa détermination et ses certitudes effilées, son refus de lisser ses cheveux témoignant de son refus de lisser son caractère, son humour, ses moments de désarroi et de stupéfaction.
Surtout avec une lucidité et une connivence rafraîchissantes, elle nous tend une loupe sous les yeux pour nous montrer le reflet de la somme des croyances et des comportements maladroits, la myriade de mots condescendants et les masques que l'on s'efforce de porter en société. L'exercice est sur ce point réussi.

Un esprit libre, l'oeil qui guette, une langue râpeuse à souhait,...j'ai tout aimé dans ce livre miroir qui reflète à travers le parcours d'une jeune Nigériane aux États-Unis, une critique sociale qui n'épargne personne. Il n'y a pas de discours sociologiques ou savants, simplement une fiction qui met habilement en lumière le déracinement culturel avec son cortège de sentiments inconfortables, l'identité pensée comme tension interne.
En réalité, j'ai presque tout aimé dans ce roman. Une vie amoureuse un peu moins théâtrale n'aurait nullement nui à l'ampleur romanesque du récit.
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C'est le top des romans ...capillaires! Loin devant Des milliards de tapis de cheveux! Nattes, tresses, collées ou pas, extensions, boucles, défrisants, rien ne manque, et surtout pas l'ambiance du salon de coiffure où les échanges informels, bien au- delà des considérations météorologiques, en disent long sur le monde où nous vivons. La coiffure, souci quotidien de l'auteur, témoin de l'appartenance à un groupe, est ici un baromètre qui mesure le degré de conscience de la différence qui isole, et rend difficile l'acceptation de ce que l'on est.

Mais ce débat n'a lieu qu'au delà de l'Atlantique, lorsque le voyage qui a bercé les rêves de la jeunesse nigériane , vous fait juste prendre conscience que vous avez la peau foncée, afro-américaine ou Américain-Africain, et là deux solutions : tenter de s'assimiler au risque de se perdre, ou de lancer le débat, quoi de mieux qu'un blog pour le faire, ce sont les premiers pas qui coûtent.

Quinze ans aux Etats unis : le temps de vivre quelques histoires d'amour, jusqu'à ce que le cocktail de la nostalgie épicée d'un trait d'illusions perdues, et c'est le retour, dans un pays qui a continué à évoluer sans vous : les amis ont vieilli, la mondialisation est passée par là, et l'amour de sa vie a construit un nid avec quelqu'un d'autre. C'est comme cela que le questionnement existentiel choisit d'autres cibles.

Loin de couper les cheveux en quatre (c'est facile, mais je n'ai pas pu m'en empêcher) ce roman est un magnifique état des lieux des relatons humaines, avec au coeur du problème l'évolution de ce que l'on a appelle plus le racisme, mais qui cache sous des vocables politiquement corrects une réelle ségrégation. le lexique ne suffit pas à effacer des siècles de confrontations plus ou moins violentes.

Le sujet n'est pas uniquement américain : en France, on n'est pas toujours net avec la cohabitaient. Dans une émission littéraire télévisée, l'auteur faisait remarquer qu'ici, on ne dit plus noir, mais black, comme on dit afro-américain plus à l'Ouest.

A travers le partage du parcours de la jeune nigériane, l'auteur crée de façon très adroite une belle connivence entre le lecteur et Ifemulu, et l'empathie grandit avec les pages qui se tournent.

La dernière partie traine un peu, et le dénouement se fait désirer, c'est le seul bémol pour cette lecture passionnante.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Americanah ! C'est le mot grinçant utilisé par les Nigérians restés au pays pour nommer leurs compatriotes partis vivre en Amérique. Une façon d'ironiser sur celles et ceux qui se font un devoir de corriger leur prononciation d'origine pour parler l'anglais comme les Américains.

Chimamanda Ngozy Adichie a été une Americanah. Elle est aujourd'hui une auteure majeure de la littérature anglophone contemporaine. Militante féministe et antiraciste, elle est considérée comme une intellectuelle de premier plan aux Etats-Unis, où elle s'était expatriée à l'âge de dix-neuf ans pour suivre des études universitaires. Aujourd'hui quadragénaire, elle partage sa vie entre Washington et Lagos. Nombre de ses ouvrages, romans, essais, poésies, ont été récompensés par des prix littéraires.

Fort de ses deux cents millions d'habitants, de ses importantes ressources en pétrole et de son économie diversifiée, on pourrait penser que le Nigeria ouvre des perspectives motivantes à ses jeunes, en tout cas à ceux qui ont la chance d'être issus de familles bourgeoises. Mais dans ce pays miné par l'instabilité politique, la corruption à grande échelle, la délinquance financière et des poussées de violence islamique, leur vie quotidienne est gâchée par l'immobilisme, l'incurie et la récurrence de grèves fréquentes.

A l'instar d'Ifemulu, personnage principale du roman et véritable double de l'auteure, nombreux sont les étudiants nigérians qui ont rêvé et rêvent encore de s'expatrier en Amérique. Ils y découvrent que l'Amérique n'est pas le pays de cocagne qu'ils avaient imaginé. « Rien de semblable aux jolies rues du Cosby show », constate tristement Ifemelu, lors de son arrivée à Brooklyn, où elle est hébergée par une cousine en échange de services ménagers. Elle n'est pas au bout de ses peines. Les études sont coûteuses et un visa d'étudiant n'autorise pas à travailler. Pour survivre, restent les petits boulots clandestins… quand ce n'est pas pire.

Americanah est un roman de moeurs, une critique drôle et féroce – mais jamais agressive ! – de la société américaine et de la bourgeoisie nigériane. le talent de conteuse de l'auteure, son humour, son sens de la formule, la justesse de ses mots – parfaitement rendus par la traductrice – en font une lecture passionnante et jubilatoire tout au long de ses presque sept cents pages.

Le roman est aussi l'histoire de l'amour d'Ifemelu et d'Obinze. Ils sont adolescents quand ils se rencontrent. Ils tombent amoureux et sont convaincus qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Quand Ifemelu décide de partir pour l'Amerique, il est convenu qu'Obinze viendra la rejoindre rapidement. Mais rien ne se passe comme prévu. Ifemelu, en Amérique, vit des jours très difficiles et Obinze ne peut trouver mieux qu'une opportunité d'expatriation au Royaume Uni, une expérience qui se terminera de façon humiliante pour lui. Toujours est-il que leur relation se dissout...

Après bien des difficultés, Ifemelu finit par trouver ses marques en Amérique. Elle devient une blogueuse célèbre, dont les commentaires critiques et sarcastiques d'une Noire non américaine sur la société américaine font fureur. Elle avertit les Noirs qui viennent d'Afrique : c'est en arrivant en Amérique qu'elle avait pris conscience d'être une Noire. Une façon de dire qu'il n'y a de problème noir qu'en Amérique, héritage d'un passé, mémoire de l'esclavage, séquelle de la ségrégation. Un racisme avéré, que ne fait qu'attester un abus ridicule de formules « politiquement correctes ».

Quand quinze ans plus tard, Ifemelu décide de rentrer au Nigeria, elle y revoit Obinze. Il a fait fortune dans l'immobilier, est marié à une très jolie femme et est le père d'une petite fille. Quand ils se retrouvent, Ifemelu et Obinze constatent que, malgré leur si longue séparation, rien n'a changé entre eux. Comment cette histoire peut-elle se terminer ?

Je n'ai rien de commun avec Obinze, encore moins avec Ifemelu. Je ne suis pas nigérian, ni noir, je n'ai jamais vécu en Amérique, je ne me suis jamais demandé si les Noires devaient lisser leurs cheveux ou si elles devaient assumer des coiffures à l'afro ou à tresses, mais tout au long de ma lecture, je me suis trouvé en empathie totale avec ces deux personnages. Un ressenti dû à l'immense talent d'écriture de Chimamanda Ngozi Adichie.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Que se serait-il passé si Oliver Twist ou Anna Karenine étaient nés au Nigéria ? Peut-être seraient-ils devenus des Americanah comme Ifemelu... Ce n'est pas par hasard que j'évoque des classiques de la littérature pour débuter ma critique, car je ne serai pas étonnée que ce roman les rejoigne un jour tant il est riche et puissant.

Il nous retrace la vie d'Ifemelu, jeune bourgeoise nigériane qui part aux Etats-Unis pour ses études, et y découvre, pêle-mêle, qu'elle est noire, que la vie est dure et qu'elle a en elle bien plus de ressources qu'elle ne l'imaginait. En ce sens, c'est un livre très particulier et pourtant universel.

Particulier parce qu'il nous rappelle la condition des Noirs aux Etats-Unis au XXIè siècle, du racisme ordinaire aux discussions des intellectuels en passant par les problèmes capillaires liés aux cheveux crépus ou le sentiment d'exil.

Mais universel comme tous les romans d'apprentissage, car il y est question de doutes, de souffrance, de tâtonnements, d'amour, de famille, de honte, de résilience, de solitude, d'amitié, de joie, de rencontres, de quête...

Si on ajoute le talent d'Adichie pour raconter les histoires et dépeindre les émotions, on se retrouve avec un livre magistral. Félicitationah !
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Avec son roman Americanah, c'est un peu de l'âme de son pays et des propos sur les races et le racisme que nous livre Chimamanda Ngozi Adichie. Americanah c'est le parcours de Ifemelu, jeune adolescente jusqu'à l'âge de femme adulte. L'auteure raconte la vie de Ifemelu, ses études au Nigeria, son premier et grand amour qu'elle éprouve pour Obinze, son départ pour les États-Unis où elle poursuit ses études à l'Université. Ensuite, elle connaîtra la notoriété grâce à la tenue d'un Blog qu'elle a créé. Après quelques années et plusieurs aventures amoureuses, Ifemelu décide de rentrer au pays, un pays qu'elle trouve changé mais après tout ce temps vécut au USA, elle aussi est différente. Americanah, une lecture enrichissante.

Challenge Pavés 2015-2016
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En ce jour d'été à Princeton, Ifemelu se trouve chez le coiffeur, et à un tournant de sa vie. Jeune Nigériane arrivée aux Etats-Unis treize ans plus tôt pour y faire ses études, elle a aujourd'hui décidé de rentrer au Nigeria. Pas nécessairement définitif, ce retour au pays fera d'elle une "Americanah", rentrant au bercail forte de son expérience à l'étranger pour se lancer dans les affaires ou dans la réalisation de ses rêves. Et peut-être pour renouer avec Obinze, son amour de jeunesse.
Assise chez le coiffeur, le cuir chevelu tiraillé par le tressage serré, elle se remémore ses années américaines et comment elle a pris conscience, en atterrissant aux USA, du fait qu'elle était Noire, avec pour corollaires le racisme et les difficultés d'intégration. Dèche financière, différences culturelles, fraternité bancale avec les Noirs américains, le rêve américain commence comme un cauchemar, mais Ifemelu ne se laisse pas abattre. Elle crée son blog et l'alimente d'articles et de réflexions explorant ces différents thèmes. le succès se profile, les possibilités de travail et l'amour aussi. Et l'intégration, pour autant qu'on puisse parler d'intégration dans un pays où les Noirs sont encore et toujours considérés comme des citoyens de seconde zone.
Pendant qu'Ifemelu se débrouille en Amérique, Obinze, quant à lui, tente sa chance à Londres. Là aussi, les voies de l'obtention d'un titre de séjour s'avèrent difficilement pénétrables...
De retour à Lagos, Ifemelu doit se réadapter à un pays qui a évolué sans elle, mais qui n'a pas renoncé à ses ambitions et à ses rêves.

Portrait d'une jeune femme issue d'une classe sociale favorisée au Nigeria et qui perd tous ses repères lors de son émigration aux USA,ce pavé se lit tout seul, grâce à l'indéniable talent de conteuse de l'auteure. Avec fluidité, humour et ironie, la narratrice, à travers son expérience mouvementée, nous livre ses réflexions sur l'identité (cocassement mais pertinemment symbolisée par les choix capillaires), le racisme, les relations interraciales, l'intégration, le déracinement, l'ambition, les désillusions. Pas besoin de couper les cheveux en quatre pour comprendre que mondialisation ne rime pas avec uniformisation. Roman d'apprentissage et roman d'amour, "Americanah" est un texte engagé, dense et sincère, passionnant. 
Lien : https://voyagesaufildespages..
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