Le postulat de
Pierre Adrian est clairement affiché: rendre ses lettres de noblesse ou plutôt faire vibrer les oratores, ceux qui prient. Est-ce à dire, au fond, qu'il s'agit d'un hommage à notre cher moine franciscain Guillaume de Baskerville dans le nom de la rose d'Eco?
Pas vraiment. Si on retrouve bien le sens premier de l'histoire, c'est-à-dire enquête ( Enquête en ces terres laissées à l'abandon, enquête auprès de Pierre, enquête sur la foi), celle-ci se trouve périphérique par rapport au sujet central: la géographie. Car c'est bien là le coeur du sujet. Cette préoccupation centrale nous ramène à
Michel Foucault qui, à l'occasion d'une discussion (voir Dits et Écrits t.II) autour de la place de la discipline dans ses travaux conclue par un "la géographie doit bien être au coeur de ce dont je m'occupe".
Rappelons que le philosophe s'est interessé à des illustres inconnus, aux marges, aux exclus... aux âmes simples.
Elle nous ramène également aux géographes et aux économistes. Sur les villes moyennes et les fractures territoriales on peut mentionner
Laurent Davezies et
Christophe Guilluy.
Mieux: sur le lien entre le curé du village et la ville, il faut lire ou relire le
Journal d'un curé de ville de
Gérard Bénéteau ou encore le
Journal d'un curé de campagne de
Georges Bernanos.
Enfin, sur le vivre-ensemble, quoi de plus éclairant que le prêtre jésuite missionnaire Paolo Dall'Oglio, qui a prône toute sa vie le dialogue inter-religieux en Syrie (allant jusqu'à refonder le monastère de Mar Musa)?
L'Église a toute sa place dans le tissu social afin de retirer un peu de solitude au monde, afin de remplacer les failles étatiques, afin d'épauler les reliques que sont le boulanger et l'épicier.
Inéluctablement, la marche de la modernité s'accompagne de la voiture, des échangeurs d'autoroute, du sacre du présent... Lorsque
Pierre Adrian dénonce cela, il ne fait qu'écrire, en moins bien, les Chemins noirs de
Sylvain Tesson.
Ainsi Pierre Adrien soulève de la cité terrestre de belles questions mais son style, absent, et ses colères, éculées, nuisent à l'ensemble. C'est une mascarade.