Parmi les nouvelles, il y avait aussi cet éditorial de Pier Paolo Pasolini au titre provocateur : « Abolissons la télévision et l’école obligatoire. » Dans son article, l’écrivain parlait du meurtre de Maria Grazia. L’Italie vivait « un contexte criminaloïde de masse », disait-il. Pour réduire la criminalité, il appelait donc à l’abolition de la télévision et de l’école secondaire obligatoire. Il écrivait : « Qu’est-ce qui a transformé les masses de jeunes en masses criminaloïdes ? Je l’ai déjà dit et répété des dizaines de fois : une seconde révolution industrielle qui en Italie est en réalité la première ; le consumérisme qui a cyniquement détruit un monde réel en le transformant en une totale irréalité, où il n’y a plus de choix possible entre le mal et le bien. "
L'appartement prenait les courants d'air. On avait rallumer toutes les lumières et dans les têtes il règnait un désordre pas possible. Mme Albieri se tenait immobile, les yeux dans le vague. Elle n'avait pas seulement fait lever son mari. Elle avait réveillé la rue, le quartier et Rome. Rlle avait réveillé la nuit.
Ah ouais. C'est une vie de fou. Je dors plus, ragazze. Je sais même plus qui je suis. J'ai l'impression d'avoir cramé ma jeunesse.
Les chiens ressemblaient à la télévision, ils comblaient la solitude des gens avec le bruit et la merde.
On changeait d’abord dans le regard des autres, il n’y avait pas miroir plus juste que le type en face de soi.
Ils portaient de belles chemises. Ils se tenaient droit. Leur langue était claire, lavée du mauvais dialecte romain. Il fallait leur faire confiance. À l’évidence, c’étaient de bons garçons.
La valeur de San Felice était dans la supériorité que lui conférait la colline. Le Circeo prenait le village comme on porte un coquillage à l’oreille. Pour écouter la mer.
Il était déjà nostalgique du moment qu’il vivait. Il savait que ces instants ne reviendraient plus. Ils pourraient tous faire semblant, un jour, se la rejouer comme à vingt ans. Mais ça ne prendrait pas. On ne revit pas deux fois l’état de grâce. Parfois, certains amis mettent plus de temps à le comprendre. Alors que vous avez fini de courir, ils continuent leur course. Et c’est vous-même et vos vingt ans que vous voyez mourir dans leurs dernières foulées. Vous ne savez pas si vous admirez leur volonté ou si leur inconscience vous fait pitié. Au fond, plus le temps passe, plus vous basculez dans la pitié.
Les chiens ressemblaient à la télévision, ils comblaient la solitude des gens avec le bruit et la merde
Mais toutes, elles étaient engluées dans ce quotidien familial, bien obligées d’aider leur mère à nourrir et laver les derniers-nés. "