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Félix Ventura est bouquiniste à Luanda (Angola), mais il est surtout connu pour son métier de « créateur de passés », qu'il vend à des clients désireux de transmettre à leurs héritiers une généalogie flatteuse et honorable. Hommes politiques ou d'affaires, anciens militaires ou révolutionnaires, nombreux sont ceux qui ont eu recours à ses services et lui ont ainsi permis de vivre confortablement et paisiblement.
Mais un jour, un mystérieux étranger lui demande de lui construire une biographie angolaise. Ventura, réticent, s'exécute néanmoins, Mal lui en a pris : pour une fois, le passé qu'il a créé se réveille, surgit dans le présent et bouleverse celui-ci, au grand dam des protagonistes.
Curieux roman que voilà, où le narrateur est un gecko qui vit dans la maison de Ventura, et dont on apprend qu'il était un homme dans une vie antérieure . En plus de nous relater les événements, le gecko nous livre le récit de ses rêves et les souvenirs de cette vie humaine.
Entre rêve et réalité, cette fable teintée de fantastique interroge sur la mémoire et la façon dont elle (re)construit le passé, plus ou moins fidèlement, plus ou moins consciemment, et sur les conséquences de cette démarche sur le présent et le futur.
Ce texte poétique m'a offert ce paradoxe qu'il a beaucoup de charme et est agréable à lire, mais qu'il est en même temps difficile à cerner : je n'ai pas trop compris où voulait en venir l'auteur, faute peut-être de ne pas suffisamment connaître le contexte angolais. Pour avoir déjà lu d'autres romans d'Agualusa, je suppose qu'il a voulu une nouvelle fois dénoncer les dérives de la politique de son pays, qui n'a toujours pas digéré son tumultueux passé post-colonial, fait de dictature et de guerre civile.
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Jose Eduardo Agualusa m'a conduit a Luanda, en Angola, un peu au sud des tropiques. Je n'ai pas vu grand chose, confine la plupart du temps dans une maison. Je me suis surtout promene dans sa prose, chaude, tropicale, poetique, avec des effluves de realisme magique et des relents de Borges. Baroque.


J'ai croise un gecko (un lezard salamandrin? une salamandre lezardophile?) qui voit tout et raconte tout, y compris ses reves et ses souvenirs d'une vie anterieure, ou il etait homme; j'ai rencontre un noir albinos feru de livres qui invente des genealogies prestigieuses (force preuves a l'appui) a tout ceux qui le sollicitent, habillant leurs reves les plus extravagants de realite.


Mais pour ne pas me montrer Luanda, Agualusa m'a entretenu de Lisbonne, Rio de Janeiro, New York, Berlin, Paris, le Vatican, le Pakistan, l'Inde. Il a essaye de m'eblouir, convocant Eca de Queiros, Bakounine, Bruce Chatwin, Montaigne, Borges (le gecko n'est pas une reincarnation de Borges, voyant de nuit et affectionnant des termes desuets?), les fugues de Bach, la musique cubaine. Vers la fin du livre j'ai cru comprendre: Luanda traine trop de souvenirs des horreurs de la guerre fratricide declenchee apres la decolonisation.


La prose d'Agualusa est affriolante. Je pourrais en tirer de nombreuses citations (je le ferai peut-etre). Il suggere des considerations sur la memoire, son poids, sa construction ou sa deconstruction, assez singulieres, sinon tout a fait novatrices. La memoire qu'on delaisse, la memoire qu'on s'invente. Des speculation sur la relativite de la verite: "la grande difference entre la dictature et les democraties, c'etait que dans le premier systeme il n'y a qu'une verite, la verite imposee par le pouvoir, alors que dans les pays libres chacun a le droit de defendre sa propre version des evenements. La verite, a-t-il dit, est une superstition". Et plus loin: "la verite aussi est en general ambigue. Si elle etait exacte elle ne serait pas humaine. ... permettez-moi de citer Montaigne: rien ne semble vrai qui ne puisse sembler faux".


En fin de compte le livre m'a laisse un peu confus. Trop de materiaux, eparpilles, qui m'ont eparpille (en me charmant, il est vrai), dont je n'ai pas completement saisi le propos. Comme si Agualusa n'avait voulu que m'epater par sa verve, par des images bigarrees, par une ecriture bariolee. J'ai senti que la fin est parachutee, comme par un procede de "deus ex machina", a peine raccordee a tout ce qui precede. La fin se mesure a la memoire historique angolaise, mais tout le reste? C'est comme si, ne en Angola, Agualusa se cherchait, cherchait par ce livre sa vraie patrie, son ultime identite: africaine? portugaise? sud-americaine? lusophone? Je pencherais por cette derniere alternative: il a sejourne dans beaucoup d'endroits, sous divers climats, en diverses epoques de sa vie, et je crois deviner que partout, toujours, c'etait en lusophonie.


Il m'intrigue, Agualusa; je m'y replongerai.





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Félix Ventura est un angolais albinos. On pourrait dire que cette différence était de mauvaise augure pour sa vie, mais ses talents en généalogie et son ingéniosité pour inventer des passés à des personnes qui en auraient besoin font que son "infirmité" devient anecdotique et renforce un certain côté sorcier moderne et invocateur d'esprits défunts.

Le titre et le résumé sont trompeurs car en réalité, ce roman qui a des traits de réalisme magique, est une satire sur la société angolaise (et le monde contemporain en général) et notre rapport aux souvenirs , aux mensonges, à nos rêves et aux vérités qu'on manipule pour vivre "mieux".

C'est un roman déconcertant par moment, avec des passages brillants et plein de finesse et de bon sens. L'une des grandes originalités de ce récit est le fait d'avoir choisi comme narrateur de certaines parties un humain réincarné en gecko qui nous décrit les faits et gestes de Félix Ventura autant qu'il nous parle de ses souvenirs de vie humaine et des enseignements de sagesse qu'il en retire.

Même si je me dis que beaucoup de choses m'ont échappé, c'est le genre de littérature qui bouscule nos certitudes et nos croyances occidentales que j'aime à lire de temps à autre pour sortir de mes schémas de pensées trop bien établies pour voir le monde et l'humanité autrement. C'est le genre de roman auquel il faut repenser, qui demande un temps de pause et de réflexion après sa lecture pour apprécier et comprendre sa portée.
Et pour toutes les raisons que j'ai évoqué je pense que José Eduardo Agualusa est très clairement un romancier qui mérite qu'on s'intéresse à son oeuvre - et dont la poétique n'est pas sans rappeler celle d'une autre écrivain lusophone africain : Mia Couto.

Une très belle découverte grâce à un défi Babelio!
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Un narrateur gecko (sorte de lézard), réincarnation d'un homme. Un albinos inventeur de passés. Une collectionneuse de lumières. Un étranger qui prend une nouvelle identité. Des rêves. Cette histoire a des airs de fable poétique.
L'Angola, entre Portugal et Brésil. Avec ses fruits, sa chaleur, et sa réalité d'ex-colonie avec guerre et dictature. Cette histoire est un voyage, une découverte.
Le passé, le présent, l'identité, les ombres et l'éclatant, les désirs, le bonheur, les vérités... Cette histoire est pleine de vie.
Et le tout est écrit dans une beauté douce qui (me) donne le sourire.
J'aurais bien mis 6 étoiles tellement j'ai adoré cette lecture... Vive les jolies librairies qui mettent en avant ce genre de romans, et vive ces maisons qui les éditent !
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Parfois, sur la route littéraire, on croise des histoires surprenantes; un style, un propos, une poésie qui nous touche mais sans trop savoir pourquoi. Il est des romans qu'on ne pourrait expliquer; parce qu'une fois la lecture terminée, on se pose des questions sur ce qu'il vient de se passer...
C'est ce qui m'est arrivé avec le marchand de passés. En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à tout sauf à ça.
Le narrateur, un gecko qui fut autrefois un homme, tel Shéhérazade nous raconte la vie qui passe dans la maison qu'il a choisie, celle de Félix Ventura. Entre rêve et réalité, à travers de très courts chapitres qui peuvent paraître décousus, le lecteur est quasi hypnotisé par le récit.
La force du roman de José Eduardo Agualusa n'est pas dans la trame de l'histoire, d'ailleurs très peu consistante en soi. Mais bien dans les questions qu'il suggère, sur le poids du passé, la fierté de soi-même, l'histoire de chacun, le mensonge, la réalité tronquée, la solidité des souvenirs...
Au passage, en toile de fond, quelques bribes de l'histoire de l'Angola nous seront révélées. Un écriture poétique, un récit onirique, teinté de fantastique; qu'on hésitera à qualifier de doux ou de violent.... une lecture bien étrange.
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Quelle drôle de découverte je viens de faire là ! Auteur inconnu au bataillon (à mon bataillon littéraire du moins), José Eduardo Agualusa mérite pourtant le détour.

L'histoire est censée être centrée sur Félix Ventura, un albinos qui créé un passé fameux à de riches hommes angolais. Jusqu'au jour où il invente un passé et une généalogie à José Buchman, un photographe blanc qui souhaite se poser en Angola...

La plume de l'auteur est fraîche, imagée, poétique. Le récit paraît anodin (il est même dépourvu de fil conducteur) mais il se cache dessous des questionnements sur la vie, le mensonge, le passé, la vie après la mort.
A petites doses, l'auteur nous révèle aussi quelques informations sur l'Angola : ses paysages, sa faune et sa flore, sa vie quotidienne, sa politique, son passé historique.

Et quoi de plus surprenant que la forme choisie ? Car c'est un gecko qui nous narre cette drôle d'histoire (pour les ignorants comme moi, le gecko est une sorte de lézard ou de salamandre). Et souvent, c'est par le biais d'un rêve qui relie cet animal aux personnes qui l'entourent que le lecteur avance. Eh oui, il y a bien une touche de fantastique dans ce récit. Non seulement par ces rêves étranges, mais aussi par la nature même du gecko qui a été humain par le passé.

Une drôle d'aventure donc, un petit plaisir qui me laissera un goût sucré (comme les nombreuses papayes dégustées par les personnages), le souvenir d'une lecture douce et étrange.
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Un tout petit livre mais très fort. Premier chapitre, on se demande qui est le narrateur : un poète ? peut-être, en tout cas un amoureux des mots.
Après ce mystérieux narrateur, nous rencontrons Félix Ventura, à Luanda, en Angola. Félix est albinos, bouquiniste et habite avec le narrateur (qui rit mais ne peut pas parler - en dehors de ses réflexions intérieures).
Un peu plus loin, il y a un indice sur le narrateur, je me suis dit, non ce n'est pas possible, l'auteur n'aurait pas osé ! Page 23, j'ai eu la confirmation de l'identité du narrateur ; incroyable ! j'étais déjà ferrée....
Au début de l'histoire, un homme étrange vient voir Félix et lui demande de lui constituer son passé. Jusque-là, Félix s'occupait uniquement de forger des passés de toutes pièces, mais sur des personnes réelles - juste redorer un blason en quelque sorte ; là, ce que demande son client, c'est de lui faire non seulement une identité mais aussi de faux papiers, une vie totalement inventée. Qu'a donc José Buchmann à se reprocher pour qu'il veuille ainsi faire table rase de toute sa vie...?

Un roman prenant entre rêves (nombreux) et réalité (magique) ...Marquant
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Court roman empreint d'onirisme.

Un gecko raconte, à moins que cela ne soit la réincarnation rêvée d'un ami du protagoniste, l'histoire d'un marchand de passés, qui réinvente à Luanda en Angola les passés de personnes qui veulent oublier ce qu'elles ont fait et vécu.

Un peu trop à la limite du fantastique ou de l'irréel pour moi. Je n'ai pas accroché à l'histoire. Ceci ne retire rien à la poésie omniprésente d'un auteur dont j'ai apprécié les images qu'il offrait à son lecteur.
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Après la guerre civile en Angola, Félix Ventura est un " marchand de passés" : il vend au nouveaux parvenus un passé honorable "clés en main", une nouvelle et prestigieuse ascendance.
La vie de Felix, c'est un Gecko qui la raconte et comme l'animisme est présent en Angola, ce reptile est bien évidement la réincarnation d'une âme précédemment incarnée en un être humain.
Chez Felix passeront un photographe de guerre, une jeune femme elle aussi photographe et un SDF au passé incertain.
Les chapitres narratifs sont entrecoupés d'une restitution des rêves d'Eulalio le reptile et de Felix, reves qui s'entrecroise.
Le texte est léger , poétique, les personnages sont tous attachants.
Mais le passé rattrape les personnages en quelques pages finales me prenant par surprise, me laissant soufflé : je n'avait rien vu venir.
Un très bon moment de lecture.
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Rien que le titre laisse rêveur, comme la femme sur la couverture qui contemple l'immensité du paysage.
Ce récit est un entre-deux, mi-réalité, mi-onirisme. Dans un tel univers, seul Eulalio pouvait en être le conteur. C'est le gecko qui vit sur les murs intérieurs de la maison de son ami Félix Ventura.

Félix ne peut pas être un individu ordinaire. Angolais, noir albinos, enfant abandonné dans un carton de livres, il vit encore dans la maison de celui qui l'a recueilli. Sa vie s'écoule parmi les photos, les tableaux, les encyclopédies, les journaux et les livres. Ses compagnons sont la Vieille Espérance, qui passe pour le ménage et la cuisine, et Eulalio le gecko qui observe.

C'est ainsi que, grâce à cette somme de documents, Félix exerce le métier extraordinaire de bouquiniste-généalogiste. Qui veut se refaire un passé vient sonner à sa porte. Et après guerre, ce ne sont pas les clients qui manquent. Mais Félix, qui est-il lui-même ?
Avec l'aide du gecko et par le biais des conversations avec ses curieux clients, quelques pans de l'histoire de Félix se déroulent, vite étouffés par la végétation chatoyante du jardin ou le bruit de la pluie.
Réalité ou fiction ?

Qu'importe. Tout n'est que poésie, rêverie, nostalgie...
Ne cherchez pas à comprendre et laissez-vous entraîner.
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