... une fois que les hommes ont obtenu ce qu'ils désirent, ils s'empressent d'oublier celui qui les a aidés.
L'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives.
Le soleil clément ajoutait à la douceur du monde.
Sommes nous responsables de nos pères ? En mal. Ou en bien.
Sully-brunet (...) entamait une carrière de député chargé des colonies (...)
"J'ai hérité de ma famille (...) je suis propriètaire d'immeubles et d'une centaine d'esclaves (...)
"Certes Furcy est un homme cultivé. Il possède des talents. Mais, le nègre est habitué à ne pas penser, à ne pas prévoir. Le caractère de l'africain exporté présente une infériorité si manifeste que de longues années après son arrivée dans nos colonies, il ne se montre sensible qu'aux châtiments corporels et aux pressions brutales. A peine articule-t-il quelques monosyllabes pour indiquer ses besoins. Le cafre est le dernier degré de l'espèce humaine".(...)
Le monde change, les hommes aussi. Quelques années plus tard Sully-Brunet fut un fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage au sein du parti des démocrates. Mais il perdit les élections (...) pp.148 à 150.
On les appelait les "noirs blancs". (...) L'un d'entre eux, ni colon ni blanc, n'était pourtant pas le moins virulent (...) Il était ce qu'on appelait un homme de couleur libre. (...) Il pensait: la liberté se mérite, elle ne se donne pas, c'est une hérésie de prôner le contraire. Sinon, quelle différence entre moi qui ai payé pour mon affranchissement et l'esclave à qui on l'offre?
pp. 88, 89.
Je n'ai pas eu à l'acquérir. Furcy est un Malabar, c'est à dire un habitant de la côte ouest de l'Inde mais il est né à Bourbon, dans l'habitation de ma tante. Elle me l'a légué à sa mort,
Les esclaves nous reviennent cher. J'ai là, dans mon habitation, deux vieillards dont je ne puis me défaire. Ils se fatiguent vite et ne me rapportent plus rien, c'est par humanité que je les garde.
Et Furcy, où sont ses descendants ? Aujourd'hui, encore, après quatre années d'enquête, je suis incapable de savoir quand et où il est mort. Je n'ai même pas son nom.
J'ai longtemps fui cette question : pourquoi cette histoire de l'esclave Furcy a-t-elle résonné si fort en moi, et résonne-t-elle encore ?