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Formidable plaidoyer contre l'esclavage, ce livre se lit rapidement, tant Mohammed Aïssaoui sait nous captiver par cette « affaire ». C'est l'affaire d'un esclave nommé Furcy qui va demander sa liberté auprès d'un tribunal au tout début du XIXe siècle sur l'île de la Réunion. Comme partout ailleurs dans les colonies, les gros propriétaires terriens se servaient de la main d'oeuvre gratuite que représentait les esclaves. Une première abolition sous la révolution française avait vite été abrogée par Napoléon et la seconde ne sera promulguée qu'en 1848 à la Réunion. L'histoire se passe entre les deux dates. L'auteur nous emmène chez les propriétaires de canne à sucre qui feront tout pour lutter contre l'affranchissement de cet esclave, pourtant né libre. C'est sur ce fond historique riche en changements que cette intrigue va se dérouler. A lire.
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Le 16 mars 2005, des archives concernant l'affaire de l'esclave Furcy furent mises aux enchères à l'hôtel Drouot à Paris.
Elles relataient le plus long procès jamais intenté par un esclave à son maître , trente ans avant l'abolition de l'esclavage en 1848.

L'auteur a travaillé, enquêté, à partir de lettres manuscrites , plaidoiries , comptes rendus d'audience et même en se rendant sur place aux Archives Départementales de la Réunion.

Mais l'histoire de l'esclavage disait l'universitaire Hubert-Gerbeau«  est une histoire sans archives » ...d'où le parti pris de l'auteur de dénoncer ce silence , cette absence de textes et de témoignages lors de son récit - documentaire.
Pourtant nous dit- il à propos de Furcy «  : J'ai aimé ses silences, qui ont été sa force et sa chaîne » ,...
Cette enquête juridique et littéraire se lit comme un roman.
Le style est sobre, la documentation minutieuse , le travail intense afin de retrouver la moindre trace de Furcy.
Née en 1759 à Chandernagor en Inde , Magdalena a été emmenée et a vécu comme esclave à Lorient en Bretagne, puis sur l'île Bourbon, ( aujourd'hui île de la Réunion ) .
À sa mort , en 1817, son fils Furcy , 31 ans esclave découvre les documents laissés par sa mère affranchie, 26 années plus tôt.
Il est né en 1786 à Bourbon.
Normalement , désormais , cela faisait de lui un homme libre.......
Un jour d'octobre 1817, Furcy décida de se rendre au tribunal d'instance de Saint- Denis pour exiger sa liberté .
Las! Lorsqu'il se présenta devant la justice pour rétablir ses droits, son maître et ses puissants alliés usèrent de toute leur influence pour contrer et dénaturer ce qu'ils considéraient comme un affront et surtout éviter un précédent pour la suite......
L'auteur , à la manière d'un conteur chronique avec minutie les pièces de ce puzzle, finement, avec intelligence et pudeur : désir fort , impérieux de se mettre dans l'esprit de l'époque, retrouver les traces, comprendre les démarches douloureuses de Furcy.
Il a passé des centaines d'heures à fouiller , à examiner des textes à l'écriture illisible datant de près de deux siècles, à lire des archives lacunaires qui ne contenaient que deux ou trois lignes concernant Furcy....

Un combat interminable, , procès qui a duré ——-vingt - sept ans ——, s'est terminé cinq ans avant l'abolition ——des dossiers volumineux, des rebondissements multiples , une grande cause défendue avec ardeur par un procureur courageux près à dépasser son époque et penser bien au delà , à contre courant , Gilbert Boucher, «  un Juste » battu en brèche par des personnages comme Joseph Lory ou Desbassayns qui défendaient leurs intérêts , qui l'ont maltraité et emprisonné ....

L' auteur met en exergue avec raison le contexte économique et historique , la diversité ethnique de la population de l'île Bourbon, l'extrême complexité des rapports sociaux, la reconstitution, et les réglementations complexes .

Un récit brillant , attachant , captivant , enrichissant même si la lecture est relativement fastidieuse à cause des méandres de la logique judiciaire .

Le 23 décembre 1843 Furcy «  est déclaré né en état de liberté » ...
Ajoutons que l'auteur Insiste pour dire qu'il n'a pas trouvé de témoignages directs , rien ou presque rien, que des silences, trop de silences ,..et des poètes anonymes...
«  L'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives » ....comme je l'écrivais plus haut » .
On pense à ces mots de Jorge- Semprun prononcés à propos de la littérature de déportation «  Sans la fiction, le souvenir périt » .
Ou encore à Patrick Modiano dans Dora Bruder où il part à la recherche d'une jeune juive disparue en 1941: «  Il faut beaucoup de temps pour que resurgisse à la lumière quelque chose qui a été effacé » ....
Furcy a choisi d'aller au bout de sa démarche car il était conscient que son cas dépassait sa personne....
À lire pour réfléchir ....


«  Mulâtre , marron , quarteronne , quarteron ...... tous ces termes avaient été créés pour désigner des ... animaux ... »
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Il y a une vertu indéniable à extirper des tréfonds de l'histoire des individus à la trajectoire hors du commun, qui plus est quand il s'agit d'esclavage, cette tragédie non documentée. A ce titre, la reconstruction du parcours de Furcy, retenu comme esclave sur l'île de la Réunion alors même que sa mère avait obtenu sa liberté quand il avait trois ans, et qui en 1817 engage une démarche judiciaire pour que lui soit reconnue son statut d'homme libre, est passionnante et édifiante, et ce d'autant plus que la route fut longue puisqu'il n'obtint gain de cause qu'en 1843.
De même, la passion indéniable de l'auteur pour son sujet et l'engagement personnel dont il témoigne dans ce livre est extrêmement touchant.

Après, j'ai eu un problème avec cet objet littéraire qu'il est difficile de qualifier, tant il s'engage dans de nombreuses voies sans en explorer pleinement aucune : pas assez documenté pour être un essai historique, pas assez scénarisé et densifié pour être un roman, pas assez de mise en perspective introspective pour être une autofiction. Comme si l'auteur n'avait pas osé s'éloigner trop loin du sentier balisé tracé par l'épais dossier des archives du procès qui lui a servi de point de départ.

Tant pis donc pour la fresque historique figurant une quasi guerre de sécession à la française que nous ne lirons pas ici, après tout le roman est court et suffisamment factuel pour aller droit au but. Il est dommage pourtant que le malheureux Furcy n'ait pas gagné sous la plume de Mohammed Assaoui la consistance d'un personnage plus incarné, ce qui n'aurait pu que renforcer la puissance du récit.
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Née en 1759 à Chandernagor, en Inde, Magdalena a été emmenée et a vécu comme esclave à Lorient (Bretagne) puis sur l'île Bourbon (actuelle île de la Réunion).
A sa mort en 1817, son fils Furcy, alors âgé de 31 ans et qui a toujours été esclave, découvre dans les papiers laissés par sa mère que celle-ci avait été affranchie 26 années plus tôt. Ceci fait normalement de Furcy un homme libre. Quand il se présente devant la justice pour faire valoir ses droits, son 'maître' et ses puissants alliés usent de leur influence pour contrer ce qu'ils considèrent comme un affront et éviter un précédent qui selon eux serait fâcheux pour leurs situations.

L'auteur nous raconte ce conflit, en mettant brillamment en perspective son contexte économique et historique. Il y intègre des considérations sur sa démarche d'écrivain, qui s'intègrent parfaitement dans l'exposé. le récit ne manque que de quelques rappels de dates, que j'ai finalement retrouvées en fin d'ouvrage.

Un livre agréable à lire et instructif, qui met bien en évidence la diversité ethnique de la population de l'île Bourbon et la complexité des rapports sociaux qui en résulte, tout en évitant la caricature.
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Les hommes ne naissent pas toujours libres, mais ils peuvent le devenir. 27 ans de procédures seront nécessaires à l'esclave Furcy afin d'achever sa quête de liberté. le plus long procès intenté par un esclave à son maître. Une liberté reconnue, 4 ans seulement avant l'abolition de l'esclavage. L'auteur a effectué un sérieux travail de recherche et lève le voile sur le parcours de cet oublié de l'histoire.
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Ce récit est brillant d'intelligence et de finesse. L'auteur, au lieu d'empiler les faits les uns derrière les autres, à l'instar de Truman Capote dans "De sang froid" ou de Jorge Volpi avec"Un roman mexicain", a le très bon goût de s'adresser à la sensibilité du lecteur en faisant appel aux structures psychologiques des personnages. L'analyse politique et psychologique est poussée et témoigne d'un grand respect pour le lecteur qui, à la in de la lecture a compris et appris sur l'événement relaté. Merci pour ce moment...!
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L'aventure commence avec une scène malheureusement courante pour l'époque : celle de l'évasion d'un esclave poursuivit par des chasseurs. le décor est planté. La société Bourbonnaise (Bourbon est l'ancien nom de la Réunion) est d'une violence inouïe. À travers l'affaire Furcy, ce sont les tentatives désespérées de ces hommes et femmes pour retrouver la liberté et la dignité que l'auteur décrit. Et c'est tout le fonctionnement de la société coloniale esclavagiste que monsieur Aïssaoui va nous faire découvrir quasiment de l'intérieur. Une machine dont le seul but est l'exploitation de l'homme par l'homme pour l'enrichissement du plus petit nombre.
À La Réunion, nous fêtons l'abolition de l'esclavage le 20 décembre. Cette fête s'appelle en créole la fête caf (la fête des noirs). J'aime penser que cette fête ne concerne pas uniquement les « noirs ». Je crois, au contraire, qu'elle nous concerne tous, puisqu'elle marque le jour où la France a entrepris de se guérir de cette maladie que l'on appelle l'esclavage.

Cyrille Amiel
Lien : http://blogdecyrilleamiel.ov..
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Une grande cause, un procureur courageux, un procès interminable, jusqu'à ce que justice soit enfin rendue! Tous les ingrédients d'une « affaire ». Et pourtant, celle-ci est restée enfouie dans les grimoires jusqu'à une vente publique à Drouot en 2005. Une centaine de documents poussiéreux achetés par l'État pour 2100 euros, qui révèle l'histoire de l'esclave Furcy de l'île Bourbon (La Réunion), qui demande sa liberté au tribunal de Saint Denis. Il est né libre, d'une mère libérée. Celle-ci, indienne de Chandernagor, achetée à neuf ans, a accompagné ses maîtres à Lorient. Or, selon l'ancien adage, « nul n'est esclave en France », même sous l'Ancien Régime. Son retour à la Réunion sur la plantation ne pouvait la priver, ainsi que son fils, de leur nouvel état. Joseph Lory, le nouveau maître auquel ils ont été légués ne l'entend pas ainsi. Il considère la démarche juridique de Furcy comme subversive. D'autant que son esclave a trouvé un allié inattendu en la personne du procureur général Gilbert Boucher et de son jeune substitut Sully Brunet.

Joseph Lory est un homme d'influence, soutenu par le plus riche propriétaire sucrier de l'île (Desbassayns de Richemont, commissaire ordonnateur général de la Réunion) fils de la célèbre et redoutée Madame Desbassayns. Un combat juridique s'engage qui est celui du maintien de l'esclavage dans une île dont l'économie en dépend. Et l'histoire est exemplaire d'un fonctionnement judiciaire (mesures de rétorsion contre le plaignant, pressions sur les magistrats, manoeuvres dilatoires qui feront durer la procédure vingt sept années).

L'ouvrage que Mohammed Aïssaoui, journaliste au Figaro Littéraire, consacre à cette histoire est passionnante. Sa démarche est celle d'un chroniqueur minutieux qui reconstitue, autant que faire se peut, les pièces d'un puzzle. Car on ne sait que peu de chose de Furcy. L'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives et les siennes sont lacunaires. le récit ne cache pas ses limites.
Il ne faut pas chercher non plus de grâce littéraire à cette enquête, conduite de bonne foi et avec modestie. En revanche il y a là une fine investigation historico-journalistique, en forme de lecture commentée des pièces d'un dossier judiciaire passionnant. Et combien révélateur ! La société coloniale s'y dessine en creux, fidèle à elle-même, dans la défense cynique de ses intérêts.
Le pouvoir politique apparaît dans sa continuité, ennuyé par les requêtes des riches familles coloniales, auxquelles il finit tout de même toujours par céder.

Les historiens aimeraient sans doute que le livre soit accompagné d'un appareil critique, avec en annexe les archives citées. On s'interroge sur les conditions de la poursuite de la procédure menée par Furcy, après que Boucher ait quitté l'île. Restent en suspens bien d'autres questions. Mais le récit est attachant, édifiant et captivant. Il faut remercier Mohammed Aïssaoui de l'avoir reconstitué avec ferveur. le livre a reçu le prix du roman historique 2010 dans le cadre des "rendez-vous de l'Histoire" à BLOIS, et prix Renaudot de l'essai 2010.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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en savoir plus avec wikipédia : Esclavage à Bourbon.

Furcy est le nom donné à un esclave réunionnais qui assigna son maître en justice en 1817 en réclamant son statut juridique d'homme libre. A cette époque les intérêts des planteurs les conduisaient lutter contre cette procédure.

Furcy a une mère Indienne, Madeleine, née en 1759. Elle est conduite en France par une religieuse avant d'être emmenée à La Réunion par une certaine Madame Routier. Celle ci devait la renvoyer jusqu'à Chandernagor, en Inde, ce qu'elle ne fit pas. Sa mère meurt, ainsi que madame Routier. Furcy est alors confié au gendre de cette dernière, Joseph Lory, qui le garde comme esclave. Il devient l'intendant de la maison de ce négociant et propriétaire d'esclave. En 1817, le jeune homme découvre que sa mère avait été affranchie avant son décès et décide de recourir à la justice pour faire valoir sa liberté, une liberté dont jouit sa soeur Constance depuis son propre affranchissement. Il est débouté en première instance, en appel et se pourvoit finalement en cassation.
En 1817, lorsqu'il entame sa démarche en justice, il trouve un certain soutien en la personne du procureur général Louis Gilbert Boucher, né en 1782 et qui mourra en 1841. Pour ses sympathies antiesclavagistes, celui-ci s'attire l'hostilité de Joseph Richemont Desbassyns, le commissaire ordonnateur général de la Réunion.
L'affaire fait grand bruit à Saint-Denis car elle ouvre une brèche qui permettrait la libération de 15 000 individus. Aussi, sous la pression des colons, Gilbert Boucher doit quitter l'île. Son jeune substitut Jacques Sully Brunet est également écarté du dossier. Furcy mourra, après avoir entretenu une correspondance suivie depuis Maurice avec la famille Brunet à La Réunion et Gilbert Boucher lui-même en métropole.
Le 23 décembre 1843, la justice déclare enfin que « Furcy est né en liberté.»1.
L'affaire Furcy n'est pas une affaire isolée : Louis Gilbert Boucher cite dans l'un de ses rapports au ministre de la marine et des colonies une autre affaire un peu antérieure, l'affaire de l'indienne Tola, jugée devant la cour royale de Bourbon, où le même point de droit a déjà été soulevé : dans un contexte où la traite négrière commence à être interdite dans les colonies anglaises (dont l'île Maurice, toute proche, où la famille Lory a des terres), et où les nations signataires du traité de Vienne se sont engagées à abolir l'esclavage, les indiens se prétendent issus d'une nation de libres et refusent le statut d'esclave (cas également connu de Boucher à la Martinique). Gilbert-Boucher s'élève également contre l'usage des lois que font les magistrats au profit des propriétaires d'esclaves et des contournements de son autorité de procureur général, dans un contexte de réforme des juridictions qui peine à s'imposer à l'île Bourbon.

Le nom de Furcy est resté à un îlet de la commune de Saint-Louis situé sur la route menant au cirque de Cilaos.
Par ailleurs, il faut savoir qu'un gros dossier constitué de copies d'époque de documents et de correspondance privée ayant appartenu au procureur Louis Gilbert Boucher à propos de l'affaire Furcy et du conflit interne à l'administration réunionnaise (et non le dossier du procès lui-même) ont fait l'objet d'un achat pour le compte des Archives départementales de la Réunion lors d'une vente publique en mars 2005 à l'Hôtel Drouot.


Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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A l'occasion d'une vente aux enchères d'archives à Drouot, l'auteur découvre cette affaire incroyable : un esclave qui à la Réunion porte plainte contre son maître qui le maintient illégalement en esclavage alors qu'il est né libre. L'affaire judiciaire durera vingt-sept ans de 1817 à 1843. L'auteur lui redonne vie car "sans la fiction, le souvenir périt" (Jorge Semprun)
Un personnage admirable d'une ténacité remarquable qui choisit la voie légale, judiciaire alors qu'il sait qu'il n'a au départ aucune chance. Un avocat courageux, d'une abnégation sans pareille qui compromet sa carrière par conviction philosophique pour aider Furcy et abolir l'esclavage. Un des plus grands propriétaires esclavagistes de l'île : Desbassayns de Richemont prêt à tout pour conserver ses privilèges et le système économique de l'esclavage. Défenseurs comme opposants à Furcy ont compris dès le départ qu'au-delà de son cas personnel, c'était un système que l'on combattait ou défendait.
Peu de traces de Furcy malgré son combat extraordinaire "les victimes ne laissent pas de traces".
Je mets une notation moyenne car j'ai trouvé que le livre (roman car on sait peu de choses sur Furcy ) un peu trop technique, des lettres, comptes-rendus d'audiences, de plaidoiries ce qui nuit souvent à l'émotion que l'on devrait ressentir. Les personnages manquent de chair, d'incarnation à mon goût.
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