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Une médecin transsexuelle libanaise, ayant quitté depuis longtemps sa famille, dont le seul lien est son frère chéri, part dans le camp de Moria, en Grèce, tristement célèbre pour accueillir des migrants en partance. Elle fait la connaissance de l'auteur, à qui elle s'adresse en le tutoyant et d'une famille dont la mère est gravement malade. C'est celle-ci qui donne in fine son titre à l'ouvrage.
Par l'intermédiaire de la doctoresse, l'auteur expose ses états d'âme, ses hésitations, sans cacher ses failles.
Ce récit est très émouvant, mais je ne sais vraiment pas pourquoi je n'ai pas réussi à m'apitoyer complètement lors de cette lecture : peut-être à cause des sauts d'un personnage à l'autre qui m'ont déstabilisée ou est-ce qu'il est à la limite du pathos sans - heureusement - y entrer tout-à-fait ?
Ce livre a le grand mérite de nous faire réfléchir sur de très nombreux sujets : le deuil, l'identité de genre, l'accueil des réfugié.e.s (nos frères et nos soeurs en humanité) - d'ailleurs il vaut mieux parler de crise de l'accueil des migrants plutôt que de crise migratoire -, la fraternité familiale, nos lâchetés ordinaires et j'en passe...
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La réfugiée est un roman très dense, qu'il me semble être compliqué de présenter et d'expliquer en une simple chronique. le narrateur est un protagoniste particulier, puisque né fille dans un corps de garçon. Ce n'est qu'à l'adolescence que cette jeune fille décide d'entreprendre sa transition, au détriment de ses proches, qui ne conçoivent pas un tel changement. Les ponts sont coupés, les dos tournés, Mina ne fait plus partie de leur famille. Néanmoins pleinement épanouie dans sa nouvelle vie, elle va faire la rencontre de Francine, qui deviendra sa femme, l'épaulera et la soutiendra dans tous les projets entrepris. le dernier projet en date, et pas des moindres : en qualité de médecin, Mina souhaite se rendre à Lesbos, une île grecque, pour porter secours aux milliers de réfugiés syriens, turques ou libyens, qui viennent s'échouer sur ces plages autrefois paradisiaques. Une décision qui n'est pas sans arrière-pensées, puisque Mina est originaire du Liban, avant de s'expatrier aux Etats-Unis. Ce retour au continent est l'occasion pour elle de renouer avec l'un de ses frères, de deux ans son aîné, avec qui elle entretenait jadis une relation fusionnelle.

La réfugiée, c'est une histoire complexe. Mina est une réfugiée libyenne partie aux Etats-Unis des années plus tôt, qui a été appelée en renfort par son amie Emma, pour venir en aide aux nouveaux réfugiés, hommes, femmes et enfants, toujours plus nombreux, toujours plus souffrants. Dans les années 2010, particulièrement en 2015 puis en 2017, la crise migratoire en Europe est en augmentation constante, avec bon nombre de migrants arrivant dans l'Union européenne via la mer Méditerranée et les Balkans, depuis l'Afrique ou le Moyen-Orient, fuyant la guerre civile. de nombreuses familles, à l'image de celle de Sumaiya, sont prêtes à dépenser toutes leurs économies pour embarquer dans des canots de fortune et rallier la terre promise, sécurisée et fiable. Beaucoup succombent durant la traversée, à l'image du petit Aylan Kurdi, rendu tristement célèbre par une photographie de son corps, échoué sur le sable. La crise migratoire est loin d'être terminée, avec un nouveau chapitre qui s'ouvre en 2022, provoqué par le déclenchement de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Les populations ukrainiennes se réfugient dans d'autres pays d'Europe, laissant derrière eux toute leur vie.

Il faut avoir un sacré courage, une force de caractère et le coeur bien accroché pour devenir bénévole humanitaire. La pauvreté est partout, la maladie, la famine, le désespoir, la tristesse… J'ai été particulièrement émue par Sumaiya et sa famille. Ces derniers ont fui un pays en guerre, laissant toutes leurs possessions derrière eux. Mais Sumaiya est malade, elle souffre atrocement et n'en a plus pour longtemps à vivre. Elle est clairement devenue un poids supplémentaire pour la suite de leur périple, mais son mari et ses enfants refusent de poursuivre leur route sans elle. Une belle entente familiale, avec des preuves d'amour qui dépassent toutes les horreurs de la guerre.

L'amour fraternel qui unie Mina et son grand frère est également source d'inspiration. Obligés de se séparer des années plus tôt, car les parents de Mina ne concevaient pas le changement de sexe de leur fils, son frère a su garder discrètement le lien avec elle, avant de renouer physiquement sur une terre empreinte de symboles pour tous les deux. Leurs retrouvailles sont pudiques, tous les deux intimidés, mais en même temps, c'est comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Les habitudes sont toujours présentes, ancrées, et les souvenirs déferlent, heureux. Ce changement d'état civil n'a pas été facile pour Mina, qui, avec la force de caractère dont on sait qu'elle est dotée, a su faire face seule aux nombreuses difficultés sociales, administratives et professionnelles que peut engendrer un tel changement. Rabih Alameddine souhaite faire passer un message de tolérance, de soutien, de compréhension, auprès de toutes ces personnes qui ne se sentent pas bien dans leur corps : soyez vous-mêmes sans vous souciez de ce que peuvent dire ou penser les gens autour.

Un récit complexe et dense, sur des sujets d'actualité qui font couler beaucoup d'encre : la crise migratoire, l'identification genrée, et bien d'autres thématiques secondaires. Une histoire puissante et dramatique, qui nous donne à réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons et sur nos choix personnels. Il faut s'accrocher, mais elle en vaut le détour !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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En fermant le livre, je me suis demandée quoi dire de celui-ci. Comment le raconter ? Comment l'analyser ?
Rabih Alameddine nous plonge dans l'histoire d'une personne transexuelle libanaise, Mina. Elle raconte sa vie, des bribes de son passé qui lui sont revenus lors de son arrivée à Lesbos, île grecque où les personnes en situation d'exile affluent de la Turquie ou de la Libye.

On y découvre qu'elle est médecin, qu'elle a toujours su que quelque chose n'allait pas dans son corps. On y découvre des relations tendues - voire inexistantes - avec sa famille. A part son frère. Son frère est tout pour elle. On fait la rencontre de sa femme, Francine et de son amour et de son admiration pour celle-ci.

Le livre nous emmène sur cette île, devenue le théâtre d'un drame humanitaire où de nombreuses vies se rencontrent. Où des régions du monde se rencontrent sur cette petite parcelle de terre. le théâtre d'un drame humanitaire face à l'inaction de l'Union européenne, à l'action des ONG - notamment suédoises - et des bénévoles. Des vies perdues en mer, des vies avec l'espoir d'arriver en Europe après avoir connu le danger, les bombardements, les guerres, les passeurs et leur business particulièrement juteux.

L'auteur nous plonge dans un roman - finalement historique - où se mêle l'exil, la perte et l'espoir. Il nous demande de réfléchir sur l'humanité, l'humilité et l'empathie. Par-là, on y découvre des récits de réfugiés syriens où notre coeur se brise face à leur exil. Plus loin encore, Rabih Alameddine nous conte les événements de 2016, le changement de discours après les attentats de Paris en 2015, la guerre civile au Liban dans les années 1970, les Etats-Unis des années 2000… et d'une certaine façon, ce monde d'après 2016 et ces flux migratoires qui n'ont pas cessé - avec tout autant, si ce n'est plus encore, de drames humains.

J'ai eu du mal à apprivoiser ce livre et son histoire. Pourtant, je ne regrette pas pour la réflexion qu'il nous pousse à avoir sur nous-mêmes, sur la société dans laquelle nous vivons. Je ne regrette pas pour les récits de ces réfugiés à qui, malgré tout, on donne peu la parole.
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Ce roman est incroyablement bien écrit ! C'est intelligent, plein de sensibilité sans jamais tomber dans la sensiblerie, poétique et fort.
Quant à l' histoire... Et bien pour tout dire, j' ai trouvé que les questions d'identités sexuelles prenaient tellement le pas sur les problèmes des réfugiés, leurs malheurs, leur détresse, que ça m'a un peu gênée. Ce sont des sujets complexes chacun à leur façon et les mêler ainsi... Je ne sais pas, j' ai trouvé que ce n' était pas le lieu. Finalement, j' ai trouvé que le roman traitait davantage de cela que des réfugiés qui constituent une toile de fond plus qu'un sujet. du moins est-ce ainsi que je l' ai ressenti.
Cela mis à part, c'est vraiment une très belle plume qui mérite d'être lue et connue et reconnue, car malgré mes désaccords, Rabih Alameddine est un véritable écrivain.
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La réfugiée est un roman fort et très dense. La narratrice est une femme transgenre d'origine libanaise qui a quitté le pays pour se construire en Amérique. Dans le début du récit elle rejoint son amie Emma, à Lesbos, afin d'aider les réfugiés venu de l'autre côté de la mer. Ainsi comme l'auteur l'écrit, qui mieux qu'une personne transgenre d'origine libanaise pour venir aider des réfugiés Syriens sur l'île de Lesbos !

Le roman est un voyage continuel dans les souvenirs de Mina, entre Chicago : la ville où vit sa femme Francine, Lesbos : où Mina est présentement, et le Liban : pays de son enfance. Mais l'histoire de Mina n'est qu'un prétexte pour nous parler des réfugiés. Ainsi l'entreprise énoncée par la narratrice est de faire partager l'histoire de ces réfugiés pour que le lecteur se sente concerné.
En effet en parallèle du parcours individuelle de Mina, nous suivons l'histoire d'une famille de réfugiés syriens dont la mère est gravement malade. Cette histoire singulière complète d'autres récit de réfugiés, de personnes homosexuelles, transgenres... rendant ce roman très dense avec toutes ces anecdotes et ces vies racontées.

C'est un roman d'actualité, qui donne un visage à ces réfugiés ayant payé des sommes astronomiques pour traverser la mer et n'ayant pourtant pas atteint les côtes européennes. On s'éloigne d'un énième sujet politique débattu à la télé, pour poser un regard compatissant et humain sur ces réfugiés. D'autant plus que la note d'humour et le côté décalé de la narratrice permettent de diversifier le ton du roman.
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C'est un roman fort, tissé de vies réelles et intégrées dans une trame romanesque.
Mina, transgenre, ayant subit le rejet de sa famille, vient à Lesbos, pour aider les réfugiés syriens, ayant tout perdu.
C'est dur, triste, émouvant, et en même temps, empli d'espoir, car Mina, ayant renoué avec son frère, apporte son dynamisme aux réfugiés.
C'est une histoire dense, complexe, mais qui doit être lue, par les sujets soulevés : la tolérance, l'identité de genre, l'exil et ses conséquences.
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La narratrice, Mina, est une femme trans, médecin, originaire du Liban et vivant aux Etats-Unis. A la demande de son amie Emma, trans elle aussi, infirmière qui travaille pour une ONG suédoise d'assistance aux migrants, Mina est venue passer quelques jours sur l'île de Lesbos, en Grèce. Nous sommes fin 2015 alors que des réfugiés, principalement syriens, affluent en masse vers cette île où ils sont parqués dans le camp de Moria. Mina a fait venir de Beyrouth son frère Mazen, seule personne de sa famille avec qui elle est restée en relation après sa transition. Ils font la connaissance de Rachid, secouriste palestinien ; d'une famille de réfugiés syriens dont la mère, Sumaiya, est atteinte d'un cancer au dernier stade et d'un écrivain, l'auteur du roman.

Au bord de la Méditerranée, au contact de gens originaires de la même région qu'elle, Mina retrouve des impressions et des souvenirs de son enfance et de son adolescence. Rabih Alameddine est d'origine libanaise et vit aux Etats-Unis. Il est homosexuel. L'auteur et sa narratrice ont donc beaucoup en commun et le roman inclut des éléments autobiographiques. Sous le regard de Mina Rabih Alameddine se présente comme quelqu'un qui, depuis plusieurs années déjà, s'est intéressé à la question des migrations au Proche-orient et a interrogé des migrants sur leur histoire. Certains de ces parcours sont rapportés dans l'ouvrage, dans des chapitres qui pourraient presque se lire comme des récits indépendants. Ces récits de vie restituent leur individualité et leur humanité à des personnes trop souvent fondues dans l'appellation « migrants ». Difficile de ne pas être touchée. A lire si on se pose des questions sur la nécessité d'accueillir dignement les exilés. Exilé lui-même, l'auteur ressent une vraie empathie pour ces migrants, au point que son séjour à Lesbos le rend malade.

J'ai beaucoup apprécié cet excellent roman avec lequel je découvre Rabih Alameddine. Il est dans mon top 8 de 2023. Je trouve très sympathique le personnage de Mina. Reniée par une mère toxique c'est néanmoins une femme chaleureuse et ouverte, à l'écoute des autres.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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