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3,44

sur 245 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre nous conte une facette du système liberticide qui sévit au Maroc et affecte les femmes.
A travers le journal de Jmiaa, prostituée à Casablanca l'auteur:Meryem Alaoui , dont c'est le premier roman décrit par la voix forte de la narratrice au caractère très affirmé , l'âpreté de ces vies, leur fragilité , toutes ou presque ostracisées et laissées dans l'ombre, l'amoureux de Jmiaa, une brute épaisse et sans parole, Halima , sa comparse qui récite le Coran entre deux clients et d'autres.....

Jmiaa vit de passes depuis que son mari, individu paresseux, aviné , amateur de coups fourrés pour avoir de l'argent qui vivait d'expédients a quitté le pays ...

Dans une langue crue, rude, vive et gaie , hardie et sans détour elle évoque ses colères et ses rêves , le quotidien de son quartier , les amourettes et les désillusions, les conflits inévitables, la solidarité avec les autres filles .

Elle narre avec beaucoup de verve les incursions de Moui sa mère, gardienne si intransigeante des valeurs morales ....

Par contre la deuxième partie du livre ennuyeuse et répétitive, un brin plaquée peut- être, m'a énormément déçue, Jmiaa devient l'actrice d'un film retraçant le destin chaotique, agressif, violent et âpre d'une femme de son quartier ....

Livre humoristique étonnant , fantaisiste, une narratrice à la langue bien pendue ...
Agréable à lire , deuxième partie décevante .....
C'est un premier roman....


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Casablanca (Maroc), 2010*.
Pour Jmiia, prostituée de 34 ans, la plupart des femmes sont des connes, des connasses, et les hommes des bâtards, des fils de putes, des pédés (sic). Elle se prend vite la tête avec tout le monde, et quand les insultes à voix normale ne suffisent plus, elle crie et castagne - avec ses partenaires, ou ses collègues de la rue. Il faut dire que dans son milieu, la misère a beau se vivre au soleil, beaucoup de boisson et de fumette sont nécessaires pour la trouver moins pénible. Et une fois bien 'chargé', on est vite à cran.

Ce personnage de Jmiia, son franc-parler et l'animation hystérique autour d'elle ont quelque chose d'exotique, de touchant et de tragicomique. Le ton m'a un peu rappelé ceux de Faïza Guène et de Virginie Despentes, mais l'intrigue reste au premier degré, factuelle, et tourne vite en rond.

Plus j'avançais, moins les aventures de cette caricature de femme m'intéressaient. J'aurais volontiers sabré quelques dizaines de pages lors des journées répétitives de tournage, qui n'avancent ni de la queue ni de la bouche du cheval.
Et j'aurais sans doute abandonné après les cent premières pages (réussies) si j'avais su que finalement, je lisais là un remake (autobiographique ?) de...

* J'ai situé l'année grâce à la finale foot Espagne-Pays Bas – remerciements à Wiki !
___

Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour cette découverte en avant-première...
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C'est le bordel, ce roman ! Mot qu'emploie régulièrement la narratrice, prostituée au Maroc. Donc, une écriture plutôt de charretier, mais qui se prête bien au contexte, même si, parfois, j'ai l'impression qu'elle en fait trop. J'ai été amusée par son regard de quidam sur le tournage du film. La première moitié est triste et drôle à la fois dû à la verve fleurie. La seconde est un peu décevante, on se croirait dans la téléréalité, ce que tout vrai lecteur, fuit.
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Pourtant intriguée par ce titre " La vérité sort de la bouche du cheval ", je reste sur une sensation mitigée après cette lecture. Premier roman de Meryem Alaoui, il est paru au moment de la rentrée littéraire de septembre 2018, aux éditions Gallimard.
L'histoire démarre en 2010 où Jmiaa, la narratrice, est prostituée dans un quartier populaire de Casablanca. Dotée d'un caractère bien trempé et de courbes généreuses, elle se voit confier la responsabilité d'une nouvelle recrue, Halima.
p. 14 : " [...] j'allume une cigarette et je tire rapidement dessus pour continuer à lui raconter mes journées en insistant bien sur l'essentiel : la quantité. Parce qu'il faut en voir ,des hommes, pour vivre. Au moins six par jour. Sept ou huit, c'est mieux, mais six, c'est déjà bien. "
Mais au fur et à mesure que l'histoire avance, Jmiaa se laisse aller aux confidences. Et si elle s'est retrouvée à faire le trottoir pour gagner sa vie, c'est parce que son mari Hamid lui en a suggéré l'idée. En effet, celui-ci est prêt à toutes les magouilles pour se faire de l'argent, et ses mauvaises fréquentations vont avoir raison de leur couple.
p. 74 : " A la paranoïa, aux joints, à ses nerfs et à l'argent qui se faisait de plus en plus rare, il a ajouté l'alcool. "
Mais il a pris ses jambes à son cou lorsqu'elle lui a annoncé qu'elle était enceinte. Mouy, sa mère, l'avait pourtant prévenu : Hamid n'était pas un homme pour elle, et il allait lui créer des ennuis. Bien qu'elle est acceptée de s'occuper de sa fille pendant ses longues journées de travail, elle ne peut s'empêcher de le lui rappeler.
p. 61 : " le truc qui me parasite vraiment, c'est que chaque fois que je vais la voir, elle me cuisine pour savoir où j'en suis avec le bâtard  de mon mari. Et chaque fois, elle se fait plus insistante que la précédente. "
Sur ce chemin de vie, ou plutôt de survie, il n'y avait guère d'issue favorable, et les espoirs d'une vie meilleure ne restaient que du domaine des rêves. C'est alors que son cousin lui parle d'une femme d'origine hollandaise, venue au Maroc dans l'intention de réaliser un film. Journaliste et réalisatrice, Chadlia cherche donc des femmes issues des quartiers pauvres de Casablanca pour témoigner de leur quotidien. C'est alors que le cousin propose une rencontre entre les deux femmes.
p. 104 : " - Ce film que je veux faire, c'est mon premier long métrage. J'ai presque fini d'écrire mon histoire. Mais je voudrais m'assurer que ce n'est pas à côté de la réalité. C'est pour ça que je voulais rencontrer... "
D'un physique plutôt ingrat, Jmiaa va alors la surnommer "Bouche de cheval". Elles vont se rencontrer régulièrement, mais discrètement. Sans complexe, Jmiaa va lui parler de son histoire personnelle. Touchant de plus en plus la journaliste par son franc parler et sa spontanéité, elle va lui faire une proposition des plus surprenantes.
p. 167 : " Je veux que tu joues dans le film. Et tu as une force qui se dégage de toi qui... qui remplit la pièce. Qui remplit l'écran. "
Passée la surprise, Jmiaa se prête au jeu, et s'astreint à une hygiène de vie et à une grande conscience professionnelle, oubliant presque ses soucis avec l'alcool.
p. 173 : " Peut-être qu'il y a des choses qui arrivent pour rien dans la vie. Et peut-être aussi que tout ce qui se passe, c'est déjà prévu, planifié, tracé, tout. Comme dans un film."
Devenue une célébrité dans son quartier, les habitants lui accordent enfin le respect tant attendu. Mais le tournage du film terminé, le retour à son ancienne vie se révèle douloureux, comme si cette parenthèse étoilée n'avait été qu'illusion.
p. 216 : " Aujourd'hui, on est vendredi. Je suis dans ma chambre, en ville. Et on a fini le tournage. Ils m'ont donné mes trois millions et demi, tous les costumes qu'ils avaient faits pour moi, du maquillage, des sacs et des foulards. Ils ont bien pris soin de moi. "
Mais une surprise aussi incommensurable aux yeux de Jmiaa peut-elle en cacher une autre, toute aussi improbable... ?
Ecrit à la première personne du singulier, ce roman se fait plus proche du lecteur, telles des confidences. Meryem Alaoui utilise  le langage courant, en adéquation avec le cadre du roman,ce qui lui donne une dimension réelle. J'ai apprécié la première partie du roman qui relate le témoignage de la vie d'une femme prostituée à Casablanca, une ville riche en couleurs et en animation, elle l'est aussi de violence et de misère pour cette héroïne. En revanche, la seconde partie me semble bien idyllique, voire utopiste. Jusqu'où le lecteur est prêt à se laisser prendre dans cette happy end à l'hollywoodienne ?
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Il est grand, mince et fort. Elle est folle de lui, toutes les filles du quartier en sont folles. le jour de leur mariage, on a égorgé un mouton. Les joints, l'alcool et les coups qui pleuvent et la déchéance pour gagner l'argent dont son mari a besoin. Elle s'appelle Jmaiaa, elle a trente- quatre ans, une fille, et pour vivre, elle se sert de ce qu'elle a. La narratrice Jmaiaa nous raconte la vie quotidienne des prostituées, on se pose, on se raconte des histoires, on se tortille les fesses pour attirer les hommes, savoir repérer les flics, on regarde allongées des feuilletons mexicains, on boit du vin, on s'adonne aux joints, on se tape des cachets, pour faire ce travail il faut avoir des couilles. Une journaliste venue de Hollande veut rencontrer une fille du marché pour un reportage, il y a peut-être un peu d'argent à se faire. Cette rencontre va changer la vie de Jmaiaa.

Les cent cinquante premières pages sont agréables à lire grâce à l'écriture si vivante de l'auteur, un langage fleuri, imagé et parfois cru, mais qui ressemble tellement aux personnages, c'est un style qui me plait bien le lecteur se sent immergé dans ce quartier populaire haut en couleur de Casablanca. Jmaiaa est un personnage qui m'a été tout de suite sympathique, elle a du caractère, elle est débrouillarde et elle dit tout ce qu'elle pense.

« Et c'est vrai que je marche toujours vite, sauf quand je cherche un homme parce qu'il faut être attirante quand même. Quand j'y pense, je ralentis et je fais comme ça. Je me déhanche lentement, je regarde à droite et à gauche; je m'appuie sur ma jambe gauche, puis sur ma droite, comme un dromadaire. de derrière, ça fait un mouvement lent, mais nerveux. : quand mes fesses montent c'est en saccades. Et quand elles descendent, c'est pareil. C'est appétissant, comme la Danette au caramel que j'achète à ma fille. »

Mais ensuite lorsque Jmaiaa devient actrice le récit s'enlise, seule à la fin du livre la découverte de l'Amérique par Jmaiaa, les immeubles qui montent au ciel, les magasins où tout est à profusion, le gaspillage, les clochards, permet de retrouver la verve qui m'a tant plu dans la première partie du livre.

Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour leur confiance.

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En refermant ce roman, je m'interroge. Puis-je le classer dans la catégorie des feel-good ?

Le langage est vif et coloré. Il est celui de Jmiaa, prostituée de Casablanca qui livre son quotidien sans tabou. Elle n'épargne rien, ni personne. Sa mère, les hommes, son mac, son ex-mari, ses copines ou ses ennemies de galère. Son histoire se fond dans Casa où les misères se noient dans l'alcool, les cigarettes et le sexe bon marché derrière les voiles et les djellabas qui se troussent pour quelques dirams.

Jmiaa trime et les jours se ressemblent jusqu'à ce qu'une rencontre enraye cette effroyable destinée. Pas de prince ou de riche businessman comme dans Pretty Woman, mais une réalisatrice inspirée qui lui offre l'opportunité d'une issue.

Jmiaa est attachante et émouvante. Au-delà de la gouaille de son héroïne, l'auteure laisse percevoir toute la complexité de sa vie et les difficultés auxquelles elle se heurte : la religion, le mariage, la violence, la famille, la réputation… Se dessine l'image que ces femmes ont d'elles-mêmes et la souffrance s'effleure à chaque page. Ici, ailleurs, le commerce des corps est une atteinte intime lourde de conséquences.

J'aurais voulu croire au feel-good – cette rencontre inespérée qui éclaire le futur et promet une happy-end, mais c'est un peu gros, presque surprenant dans ce roman qui annonçait davantage: une gravité, la peinture d'une vie, celle du Maroc au travers une expérience, une analyse psychologique fine. La première partie du roman l'offre, la seconde à se vouloir trop « merveilleuse » perd de sa crédibilité.

Somme toute, la lecture reste très plaisante et mérite une attention
Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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Je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour ce livre reçu avant publication dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Je suis fort étonné qu'un tel livre soit publié par Gallimard, dans la NRF de surcroît, même pas dans la littérature étrangère. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou m'en désoler.
Je m'explique.
J'ai assez bien aimé le ton et le style de penser et de s'exprimer de la narratrice et personnage principale du roman, très "fleuri", parfois vulgaire, pouvant choquer. On est là dans du sans filtre. Un langage de la rue aussi parfois. Bref, loin d'un stylisme NRF-ien, ou académique.
Je ressens ce livre comme une forme de sociologie du quotidien, tout à travers ce personnage de prostituée plutôt jeune embarquée dans une existence qui semble sans perspective positive, assez sordide, dans une forme de mensonge, du non-dit, de la honte et d'un combat permanent pour soi, son estime de soi, son intégrité. Quitte à bien critiquer et balancer sur les autres, pour mieux se rassurer et se sentir. le personnage est "petit" à bien des égards. Il est moche, souvent. Humain, trop humain.

Du Maroc ou des pays du Maghreb j'ai lu Ben Jelloun, Saphia Azzedine (à laquelle je ne peux pas ne pas me référer, femme, qui a aussi un ton parfois cru et net, et qui dénonce-balance, mais voilà Azzedine, elle, elle n'est pas à la NRF. Et why not elle ??), je pense aussi à des films de Kechiche... Quelques discussions avec des belgo-marocains, mais ils sont rarement fiers de leur village, de leur bled, de leur pays bizarrement ou ne le connaissent plus aussi intimement... Bref tout ça pour dire que globalement je ne connais pas bien ce pays.
Je parlais de "sociologie", en fait, il s'agit de quartiers citadins marocains, et de sa faune, bien décrites, psychologie des personnages secondaires, bien ciselés, bien dépeints. Un milieu de prostitution, un milieu de prohibition, rempli de passe-droits, dans protections rémunérées-obligées, de bakchiches, de corruption, d'hypocrisie lourde, grave.
La question de la religion est toujours présente, et en même temps complètement secondaire, Dieu vu comme infligeant des punitions, à qui on doit se soumettre, et en même temps ça n'empêche pas que tout font n'importe quoi, et en contradiction complète avec les lois divines. Advienne que pourra. Consciemment ou pas, d'ailleurs.
Bref, l'auteure nous dépeint une sacrée bande de cons, pas un pour rattraper l'autre (ou presque, il y a l'un ou l'autre personnage lunaire, qui détonne et qui font un peu de bien, mais très minoritaire), l'auteure nous dépeint un milieu pourri, qui ne donne pas envie, qui donne envie de fuir, loin.
Puis l'arrivée du cinéma, la possibilité d'un film et voilà tous qui rêvent, qui adulent, un forme de nouveau Dieu et une déesse actrice naissante. de nouveau, l'humain bête, qui s'incline, moutonnesque, pathétique.
La fin est assez médiocre pour les personnages. On peut rester sur sa faim, car on ne sait rien de comment les personnages autour de l'héroïne vont évoluer, ni même comment ça va continuer pour l'héroïne, plongée dans un tout autre milieu, celui du clinquant, de la lumière, et d'une toute autre forme d'hypocrisie...
Mais l'humain n'en sort pas plus grand.
Je suis assez bousculé parce que je pensais que, dans ces autres "cultures", il y avait certaines valeurs qui transcendaient un peu la misère humaine-réelle. Mais, en fait, non. Et donc comme il y a misère, c'est encore pire. Comme disait, Malek Bouthi (excusez l'orthographe), "il y a plus de gens sympas chez les "riches" que chez les "pauvres"", voulant qu'on cesse de faire l'apologie du bon coeur des gens "pauvres"et partant de la pauvreté qui donnerait des vertus... Il a bien raison...
Où en étais-je ? Ah oui, l'auteure pense-t-elle à une suite, une saga ? Car c'est tout à fait possible.
Maintenant, je ne sais pas si je la suivrais dans cette oeuvre. J'avais des moments de relâchement et de fatigue après la moitié du livre, je n'avais plus spécialement envie de connaître la suite, l'essentiel ressenti pour moi étant déjà clair : l'être humain est moche, partout, un fait universel... On a beau essayer de mettre l'humour, ça n'arrange pas tout, pas assez pour moi.
J'ignore l'objectif de l'auteure, voilà ce à quoi elle a aboutit dans mon chef. Je veux quand même dire que l'écriture n'est pas que vulgaire, les descriptions sont fines et réussies et le récit structuré chronologiquement est prenant, et globalement le livre est réussi aussi.
Mais pas un chef d'oeuvre, pas une oeuvre essentielle.
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Tout le monde a droit à une deuxième chance. le tout c'est de savoir la saisir. Jmiaa a l'esprit vif et la langue bien pendue. Et ne compte plus végéter longtemps dans sa condition de prostitué à Casablanca.
Comment ne pas penser au film Much loved (moins les riches Saoudiens et les strass) ? Parce que le Maroc, entre moralité religieuse en bandoulière et trique dure, n'aide pas les femmes qui ont commis une erreur. Deuxième chance, connait pas. Alors il reste le la religion et le cul. Jmiaa n'a pas réellement eu le choix, mais les bigoteries, elle n'y croit pas. Reste le cul et ses conséquences. Sa langue bien pendue lui réserve quelques déconvenues, l'alcool aussi. Mais son esprit vif lui fait comprendre qu'il y a des occasions à ne pas laisser passer, peu importe son opinion sur la personne qui la lui présente, cette occasion...
La langue est crue, le sujet aussi. Encore une fois, comment ne pas penser à Much loved ? Alaoui aborde le même problème frontalement, en montrant les conséquences pour les filles qui vivent de leur cul, leur manque d'éducation, leur condition sociale d'origine, l'inconstance (inconsistance inconscience ?) de certains hommes, et l'étrange solidarité qui peut exister entre ces femmes.
Évidemment, on peut adhérer ou non à la situation finale de Jmiaa. Mais on peut rêver un peu parfois, non ?
Merci à Babelio Masse critique et Gallimard pour cet envoi en avant-première.
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Assise parmi ses « collègues » sur les marches d'un marché de Casablanca, Jmiaa essaie de se débrouiller dans la vie, loin de sa mère, Mouy, loin de son mari, Hamid, qui a fini par se remarier en Espagne tout en lui demandant encore de lui envoyer de l'argent ; loin aussi de sa fille qu'elle a confiée à sa mère, pour qu'elle ne voie pas « ça ».

Ça, c'est sa vie de prostituée protégée par Houcine, sa piaule misérable où elle a un temps, accueilli Halima, devenue prostituée qui lit le Coran entre deux clients, après qu'un « amoureux » a diffusé des photos intimes d'elle la condamnant au déshonneur ; ça, c'est une vie de labeur dur et dangereux parfois, sans l'avoir choisi.
Le ton est vif, le vocabulaire cru, l'impétuosité intacte après toutes ces années de « métier ». Pour le moment, elle tient grâce à l'alcool et aux cachets. Mais Jmiaa voudrait bien découvrir autre chose. Et c'est ce qui se passe quand elle fait la rencontre d'une Marocaine émigrée aux Pays-Bas qu'elle surnomme « Bouche de Cheval ». Cette femme est réalisatrice et veut employer Jmiaa dans son premier long métrage . Commence alors pour la jeune femme une découverte du monde du cinéma, ses codes, son vocabulaire, la vie dans les hôtels de luxe : tout cela qui la déconcerte sans l'impressionner. Un vrai personnage, cette Jmiaa !

Ce premier roman est plaisant à lire, il restitue bien le monde de Casa et l'éditeur a eu la bonne idée de fournir un lexique en fin de livre. Les personnages qui y sont peints ne manquent pas de piquant, la plume est enlevée et le style truculent. La fin est un peu insatisfaisante, à moins qu'on n'ait prévu une « Vérité, saison 2 » ! Une découverte plaisante.
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Jmiaa vit seule avec sa fille à Casablanca. Prostituée de son état, elle raconte son quotidien, des clients accueillis sans états d'âme aux soaps dont elle raffole, des cigarettes grillées à longueurs de journée aux verres descendus avec les « collègues », du mac qui la protège aux kilos en trop qu'elle promène avec gourmandise sous ses djellabas. Sa rencontre avec une cinéaste exilée au Pays-Bas et revenue au Maroc pour les repérages de son premier film va lui changer la vie. Des ruelles de Casa aux lumières de San Francisco, le voyage sera aussi dépaysant qu'haut en couleur.

Un roman plein de vie, porté par le monologue gouailleur d'une prostituée sans langue de bois. le franc parler de Jmiaa décapera les oreilles chastes, autant les prévenir. Perso, je ne me suis jamais formalisé d'un excès de vulgarité en littérature, surtout lorsqu'il est amené avec un tel naturel. Alors oui, chaque page déborde de salopes, de fils de pute, de connasses et de sales pédés. Tout le monde en prend pour son grade dans la bouche de cette matrone que la mauvaise foi n'étouffe pas. Jmiaa dit ce qu'elle pense. Des hommes et de leur patriarcat à vomir. Des femmes soumises parce qu'elles le veulent bien. de son absence de scrupules pour assumer le plus vieux métier du monde. de son ex-mari fumeur de haschisch. Et de ses clients bien sûr (« Mais au fond, tu te fous bien d'eux, de leur misère et de leur crasse. Parce que tu sais que c'est comme ça. Et sur cette terre, chacun son lot »).

Un beau portrait de femme forte et sans filtre, pourtant, à la longue, j'ai fini par me lasser. Les premières scènes dans le quartier sont fraîches et pétillantes mais assez vite la confession oscillant entre aigreur, moquerie, agressivité un peu gratuite et considérations d'un intérêt somme toute relatif font un peu tourner la machine à vide. Et puis cette conclusion digne d'un conte de fée est loin d'être ma tasse de thé, même si elle offre une jolie note d'espoir. Au final, je sors de ce roman mitigé. Ravi d'avoir découvert une nouvelle voix qui ne prend pas de gants et en même temps pas totalement convaincu par le rythme et la tournure d'un récit s'essoufflant au fil des pages.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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