L'Alicanto/
Amadeo Alcacer
Dès l'entame, je suis séduit par le style imagé, précis et fluide avec du rythme et de la couleur de ce thriller. Et puis la technique narrative est originale puisque le narrateur s'adresse au policier personnage principal du récit en le tutoyant.
L'action se situe à Santiago du Chili et aussi à Buenos Aires.
Diego Alandia le policier à qui s'adresse le narrateur est un personnage assez composite, amateurs de beuveries et de petits trafics en tout genre. Avec en prime une vraie gueule de poulet. Il a fait ses classes sous le régime de Pinochet.
Son épouse Maria ne le supporte plus tout en se forçant à vivre dans l'illusion de l'amour éternel.
Pour adoucir ses moments de blues, Diego a une drogue ultime, la belle Aurora.
Les premiers chapitres nous situent d'une part les personnages, et d'autre part l'ambiance qui règne dans les deux capitales sud-américaines.
Arrive le chapitre 6 et l'entrée en scène du tueur en série,
l'Alicanto, objet de la quête et de l'enquête de notre policier après plusieurs crimes similaires et quasiment signés.
Les médias l'ont surnommé
l'Alicanto en référence à l'animal mythique dont les yeux brillaient d'une lumière malsaine. le meurtrier séduit des jeunes femmes entre vingt et trente ans, puis pendant l'agression sexuelle, il les étrangle.
Natacha la jolie serveuse d'un bar à karaoké de Buenos Aires est la dernière victime recensée de ce fou sanguinaire.
Vera Nalcotinez, journaliste à Buenos Aires, publie et commente des lettres envoyées par le tueur au journal qui l'emploie. Ces lettres sont le plus souvent des défis lancés aux enquêteurs et en particulier à Diego. Elle va pouvoir aider l'enquête et Diego s'en réjouit.
Mais un beau jour elle disparaît.
Arrive la seconde partie que je ne dévoilerai pas, mais qui surprend. Puis la troisième avec un dénouement pas commun.
Un très bon thriller dans le quel la syntaxe et le vocabulaire sont parfaitement maitrisés traduisant une maturité évidente de l'écriture.
La peinture intéressante de la société chilienne avant et après la sombre dictature de Pinochet dénote un gros travail de recherche de la part de l'auteur.
Et puis d'une façon originale,
Amadeo Alcacer a évité de tomber dans le manichéisme trop souvent rencontré dans les polars. Pas de personnages caricaturaux comme on en voit fréquemment :
Amadeo Alcacer a contourné brillamment cet écueil.
Comme l'ont dit certains lecteurs, la fin surprenante n'est pas classique du tout et surtout elle arrive un peu vite : on aurait aimé finalement que l'histoire dure un peu plus longtemps tant on s'y sentait bien.
À lire indubitablement : ce premier opus de
Amadeo Alcacer vaut le détour et même plus.