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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est avec un réel plaisir que j'ai retrouvé le personnage de la petite Laura, dont j'avais suivi le parcours en Argentine, sous la dictature, puis l'arrivée en France avec l'apprentissage d'une langue nouvelle. Dès les premières lignes, j'ai éprouvé un sentiment de complicité, comme si je retrouvais quelqu'un de cher, dont je n'aurais pas eu de nouvelles depuis longtemps. J'ai lu Manèges et le bleu des abeilles dans l'ordre inversement chronologique à leur écriture et aux événements qu'ils relatent. Aussi, en retrouvant Laura, désormais à l'aube de l'adolescence, ayant quitté le Blanc-Mesnil pour venir s'installer à Bagnolet - presque Paris ! -, avais-je vraiment l'impression de l'avoir quittée deux ou trois ans auparavant.

Nous sommes au début des années 80. L'auteure nous replonge dans cette époque où les grandes surfaces ne s'appelaient pas encore Auchan mais Radar Géant - un nom que Laura Alcoba fait remonter du tréfonds de ma mémoire et qu'elle se plaît à répéter à l'envi comme pour redonner chair à la période disparue de son enfance - qui correspond aussi à la mienne. Elle nous raconte la manière dont elle a vécu la soirée de l'élection de Mitterrand, le 10 mai 81, un moment dont tous ceux qui l'ont connu conservent un souvenir précis, rattaché peut-être à un détail anodin - ici l'emplacement de la télévision, posée par terre, qui donnait l'impression, au moment où le portrait du nouveau président de la République se dessinait sur l'écran (comment oublier cette image ?), que son visage sortait directement des poils de la moquette.

Elle évoque également des épisodes intimes, mais ô combien marquants pour une toute jeune fille : l'achat du premier soutien-gorge (une étape si délicate !) ; son face-à-face avec un exhibitionniste, dans le hall de son immeuble, qui la pétrifie littéralement ; la première fois où elle invite avec sa bande de copines des garçons à venir goûter, avec toute la maladresse qui entoure un tel événement...

Une enfance classique, en somme ?
Pas tout à fait. Car le père de Laura est resté en Argentine, où il est emprisonné. La petite fille vit au rythme de leurs échanges épistolaires. de loin, depuis l'autre côté de l'Atlantique, son père l'incite à lire, car il sent bien que les livres ne sont plus au centre de son existence et qu'elle a d'autres préoccupations, sans doute plus légères. Dans ces lettres, ils se parlent comme s'ils étaient l'un près de l'autre. Ou peut-être avec plus de sincérité et d'aisance encore que s'ils vivaient sous le même toit... Il se tisse entre eux, par-delà la distance et la surveillance policière, une relation d'une grande intensité.
On ne peut qu'être impressionné par la maturité de cette enfant qui semble accepter le sort de son père avec une incroyable abnégation. C'est qu'elle se l'est construite à force de volonté et de courage, cette existence ordinaire de collégienne française à laquelle elle tient tant... Mais lorsque les émotions si longtemps contenues pourront enfin s'exprimer, plus rien ne pourra endiguer le flot des larmes.
Et le coeur du lecteur vibrera à l'unisson de celui de la petite Laura.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Nous sommes dans les années 80. Laura a 12 ans et vit à Bagnolet, dans un appartement qu'elle partage avec sa mère et une amie de celle-ci, avec vue sur les tours Mercuriales et surtout sur Paris. C'est une petite fille comme les autres, qui va à l'école, joue avec ses copines, observe son corps se transformer progressivement. En apparence seulement, car cette enfant habite en France depuis deux ans, et a laissé derrière elle son pays, l'Argentine, et son père, retenu prisonnier par la dictature. Il entretient avec elle une correspondance régulière et ponctuelle, au point qu'il parvient même à anticiper la date précise d'arrivée des courriers qu'il lui envoie. A distance, il lui témoigne son amour, s'enquiert de ses études, de ses lectures, et lui prodigue des conseils.
La fillette évolue dans son monde, tantôt avec joie et légèreté, tantôt avec frayeurs et angoisses. Elle nous raconte, un peu à la manière d'un journal, quelques moments de son quotidien, de son intimité : l'achat de son premier soutien-gorge, la maladie d'Amalia, l'amie de sa mère, et ses récits de réfugiés politiques, l'amitié partagée avec ses copines, l'élection du nouveau président de la république française, ses efforts pour lire des écrivains français …. Comme dans le roman précédent « le bleu des abeilles », Laura aime la France, Paris et sa langue – qu'elle apprend grâce au « Robertito », le Petit Robert dont elle se sépare rarement - et nous le fait partager.
Et puis il y a le retour du père et ce trop plein d'émotions qui soudain, surgit, imprévisible. Elle pleure comme elle n'a pas pleuré depuis longtemps, évacuant d'un coup les peurs, les angoisses, tout ce qui s'est passé avant, elle pleure sur sa famille, et tous les autres, ceux qui sont restés au pays, ceux qui sont morts …
On s'attache à cette fillette, courageuse et spontanée, qui aborde la vie et l'exil avec beaucoup de maturité.
C'est un livre très fort, en grande partie autobiographique, qui ne nous laisse pas indifférent.
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