Chroniques de Prydain, tome 1 : Le Livre des Trois

Je viens de finir le premier tome des Chroniques de Prydain, lu en à peine trois jours. C'est une lecture facile, à l'intention d'un public juvénile avant tout ; le style est relativement peu recherché, quoiqu'il y ait certaines images bien trouvées, et l'histoire est stéréotypée comme on peut s'y attendre d'un récit de fantasy qui a des allures de conte prolongé sur cinq livres. Ces stéréotypes ne déplaisent pas outre mesure car ils tendent à évoluer – et il reste quatre livres encore, et j'ai entendu dire que la saga prenait de la valeur au fur et à mesure. le début est hasardeux et sans subtilité ; le premier problème auquel doit se confronter un écrivain de fantasy, c'est la présentation de son univers : il peut choisir de faire comme Tolkien, c'est-à-dire de se risquer à une introduction quasi encyclopédique – mais qui a le mérite d'être entière –, ou alors de développer tranquillement son univers, au fur et à mesure. (Le génie de Tolkien réside en ce qu'il nous fait une présentation détaillée de la Comté, permettant d'avoir des connaissances pareilles à un Hobbit mais, tout comme lui, de ne rien savoir du reste du monde, et donc de le découvrir avec lui durant la trilogie.) Pour revenir à Lloyd Alexander, celui-ci a fait un choix tout sauf subtil et, je crois, le pire à faire : Dallben se charge de réexpliquer le monde à Taram, comme si celui-ci ne le connaissait pas déjà ; pour quelque créature ou vieille légende, on pourrait le comprendre, mais pour l'organisation politique de Prydain, on voit très clairement que le dialogue s'adresse au lecteur, et c'est en cela que cette manière de faire est très maladroite ; quitte à ne pas être subtil du tout, autant introduire l'univers à travers le narrateur, froidement, cela restera toujours moins malhabile. Les personnages de Taram et d'Eilonwy tendent à être assez insupportables parfois, mais les personnages sont de manière générale plutôt attachants. J'aurais aimé en voir plus du Roi Cornu, qui à mon sens part un peu trop tôt. L'univers est foisonnant et mystérieux, et c'est l'intérêt premier qui fait naître le désir de poursuivre notre lecture, à travers ces réminiscences de la mythologie galloise, si peu connue de nos jours, sinon à travers les éléments qu'elle a laissée dans la légende arthurienne. Je continuerai une prochaine fois mon aventure dans le pays de Prydain.